Malcolm Turnbull

Malcolm Turnbull, né le à Sydney, est un homme d'affaires et homme d'État australien, Premier ministre d'Australie du au .

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Malcolm Turnbull

Portrait officiel de Malcolm Turnbull en 2015.
Fonctions
29e Premier ministre d'Australie

(2 ans, 11 mois et 9 jours)
Monarque Élisabeth II
Gouverneur Peter Cosgrove
Gouvernement Turnbull I et II
Coalition Libs-Nats
Prédécesseur Tony Abbott
Successeur Scott Morrison
Chef de l'opposition officielle

(1 an, 2 mois et 15 jours)
Premier ministre Kevin Rudd
Législature 42e
Prédécesseur Brendan Nelson
Successeur Tony Abbott
Chef du Parti libéral d'Australie

(2 ans, 11 mois et 10 jours)
Prédécesseur Tony Abbott
Successeur Scott Morrison

(1 an, 2 mois et 15 jours)
Prédécesseur Brendan Nelson
Successeur Tony Abbott
Ministre des Communications

(1 an, 11 mois et 27 jours)
Premier ministre Tony Abbott
Gouvernement Abbott
Prédécesseur Anthony Albanese
Successeur Mitch Fifield
Ministre de l'Environnement et de l'Eau

(10 mois et 3 jours)
Premier ministre John Howard
Gouvernement Howard IV
Prédécesseur Ian Campbell
Successeur Peter Garrett
Membre de la Chambre des représentants

(13 ans, 10 mois et 22 jours)
Élection 9 octobre 2004
Réélection 24 novembre 2007
21 août 2010
7 septembre 2013
2 juillet 2016
Circonscription Wentworth
Législature 41e, 42e, 43e, 44e et 45e
Prédécesseur Peter King
Successeur Kerryn Phelps
Biographie
Nom de naissance Malcolm Bligh Turnbull
Date de naissance
Lieu de naissance Sydney (Nouvelle-Galles du Sud, Australie)
Nationalité Australienne
Parti politique Parti libéral d'Australie
Diplômé de Université de Sydney
Université d'Oxford
Religion Catholicisme

Premiers ministres d'Australie

Après avoir été directeur général de Goldman Sachs Australia, il est plusieurs fois ministre et chef du Parti libéral.

En 2015, il succède à Tony Abbott à la tête du gouvernement puis est reconduit dans ses fonctions à la suite des élections fédérales de 2016. Il est perçu comme un modéré proche du centre, ayant initié la légalisation du mariage homosexuel et défendu la nécessité d'agir en réponse au réchauffement climatique. Promoteur du multiculturalisme, il est également partisan d'une république.

Comme Premier ministre, il est attaqué par des membres de sa majorité qui l'accusent de tirer le Parti libéral à gauche et critiqué par une partie de la gauche pour avoir maintenu la ferme politique de ses prédécesseurs de lutte contre l'immigration illégale. En raison de mauvais sondages et de sa volonté d'honorer l'accord de Paris sur le climat, il perd en 2018 la confiance de la majorité des députés de son parti, ce qui conduit à son départ de la tête du gouvernement.

Jeunesse et famille

Son épouse, Lucy Turnbull, en 2015.

Malcolm Turnbull naît à Sydney le .

Sa mère, Coral Lansbury (1929-1991), est une comédienne de radio, écrivaine et universitaire[1],[2] dont la mère est d'origine anglaise. Malcolm Turnbull, son seul enfant, est issu de ses deuxièmes noces avec Bruce Blight Turnbull, un courtier immobilier.

Son père élève seul son fils à partir de ses neuf ans après que sa mère quitte le ménage[2]. Sa mère se marie finalement une troisième fois, en Nouvelle-Zélande, avec John Salmon, avant de partir aux États-Unis. Du côté de sa mère, Malcolm Turnbull est d'origine juive[3]. Il participe à plusieurs événements culturels de la communauté juive australienne, mais le Haaretz le dit catholique pratiquant[3].

Études et carrière professionnelle

Malcolm Turnbull effectue toutes ses études à Sydney, à l'exception d'un passage à Oxford grâce à une bourse Rhodes. Il est d'abord journaliste, avocat, puis banquier, notamment directeur général de Goldman Sachs Australia de 1997 à 2001. Il défend notamment avec succès, dans les années 1980, l'ancien agent du renseignement britannique Peter Wright[2].

Sa fortune est estimée par le Business Review Weekly à 186 millions de dollars[3]. Il possède dans la banlieue de Sydney une grande maison (mansion) évaluée à plus de 50 millions de dollars[3].

Engagement politique

Militant républicain

Malcolm Turnbull est chef du Mouvement républicain australien (Australian Republican Movement) de 1993 à 2000. Sous sa direction, le mouvement parvient à mettre la question républicaine au centre du débat, entraînant un référendum sur la question. Néanmoins, l'instauration d'une république est rejetée par 54,9 % des votants australiens, ce qui pousse Turnbull à démissionner. Il ne revient pas sur ce thème lors de la suite de sa carrière.

Débuts au Parti libéral

Député libéral de la circonscription de Wentworth dans la banlieue est de Sydney depuis , il est, sous le quatrième gouvernement John Howard, ministre fédéral de l'Environnement et des Ressources en eau de janvier à . Il remplace à ce poste Tony Abbott, qui devient son rival après la fin de l'ère Howard.

Ascension vers le pouvoir

Lorsque le gouvernement libéral-national (surnommé la Coalition) dirigé par John Howard perd les élections fédérales de , un vote pour la direction du Parti libéral est organisé quelques jours plus tard. Brendan Nelson est élu aux dépens de Turnbull par 45 voix contre 41. En , à la suite d'un second vote pour la direction du parti, c'est cette fois-ci Turnbull qui l'emporte par 45 voix contre 41 pour Nelson. Il est alors le premier républicain à la tête du Parti libéral fédéral.

Comme chef de l'opposition, Turnbull critique la réponse du Premier ministre Kevin Rudd à la crise financière, en particulier pour la vitesse avec laquelle le gouvernement a dépensé le grand surplus budgétaire dont il avait hérité du gouvernement de John Howard, mais il ne parvient pas à entamer la popularité de Kevin Rudd.

En 2009, il accuse injustement le Premier ministre et le ministre des Finances de corruption dans l'affaire du faux-email de Godwin Grech[4], surnommée « Utegate (en) », et sa propre popularité diminue nettement. Des collègues lui reprochent d'être autocratique[5] et les conservateurs du Parti libéral et du Parti national désapprouvent sa politique d'une bourse du carbone. Après une période de division pour les libéraux, Tony Abbott est élu chef du parti le , par 42 voix contre 41 à Turnbull[6].

Ministre des Communications

Après la victoire des libéraux aux élections fédérales de , Tony Abbott devient Premier ministre et le nomme malgré tout ministre des Communications dans son gouvernement.

Premier ministre d'Australie

Turnbull avec le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, en 2015.
Malcolm Turnbull et Julie Bishop recevant le secrétaire d'État américain, Rex Tillerson, en 2017.

L’impopularité relative de Tony Abbott vaut à celui-ci d'être mis à l'épreuve par son parti. En février 2015, soit à peine plus d'un an après son entrée en fonction, Abbott demande à son parti six mois supplémentaires afin de s'éviter une élection interne (leadership spill) à laquelle Turnbull avait déjà annoncé sa candidature.

Le , Tony Abbott est mis en minorité par un vote des parlementaires de son propre parti, par 44 voix contre 54 à Turnbull, qui devient ainsi le nouveau chef des libéraux[7], et qui, le lendemain, est investi Premier ministre[8]. Deux différences majeures, outre son passé de militant républicain, séparent Turnbull de la ligne orthodoxe d'Abbott : son soutien au mariage homosexuel et à la lutte contre le changement climatique[9] (timoré lors de sa primature).

En , le rejet par le Sénat d'une loi touchant au secteur du bâtiment et de la construction conduit Malcolm Turnbull à solliciter la dissolution à la fois de la Chambre des représentants et du Sénat. Après avoir été donné longtemps battu dans les enquêtes d'opinion[10],[11], sa coalition remporte, le , 74 sièges à la Chambre des représentants et obtient l'appui des indépendants nécessaire à une majorité contre les travaillistes menés par Bill Shorten.

Le gouvernement est contesté par la gauche et des ONG sur la question des migrants, notamment après l'auto-immolation d'un migrant iranien à Nauru[12]. Des ONG reprochent à Turnbull de ne pas remettre en cause la solution du Pacifique, bien que 70 % des arrivants repoussés sur les îles voisines aient, selon le journal Le Monde, un statut de réfugié. En août, sont par ailleurs dévoilés par The Guardian 2 000 documents alléguant d'abus violents et sexuels sur des migrants dans ces camps-prisons, certains pour les dénoncer s'étant auto-mutilés[13].

Le gouvernement est également critiqué pour le traitement réservé aux Aborigènes après la fuite d'images de surveillance d'une prison de Darwin qui montrent des adolescents autochtones torturés par des gardiens. Alors que des milliers de personnes prennent part à des manifestations, le Premier ministre condamne fortement ces actes[14]. En 2017, jugeant la proposition trop radicale, il refuse la demande d'instaurer une représentation aborigène au parlement à la suite de la demande de la communauté après le sommet d'Uluru[15].

En , les agences de notation expriment leurs doutes dans la capacité du gouvernement Turnbull de revenir à un budget positif alors que le Bureau australien des statistiques note sa crainte d'une décroissance des salaires réels, la hausse du coût de la vie tendant les budgets des ménages[16].

Du au , Turnbull organise une consultation par voie postale interrogeant le peuple sur la légalisation ou non du mariage homosexuel. Avec la victoire du oui, Turnbull s'engage à adopter une loi en faveur du mariage homosexuel d'ici la fin de l'année 2017[17].

Souhaitant faire inscrire dans la législation l'obligation pour l'Australie, en accord avec l'accord de Paris sur le climat, de réduire ses émissions polluantes de 26 % à l'horizon 2030, Malcolm Turnbull y renonce le , face à la menace de défection d'une dizaine de députés d'arrière-ban[18]. Sa direction du Parti libéral et du gouvernement étant menacée en raison également de mauvais sondages en vue des élections fédérales de 2019, il fait procéder le à un vote de confiance par les députés libéraux. Défié par son ministre de l'Intérieur Peter Dutton, Malcolm Turnbull conserve la confiance de sa majorité parlementaire, et Peter Dutton démissionne du gouvernement[19]. Peu après, toutefois, une majorité des députés libéraux appellent à un nouveau vote pour la direction du parti. Le , Malcolm Turnbull démissionne, et les députés élisent Scott Morrison à la direction du gouvernement et du parti, par quarante-cinq voix contre quarante pour Peter Dutton. Scott Morrison, jusque là ministre des Finances, est un chrétien évangéliste appartenant à l'aile droite du parti[20].

Retrait de la vie politique

Après son départ de la tête du gouvernement, Malcolm Turnbull démissionne de la Chambre des représentants, ce qui conduit à l’organisation d’une élection partielle dans sa circonscription de Wentworth le . Le fait qu’une partie des électeurs libéraux de la circonscription aient été déçus par l’éviction de Malcolm Turnbull permet à la candidate sans étiquette Kerryn Phelps de l’emporter de justesse sur le candidat libéral. Le nouveau gouvernement Morrison perd ainsi sa majorité absolue à la Chambre, qui ne tenait qu'à un siège, et devient un gouvernement minoritaire, dépendant du soutien d'élus indépendants[21],[22].

Il retourne travailler dans la finance, devenant à partir de juin 2019 conseiller principal auprès du fonds d'investissement américain Kohlberg Kravis Roberts[23].

Notes et références

  1. (en) « Malcolm Turnbull Prime Minister: 11 things you should know about our 29th PM », sur www.dailytelegraph.com.au (Daily Telegraph), (consulté le )
  2. Afp, « Australie: Victoire poussive du multimillionnaire Malcom Turnbull au poste de Premier ministre », sur www.levif.be, (consulté le )
  3. (en) Dan Goldberg, Jewish Australians Welcome New PM, Malcom ‘Moishe’ Turnbull, Haaretz, 17 septembre 2015
  4. (en) Paul Maley, « "Why I faked OzCar email: Godwin Grech" », sur www.theaustralian.com.au (The Australian), (consulté le )
  5. (en) Alexandra Kirk, « Coalition rift: Tuckey slams 'arrogant' Turnbull », sur www.abc.net.au (ABC News), (consulté le )
  6. (en) Phillip Coorey, « Shock result as Abbott wins Liberal leadership by one vote ... ETS dead », sur www.smh.com.au (The Sydney Morning Herald), (consulté le )
  7. « Australie: un challenger conservateur renverse le premier ministre », sur www.lefigaro.fr, (consulté le ).
  8. « Australie : le multimillionnaire Malcolm Turnbull investi Premier ministre », sur liberation.fr, .
  9. (en) « Australia PM Abbott faces challenge from Turnbull », sur www.bbc.com (BBC News), (consulté le ).
  10. (en) « 7 News - National Poll - 26 May 2016 », sur www.reachtel.com.au, (consulté le )
  11. (en) « The Essential Report 27 April 2016 », (consulté le ).
  12. Amnesty juge l'Australie cruelle envers les demandeurs d'asile, Le Monde, 4 août 2016.
  13. Australie : les Nauru Files révèlent des centaines de cas d'abus sexuels sur des réfugiés, Le Figaro, 10 août 2016.
  14. Australie : des mineurs torturés dans un centre de détention, Le Figaro, 26 juillet 2016.
  15. Mathilde Blottière, « Australie. Il n'y aura pas d'Aborigènes au Parlement », Ouest-France, (lire en ligne)
  16. Turnbull government hit with triple blow of bad economic news, smh.com.au, 17 mai 2017
  17. « Les Australiens disent oui au mariage gay », sur lemonde.fr,
  18. (en) "Malcolm Turnbull dumps plan to legislate Paris emissions targets", Australian Broadcasting Corporation, 17 août 2018
  19. (en) "Malcolm Turnbull: Australian PM survives leadership challenge", BBC News, 21 août 2018
  20. « Australie : un septième premier ministre en onze ans », Le Monde, 24 août 2018
  21. (en) "Australia government suffers Wentworth by-election defeat", BBC News, 20 octobre 2018
  22. (en) "Australian Government Loses Majority With Election Defeat", Bloomberg, 20 octobre 2018
  23. (en) « Malcolm Turnbull joins global investment firm KKR », sur the Guardian,

Voir aussi

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