Orange (fruit)

L’orange ou orange douce est le fruit de l'oranger (Citrus sinensis L.) de la famille des Rutacées. Comme pour tous les agrumes, il s'agit d'une forme particulière de baie appelée hespéride. Il existe plusieurs variétés d’oranges, classées en quatre groupes variétaux.

Pour les articles homonymes, voir Orange.

Comestible, elle est réputée pour sa grande teneur en vitamine C. C'est le quatrième fruit le plus cultivé au monde.

L’orange a donné son nom à la couleur secondaire qui, sur le cercle chromatique, prend place entre le rouge et le jaune.

Botanique

Description

Fleurs d'oranger et oranges.

L'orange est le fruit[1],[2],[3],[4] comestible[2],[4] de l'oranger[1],[4]. Comme son nom l'indique, elle est en Europe de couleur orange. Il s'agit, en terme botanique, d'une baie qui possède une peau épaisse et assez rugueuse. Elle se découpe en quartiers comme sa cousine la mandarine. L'orange est un fruit juteux, sucré et il contient de la vitamine C. Le fruit se consomme cru sans la pelure ou en salade de fruit, cuit en confiture, ou pour consommer son jus.

Les oranges sanguines tirent leur nom de la couleur totalement ou partiellement rouge de leur chair. Cette coloration est due à la présence d'anthocyane, dont la synthèse démarre chez certaines espèces quand elles subissent un coup de froid. Les anthocyanes de l'orange sont à l'origine bleues mais virent au rouge en présence de l'acidité de l'orange.

La peau de l'orange est composée de deux couches, une couche extérieure colorée orange nommée l'épicarpe ou le zeste, qui contient de nombreuses glandes à essences, et une deuxième couche distincte blanchâtre et spongieuse, le mésocarpe[5].

Typologie

Variété locale d'orange de Kozan (Citrus sinensis var. D'Kozan).

L'orange appartient au groupe des agrumes, comme le citron, la bergamote, le cédrat et le pamplemousse. Il existe de nombreuses variétés d'oranges parmi lesquelles :

  • Salustiana, riche en jus (60 %) et sans pépin. Obtenue par mutation spontanée de Citrus sinensis au couvent de Benimuslen, Castellon de la Plana en Espagne.
  • Ambersweet
  • Orange d'hiver ou orange Raphaela
  • Tarocco, demi sanguine.

Histoire

L'Oranger, par Jean-Baptiste Oudry, 1740.

L'oranger (Citrus sinensis) est originaire de Chine. On peut distinguer deux grandes routes de pénétration de ce fruit en Europe. La route méditerranéenne fut empruntée, à l'époque des croisades (XIe siècle-XIIIe siècle), par l'orange amère ou bigarade : transmis par les Perses aux Arabes, ce fruit fut implanté en Andalousie, Sicile et Pays valencien, d'où il se diffusa vers le reste de l'Europe. Dans un second temps, à la fin du XVe siècle, les navigateurs portugais découvrirent l'orange douce en Chine et dans l'île de Ceylan, et la rapportèrent en Europe[10] ; son succès finit par évincer l'orange amère.

Jusqu'à la première moitié du XXe siècle, l'orange était un fruit de luxe, et souvent offert comme cadeau de Noël et Saint-Nicolas (Belgique et Pays-Bas) aux enfants. Sa culture en bac a longtemps été un symbole de pouvoir pour les aristocrates qui lui dédiaient des bâtiments spécialisés : les orangeries.

Étymologie

Le substantif féminin[1],[2],[3],[4] orange (prononcé [ɔʀɑ̃:ʒ][2]) est un emprunt[1], par l'intermédiaire de l'italien arancio[1], à l'arabe nārang(a)[1],[2], lui-même emprunté au persan narang[1],[2], de même sens[1]. Ce mot persan est emprunté au mot sanscrit naranga qui apparait vers l'an 100 dans le traité de médecine hindoue Charaka Samhita, le mot nar y signifiant “parfum”[11].

D'après le Trésor de la langue française informatisé, la plus ancienne occurrence de orange est l'anglo-normand pume orenge qui se trouve dans les Commentaires sur le Cantique des Cantiques d'Alexandre Neckam, datés de vers [2] ; l'ancien français pomme d'orenge est attesté dans la Chirurgie d'Henri de Mondeville, datée de [2] ; puis orenge seul, par ellipse de pomme, est attesté dans le Ménagier de Paris, daté de vers [2]. L'ancien français pomme d'orenge serait un calque de l'ancien italien melarancio, -a.

L'arabe nārang(a) est également à l'origine de naranja en castillan et en espagnol ou encore aràngi en provençal. Pendant longtemps ces fruits remontèrent le Rhône jusqu'à la ville d'Orange, du latin Arausio qui a donné Ouranjo en provençal et Orange en français. Puis elles furent distribuées à partir du port fluvial de cette ville, d'où leur nom de pomme d'Orange, puis d’orange, peut-être aussi par amalgame d’Orange et d’arange[12].

Économie

Production

Culture d'orangers au Brésil.

L'industrie de l'orange représente un chiffre d'affaires mondial de l'ordre de deux milliards de dollars américains, les premiers pays producteurs étant le Brésil et les États-Unis (principalement la Floride).

Pour consommer ce fruit tous les mois de l'année, des orangers dits « de contre-saison » sont cultivés. Cette production en zone tempérée chaude réduit l'extension des surfaces de production dans l'hémisphère Sud. Le Chili, l'Uruguay, l'Afrique du Sud et la Nouvelle-Zélande s'imposent. Les ventes estivales sont caractérisées par l'étroitesse de l'offre.

L'exemple de l'Uruguay est ici précisé. Lors de l'indépendance algérienne, des agriculteurs français producteurs d'oranges, décident d'émigrer en Uruguay pour y implanter des cultures fruitières. Après une installation déstabilisante, les cultivateurs francophones découvrent un marché local difficile. Les exportations lointaines sont un impératif, mais nécessitent une organisation rigoureuse de toute la filière : calibrage, conditionnement, équipements, moyens de transport routiers et maritimes. En 1972, des aides économiques insérées dans le plan Citrico commun au pays voisins de l'estuaire de la Plata, Uruguay et Argentine, posent les jalons jusqu'en 1992.

Nueva Palmica en Uruguay produit des oranges, Campana en Argentine produit des citrons. Les deux villes deviennent des pôles de récolte et d'exportation d'agrumes : des usines lavent, calibrent et trient la récolte. Celle-ci est chargée dans des camions réfrigérés qui transportent les fruits aux navires frigorifiques sur palettes et en cartons. Les plates-formes de distribution traitent avec les enseignes de grande distribution. Les rebuts du tri et du calibrage sont utilisés pour des desserts et des salades de fruits.

Production en 2019[13]
Données de FAOSTAT (FAO)

Pays Production
(en milliers de tonnes)
Part mondiale
Brésil17 07422 %
Chine10 43613 %
Inde9 50912 %
États-Unis4 8336 %
Mexique4 7376 %
Espagne3 2274 %
Égypte3 1974 %
Indonésie2 5633 %
Iran2 3093 %
Turquie1 7002 %
Afrique du Sud1 6862 %
Italie1 6502 %
Pakistan1 6152 %
Algérie1 2002 %
Maroc1 1822 %
Autres pays11 782'15 %
Monde73 079100 %

Production en 2013[13]
Données de FAOSTAT (FAO)

Pays Production
(en milliers de tonnes)
Part mondiale
Brésil17 55024 %
États-Unis7 50110 %
Chine7 30610 %
Inde6 4269 %
Mexique4 4106 %
Espagne3 3945 %
Égypte2 8554 %
Iran2 5473 %
Afrique du Sud1 8112 %
Turquie1 7812 %
Italie1 7012 %
Indonésie1 6552 %
Pakistan1 4012 %
Algérie8911 %
Grèce8761 %
Autres pays10 97515 %
Monde73 079100 %

Les pays de l'Union européenne ont produit 6,5 millions de tonnes d'oranges en 2018[14].

Consommation

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Oranges et jus d'orange.

Surtout dans la première moitié du XXe siècle, l'orange de Noël, dans les foyers modestes, ouvriers et paysans, désigne un précieux cadeau de Noël, une simple orange éclatante de couleurs au cœur de l’hiver, belle pour sa forme, son odeur. Des écrivains comme Alphonse Daudet, Jean Guéhenno, Michel Peyramaure, l’ont évoquée dans leurs œuvres[15].

La pomme est le premier fruit consommé en France (part de marché en 2010 : 22,6 %) devant l'orange (12,3 %) et la banane (12,2 %)[16].

Utilisations

Alimentation

Le fruit est consommé frais, mais il est aussi utilisé dans d'innombrables recettes comme le jus d'orange (54 % du marché des jus de fruits), les confitures, les pâtisseries, les peaux d'orange confites, certains alcools, ou le canard à l'orange…

Informations nutritionnelles

Orange crue
(valeur nutritive pour 100 g)

eau : 86,75 gcendres totales : 0,44 g fibres : 2,4 gvaleur énergétique : 47 kcal
glucides : 11,75 g sucres simples : 9,35 g protéines : 940 mg lipides : 120 mg
oligo-éléments
potassium : 181 mg calcium : 40 mg phosphore : 14 mg magnésium : 10 mg
fer : 100 µg zinc : 70 µg cuivre : 45 µg sodium : mg
vitamines
vitamine C : 53,2 mg vitamine B1 : 87 µg vitamine B2 : 40 µg vitamine B3 : 282 µg
vitamine B5 : 250 µg vitamine B6 : 60 µg vitamine B9 : µg vitamine B12 : µg
vitamine A : 225 UI rétinol : µg vitamine E : 0,18 µg vitamine K : µg
acides gras
saturés : 15 mg mono-insaturés : 23 mg poly-insaturés : 25 mg cholestérol : mg

Les zestes, confitures ou marmelades faits avec des écorces d'oranges traitées avec des produits phytosanitaires peuvent contenir des quantités significatives de résidus de pesticides[17]. Les écorces attaquées par des champignons ou moisissures (moisissure bleue notamment) peuvent également contenir des mycotoxines.

Propriétés

Les peaux d'oranges, mais aussi des autres agrumes (citrons, pamplemousses, etc.), libèrent communément par pression ou par grattage des molécules de furocoumarines. Un contact prolongé ou un frottement avec la peau couplé à une exposition au soleil peut provoquer des rougeurs irritantes et des démangeaisons désagréables, il s'agit de brûlures (« coups de soleil ») favorisées par les furocoumarines qui sont photosensibilisantes pour la peau, et non d'une allergie. Ce sont ces mêmes gammes de molécules à base « coumarine » qui expliquent l'odeur des essences d'oranges et leurs implications relaxantes[18]. Une étude chez l'homme a montré l'effet anxiolytique de l'odeur de l'essence d'orange diffusée dans l'atmosphère[19].

Pomme d'ambre

Une « pomme d'ambre » : orange plantée de clous de girofle.

L'orange, ou autre agrume, piquée de clous de girofle et enrobée de poudre d'épices est la version végétale du bijou en métal précieux ciselé contenant l'ambre gris, la civette ou le musc et nommé « pomme de senteur »[20] « pomme d'ambre »[21], pomander[22], pomandre[23] ou pommandre[24]. Portée sur soi dans un sachet suspendu au cou, elle était, au Moyen Âge, censée protéger de l'infection. En ameublement, elle sert aujourd'hui à parfumer et décorer la maison ou, placée dans les armoires, à protéger le linge contre les mites[réf. nécessaire].

Calendrier républicain

Notes et références

  1. « Orange », dans le Dictionnaire de l'Académie française, sur Centre national de ressources textuelles et lexicales (consulté le ).
  2. Définitions lexicographiques et étymologiques d'« orange » (sens I, B, 1) dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales (consulté le ).
  3. Entrée « orange », dans Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, t. 3 : I – P, Paris, Hachette, , 1396 p., gr. in-4o (BNF 30824717, lire en ligne [fac-similé]), p. 847 (fac-similé (consulté le )).
  4. Entrée « orange », sur Dictionnaires de français [en ligne], Larousse (consulté le ).
  5. « Orange », sur www.snv.jussieu.fr (consulté le )
  6. « Bigarade », dans le Dictionnaire de l'Académie française, sur Centre national de ressources textuelles et lexicales (consulté le ).
  7. « Maltais », dans le Dictionnaire de l'Académie française, sur Centre national de ressources textuelles et lexicales (consulté le ).
  8. Tout savoir sur les oranges Navel.
  9. Les variétés d'oranges selon lanutrition.fr.
  10. Alain Blondy, Louis Savoye, Joseph Nicholas Savoye, Le commerce des oranges entre Malte et la France au XVIIIe siècle, Éditions Bouchene, , p. 13.
  11. Bernard Aubert, « première partie - Genèse du développement de la culture des agrumes, chapitre 1 : Contexte Historique, Scientifique et Artistique de l'Histoire Naturelle des Orangers », dans Bernard Aubert, Joseph Marie Bové, Histoire naturelle des orangers de Risso et Poiteau, Commentaires et Développements, C&M - Connaissance & Mémoires, (ISBN 2-914473-40-0), p. 40.
  12. Le provençal pour les nuls, 2011, p. 76.
  13. « FAOSTAT : Pays par produits - Oranges », sur www.fao.org (consulté le )
  14. EU production and trade in oranges - Products Eurostat News - Eurostat.
  15. « Dossiers pédagogiques de la radio et de la télévision scolaire. École élémentaire », sur Gallica, (consulté le ).
  16. Jean-Paul Frétillet, « les petits secrets des pommes », Magazine Ça m'intéresse no 356, , p. 88.
  17. (en) Roger F. Albach, Bruce J. Lime, Pesticide residue reduction by the process of preparing whole orange puree ; J. Agric. Food Chem., 1976, 24 (6), p. 1217–1220 DOI:10.1021/jf60208a025 Date de publication : .
  18. Notons que les diverses coumarines du foin ont un effet décontractant et reposant similaire, connu depuis des temps immémoriaux. Les éleveurs paysans après les harassants travaux de fenaison, s'assoupissaient facilement, s'étalant sur une couverture placée sur le foin entassé dans la quiétude du labeur accompli.
  19. (en) Lehrner J, Eckersberger C, Walla P, Pötsch G, Deecke L. Ambient odor of orange in a dental office reduces anxiety and improves mood in female patients. Physiol Behav. (en) 2000 Oct 1-15;71(1-2):83-6. PMID 11134689.
  20. De la « pomme de senteur » à la « pomme d'ambre », p. 83 Le Parfum et la chair, Annick Le Guérer, in Odeurs, Isabelle Balsamo (dir), Terrain : carnets du patrimoine ethnologique no 47, Paris, Éditions MSH, 2006, 164 p. (ISBN 9782735111305).
  21. (en) De la pomme d'ambre à la pomandre p. 44 Tudor costume and fashion, Herbert Norris, Courier Dover Publications, 1997, 832 p. (ISBN 9780486298450).
  22. Le pomander à la renaissance, p. 107-108 Le parfum des origines à nos jours, Annick Le Guérer, Paris, Odile Jacob, 2005, 406 p. (ISBN 9782738116703).
  23. La pomandre dans les chapelets et autres bijoux, p. 160-162 Flore au paradis : emblématique et vie religieuse aux XVIe et XVIIe siècles, volume 9, Paulette Choné, Bénédicte Gaulard, Glasgow, Department of French, University of Glasgow, 2004, 230 p. (ISBN 9780852618097).
  24. La pommandre de La Guirlande de lauriers, John Skelton, p. 815 in Patrimoine littéraire européen : anthologie en langue française, volume 6 : Prémices de l'humanisme, 1400-1515, Jean-Claude Polet (dir.), Bruxelles, De Boeck Université, 1995, 940 p. (ISBN 9782804120788).
  25. Ph. Fr. Na. Fabre d'Églantine, Rapport fait à la Convention nationale dans la séance du 3 du second mois de la seconde année de la République Française, p. 20.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Alain Blondy, Parfum de Cour, gourmandise de rois. Le commerce des oranges entre Malte et la France au XVIIIe siècle, d’après la correspondance entre Joseph Savoye, épicier à Paris, et son fils, l’abbé Louis Savoye, chapelain conventuel de l’Ordre de Malte, Paris, Bouchène/Fondation de Malte, 2003, (ISBN 2-912946-52-2).

Liens externes

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