Mémorial du Martyr

Le mémorial du Martyr, sanctuaire du Martyr ou Maqam Echahid (en arabe : مقام الشهيد (Maqām aš-Šahīd), en tamazight : ⴰⵙⵎⴽⵜⴰⵢ ⵏ ⵓⵎⵖⵕⴰⵙ[1]) est un monument aux morts surplombant la ville d'Alger, érigé en 1982 à l'occasion du 20e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie (), en mémoire des chahids, les combattants de la guerre d'indépendance algérienne morts pour la libération du pays.

Pour les articles homonymes, voir Monument des Martyrs.

Mémorial du Martyr
ⴰⵙⵎⴽⵜⴰⵢ ⵏ ⵓⵎⵖⵕⴰⵙ (ber)
مقام الشهيد (ar)
Mémorial du Martyr d'Alger en mars 2018.
Présentation
Type
Architecte
Marian Konieczny et Bachir Yellès (conception artistique)
Sociétés Fitzpatrick et Lavalin (construction)
Matériau
Construction
-
7 mois et 20 jours (232 jours)
Ouverture
Hauteur
92 m
Localisation
Pays
Ville
Coordonnées
36° 44′ 45″ N, 3° 04′ 11″ E

Localisation

Le mémorial du Martyr est situé sur les hauteurs d'Alger, dans la commune d'El Madania, à l'ouest du Bois des arcades, à l'est de la cité Diar el Mahcoul et au nord de l'esplanade du centre commercial Riadh El Feth. Il surplombe le quartier du Hamma (commune de Belouizdad) et le Jardin d'essai au nord.

Le monument a été élevé sur l'emplacement d'un ancien fort militaire[2].

Description

Le monument, d'une hauteur de 92 mètres[3],[4], construit selon une maquette de l’artiste peintre Bachir Yellès qui a imaginé trois palmes stylisées représentant les trois « révolutions culturelle, agraire et industrielle »[3], ou devant symboliser trois périodes de l'histoire de l'Algérie : la résistance à l'occupation et la colonisation, la guerre de libération nationale, le présent et le futur du pays[5], est composé de trois feuilles de palmier stylisées en béton qui se rejoignent à mi-hauteur (47 mètres). Les palmes soutiennent un ensemble de cinq étages parmi lesquels quatre sont réservés aux installations techniques tandis que le cinquième, surmonté d'une tourelle de style islamique d'un diamètre de 10 mètres, d'une hauteur de 25 mètres et surmontée d'un dôme de 6 mètres[6].

Une grande statue monte la garde à la base de chaque feuille de palmier du sculpteur polonais Marian Konieczny : la première représente un moudjahid (maquisard) de l'ALN de l'intérieur, la deuxième représente un soldat de l'ALN des frontières, et la troisième représente un soldat de l’ANP, l'armée algérienne actuelle[7].

Construction

Le projet de construire un mémorial en mémoire des chahids de la guerre d'indépendance algérienne est à l'origine une idée du président Houari Boumédiène. Sa réalisation se fera cependant sous la présidence de Chadli Bendjedid, son successeur, à Alger.

Ce monument en béton a été construit par la société canadienne Fitzpatrick et conçu par son homologue Lavalin[8], d'après une maquette réalisée à l'École des beaux-arts d'Alger sous la direction de l'artiste algérien Bachir Yellès. Le chantier n'a duré que 9 mois durant l'année 1982.

La société Lavalin est chargée des études et de la construction du monument. Y participent également le peintre Bachir Yellès, le calligraphe Abdelhamid Skander et le sculpteur polonais Marian Konieczny[5].

La réalisation de l'ouvrage est un véritable défi technologique en raison des contraintes inhérentes à la géométrie de l'ensemble, en particulier la courbure des palmes, à la situation du site au bord d'une falaise abrupte et à la forte sismicité de la région. Pierre Lamarre, directeur de l'ingénierie et de la conception structurale, Claude Naud, expert en planification et en méthodes de construction, de concert avec Bachir Yellès, imaginent une solution qui se révèle décisive et innovante. On fait reposer les palmes sur des rotules, et le bétonnage est réalisé à la verticale jusqu'à une hauteur de 50 mètres. Dans un second temps, on les fait basculer jusqu'à se rejoindre, pour enfin continuer le bétonnage jusqu'au sommet.

Neuf mois (du au ) auront été nécessaires à l'édification de cette œuvre architecturale. Le monument est inauguré par le président de l'époque, Chadli Bendjedid, en .

Représentation

Le mémorial du Martyr est représenté sur le recto du premier billet de 200 dinars algériens.

Accès

Références

  1. AkalPress, « ⴰⵙⵉⵡⴹ ⵏ ⵓⴳⵔⴰⵡ ⴰⵎⴰⵜⵜⴰⵢ ⵏ ⵓⵎⵢⴰⵡⴰⴹ ⴰⵙⵍⵉⵥⵕ ⵉ ⵜⵖⴰⵎⵙⴰ ⴰⵙⵎⵓⵙⵙⵓ ⴰⵖⵎⵙⴰⵏ ⵎⴳⴰⵍ ⴰⵟⵟⴰⵏ ⵏ ⴽⵓⴼⵉⴷ-19 », sur AkalPress, (consulté le )
  2. Jean-Paul Labourdette et Marie-Hélène Martin, Le Petit Futé Algérie 2009-2010, Nouvelles éditions de l'université, p. 237.
  3. « Makam Ecchahid, histoire d’un monument », sur le site internet du magazine Bab Edd'Art (consulté le ).
  4. Emmanuel Alcaraz, Autour des morts de guerre : Maghreb : Moyen-Orient, Paris, Publications de la Sorbonne, , 232 p. (ISBN 978-2-85944-722-9, lire en ligne), « La mise en scène de la mémoire nationale (De la guerre d’indépendance algérienne au maqam al-chahid d’Alger) », p. 21-45.
  5. Bachir Yelles, « Ancrage d'une mémoire », Musée national des Beaux-Arts d'Alger, juin 2009 (extrait en ligne)
  6. [PDF]Giry Florence, « L’historien et les mémoires de la guerre d’Algérie », sur le site de l'académie d'Orléans-Tours (consulté le ), p. 24
  7. Emmanuel Alcaraz, Autour des morts de guerre: Maghreb - Moyen-Orient, Publications de la Sorbonne, (ISBN 978-2-85944-874-5, lire en ligne)
  8. « Importante réalisation à Alger », Lavalin Magazine, août-septembre 1982.

Annexes

Bibliographie

  • Emmanuel Alcaraz, « la mise en scène de la mémoire officielle de la guerre d’indépendance algérienne au maqam-al-chahîd à Alger »; dans l'ouvrage collectif Les morts de guerre (sous la direction de Nadine Picaudou, Pierre Vermeren, Raphaëlle Branche), Paris, publications de la Sorbonne, 2013, p. 21-47 (ISBN 978-2-85944-722-9) (Présentation en ligne)

Articles connexes

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