Parti communiste de l'Union soviétique

Le Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS) (en russe : Коммунисти́ческая па́ртия Сове́тского Сою́за (Kommunistítcheskaïa pártiïa Soviétskogo Soyoúza) ou КПСС) était le seul parti politique autorisé dans l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) entre 1925 et 1990.

Parti communiste
de l'Union soviétique
(ru) Коммунисти́ческая па́ртия Сове́тского Сою́за

Logotype officiel.
Présentation
Leader Direction collective
Fondation [1]
Disparition (interdit)[2]
Siège 103132, Moscou, Vieille place (en), no 4
Union soviétique
Fondateur Vladimir Ilitch Lénine
Slogan « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »
Organisation de jeunesse Petits octobristes (en)
Komsomol[3]
Organisation pionnière Jeunes pionniers (en)[4]
Journal officiel Pravda[5]
Hymne L'Internationale[6]
Positionnement Extrême gauche
Idéologie Communisme
Marxisme-léninisme[7][8],[9]
Affiliation nationale Bloc des Communistes et des Non-Partisans (en)
Affiliation internationale Internationale ouvrière (1912-1914)[10]
Internationale communiste (1919-1943)[11]
Kominform (1947-1956)[12]
Adhérents 19 487 822 (estimation début 1989)
Couleurs Rouge

Histoire

Avant la Révolution

En à Minsk, un congrès qui rassemble neuf délégués[14] issus d'« Unions de lutte » de plusieurs villes de l'Empire russe (Pétersbourg, Moscou, Kiev, Iekaterinoslav) ainsi que du Bund fonde le Parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR)[15]. Vladimir Oulianov, futur Lénine, alors en exil à Chouchenskoié en Sibérie, ne peut assister à la réunion fondatrice. Le comité central élu lors du congrès est rapidement arrêté. Cette réunion est considérée comme le « premier congrès » du Parti.

En 1903, le congrès se tient d'abord à Bruxelles, puis doit déménager à Londres, à la suite de pressions diplomatiques russes : c'est pourquoi il est appelé le « congrès de Bruxelles-Londres ». Le parti se divise entre bolcheviks (c’est-à-dire « majoritaires »), partisans de l'action violente, et mencheviks minoritaires »), plus modérés ; le désaccord ira croissant et le clivage s'accentue jusqu'à la Révolution. En , le parti bolchevik se constitue en « Parti ouvrier social-démocrate (bolchevik) de Russie ».

Au cours de la révolution russe, le parti bolchevique prend le pouvoir politique lors de l’insurrection du . Il prend le nom de « Parti communiste (bolchevik) de Russie » en . Le droit de fraction est interdit en 1921 à la suite de la guerre civile, ce qui met fin à la relative démocratie qui régnait jusqu’alors au Politburo[16]. Toutefois, des courants minoritaires continuent à exister (Opposition de gauche de Léon Trotski, etc.) mais leurs militants sont progressivement exclus et réprimés.

Union soviétique

L'Union soviétique est proclamée le . En 1923, le parti devient officiellement le seul parti légal, dont le rôle est, aux yeux de Lénine, de « contrôler la création du socialisme »[16]. Il devient le « Parti communiste (bolchevik) de l’URSS » en , et enfin le PCUS en [17]. Le PCUS détenait l'ensemble du pouvoir économique et exerçait une dictature de parti unique, jusqu'à l'autorisation des partis politiques en 1989.

De 1921 à 1932, le revenu des communistes était limité à un maximum, sous le nom de partmaximum.

Le média principal du PCUS était la Pravda. La jeunesse communiste était organisée dans le Komsomol.

En , le Comité d'État pour l'état d'urgence (en) (Государственный Комитет по Чрезвычайному Положению, ГКЧП, prononcé « GuéKaTchéPé »), un comité composé de certains hauts fonctionnaires du Parti, des chefs de l'Armée, du KGB et du ministère de l'Intérieur, tente et manque un coup d’État contre le président de l’URSS Mikhaïl Gorbatchev. Celui-ci quitte alors la direction du parti. Quelques jours après, par décret du président russe Boris Eltsine, le PCUS est dissous et interdit.

Russie postsoviétique

Après la dissolution du PCUS, les différents partis communistes qui existaient dans 14 des 15 républiques socialistes soviétiques se transforment, pour la plupart, en partis socialistes ou sociaux-démocrates (ceux des anciens membres qui n'adhérèrent pas à cette évolution créèrent des partis fidèles à l'idéologie communiste), tandis que les communistes russes se sont regroupés au sein du Parti communiste de la fédération de Russie qui se considère comme héritier du PCUS.

Depuis 1993, les anciens partis issus du PCUS, ou qui s'en réclament, constituent une organisation supranationale baptisée l'Union des partis communistes - Parti communiste de l'Union soviétique.

Dénominations du parti

Durant son histoire le PCUS prend plusieurs dénominations successives. Les dénominations en russe sont transcrites en alphabet cyrillique et en alphabet latin. Elles sont les suivantes :

  • Parti ouvrier social-démocrate de Russie (bolchevik), POSDR(b), 1903-1918
Росси́йская Социа́л-Демократи́ческая Рабо́чая Па́ртия (большевико́в), РСДРП(б)
Rossiiskaïa Sotsial-demokrastitcheskaïa Rabotchaïa Partiia (bol'chevikov), RSDRP(b)
  • Parti communiste de Russie (bolchevik), PCR(b), 1918-1925
Росси́йская коммунисти́ческая па́ртия (большевико́в), PKП(б)
Rossiiskaïa Kommounistitcheskaïa Partiia (bol'chevikov), RKP(b)
  • Parti communiste pansoviétique (bolchevik), PCP(b), 1925-1952
Всесоюзная коммунистическая партия (большевико́в), ВКП(б)
Vsesoiouznaïa Kommounistitcheskaïa Partiia (bol'chevikov), VKP(b)
  • Parti communiste de l'Union soviétique, PCUS, 1952-1991
Коммунисти́ческая Па́ртия Сове́тского Сою́за, КПСС
Kommounistitcheskaïa Partiia Sovetskogo Soiouza, KPSS

Organisation

À la base, les membres du parti étaient regroupés au sein de leurs lieux de travail (usine, kolkhoze, administration, établissement d'enseignement, etc.) ou de leurs lieux de résidences (village ou immeuble collectif), dans des organisations primaires dont le nombre était de 414 000 au , et qui nécessitaient un minimum de trois membres actifs pour être constituées. Ces organisations de base, dont la structure interne variait en fonction de ses effectifs, avait pour missions : le recrutement de futurs membres, l'organisation de la propagande et l'agitation de masse, ainsi que le contrôle des administrations locales. L'organe exécutif (comité ou bureau) était élu chaque année à la réunion du compte rendu qui clôturait les activités de l'année passée et se constituait d'un secrétaire assisté de secrétaires adjoints[18].

Au-dessus de ces organisations de base, le parti était organisé dans des cadres territoriaux : ville, arrondissement, région (oblast), république socialiste soviétique. L'existence de différents partis communistes au sein de chacune des Républiques fédérées (hormis le RSFS de Russie qui ne possédait pas de parti propre, ses membres étant directement affiliés au PCUS) donnait au parti une structure de type fédérale[18].

Au sommet de cette pyramide, les structures étaient supervisées par des organes de décision qui étaient (en 1989) :

Congrès du PCUS
Le rassemblement des délégués du Parti se tient tous les cinq ans à la fin de la période. Officiellement, c'est l’instance suprême du Parti.
Comité central du PCUS
Institution centrale dirigeante du Parti entre chaque congrès. Il conduit la politique quotidienne du parti et du gouvernement. Du Comité central émanent le Politburo et le Secrétariat, organes dirigeants.
Politburo du Comité central du PCUS
Le Bureau politique — ou Politburo — du Comité central est le centre exécutif du PCUS.
Secrétariat du Comité central du PCUS
Institution de direction du Comité central. Il est présidé par le Secrétaire général ou le Premier secrétaire. Sous Joseph Staline, le Secrétariat est devenu un organe décisionnel.

Dirigeants du PCUS

Secrétariat

Nom Début du mandat Fin du mandat Fonction
Vladimir Ilitch Oulianov « Lénine » Président du Conseil des Commissaires du Peuple (Sovnarkom),
dirigeant informel des bolcheviks, jusqu’à la création du poste de secrétaire général du parti
Joseph Vissarionovich Djougachvili « Staline » [19] Secrétaire général
Gueorgui Malenkov Secrétaire, par intérim
Nikita Khrouchtchev Secrétaire, par intérim, jusqu’au ,
puis premier secrétaire
Léonid Brejnev Premier secrétaire jusqu’au ,
puis secrétaire général à partir du
Iouri Andropov Secrétaire général
Konstantin Tchernenko Secrétaire général
Mikhaïl Gorbatchev Secrétaire général
Volodymyr Ivachko Secrétaire, par intérim

Politburo

Le Politburo est mis en place en  : c'est cette instance (de cinq membres titulaires dans les premières années) qui dirige le parti, et donc l'État russe. Les premiers titulaires sont Lénine, Kamenev, Trotsky, Staline et Krestinsky. Aucun membre des fractions oppositionnelles du parti (Opposition ouvrière, Groupe du centralisme démocratique (Timofeï Sapronov), Groupe ouvrier de Gabriel Miasnikov) n'a été membre de cette instance. Après la mort de Lénine, les opposants à Staline en sont progressivement exclus : Kamenev en 1925, puis Trotsky et Zinoviev en 1926.

En 1953, 19 de ses 33 membres entrés en fonction jusqu'en 1949 étaient morts dans des circonstances non naturelles. Le premier bureau politique comportait huit membres (cinq titulaires et trois suppléants), seuls deux sont décédés de mort naturelle et en liberté, les six autres ayant été tués par le régime stalinien :

Congrès du PCUS

La numérotation débute après les six premiers congrès du POSDR de 1898 à 1907.

Num. Date Lieu
6e [8 août] 1917 - 3 [16] Moscou, Empire russe
7e - Moscou, RSFS de Russie
8e - Moscou, RSFS de Russie
9e - Moscou, RSFS de Russie
10e - Moscou, RSFS de Russie
11e - Moscou, RSFS de Russie
12e - Moscou, URSS
13e - Moscou, URSS
14e - Moscou, URSS
15e - Moscou, URSS
16e - Moscou, URSS
17e - Moscou, URSS
18e - Moscou, URSS
19e - Moscou, URSS
20e - Moscou, URSS
21e - Moscou, URSS
22e - Moscou, URSS
23e - Moscou, URSS
24e - Moscou, URSS
25e - Moscou, URSS
26e - Moscou, URSS
27e - Moscou, URSS
28e - Moscou, URSS

Membres du Parti

Carte de membre du PCUS en 1989.

Les procédures d'adhésion au parti sont fixées lors du 23e congrès en 1966. Ainsi, un candidat à l'affiliation devait avoir 18 ans révolus et présenter les recommandations de trois membres actifs du parti qui devaient eux-mêmes être affiliés depuis au moins cinq ans et connaître le candidat depuis au moins un an dans le cadre d'une activité sociale ou professionnelle commune. De plus, les candidats de moins de 23 ans ne pouvaient adhérer au parti que par l'intermédiaire du Komsomol (l'organisation de la jeunesse communiste) en présentant une recommandation du Comité d'arrondissement ou de ville de l'organisation. Après un « stage » d'une année, l'admission du candidat en tant que membre à part entière du parti se décidait en assemblée plénière de l'organisation de base (la « cellule »), à la majorité des deux tiers des membres présents et entrait en vigueur après ratification par le Comité d'arrondissement ou de la ville du parti. L'adhésion se faisait nécessairement à titre individuel. Cette période de stage permettait au candidat de prendre connaissance des programmes et des statuts du parti[20].

Tout manquement à la discipline et à la morale au sein du parti était puni par une échelle de sanctions allant du simple « avertissement » au « blâme sévère avec inscription sur la fiche de contrôle de l'adhérent », en passant par le « blâme » et le « blâme sévère »[20].

Effectifs du parti (1919-1991)

AnnéeNombre de membres
1919 150 000
1920 611 000
1926 1 080 000
1930 1 600 000
1933 3 500 000
1935 1 900 000
1937 2 300 000
1939 1 900 000
1940 3 400 000
1945 5 760 000
1965 11 700 000
1986 19 000 000

Notes et références

  1. août 1903 (en) (faction du POSDR)
    janvier 1912 (en) (scission du POSDR)
    (7e congrès séparé tenu)
    (changement de nom officiel)
  2. « Указ Президента РСФСР от 6 ноября 1991 г. № 169 «О деятельности КПСС и КП РСФСР» »
  3. Britannica Komsomol article
  4. Lewis Stegelbaum and Andrei Sokolov, Stalinism As A Way Of Life, p374 (ISBN 0-300-08480-3)
  5. Merrill, John C. and Harold A. Fisher. The world's great dailies: profiles of fifty newspapers (1980) pp 242–49
  6. A. V. Lunacharskiy, « The International (in Russian) », Fundamental'naya Elektronnaya Biblioteka
  7. Sakwa 1990, p. 206.
  8. Lansford, Thomas (2007). Communism. New York: Cavendish Square Publishing. p. 17. (ISBN 978-0761426288).
  9. Evans, Alfred B. (1993). Soviet Marxism-Leninism: The Decline of an Ideology. Santa Barbara: ABC-CLIO. pp. 1–2. (ISBN 9780275947637).
  10. « 2nd International Congress of Brussels, 1891 », sur www.marxists.org
  11. Robert Legvold, Russian Foreign Policy in the Twenty-First Century and the Shadow of the Past, Columbia University Press, (ISBN 9780231512176), p. 408 :
    « However, the USSR created an entirely new dimension of interwar European reality, one in which Russia devised rules of the game and set the agenda, namely, the Comintern. »
  12. Denis Healey, « The Cominform and World Communism », International Affairs, vol. 24, 3, , p. 339–349 (lire en ligne)
  13. (en) Luke March, The Communist Party in Post-Soviet Russia, Manchester University Press, , 20 p. (ISBN 9780719060441, lire en ligne)
  14. P.C. (b) de l'U.R.S.S. 1949, p. 25.
  15. (en) « History of the Bolshevik Party by Gregory Zinoviev », sur www.marxists.org (consulté le )
  16. Simon Sebag Montefiore (trad. de l'anglais), Staline : La cour du tsar rouge, vol. I. 1929-1941, Paris, Perrin, , 723 p. (ISBN 978-2-262-03434-4)
  17. « (lien) » (version du 8 décembre 2006 sur l'Internet Archive).
  18. Lesage 1983, p. 29.
  19. (en) Archie Brown, The Rise and fall of communism, Vintage Books, , 720 p. (ISBN 978-0-06-113879-9), p. 231.
  20. Lesage 1983, p. 41.

Voir aussi

Bibliographie

  • Collectif, Histoire du Parti communiste /bolchévik/ de l'U.R.S.S : Précis rédigé par une commission du Comité central du P.C.(b) de l'U.R.S.S, Moscou, Éditions en langues étrangères, (1re éd. 1938), 408 p.
  • Pierre Broué, Le Parti bolchévique : histoire du PC de l'URSS, Éditions de Minuit, .
  • Boris I. Nicolaevski, Les dirigeants soviétiques et la lutte pour le pouvoir, Paris, Denoël, coll. « Dossiers des Lettres Nouvelles », .
  • Leonard Schapiro, De Lénine à Staline : Histoire du Parti communiste de l'Union soviétique, Gallimard, , 696 p..
  • Rudolf Schlesinger, History of the Communist Party of the USSR, Past and Present, Bombay, Orient Longman, , 485 p.
  • Michel Lesage, Les institutions soviétiques, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », , 128 p. (ISBN 978-2-13-037893-8).

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de la politique
  • Portail de la guerre froide
  • Portail de l’URSS
  • Portail du communisme
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.