Milet

Milet (en grec ancien Μίλητος / Mílêtos) est une ancienne cité grecque d'Ionie. Le site archéologique est situé sur la côte sud-ouest de la Turquie, à quelques kilomètres au nord de Balat, qui a été l'une des capitales du beylicat de Menteşe au XIVe siècle. Le site de Milet est à plus de cinq kilomètres à l'intérieur des terres à cause du comblement de la baie par les alluvions apportées par le Méandre.

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Milet
(grc) Μίλητος

Théâtre et site archéologique de Milet
Localisation
Pays Turquie
Province Aydın
District Didim
Village Balat
Région de l'Antiquité Ionie
Coordonnées 37° 31′ 50″ nord, 27° 16′ 45″ est
Géolocalisation sur la carte : Turquie
Milet

Elle fut fondée au début du XIe siècle av. J.-C., légèrement après les hypothétiques invasions doriennes, ce qui en fait avec Éphèse et Clazomènes l'une des plus anciennes cités grecques d'Ionie.

Histoire

Lydie ancienne.
Baie de Milet à l'époque classique.

Mythologie

Selon diverses légendes, la ville aurait été fondée par Milétos. Après avoir ravagé Troie et tué son roi Laomédon durant la guerre menée par Héraclès, qui aurait eu lieu avant la guerre de Troie chantée par Homère, Télamon aurait choisi parmi les captifs une certaine Troyenne Théanéra / Théaneira (Θεάνειρα)[1], dont on sait assez peu, si ce n'est que pendant son retour par la mer, bien qu'enceinte, elle parvint à s'échapper en passant par-dessus bord ; elle se réfugie sur les côtes de Milet. Elle y perd les eaux, au milieu d'un bois ou de broussailles, et met au monde Trambélos. La mère et l'enfant sont recueillis par le roi Arion, qui élève l'enfant comme le sien[2].

Périodes

L'archéologie permet d'établir diverses périodes pré-classiques de construction, destruction, reconstruction :

  • Milet I : vers -3000
  • Milet II : vers -2500
  • Milet III : vers -2000
  • Milet IV : vers -1800
  • Milet V : vers -1450
  • Milet VI : vers -1315
  • Milet VII : vers -1085

Naissance de la cité

Milet est fondée par des Grecs au début du XIe siècle av. J.-C. (entre 1086 et 1085 av. J.-C. selon la Chronique de Paros). Cela en fait l'une des plus vieilles cité-État grecque d'Ionie avec Éphèse et Clazomènes, fondées à peu près à la même époque. On sait très peu de choses sur cette période de l'histoire de la cité. À cette époque, elle est vraisemblablement gouvernée par un roi.

Liste des tyrans de Milet

La royauté finit par faire place à un régime oligarchique. La tyrannie arrive au VIIe siècle av. J.-C.

En -514, Histiée accompagne son suzerain Darius Ier lors d'une expédition en Thrace contre les Scythes. Lors du retour, Histiée est emmené à Suse comme conseiller du grand roi. Son neveu et beau-fils, Aristagoras, en profite pour s'emparer du pouvoir à Milet où il règne en tyran.
En , Aristagoras, incité par Histiée, déclenche la révolte de l'Ionie, qui sera à l'origine de la destruction de Milet, puis des guerres médiques entre Grecs et Perses.

Milet à l'époque classique

La reconstruction eut lieu après la victoire hellène contre les Perses au cap Mycale, en 479 av. J.-C. Les travaux sont attribués à Hippodamos, dit « de Milet ». La ville bénéficia alors d'un plan d'urbanisme très strict, quadrillant la ville en îlots, que les Romains appelleront insulae. Mais il était également prévu des lieux d'implantation pour les bâtiments publics. Ce modèle d'urbanisme, dit « tracé hippodamien », fut ensuite repris par de nombreuses cités et colonies, et inspira le modèle d'urbanisme utilisé par les Romains. À cette époque, Milet était entrée dans la ligue de Délos, mais en 412 elle se révolta contre Athènes. Parmi les Milésiens célèbres de l'époque, on compte Aspasie, maîtresse de Périclès, Hippodamos, concepteur du Pirée, et le poète Timothée de Milet. L'une des gloires de la cité ionienne est d'avoir fondé de nombreuses colonies, dont la Byzance grecque.

Site archéologique

Milet à l'époque hellénistique

Portique de l'agora de Milet.

Le plan de la ville a été redessiné selon un plan orthogonal, dit « hippodamien », dont Hippodamos de Milet aurait été l'inventeur.

Les fouilles de Theodor Wiegand, au début du XXe siècle, ont révélé une grande partie de la cité portuaire et de ses monuments hellénistiques :

  • bouleutérion : salle de réunion de la Boulè (Conseil) ;
  • marché ou agora du Nord ;
  • marché ou agora du Sud, dont l'entrée monumentale (porte du marché de Milet) a été transférée et reconstituée à Berlin, au Pergamon Museum, par Theodor Wiegand ;
  • nymphée : fontaine publique avec sculptures ;
  • thermes de Faustine ; ils sont liés au souvenir de l'épouse de l'empereur Marc Aurèle, mère de Commode ;
  • marché de l'Ouest, près du temple d'Athéna ;
  • stade ;
  • delphinion, sanctuaire d'Apollon Delphinios, principal sanctuaire de la cité ;
  • sanctuaire oraculaire d'Apollon à Didymes.

Le sanctuaire d'Apollon à Didymes, situé à quinze kilomètres de Milet, est relié à la ville par une route directe partant de la porte Sacrée. C'est le plus grand de tous les sanctuaires du monde hellénistique.

Théâtre de Milet, construit sur terrain plat.

Personnages célèbres

Torse provenant de Milet, vers -480, musée du Louvre.

À Milet, aux VIe et Ve siècles av. J.-C., se développe la philosophie grecque, avec l'école milésienne. En font partie :

  • Thalès, philosophe et savant (-625/ -546), qui développe aussi les mathématiques.
  • Anaximandre, philosophe grec (-610 / -546)
  • Anaximène, philosophe grec (-585/ -525)
  • Archélaos de Milet, philosophe grec présocratique du Ve siècle av. J.-C.

Parmi les autres qui ont vécu à Milet :

Colonies de Milet

Colonies de Milet.

Pline l'Ancien cite plus de quatre-vingts colonies fondées dans l'Histoire naturelle (Pline l'Ancien)[3], parmi lesquelles Amisos, Apollonia, Dioscurias, Histria, Kerasos, Kytoros (Cytorus, Gideros (tr)), Kotyora, Odessos, Olbia du Pont, Panticapée, Phanagoria, Phasis, Pityos, Sésamos, Sinope, Tanaïs, Théodosie, Trapézonte, Tomis, Tyras.

Milet au Moyen Âge

Milet perd alors son accès à la mer : la puissance maritime se retrouve dans les terres à la suite d'un ensablement progressif, ce qui lui vaut d'être totalement abandonnée : le site ne baigne plus aujourd'hui que dans les eaux de pluie. Au XIe siècle, la cité de Balat est édifiée à proximité immédiate par les Seldjoukides. Puis Milet / Balat passe sous l'autorité de la dynastie des Mentecheïdes ou Menteşeoğullari, avec une parenthèse vénitienne vers 1355. Elle est enfin incorporée à l'Empire ottoman en 1424.

Images

Notes et références

  1. Scholie de Tzétzès à propos de Lycophron, 469, lisant le logographe Hellanicos/FHG Hellanicos 138. Voir :
    • (grc) Christian Gottfried Müller, Ἰσαακίου καὶ Ἰωάννου τοῦ Τζέτζου Σχόλια εἰς Λυκόφρονα Isaac et Jean Tzétzès Scholies sur Lycophron »], t. 1, Leipzig, Sumtibus F.C.G. Vogelii, (lire en ligne), p. 628-629 (717),
    • (la + grc) Karl Müller (trad. du grec ancien), Fragmenta historicorum graecorum (FHG), Paris, Ambroise Firmin Didot, , 754 p. (lire en ligne), p. 64.
  2. Scholie de Tzétzès à propos de Lycophron, 467-468, citant Istros de Cyrène. Voir (grc) Christian Gottfried Müller, Ἰσαακίου καὶ Ἰωάννου τοῦ Τζέτζου Σχόλια εἰς Λυκόφρονα Isaac et Jean Tzétzès, Scholies sur Lycophron »], t. 1, Leipzig, F. C. G. Vogel, (lire en ligne), p. 627–628 (715).
  3. Pline l'Ancien, « Histoire naturelle, Livre V, chap. xxxi–xl », sur « L'antiquité grecque et latine ».

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Alan M. Greaves, Miletos: A History, Londres et New York, Routledge,
  • (en) Vanessa B. Gorman, Miletos, the Ornament of Ionia : A History of the City to 400 B.C.E., Ann Arbor, University of Michigan Press,
  • Marguerite Yourcenar (trad. du grec ancien), La Couronne et la Lyre : Anthologie de poèmes traduits du grec ancien, Paris, Éditions Gallimard, (1re éd. 1979), 502 p. (ISBN 978-2-08-121810-9), p.195-196. .
  • John Garstang, The Hittite Empire, University Press, Édimbourg, 1930, p. 179-80.
  • Gerhard Kleiner, Die Ruinen von Milet. Berlin 1968.
  • Wolfgang Müller-Wiener (Hrsg.), Milet 1899 - 1980. Ergebnisse, Probleme u. Perspektiven einer Ausgrabung. Kolloquium, Frankfurt am Main 1980. Istanbuler Mitteilungen. Cahier 31. Tübingen 1986. (ISBN 3-8030-1730-0)
Publications archéologiques
  • Milet - Ergebnisse der Ausgrabungen und Untersuchungen seit dem Jahre 1899. Begründet von Theodor Wiegand. Reimer/Schötz/de Gruyter, Berlin 1906ff.
    • Volume 1,1: Paul Wilski (de): Karte der Milesischen Halbinsel. 1906
    • Volume 1,2: Hubert Knackfuß (de), Carl Fredrich (de): Das Rathaus von Milet. 1908
    • Volume 1,3: Georg Kawerau, Albert Rehm, Friedrich Hiller von Gaertringen: Das Delphinion in Milet. 1914.
    • Volume 1,4: Armin von Gerkan: Der Poseidonaltar bei Kap Monodendri. 1915.
    • Volume 1,5: Das Nymphaeum von Milet. 1919.
    • Volume 1,6: Armin von Gerkan: Der Nordmarkt und der Hafen an der Loewenbucht. 1922.
    • Volume 1,7: Hubert Knackfuss: Der Südmarkt. 1924.
    • Volume 1,8: Armin von Gerkan: Kalabaktepe, Athenatempel und Umgebung. 1925.
    • Volume 1,9: Armin von Gerkan, Fritz Krischen (de), Friedrich Drexel (de): Thermen und Palaestren. 1928.
    • Volume 1,10: Berthold F. Weber (de): Die römischen Heroa von Milet. 2004.
    • Volume 2,1: Armin von Gerkan: Das Stadion. 1921.
    • Volume 2,2: Theodor Wiegand, Kurt Krause: Die Milesische Landschaft. 1929.
    • Volume 2,3: Armin von Gerkan: Die Stadtmauern. 1935.
    • Volume 2,4: Walter Bendt: Topographische Karte von Milet. 1968.
    • Volume 3,1: Theodor Wiegand: Der Latmos. 1913.
    • Volume 3,2: Fritz Krischen (de): Die Befestigungen von Herakleia am Latmos. 1922.
    • Volume 3,4: Karl Wulzinger (de), Paul Wittek, Friedrich Sarre (de): Das Islamische Milet. 1935.
    • Volume 3,5: Alfred Philippson, Karl Lyncker: Das südliche Jonien. 1936.
    • Volume 3,6: Anneliese Peschlow-Bindokat: Feldforschungen im Latmos. 2005.
    • Volume 6,1: Peter Herrmann (de): Inschriften von Milet. Partie 1. A. Inschriften n. 187–406 (Nachdruck aus den Bänden I 5–II 3). B. Nachträge und Übersetzungen zu den Inschriften n. 1–406. 1997.
    • Volume 6,2: ders.: Inschriften von Milet. Partie 2. Inschriften n. 407–1019. 1998.
    • Volume 6,3: ders.: Inschriften von Milet. Partie 3. Inschriften n. 1020–1580. 2006.

Liens externes

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