Langues au Vanuatu

Les langues parlées au Vanuatu sont particulièrement nombreuses. Avec cent-dix-sept langues vernaculaires parlées[2] par seulement 275 000 habitants en [4], ce pays possède la plus forte densité linguistique au monde[5],[3]. À ces langues, toutes océaniennes, s’ajoutent les trois langues officielles : anglais, français et bichelamar ; ainsi que certaines langues arrivées au XXe siècle : fidjien, tahitien, tongien, gilbertin, vietnamien, wallisien et des langues chinoises.

Langues au Vanuatu
Langues officielles anglais, français, bichelamar
Langues principales Langues d'alphabétisation (%, 2009)[1] :
  74
  64
  37
Langues nationales bichelamar
Langues vernaculaires 117[2] ~ 138[3]

Langues officielles

Les trois langues officielles du Vanuatu sont le français, l’anglais et le bichelamar (ou bislama), un pidgin à base lexicale anglaise. Le français et l’anglais sont les langues de l’éducation ; le bichelamar est la langue nationale. Selon Ethnologue.com[6] :

  • l’anglais est parlé par 5 400 personnes (2016) comme langue maternelle, et par 120 000 personnes au total ;
  • le français est parlé par 6 300 personnes (1995), et par 83 500 personnes au total. Le français a beaucoup baissé, passant de 44 % de personnes en langue d'alphabétisation en 1978 à 37 %, en 1994, 31 % en 2003, et 10 % en 2016.
  • le bichelamar est parlé par l'ensemble de la population du Vanuatu, dont c'est la langue nationale. Pour 34 % de la population, soit environ 90 000 personnes (2009), c'est la langue maternelle ou d'usage principal. Pour 63 %, dont la langue maternelle est l'une des langues vernaculaires du pays, le bichelamar sert de langue véhiculaire ou lingua franca (langue seconde que l'on emploie pour communiquer entre locuteurs de langues maternelles différentes).

Les deux langues européennes étaient autrefois liées à la religion, les missionnaires assurant historiquement et parfois encore actuellement l'enseignement. On parle anglais dans les anciennes zones de missions anglicanes et évangélistes, et français dans les zones catholiques (certaines régions de Tanna, nord-est de Santo, sud de Malekula). Mais on compte de nombreuses exceptions à ce principe : par exemple, les îles Banks comptent plusieurs écoles francophones, alors que le catholicisme y est absent.

Recensement de 2009

Population de 5 ans et plus au Vanuatu sachant lire et écrire une simple phrase par langue d'alphabétisation selon le recensement de 2009[7] :

RangLangue %
1Bichelamar74 %
2Anglais64 %
3Français37 %
-Autre50 %

Principale langue parlée à la maison au Vanuatu selon le recensement de 2009[8],[9] :

Langue %
Langues locales63 %
Bichelamar34 %
Anglais2,0 %
Français0,6 %
Autres0,5 %

Langues vernaculaires

Ethnologue.com recense cent-sept langues indigènes parlées au Vanuatu (dont deux éteintes), la liste ci-dessous en contient cent-onze (dont trois éteintes). Cependant, le nombre exact de ces langues est difficile à déterminer : comme elles ne sont pas standardisées, on ne peut pas toujours facilement distinguer une langue d’un dialecte (par exemple, l’uripiv-wala-rano-atchin est une chaîne de dialectes) ; c’est d’autant plus difficile que peu de ces langues ont été étudiées en détail par des linguistes.

Le dernier recensement en date compte un total de 138 langues au Vanuatu[3].

Le linguiste Alexandre François recueillant les paroles de Maten Womal, le dernier conteur en langue olrat (Gaua, 2003).

Étant donné le grand nombre de langues comparé à la faible population du Vanuatu, ces langues ont relativement peu de locuteurs (environ une langue pour 2 100 habitants) ; par conséquent beaucoup d’entre elles sont en danger (notamment le lemerig, l’araki et l’olrat, parlés par moins de 10 personnes).

Le territoire où est parlée une langue correspond parfois à une île (par exemple le paama ou le hiw), mais une île peut avoir plusieurs langues: Espiritu Santo et Malekula ont chacune plus de 25 langues ; même une petite île comme Ureparapara en a deux.

Linguistiquement, les langues indigènes du Vanuatu appartiennent toutes aux langues océaniennes, elles-mêmes une famille des langues austronésiennes. Elles sont réparties en trois branches :

Ces langues sont présentées ci-dessous avec leur code ISO 639-3 et avec des noms alternatifs entre parenthèses. Les données proviennent essentiellement d’Ethnologue.com[6] (qui peuvent dater ou être imprécises), ainsi que d'une publication récente sur les langues du Vanuatu[3]. Lorsque des données plus récentes ou plus fiables existent, elles sont reflétées ici (les références sont données dans les entrées correspondant à chaque langue, par exemple pour le nahavaq ou le mavea).

LangueCodeLocuteursRégionFamille
Akei (tasiriki)tsr650Espiritu SantoNCV
Ambae de l’Est (aoba)omb5 000AmbaeNCV
Ambae de l’Ouest (duidui, opa)nnd8 700AmbaeNCV
Amblongalm300Espiritu SantoNCV
Ambrym du Nordmmg5 250AmbrymNCV
Ambrym du Sud-Esttvk3 700AmbrymNCV
Anejom (aneityum)aty900AneityumSud
Aore (en)aor0Espiritu Santo, AoreNCV
Apmaapp7 800PentecôteNCV
Arakiakr8ArakiNCV
Auluaaul750MalekulaNCV
Axamb (ahamb)ahb750MalekulaNCV
Baetorabtr1 330MaewoNCV
Baki (burumba, paki)bki350EpiNCV
Bierebo (bonkovia-yevali)bnk800EpiNCV
Bieria (bieri, vovo, wowo)brj25EpiNCV
Big Nambas (v’ënen taut)nmb3 350MalekulaNCV
Burmbar (Banan Bay, vartavo)vrt900MalekulaNCV
Butmas-tur (ati)bnr520Espiritu SantoNCV
Dakaka (baiap, ambrym du Sud)bpa1 200AmbrymNCV
Dixon Reeddix50MalekulaNCV
Dorig (wetamut)wwo300Îles Banks (Gaua)NCV
Éfaté du Nord (nakanamanga)llp9 500Éfaté, îles Shepherd (Nguna, Tongoa)NCV
Éfaté du Sud (erakor)erk6 000ÉfatéNCV
Emaemmw400Îles Shepherd (Emae)Polynésien
Etonetn500ÉfatéNCV
Fortsenal (kiai)frt450Espiritu SantoNCV
Futuna-aniwa (West Futuna)fut1 500Futuna, AniwaPolynésien
Hano (raga)lml6 500PentecôteNCV
Hiw (hiu)hiw280Îles Torres (Hiw)NCV
Ifoiff0ErromangoSud
Katbol (avava)tmb700MalekulaNCV
Kwamera (avava)tnk3 500TannaSud
Korokrf250Îles Banks (Gaua)NCV
Labo (ninde)mwi1 100MalekulaNCV
Lamenu (lamen, varmali)lmu850Epi, LamenNCV
Lakon (lakona, vure)lkn800Îles Banks (Gaua)NCV
Larevat (laravat)lrv680MalekulaNCV
Lehali (teqel)tql200Îles Banks (Ureparapara)NCV
Lelepa (Havannah Harbour)lpa400Lelepa, ÉfatéNCV
Lemerig (sasar)lrz2Îles Banks (Vanua Lava)NCV
Lenakeltnl11 500TannaSud
Letemboi (Small Nambas)nms800MalekulaNCV
Lewo (varsu)lww2 200EpiNCV
Lingarak (neverver)lgk1 250MalekulaNCV
Litzlitz (en) (naman)lzl15MalekulaNCV
Lonwolwol (ambrym de l’Ouest)crc1 200AmbrymNCV
Lorediakarkar (en)lnn850Espiritu SantoNCV
Lo-toga (toga)lht580Îles Torres (Lo, Toga, Tegua)NCV
Löyöp (lehalurup)urr240Îles Banks (Ureparapara)NCV
Mae (dirak)mme1 000MalekulaNCV
Maewo centralmwo1 400MaewoNCV
Maii (en)mmm180EpiNCV
Malfaxal (en) (na’ahai)mlx600MalekulaNCV
Malua Bay (en) (Middle Nambas)mll500MalekulaNCV
Maragus (en)mrs15MalekulaNCV
Marino (maewo du Nord)mrb1 400MaewoNCV
Maskelynesklv1 100Malekula, îlots MaskelynesNCV
Mavea (Mav̋ea, mafea)mkv34MaveaNCV
Mele-fila (ifira-mele)mxe3 500Éfaté, Mele, IfiraPolynésien
Merei Mereilmb400Espiritu SantoNCV
Morouas (en)mrp150Espiritu SantoNCV
Motamtt750Îles Banks (Mota)NCV
Mpotorovomvt430MalekulaNCV
Mwerlap (merlav)mrm1 100Îles Banks (Mere Lava)NCV
Mwesen (mosina)msn10Îles Banks (Vanua Lava)NCV
Mwotlap (motlav)mlv2 100Îles Banks (Mota Lava, Ra, Vanua Lava)NCV
Nahavaq (South West Bay)sns700MalekulaNCV
Namakura (makura)nmk3 750Éfaté, îles Shepherd (Tongoa, Tongariki)NCV
Narango (en)nrg160Espiritu SantoNCV
Nasarian (en)nvh5MalekulaNCV
Navutnsw520Espiritu SantoNCV
Nokuku (en)nkk160Espiritu SantoNCV
Nume (tarasag)tgs700Îles Banks (Gaua)NCV
Olratolr3Îles Banks (Gaua)NCV
Paamapaa6 000PaamaNCV
Piamatsina (en)ptr150Espiritu SantoNCV
Polonombauk (en)plb220Espiritu SantoNCV
Port-sandwich (lamap)psw1 200MalekulaNCV
Port-vatoptv1 300AmbrymNCV
Repanbitip (en)rpn90MalekulaNCV
Rerep (pangkumu, tisman)pgk380MalekulaNCV
Roria (en) (mores)rga75Espiritu Santo-
Sa (saa)sax2 500PentecôteNCV
Sakao (Hog Harbour)sku4 000Espiritu Santo, SakaoNCV
Seke (en) (ske)ske600PentecôteNCV
Shark Bay (en)ssv450Espiritu Santo, LitaroNCV
Sie (sye, erromanga)erg1 900ErromangoSud
Sowasww20PentecôteNCV
Tamambo (malo)mla4 000MaloNCV
Tambotalo (en)tls50Espiritu SantoNCV
Tangoatgp800TangoaNCV
Tanna du Nordtnn5 000TannaSud
Tanna du Sud-Ouestnwi5 000TannaSud
Tasmate (en)tmt150Espiritu SantoNCV
Tiale (en)mnl400Espiritu SantoNCV
Tolomakotlm900Espiritu SantoNCV
Tutubatmi500Espiritu Santo, TutubaNCV
Unua (onua)onu520MalekulaNCV
Ura (en)uur6ErromangoSud
Uripiv-wala-rano-atchin (uripiv)upv9 000MalekulaNCV
Valpei (en)vlp300Espiritu SantoNCV
Vaovao1 900Vao, MalekulaNCV
Vera’a (vatrata)vra500Îles Banks (Vanua Lava)NCV
Vinmavis (neve’ei)vnm500MalekulaNCV
Volow (valuwa)mlv1[10]Îles Banks (Mota Lava)NCV
Vunapu (en)vnp380Espiritu SantoNCV
Vurës (vureas, mosina)msn2 000Îles Banks (Vanua Lava)NCV
Wailapa (en)wlr100Espiritu SantoNCV
Whitesandstnp7 500TannaSud
Wusi (en)wsi300Espiritu SantoNCV

Avenir

Jusqu'à la colonisation, les communautés linguistiques exiguës, de quelques centaines à quelques milliers de locuteurs, imposent des échanges interlinguistiques (dont des mariages) et des réalités plurilinguistiques, dont des équilibres sociolinguistiques.

Depuis 1850, la coexistence inégale de deux langues européennes a façonné le système scolaire. Depuis 1980, l'enseignement anglophone est majoritaire, avec une remarquable persistance (de qualité) de l'enseignement francophone.

Le bichelamar, « langue officielle parlée, langue officieuse écrite » (Atlasː219), valorisée par la traduction des Évangiles, puis de la Bible (1997), favorise une créolisation de la population, avec le risque d'un bichelamaranglais.

Notes et références

  1. (en) « 2009 National Population and Housing Census. », p. 5.
  2. Vanuatu, sur le site Glottolog.
  3. François et al. (2015).
  4. Ministère français des Affaires étrangères, « Présentation du Vanuatu », (consulté le ).
  5. Identités en mutation dans le Pacifique à l'aube du troisième millénaire, Presses universitaires de Bordeaux, , 190 p. (lire en ligne), p. 9-10.
  6. (en) « Languages of Vanuatu », sur ethnologue.com, SIL International, (consulté le ).
  7. (en) « 2009 National Population and Housing Census. », p. 95.
  8. (en) « 2009 National Population and Housing Census. », p. 167.
  9. Voir François (2012: 103–106) pour des statistiques plus détaillées.
  10. Le volow est une langue éteinte, étant donné que le seul locuteur restant est un locuteur passif.

Voir aussi

Bibliographie

  • Patricia Siméoni, Atlas du Vanouatou (Vanuatu), Port-Vila, Éditions Géo-consulte, , 1re éd., 392 p. (ISBN 978-2-9533362-0-7 et 2-9533362-0-6)
  • (en) Alexandre François, « The dynamics of linguistic diversity : Egalitarian multilingualism and power imbalance among northern Vanuatu languages », International Journal of the Sociology of Language, vol. 214, , p. 85–110 (ISSN 0165-2516 et 1613-3668, DOI 10.1515/ijsl-2012-0022, résumé, lire en ligne)
  • (en) Alexandre François, Michael Franjieh, Sébastien Lacrampe et Stefan Schnell, « The exceptional linguistic density of Vanuatu », dans A. François, S. Lacrampe, M. Franjieh & S. Schnell, The Languages of Vanuatu: Unity and Diversity, Canberra, Asia Pacific Linguistics Open Access, coll. « Studies in the Languages of Island Melanesia » (no 5), (ISBN 9781922185235, lire en ligne), p. 1–21

Filmographie

Liens externes

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