Nasrides

La dynastie nasride, Banû al-Ahmar, Banu Nazari[1], Nazarí en castillan, ou encore Nasari selon les orthographes, est une dynastie arabe[2],[3] fondée par Mohammed ben Naṣar, qui établit son pouvoir sur le royaume de Grenade en créant l'émirat de Grenade en 1237. Cet État doit sa subsistance à sa vassalité aux rois de Castille et d'Aragon, pour lesquels les Maures payent un tribut annuel. Cet émirat représente la dernière forme que prend le royaume de Grenade. Le « pays d'al-Andalûs » est alors réduit à portion congrue.

Armes des Nasrides.
Fresque représentant les rois Nasrides dans La Salle des Rois à l'Alhambra.

Composition de l'émirat

Le dernier domaine musulman de Grenade est séparé en quatre zones, d'ouest en est :

  • Cora (es) de Tacoronna
  • Cora de Rayya
  • Cora d'Elvira, centré autour de la ville de Grenade
  • Cora de Peyyna, avec comme port Almería

Histoire

Avant les Nasrides

  • La conquête d'al-Andalus par les arabo-berbères musulmans sous les Omeyyades commence en 711.
  • Les Arabes omeyyades survivants du massacre de 750 s'installent à Cordoue en 756 jusqu'en 1039. Le califat s'effondre, il s'ensuit une première période de taïfas.
  • Pendant cette période, les Arabes hammudites établissent leur taïfa ainsi que le premier royaume de Malaga sur la zone urbaine et sa province alentour (1016 -1058).
  • Les Arabes Toujibides originaires du Yémen créent leur royaume situé le plus au nord de la péninsule ibérique et qui avait pour siège Saragosse de 1018 à 1039 puis ils sont remplacés par les Arabes Houdides de 1039 à 1146.
  • Les Berbères almoravides conquièrent al-Andalus en entier (1085-1145). À leur chute, il s'ensuit la deuxième période de taïfas.
  • Les Berbères almohades conquièrent à leur tour al-Andalus en entier (1147-1226). À leur chute, il s'ensuit la troisième période de taïfas.
  • Les Arabes Nasrides profitent de la situation pour recréer le royaume de Grenade en 1238 qui disparaîtra définitivement en 1492.

Avènement des Nasrides

La dynastie est instituée en 1238 par un émir arabe, Mohammed ben Nazar souvent appelé Al-Ahmar[4] Le rouge ») et surnommé Al-Ghâlib[5] le vainqueur ») qui descendrait du médinois Sa`d ibn `Ubâda[6], chef de la tribu des Banu Khazraj au moment de la mort de Mahomet en 632. Après la chute des Almohades, il s'empare de plusieurs villes et finalement de Grenade. Al-Ahmar y construit une résidence fortifiée qui deviendra le palais d'Alhambra. Devant la Reconquista chrétienne, l'émir de Grenade a dû se déclarer vassal du roi de Castille, Ferdinand III. Les émirs de Grenade ont ensuite cherché une alliance avec les Zianides du Maghreb[7], qui ont accordé leur soutien après la cession d'Algésiras.

La Frontera Militar

Lorsque les Nasrides ne respectent pas le versement tributaire ont lieu des incursions chrétiennes traversant la frontière.

Cette frontière est figée pendant deux siècles, durant lesquels les souverains espagnols vaquent à d'autres préoccupations telles que la structuration territoriale de leurs nouvelles terres. Elle devient donc La Frontera, et de nombreuses agglomérations andalouses limitrophes lui doivent son nom.

Gloire

Salle des ambassadeurs, dans les palais nasrides.

Embellissement des palais princiers, d'un raffinement jamais atteint ailleurs en al-Andalus. Les artistes sont au faîte de leur maîtrise, les Nasrides les encouragent à décorer chaque parcelle de leur palais, dans une espèce d'horreur du vide. Marchant sur un sol de plaques de marbre massif, ils se promènent ainsi dans un univers à la fois architectural et spirituel, représentant la nature sur les façades, de manière allégorique, et des cieux semés d'astres dorés sur plafonds de bois rares.

Décadence

Royaumes d'Espagne en 1360.

Les princes castillans sont bravés par cette poche concentrée qu'est devenu le dernier royaume musulman en terre d'Espagne. Les derniers souverains nasrides, Abû al-Hasan `Alî et son fils Boabdil, sont soumis à des pressions autant internes qu'externes. Les religieux venus d'autres villes maintenant aux mains des Castillans sèment l'agitation. Les dissensions politiques dans la ville sont également dues à la pression perpétuelle liée au statu quo sur la Frontera et les assauts des catholiques auxquels l'appui du Pape a permis de liguer des armées coalisées extérieures aux Espagnes. C'est la perte d'une des places fortes de la Frontera qui déclenche l'ultime acte : les guerres de Grenade.

La fin

La capitulation de Grenade, par F. Padilla : Boabdil confronté à Ferdinand II d'Aragon et Isabelle Ire de Castille.

Lorsque les Rois catholiques sont fermement ancrés au fort de Santa Fé, au pied même de la capitale de l'émirat, Boabdil ne voit plus que la solution d'une sortie négociée par la voie politique. Devant l'avancée des troupes chrétiennes, l'armée mérinide n'a pas suffi à défendre les terres nasrides et l'émirat est défait le par Isabelle la Catholique et Ferdinand II d'Aragon.

Des accords concernent la famille nasride avec une permission de s'installer sur une terre au sud, sur la côte. Dès leur arrivée, les rois espagnols demanderont à certains habitants de quitter la ville. Suivant vers le sud, ils édifieront les villages des Alpujarras, qui encore aujourd'hui présentent des similitudes avec les casas de l'Albaicin de Grenade.

Devise de la dynastie

La devise des Nasrides aurait été proclamée par les premiers conquérants maures lors de leur entrée sous la porte d'Elvira de Grenade :

ولا غالب إلا الله

Wa lā ghālib illa-āllāh
(Et pas de vainqueur autre qu’Allâh)[8]

Nasrides notables

و لا غالب إلا الله.
Carreau de revêtement émaillé provenant du palais de l'Alhambra avec armoiries

Liste des émirs nasrides

Arbre généalogique

Généalogie établie d'après

Ces trois sources diffèrent en plusieurs points (les divergences sont signalées par les notes).

  • Les numéros sont les ordres d'apparition dans l'ordre de succession

Architecture nasride

Ne sont indiqués que les édifices d'époque qui n'ont pas disparu.

Notes et références

  1. arabe : banū naṣr, بنو نصر, « Les descendants de Nasr » ou
    arabe : an-naṣarīyūn, النصريون, « Les Nasrides » ou
    arabe : banū al-ʾaḥmar, بنو الأحمر, « Les descendants d'Al-Ahmar ».
  2. Encyclopædia Universalis, « LES NASRIDES, dynastie », sur Encyclopædia Universalis (consulté le ).
  3. Éditions Larousse, « Encyclopédie Larousse en ligne - Nasrides », sur www.larousse.fr (consulté le ).
  4. Il est surnommé Al-Ahmar à cause de sa barbe rousse.
  5. Il est surnommé Al-Ghâlib bi-llâh Vainqueur grâce à Dieu », après la prise de Grenade.
  6. Janine Sourdel et Dominique Sourdel, Dictionnaire historique de l'islam, PUF, coll. « Quadrige », , 1056 p. (ISBN 978-2-13-054536-1), p. 615, article Nasrides.
  7. Orientalia Hispanica : Sive Studia, F. M. Pareja Octogenario Dicata, Felix M. Pareja Casanas, F. M. Pareja, J. M. Barral. Collaborateur F. M. Pareja. Page 34. Publié par Brill Archive, 1974, (ISBN 90-04-03996-1),version en ligne.
  8. arabe : wa lā ghālib ʾillā allāh, ولا غالب إلا الله, « Et il n’y de vainqueur autre qu’Allâh ; Pas d'autre vainqueur qu’Allâh ».
  9. (ar) www.hukam.net, بنو نصر/النصريون/بنو الأحمر في غرناطة Les Nasrides, Les Banû al-Ahmar à Grenade.
  10. Cet Ismâ`îl est le père de Mohammed VI al-'Ahmar d’après (fr) web.genealogie.free.fr « Espagne »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) (consulté le ). Cependant (ar) www.hukam.net, بنو نصر/النصريون/بنو الأحمر في غرناطة en fait le fils d’Ismâ`îl II ce qui ne peut être qu'une erreur car Mohammed VI al-'Ahmar serait né en 1332 et Ismâ`îl II en 1339 soit sept ans après son fils !
  11. Si Yûsuf IV est le petit-fils de Mohammed VI al-'Ahmar comme l'indique Nicolás Homar Vives, Reyes y Reinos Genealogias, Granada, C'est la version qui semble le mieux correspondre aux récits du bref règne de Yûsuf IV.
  12. Yûsuf IV ben al-Mawl serait le fils de Mohammed VI al-'Ahmar d'après (ar) www.hukam.net, بنو نصر/النصريون/بنو الأحمر في غرناطة. Pour (fr) web.genealogie.free.fr « Espagne »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) (consulté le ) il serait le petit-fils de Mohammed V al-Ghanî. Pour (es) R.H. Shamsuddín Elía, Historia de Al-Andalus, Boletín N° 53 -08/2006 « Al-Ándalus III: El Sultanato De Granada (1232-1492) »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) (consulté le ) il serait le petit-fils de Mohammed VI al-'Ahmar, de même pour Nicolás Homar Vives, Reyes y Reinos Genealogias, Granada.
  13. Ne figure pas dans l'arbre généalogique de (fr) web.genealogie.free.fr « Espagne »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) (consulté le ), mais est donné en cette place par (ar) www.hukam.net, بنو نصر/النصريون/بنو الأحمر في غرناطة.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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