Mont Rainier

Le mont Rainier est un stratovolcan actif de la chaîne des Cascades[3] situé dans l'État de Washington, aux États-Unis. Situé à 95 kilomètres au sud-sud-est de la ville de Seattle, il reste un danger pour la population environnante estimée à environ 1,5 million d'habitants[4].

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Mont Rainier

Le mont Rainier depuis l'est-nord-est.
Géographie
Altitude 4 392 m, Columbia Crest[1],[2]
Massif Chaîne des Cascades
Coordonnées 46° 51′ 11″ nord, 121° 45′ 36″ ouest[1]
Administration
Pays États-Unis
État Washington
Comté Pierce
Ascension
Première Hazard Stevens et P. B. Van Trump, en 1870
Voie la plus facile Depuis camp Muir, versant Sud-Est
Géologie
Âge 2,9 millions d'années à 840 000 ans
Roches Andésite, andésite basaltique
Type Volcan de subduction
Morphologie Stratovolcan
Activité Actif
Dernière éruption 21 novembre au (incertaine)
Code GVP 321030
Observatoire Observatoire volcanologique des Cascades
Géolocalisation sur la carte : États-Unis
Géolocalisation sur la carte : Washington

Découvert par les premiers Européens lors d'un voyage d'exploration en 1792 mené par George Vancouver, le volcan tire son nom d'un ami de George Vancouver également navigateur dans la Royal Navy et portant le nom de Peter Rainier.

Situé au cœur du parc national du mont Rainier, le volcan attire une foule de visiteurs en quête de nature et de beaux paysages.

Toponymie

George Vancouver nomma la montagne en hommage à son ami le contre-amiral Peter Rainier[4]. Le mont Rainier fut d'abord connu par les Amérindiens sous les noms de Ta-co-bet, Tahoma ou Tacoma[4] qui provient du terme lushootseed təqʷúʔʔ signifiant « lieu où naissent les eaux »[4] ou bien « la montagne qui est Dieu »[5]. Le terme était utilisé par la tribu Puyallup.

Géographie

Topographie et hydrologie

Représentation du mont Rainier en trois dimensions.
Nord-ouest du mont vu à partir de la ville de Tacoma.

Culminant à 4 392 mètres d'altitude[2], le volcan est le point culminant de la chaîne des Cascades et de l'arc volcanique des Cascades. La base du volcan couvre une superficie d'environ 250 km2[4]. Le volcan et ses environs font partie du parc national du mont Rainier qui est une zone protégée. Recouvert par d'importants glaciers, le mont Rainier est le pic le plus fourni en glace et en neiges éternelles des États-Unis (pics de l'Alaska non compris). Le sommet est composé de deux cratères qui dégagent de la chaleur empêchant la neige de s'accumuler à plusieurs endroits. Les vapeurs chaudes sculptent des galeries dans la glace recouvrant le sommet[6]. Bien que petit, le lac de cratère situé dans le cratère occidental du mont est le plus haut d'Amérique du Nord. Situé à plus de cinquante mètres sous la glace, il est uniquement accessible par les galeries creusées par les vapeurs chaudes qui proviennent du cœur du volcan.

La taille du mont Rainier le rend très visible dans toute la région de Seattle. Les jours de temps clair, on peut l'apercevoir des villes de Portland dans l'État de l'Oregon et de Victoria au Canada. Les gens de la région de Seattle le nomment plus simplement « la Montagne »[7].

Le sommet du mont Rainier est composé de trois pics. Le plus élevé se nomme Columbia Crest. Le second se nomme Point Success (4 315 mètres) et le troisième Liberty Cap (4 301 mètres). Sur le flanc oriental du mont se trouve également le pic Little Tahoma (3 395 mètres). Celui-ci est un vestige érodé de l'ancien mont Rainier lorsqu'il était encore plus élevé.

Les rivières importantes telles que Carbon, Puyallup, White, Nisqually et Cowlitz prennent leurs sources au niveau des glaciers du mont Rainier. Les rivières White, Carbon, Puyallup et Nisqually se déversent dans le Puget Sound près de Seattle tandis que la Cowlitz se jette dans le fleuve Columbia[4].

Comparaison, à la même échelle, avec d'autres volcans de la chaîne des Cascades.

Climat

En raison de son altitude dépassant de 2 000 mètres les crêtes de la chaîne des Cascades, le mont Rainier constitue une véritable barrière pour les masses d'air humides venant de l'océan Pacifique situé à 160 kilomètres à l'ouest. L'accumulation de nuages provoque d'importantes précipitations, principalement sur les versants Sud et Ouest. Celles-ci se manifestent abondamment sous forme de neige. C'est ainsi que le record de précipitations neigeuses en un an a été relevé sur le volcan. Alors qu'en moyenne il tombe seize mètres de neige par an[8], il en est tombé 28,5 mètres lors de l'hiver 1971-1972 dans la station de relevé de Paradise Ranger située à 1 647 mètres d'altitude[9]. Ce record a été battu en 1998 par un volcan proche, le mont Baker.

Relevés de la station de Paradise Ranger (1 647 m)[10]
MoisJanvFévMarsAvrMaiJuinJuilAoûtSeptOctNovDécAnnée
Températures maximales moyennes (°C) 0,5 2,0 3,0 7,0 10,0 14,0 18,0 17,0 14,0 9,0 5,0 1,0 7,0
Températures minimales moyennes (°C) -5,5 -5,5 -5,5 -2,8 0,0 6,7 6,7 6,1 3,9 0,5 2,8 -6,0 0

Ces abondantes chutes de neige ont créé le plus grand système glaciaire des États-Unis (hors Alaska) autour d'un seul sommet : 26 glaciers principaux, 90 km2 de glace. Après une phase de retrait, ces glaciers sont à nouveau en progression[5].

Faune et flore

Le sommet du mont Rainier est un milieu naturel difficile pour la faune et la flore. La nature est de ce fait surtout présente à basse altitude sur les flancs du volcan et également dans tout le parc national du mont Rainier entourant la montagne. Le dénivelé d'environ 4 000 mètres entre le point le plus bas du parc et le sommet du volcan crée une multitude de biotopes différents.

Faune

Les espèces animales présentes dans le parc sont composées d'environ 159 espèces d'oiseaux, 63 espèces de mammifères, 16 espèces d'amphibiens, 5 espèces de reptiles, 18 espèces de poissons et une multitude d'espèces d'insectes. Trois espèces d'oiseaux et une espèce de poissons présentes dans le parc sont inscrites sur la liste des espèces menacées[11].

Parmi les mammifères présents, sont présents le cerf à queue noire, l'écureuil de Douglas, l'ours noir, la chèvre des montagnes Rocheuses en altitude et le wapiti[11].

Parmi les oiseaux, on peut citer la Chouette tachetée (menacée), le bruyant Geai de Steller, le Guillemot marbré, le Pygargue à tête blanche, le Faucon pèlerin, l'Autour des palombes, l'Arlequin plongeur et le Moucherolle des saules[11].

Les poissons sont représentés par le saumon argenté, le saumon Chinook, le saumon de fontaine, la truite arc-en-ciel, le Salvelinus malma et le Salvelinus confluentus. La technique de l'empoissonnement des rivières est pratiquée par le National Park Service dans les cours d'eau entourant le volcan[11].

On retrouve également des insectes portés en altitude par les vents qui attirent par la même occasion des oiseaux en quête de nourriture[11].

Flore

Environ 58 % du parc est recouvert de forêts, 23 % est recouvert de végétation subalpine et 19 % de végétation alpine. L'âge de la forêt varie de cent ans aux endroits où le volcan a été dernièrement actif jusqu'à 10 000 ans dans les zones préservées par l'activité du volcan[11]. Le parc possède 26 glaciers, 9 cours d'eau importants, 382 lacs, 470 ruisseaux et environ 12 km2 de zones humides[11].

La forêt à basse altitude est en grande partie composée de conifères. On trouve ainsi le sapin de Douglas, le thuya géant de Californie, le sapin de Vancouver, le sapin subalpin, la pruche de l'Ouest, le pin argenté, le sapin gracieux[11]. Les espèces végétales présentes dans le parc sont composées d'environ 800 plantes vasculaires. À moyenne altitude, on trouve la pruche subalpine, le cyprès de Nootka et le pin à écorce blanche[11].

Au-dessus de 2 000 mètres d'altitude apparaît la végétation alpine composée d'herbes et d'arbustes s'effaçant petit à petit avec l'altitude au profit de rochers, de glace et de neige. La moitié de cette zone alpine est en effet recouverte de neiges éternelles et de glace. Les plantes à cette altitude sont par exemple la myrtille, l'hellébore verte, le pied de chat et le lupin arctique[11].

Histoire

Histoire géologique

Carte des aléas volcaniques autour du volcan :
  • Coulées de laves et coulées pyroclastiques
  • Lahars de grande taille (Type Electron)
  • Lahars de taille moyenne
  • Coulées de boues de petite taille (généralement non associées au volcanisme)
  • Inondations induites par des lahars
  • Zone inondable à la suite de la rupture du barrage Alder
  • Limites de comtés
  • Limites du parc national du mont Rainier

Les premières coulées de lave du mont Rainier remontent à environ 840 000 ans et font partie d'une formation géologique nommée Formation Lily (2,9 millions d'années à 840 000 ans)[12]. Les premières laves formèrent un volcan primitif dont le cône se forma bien avant celui visible aujourd'hui. Le cône actuel du volcan date d'environ 500 000 ans[13]. Le volcan est fortement érodé à cause des glaciers sur ses flancs, qui sont en général composés d'andésite.

Dans le passé, le mont Rainier fut à l'origine de grandes coulées de boues mélangeant des cendres et de la glace fondue par la chaleur du volcan. Le mont était dans le passé plus haut qu'aujourd'hui avec une altitude d'environ 4 875 mètres mais un glissement de terrain du nom d'Osceola abaissa la hauteur du sommet, il y a environ 5 000 ans. Des coulées ont ainsi atteint le Puget Sound qui se trouve à des dizaines de kilomètres du volcan ainsi que la région des villes de Seattle et Tacoma[14]. Il y a environ 550 ans, un glissement de terrain de plus faible ampleur du nom d'Electron s'est produit. Depuis le glissement d'il y a 5 000 ans, des éruptions de lave ont façonné le nouveau cône du volcan. L'éruption la plus récente enregistrée s'est produite entre 1820 et 1854. Néanmoins, des témoins auraient aperçu des activités éruptives en 1870, 1879, 1882[12] et 1894[15]. Ces éruptions sont cependant incertaines et n'ont pas laissé de dépots identifiables, bien que celle de 1894, une éruption phréatique, ait été jugée comme possible, mais sans avoir pour autant été confirmée[16]. Actuellement, il n'y a pas de menace d'éruption mais les volcanologues n'excluent pas le risque dans l'avenir et le volcan est surveillé en permanence.

Le danger principal du mont Rainier provient des possibles coulées de boues car plusieurs localités sont implantées sur des dépôts d'anciennes coulées. Plusieurs localités comme Tacoma, Kent, Auburn, et Renton seraient ainsi menacées au cas où une coulée de boue identique à celle de Osceola se reproduirait[14]. Une telle coulée serait susceptible d'atteindre l'estuaire de la Duwamish en détruisant plusieurs quartiers de la ville de Seattle. Un tsunami dans le Puget Sound serait tout à fait envisageable. Le mont pourrait être également à l'origine de nouvelles coulées de laves ou de coulées pyroclastiques. Selon le service de géologie américain, le volcan est classé en troisième position du classement des volcans les plus dangereux du pays après le Kīlauea et le mont Saint Helens[17].

Histoire humaine

Le mont Rainier vu de l'espace.

À l'arrivée des Européens, les régions environnantes étaient peuplées d'Amérindiens vivant de la chasse, de la pêche et de la cueillette dans les forêts. Les tribus représentées étaient les Nisqually, Cowlitz, Yakamas, Puyallup et Muckleshoot.

L'explorateur de la Royal Navy George Vancouver et son équipage du HMS Discovery reconnurent le Puget Sound en 1792 et devinrent les premiers Européens à apercevoir le volcan[4].

En 1833, le docteur William Fraser Tolmie explora la zone à la recherche de plantes médicinales[12]. Il précéda des explorateurs à la recherche d'aventures. En effet, Hazard Stevens et P. B. Van Trump reçurent des acclamations à leur retour dans la ville d'Olympia après leur ascension de la montagne en 1870[12]. John Muir gravit le mont Rainier en 1888 et bien qu'il appréciât la vue, il dit préférer la vue d'en bas. Muir prôna la protection de la montagne. En 1893, la zone fut intégrée à la réserve Pacific Forest Reserve dans le but de protéger ses ressources forestières et minérales.

La création d'un parc national fut rapidement imaginée dans le but d'attirer des touristes dans la région. Le , le président américain William McKinley créa le Mount Rainier National Park ; il s'agissait du cinquième parc national du pays[12].

En 1998, l'United States Geological Survey commença à installer un système de surveillance des coulées de boues pour faciliter l'évacuation de la vallée de la rivière Puyallup en cas de catastrophe. Ce système est géré par le département de la sécurité du comté de Pierce.

Vue du glacier Emmons depuis le camp Curtis lors de l'ascension du mont Rainier.

Une pièce de 25 cents de dollar représentant le mont et un saumon est sortie le [18].

Loisirs

Cascade Silver Falls dans le parc national du mont Rainier.

Le parc national accueille environ deux millions de visiteurs chaque année[11]. À proximité du mont Rainier, les touristes font du camping, de la marche et du vélo. Plusieurs sentiers de randonnées autour du volcan permettent de visualiser celui-ci sous tous les angles. En hiver, il est possible de se promener en raquettes ou de pratiquer du ski de fond[19].

L'escalade va également de pair avec le mont Rainier. Très difficile, l'ascension nécessite la traversée des plus grands glaciers des États-Unis au sud de l'Alaska. Le dénivelé à surmonter pour escalader le volcan est d'environ 2 750 mètres sur une distance de treize kilomètres au minimum. La durée de l'ascension est comprise entre deux et trois jours. Très technique, l'ascension demande une grande expérience. Environ 8 000 à 13 000 personnes tentent d'escalader le mont chaque année[20]. Près de 90 % des personnes empruntent la voie en provenance de camp Muir, refuge situé au sud-est des flancs du volcan[21]. L'autre voie menant au sommet passe par la traversée du glacier Emmons au départ du camp Schurman situé au nord-est du volcan. Environ la moitié des tentatives d'escalade sont couronnées d'un succès, les échecs étant en général causés par de mauvaises conditions météorologiques obligeant l'arrêt de l'ascension. En moyenne, on relève trois accidents mortels chaque année causés par des chutes, par des avalanches ou par hypothermie. Il est possible d'escalader le mont en hiver mais les cordées sont obligatoirement composées de quatre à douze personnes et dirigées par des personnes expérimentées. Il est obligatoire de disposer d'un droit de passage payant (trente dollars par personne et valide un an) pour toute randonnée au-dessus de 3 000 mètres ou sur les glaciers[22].

Références

  1. Visualisation sur l'USGS.
  2. (fr) Bernard Henry, Christian Heeb, USA : Les états de l'ouest, Éditions Artis-Historia (ISBN 2-87391-116-6), p. 114
  3. (en) Mount Rainier -- Learing to Live with Volcanic Risk Consulté le
  4. (en) « Mount Rainier, Washington », USGS (consulté le )
  5. (fr) Découverte du mont Rainier
  6. « Mont Rainier : le volcan de tous les dangers », savoirs.essonne.fr (consulté le )
  7. (en) Bruce Barcott, « The Mountain is Out », Western Washington University, (consulté le )
  8. (en) « SMount Rainier National Park Weather Page », Hillclimb Media (consulté le )
  9. (en) « Snowfall at Paradise », National Park Service, (consulté le )
  10. (en) Données climatiques.
  11. (en) « MORA Nature », National Park Service, (consulté le )
  12. (en) « Mount Rainier Vulcano », USGS (consulté le )
  13. (en) T.W. Sisson, History and Hazards of Mount Rainier-Washington, USGS, p. 95-642, 1995
  14. (en) Parchman F., « The Super Flood », Seattle Weekly (consulté le )
  15. (en) Mount Rainier : America's Most Dangerous Volcano, in Harris 2005, p. 299-334
  16. (en) « Mount Rainier, Washington », USGS (consulté le )
  17. (en) Warren Cornwall, « Rainier, third most dangerous U.S. volcano, USGS says », Seattle Times (consulté le )
  18. (en) « Governor Gregoire Announces Her Choice for Washington's Quarter », Washington State Office of the Governor, (consulté le )
  19. (en) « MORA Climbing Statistics », National Park Service, (consulté le )
  20. (en) « MORA Climbing Statistics », National Park Service, (consulté le )
  21. (en) University of Washington Libraries Digital Collections, « Camp Muir, Mount Rainier, Washington », University of Washington (consulté le )
  22. (en) « MORA Climbing », National Park Service, (consulté le )

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • (en) Stephen L. Harris, Fire Mountains of the West : The Cascade and Mono Lake Volcanoes, Missoula (Montana), Mountain Press Publishing Company, , 3e éd., 454 p. (ISBN 0-87842-511-X), « Mount Rainier : America's Most Dangerous Volcano », p. 299–334
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