Principauté de Valachie

La principauté de Valachie (en roumain principatul Țării Românești) est un État européen historique. La Valachie est, avec la Moldavie et la Transylvanie, l'une des trois principautés médiévales à population roumanophone ; avec la Moldavie, elle est l'une des deux « principautés danubiennes » et, par son union avec la Moldavie en 1859, elle est à l'origine de la Roumanie.

Pour les articles homonymes, voir Valachie.

Principauté de Valachie
Ца́ра Ромѫнѣ́скъ
(Țara Românească)

13301859

Informations générales
Statut principauté
Capitale Câmpulung, Curtea de Argeș, Târgoviște et Bucarest
Langue(s) Roumain, vieux-slave et grec
Religion Christianisme orthodoxe
Démographie
Population Roumains dits « Valaques », Bulgares, Grecs, Romaniotes, Roms
Histoire et événements
1330 fondation de la Principauté par le prince d'Argeș, Basarab Ier
1422, 1484 l'Empire ottoman annexe les ports et côtes de la mer Noire, puis les bouches du Danube
1534, 1538 l'Empire ottoman annexe les ports danubiens de Turnu, Giurgiu et Brăila (qui devient une raya rattachée à l'eyalet d'Özi) et monopolise la navigation dur le bas-Danube
1599 le prince valaque Michel Ier le Brave réunit pour quelques mois la Valachie, la Transylvanie et la Moldavie, non en « préfiguration de la future Roumanie » comme on l'enseigne dans les écoles, mais en condottiere poursuivant ses buts politiques personnels (la même année, il durcit le servage des paysans valaques en les liant à la terre et offre des privilèges aux aristocrates magyars transylvains)
1714 début de la période phanariote : l'influence grecque s'accroît en Valachie
1718 au traité de Passarowitz, l'Empire d'Autriche s'empare de l'Olténie en dépit des protestations de l'hospodar Jean Ier Mavrocordato ; la Valachie récupère ce territoire en 1739, au Traité de Belgrade
1812 au traité de Bucarest le Danube est internationalisé et la Valachie retrouve le droit d'avoir sa propre flotte, embryon de la future marine
1821 première révolution roumaine ;
1829 la Valachie récupère les ports danubiens de Turnu, Giurgiu et Brăila ; fin de la période phanariote dans les deux principautés
1848 seconde révolution roumaine dans le mouvement de la révolution européenne
fusion avec la Moldavie pour former la Roumanie

Entités précédentes :

La Valachie était divisée en județe (comtés) et gouvernée par un voïvode (plus tard hospodar) élu par l'assemblée des boyards, assisté d'un Sfat domnesc (conseil princier). Elle avait une législation (Pravila), une armée (Oastea), une flotte sur le Danube (Bolozanele) et un corps diplomatique (Logofeții) : ce n'était donc pas, comme le représentent de façon inexacte la plupart des ouvrages historiques modernes, une province turque, mais une principauté d'abord indépendante, ensuite autonome, et seulement tributaire du sultan ottoman de Constantinople (à partir de 1460, mais avec des interruptions). La principauté de Valachie a eu successivement trois capitales : Curtea de Argeș, Târgoviște et Bucarest.

Nom de la principauté

La Valachie n'est que l'une des valachies médiévales[1].

Son nom selon l'appellation traditionnelle des régions, Ца́ра Ромѫнѣ́скъ soit Țara românească, signifie en roumain moderne « le pays roumain », mais à l'origine Țara rumânească signifiait « terre romaine », d'après l'endonyme des populations aborigènes du bassin du bas-Danube, de parler roman et de religion orthodoxe. Ce nom s'opposait à celui de țara ungurească, « le pays hongrois », pour désigner le territoire voisin de la Transylvanie de l'autre côté des Carpates, sous influence hongroise et catholique. Mais, à l'intérieur de cet espace voisin, presque toutes les petites régions romanes portaient aussi le nom de țara pays » : Land en allemand, föld en magyar) telles pays de la Bârsa, pays des Moți, Hațeg, Făgăraș, Marmatie, Țara Chioarului, Țara Lăpușului, pays d'Oaș, Țara Sătmarului, Țara Gurghiului, Țara Bihorului et autres.

Les Grecs et les Slaves la nommaient dans les documents religieux Ungro-Vlahia (la Valachie voisine et initialement vassale de la Hongrie). En latin de chancellerie, on trouve Terra valachorum ; sur divers portulans maritimes, Valaquia, Valaccia ou Velacia, qui comme son nom français dérivent de l'allemand Walachei, qui en anglais a donné Wallachia ou Valachia. Elle a été désignée plus tôt en allemand par le nom de Vlachenlant : « pays des Valaques ». Dans les documents en latin de la cour hongroise, elle s'appelle terra Valachorum transalpina, le « pays des Valaques de l'autre côté des Alpes de Transylvanie ».

On l'a aussi appelée Basarabia, țara basarabească pays de Basarab »), du nom d'origine coumane de son premier souverain, Basarab Ier.

En Moldavie on l'a aussi nommée Munténie, appellation qui ne désigne plus aujourd'hui que la Valachie de l'est (Grosse Walachei en allemand, par opposition à la Kleine Walachei désignant la partie occidentale limitée par la rivière Olt et appelée Olténie depuis le XVIe siècle). En Pologne, on l'appelait Państwo wołoskie duché valaque ») ou Połudna Wołoszczyzna Valaquie méridionale », par différence avec les deux autres, la Transylvanie et la Moldavie). Les Ottomans l'ont appelée Eflak.

Géographie

La Valachie autour de 1390

La Valachie couvrait le Sud de la Roumanie actuelle (sur la carte, en 1390), avec les Carpates au nord (sa frontière avec la Transylvanie, vassale de la Hongrie, puis avec l'Empire d'Autriche) et avec le Danube au sud (sa frontière avec la Bulgarie, puis avec l'Empire ottoman). La frontière avec la Moldavie se situait sur la rivière Milcov (un affluent du Siret) sur la plus grande partie de sa longueur. Les limites de la principauté ont varié dans le temps : en 1390 elle s'étendait jusqu'à la mer Noire, incluant les régions de Bessarabie (dans le sens initial de ce nom, correspondant à l'actuel Bougeac et ainsi nommé à la suite de la victoire du voïvode Basarab sur les Tatars en 1328) et de Dobrogée (ainsi nommée d'après son fondateur Dobrotitch). La première sera cédée à la Moldavie en 1421, la seconde annexée par l'Empire ottoman l'année suivante. Les voïvodes valaques ont aussi longtemps possédé (à titre personnel, non au nom de la principauté) des terres en Transylvanie (duchés d'Amlaș (ro), de Ciceu, de Făgăraș et de Hațeg).

La Valachie est traditionnellement divisée entre la Munténie à l'est (parfois appelée « Grande Valachie ») et l'Olténie, à l'ouest (parfois appelée « Petite Valachie »). L'Olt forme la frontière entre les deux régions. Elle comprenait (avec des évolutions au fil du temps) 21 județe (comtés : 8 en Olténie, 13 en Munténie), gouvernés par un jude (comte) nommé par le voïvode, assisté d'un conseil des boyards locaux : le jude et son conseil nommaient les vornics, dirigeants séculiers des paroisses.

À mesure que le danger des raids tatars diminuait, la capitale « descendit » des Carpates vers la plaine danubienne le long de la route commerciale d'Europe centrale à Constantinople (celle-là même qui vit, au XXe siècle, construire la première autoroute roumaine) : elle passa de Câmpulung en 1330 à Curtea de Argeș en 1348, puis à Târgoviște en 1396 et enfin à Bucarest en 1698.

Histoire

Les valachies (nom commun) situées entre les Alpes de Transylvanie et le Danube avant le XIVe siècle et régies par le jus valachicum sont, à l'origine, vassales tantôt du royaume Bulgaro-Valaque (plus connu, depuis le XIXe siècle, comme Second Empire bulgare), tantôt du royaume de Hongrie qui organise les plus occidentales d'entre elles (à l'ouest de la rivière Olt) en un Banat, celui de Severin. L'influence hongroise se fait sentir à travers les deux évêchés catholiques de Severin et du Milcov (ce dernier, destiné à évangéliser les Coumans), l'influence bulgare à travers la langue liturgique de l'église orthodoxe et des chancelleries valaques : le slavon[2], écrit en alphabet gréco-cyrillique[3].

La bataille de Posada (1330) à la suite de laquelle la Hongrie dut reconnaître l'indépendance de la Valachie (Chronique enluminée de Vienne)

Le diplôme accordé par le roi de Hongrie Bela IV le aux chevaliers de Saint-Jean mentionne qu'il y avait sur le territoire de la Valachie, avant la principauté, pas moins de quatre duchés : le canesats de Ioan et de Farcaș, les voïvodats de Seneslau et de Litovoi. Ils constituaient un glacis contre les invasions des Coumans et des Mongols. L'implantation des chevaliers de Saint-Jean fut un échec et le processus d'unification de ces valachies fut accéléré par la menace d'une mainmise hongroise directe. Litovoi et son frère Bărbat luttent en 1277 contre les troupes hongroises ; Litovoi meurt et Bărbat est fait prisonnier[2].

Fondation

Le processus d'unification est poursuivi par le voïvode d'Argeș, Basarab Ier qui, en 1328 mène une campagne victorieuse contre les Tatars au Boudjak et étend ainsi sa domination sur les bouches du Danube, la Dobroudja et les rivages de la mer Noire. Puis, profitant des luttes internes pour le trône en Hongrie, il reste le seul maître de la Valachie, alors appelée « Bessarabie ». Il refuse de reconnaître la suzeraineté du roi de Hongrie Charles Robert d'Anjou, qui entreprend une expédition punitive. Le combat se déroule du 9 au , à Posada. Basarab écrase l'armée de Charles Robert d'Anjou, qui n'évite d'être pris en otage qu'en se déguisant en palefrenier, et doit reconnaître l'indépendance de la Valachie (désormais nom propre, avec un V majuscule). Basarab Ier d'Argeș règne jusqu'en 1352. Le conflit larvé avec la Hongrie se poursuit sous les successeurs de Basarab. Devant les résultats incertains, les rois hongrois acceptent de s'en tenir à une vassalité de pure forme de la part du prince valaque[4].

De Mircea l'Ancien à Radu le Grand

Lorsque la plus grande partie de la péninsule balkanique est envahie par l'Empire ottoman (un processus qui commença par le débarquement des Ottomans en Roumélie en 1354 et s'acheva par la conquête de Constantinople en 1453), la Valachie se trouva engagée dans de fréquentes confrontations avec les Ottomans, avant de devenir finalement l'un de leurs vassaux, à la fin du règne de Mircea Ier l'Ancien. Mircea, qui régna de 1386 à 1418, battit d'abord les Ottomans en plusieurs batailles sur son propre territoire (notamment à Rovine en 1394), puis s'engagea contre eux dans le despotat voisin de Dobrogée dont il hérita en 1388. Il hésita entre des alliances avec la Hongrie ou la Pologne, avant d'accepter la suzeraineté ottomane en 1415, après que Mehmed Ier a pris le contrôle de la Dobrogée, et des ports danubiens de Turnu Măgurele et de Giurgiu. Les bouches du Danube furent alors cédées à la principauté voisine de Moldavie sous le nom de Bessarabie, tandis que la Valachie sera désormais appelée Țara Rumânească pays roumain »). Les deux ports danubiens resteront ottomans jusqu'en 1829, et la Dobrogée jusqu'en 1878.

La vassalité vis-à-vis des Turcs permet à Mircea Ier l'Ancien (Mircea cel Bǎtrân) d'éviter l'invasion et l'annexion du pays par l'Empire ottoman (contrairement à ce qu'indiquent par erreur de nombreuses cartes occidentales). Par la suite, de nombreux voïvodes valaques se sont rebellés ou n'ont plus répondu aux exigences de la Sublime Porte : Dan II (Dan), Vlad III l'Empaleur (Vlad Țepeș), Radu de la Afumati (Radu de la Afumați), Michel Ier le Brave (Mihai Viteazul), Raoul le Serbe (Radu Șerban).

Entre 1418 et 1420, le prince Mihail Ier vainquit les Ottomans à Severin, avant d'être tué lors de la contre-offensive. En 1422, le danger fut écarté momentanément lorsque Dan II infligea une défaite au sultan Murad II, avec l'aide de Pippo Spano.

La paix signée en 1428 inaugura une période de crises internes, au cours de laquelle Dan II dut se défendre contre Radu Prasnaglava qui mena la première d'une série de coalitions de boyards contre les princes. Victorieux en 1431, les boyards furent durement frappés par Vlad II le Dragon, qui parvint par ailleurs à trouver un compromis entre l'Empire ottoman et le Saint-Empire romain germanique.

La décennie suivante fut marquée par des conflits entre les dynasties rivales des Dănești et des Drăculești, par l'influence de Jean Hunyadi, régent du royaume de Hongrie et, après le règne de Vladislav II, par la montée de Vlad III l'Empaleur. Ce dernier réprima durement les boyards, rompit tout lien avec les Ottomans et les vainquit, en 1462, lors de l'offensive de Mehmed II (l'Attaque de nuit), avant d'être forcé à retraiter à Târgoviște et à accepter de payer un tribut plus élevé. Ses conflits avec Radu III l'Élégant et Basarab III amenèrent Matthias Corvin, roi de Hongrie, et Étienne le Grand, prince de Moldavie, à entrer en Valachie en 1473, puis entre 1476 et 1477. Radu le Grand arriva à un accord avec les boyards et la Valachie connut une période de stabilité interne qui contrasta avec sa guerre contre la Moldavie de Bogdan III l'Aveugle.

La Valachie de Vlad l’Empaleur, qui compte 2 100 villages et 17 bourgs et villes, pourrait être peuplée de 400 000 habitants, vivant en grande majorité dans les campagnes. Le prince ne possède pas de domaine foncier, mais la couronne est propriétaire des lacs du Danube, riches en poissons, et du sous-sol (mines de sel, d’or et de cuivre). Les revenus des douanes, les impôts de quotité (dîme, cinquantième sur le bétail) et de répartition (12 à 18 impôts différents) complètent ses revenus. La moitié du pays est couverte de forêts. Le pays exporte en Transylvanie du poisson fumé ou salé, du bétail (chevaux, bœufs), du miel, de la cire d’abeille, du vin, des fourrures…). Du Levant viennent des épices (poivre, safran…), des tissus de poil de chameau (camelot), des soieries, du coton, des armes, du vin de Malvoisie, etc.

De Mihnea le Mauvais à Pierre Boucle d'oreille

La fin du XIVe siècle vit l'ascension de la famille des Craiovescu, chefs virtuellement indépendants de l'Olténie. Cette famille chercha l'appui des Ottomans dans leur rivalité avec Mihnea le Mauvais. Vlad le Jeune lui succéda, avant d'être tué par les Ottomans. Neagoe Basarab V, de la famille des Craiovescu monta alors sur le trône et connut un règne pacifique, de 1512 à 1521, qui fut marqué par la construction de la cathédrale de Curtea de Arges, l'influence croissante des marchands saxons à Brasov et Sibiu et l'alliance avec Louis II de Hongrie. Les Ottomans occupèrent ensuite la principauté durant quatre mois, sous le règne de Teodosie et tentèrent probablement d'en faire une province turque. Les boyards, commandés par Radu V de la Afumați, se révoltèrent à nouveau et Radu monta quatre fois sur le trône entre 1522 et 1529. Il fut finalement vaincu par une alliance entre les Craiovescu et le Sultan. Il dut alors confirmer la suzeraineté turque et payer un tribut plus élevé.

La suzeraineté ottomane resta incontestée durant les 90 années qui suivirent. Radu VII Paisie, qui fut déposé par Soliman en 1545, avait dû céder le port de Brăila à l'administration ottomane la même année. Son successeur, Mircea V Ciobanul (1545–1554, 1558–1559), un prince sans héritage noble, fut placé sur le trône et accepta de restreindre l'autonomie de la principauté (impôts accrus, armée envoyée en Transylvanie pour soutenir la faction pro-turque). Les conflits entre les familles de boyards devinrent plus durs après le règne de Pătrașcu cel Bun, et l'ascendance des boyards sur Petru Ier cel Tânăr, Mihnea II Turcitul et Petru II Cercel fut claire.

L'Empire ottoman s'appuya de plus en plus sur la Wallachie et la Moldavie pour fournir et entretenir des forces militaires, l'armée locale, toutefois, disparut bientôt en raison des coûts élevés et l'efficacité plus grande des troupes mercenaires.

XVIIe siècle

Alors qu'il avait bénéficié du soutien ottoman lors de son accession au trône en 1593, Michel Ier le Brave s'allia avec Sigismond Ier Báthory de Transylvanie et Aron Tiranul de Moldavie et attaqua les troupes ottomanes de Murad III (bataille de Călugăreni). Ils remportèrent la victoire, mais durent se retirer, faute de troupes assez nombreuses. Il se plaça alors sous la suzeraineté de Rodolphe II du Saint-Empire et intervint en Transylvanie en 1599–1600 contre le roi de Pologne Sigismond III Vasa. L'année suivante, il place également, contre l'avis des Habsbourg, la Moldavie sous son contrôle. Il est ensuite vaincu par les troupes habsbourg et polonaises. La Valachie est alors placée sous le contrôle de l'armée polono-moldave de Simion Ier Movilă, qui tint la région jusqu'en 1602. Des attaques des Nogaïs survinrent alors.

La principauté connut ensuite dix ans d'administration transylvaine, avant de voir Alexandru IV Iliaș être imposé par les Ottomans. La pression sur la Valachie s'accrut alors. Le contrôle politique s'accompagna d'une hégémonie économique. La capitale fut transférée à Bucarest, plus près des ports danubiens.

Guerres russo-turques et phanariotes

Grigorie Brâncoveanu (1764 - 1832), grand Ban de Valachie

Les souverains valaques du XVIIIe siècle furent pour la plupart des Phanariotes, qui, avant leur accession au trône, furent nombreux à être drogmans (diplomates) à Constantinople. La situation change après la révolution de 1821 de Tudor Vladimirescu, lorsque les Phanariotes, suspectés (souvent à juste titre) de favoriser l'indépendance grecque, l'occident ou la Russie au détriment des intérêts ottomans, sont écartés du trône.

De la Valachie à la Roumanie

L'Assemblée législative de la principauté de Valachie en 1837, par Auguste Raffet.

À la suite de la guerre de Crimée, pendant laquelle la Russie prétend étendre son autorité à la Valachie, et qui se solde par une victoire de l'alliance franco-anglaise de soutien aux ottomans, la Valachie et la Moldavie s'unissent le sous le règne de Alexandre Jean Cuza (Alexandru Ioan Cuza), et les deux principautés forment ce qui deviendra le royaume de Roumanie.

La Valachie dans la culture

Panaït Istrati évoque longuement la Valachie dans son roman « Les chardons du Bărăgan », dont Gheorghe Vitanidis et Louis Daquin ont tiré un film de propagande politique en 1958.

Liste des offices de la principauté de Valachie

Au début de l’existence de la principauté (du XIVe siècle au XVIe siècle) le voïvode valaque nommait seul les titulaires des offices, parfois proposés par le Sfat domnesc (conseil des aristocrates). Tous étaient révocables. Beaucoup de titulaires sont intégrés à la noblesse d’épée (boieri mari). Plus tard (à partir du XVIIe siècle) les hospodars mettent les offices civils aux enchères et anoblissent les acheteurs, créant ainsi une noblesse de robe (boieri mici). Dans ces cas, les titulaires gardent l’office à vie, et s’ils n’ont pas eux-mêmes les compétences requises, délèguent le travail à des adjoints (custozi) qui peuvent, eux aussi, être éventuellement anoblis. Les offices valaques ont évolué avec le temps et étaient principalement les suivants[2] :

  • Aprod : huissier, page, écuyer ;
  • Ban : gouverneur régional, chef de plusieurs Juzi et Pârcălabi ;
  • Cămărar : chambellan, chef des serviteurs de la cour et du souverain, ou encore du métropolite ;
  • Clucer : ambassadeur ;
  • Jude : gouverneur (préfet) et chef des sénéchaux (logofeți) d’un județ (comté) ;
  • Logofăt : greffier ou sénéchal d'un jude ou d’un vornic ;
  • Mare-Logofăt : chancelier de la cour ;
  • Mare-Vistiernic : grand-argentier (ministre des finances) ;
  • Mare-Vornic (ou Mare-Ban) : premier ministre de la principauté ;
  • Măscărici : bouffon de la cour, seul autorisé à brocarder, dans certaines limites, le pouvoir et l’église, mais seul à n’avoir aucun espoir d’être anobli ;
  • Paharnic : échanson (valet particulier du souverain) ;
  • Pârcălab : gouverneur d’une forteresse, bourgmestre d’une ville ;
  • Postelnic : ministre des affaires étrangères, chef des clucères ;
  • Spătar : connétable, ministre des armées ou consul ;
  • Stolnic : ministre de l'économie et du commerce ;
  • Vistiernic : collecteur d’impôts ;
  • Vornic : maire d’un village.

Symboles

Le symbole incontesté de la principauté est un oiseau tenant une croix en son bec, mais il en existe des versions différentes qui engendrent des controverses parfois véhémentes au sujet de la couleur du drapeau, de la forme des armoiries, de l'espèce de l'oiseau (aigle ? corbeau ? autre ?), de la couleur de l'émail (argent comme dans toutes les effigies en noir et blanc, ou azur comme sur les effigies en couleur ?), des autres éventuels meubles de l'écu (montagne, roche ou arbre sous l'oiseau ?), de présence ou non d'astres ou d'une couronne. Quoi qu'il en soit, les héraldistes roumains du XIXe siècle optèrent pour une version à fond azur portant une aigle et c'est cette forme qui est entrée dans les armoiries de la Roumanie lors de la création de cet état.

Notes

  1. Les toponymes Valachia, Valaquia, Velacia, Valacchia, Wallachia, Wolokia, Valachie, Valaquie, Vlaquie, Blaquie avec les ethnonymes correspondants et des mentions pré- ou post-posées comme major, minor, alba, nigra, secunda, tertia, interior, Bogdano-, Moldo-, Hongro- ou Ungro, figurent dans des ouvrages cartographiques anciens comme Theatrum Orbis Terrarum d'Abraham Ortelius (1570), Atlas sive Cosmographicae... de Gerhaart De Kremer Mercator », Amsterdam 1628), Atlas Blaeu Van der Hem de Willem Janszoon (Amsterdam 1650), Atlas Novus de Johannes Janssonius (Amsterdam 1657) et de Frederik de Wit (Amsterdam 1668) ou encore dans les ouvrages de Vincenzo Coronelli comme l’Isolario : voir « Muzeul Naţional al Hărţilor şi Cărţii Vechi » sur .
  2. Nicolae Iorga, Histoire des Roumains et de la romanité orientale, Université de Bucarest, .
  3. Ion-Aurel Candrea, Dicţionarul enciclopedic ilustrat „Cartea românească”, 1re partie, Cartea Românească, Bucarest, imprimé entre 1926 et 1931 :
    LettreNom de la lettreValeur numériquePrononciationCorrespondant actuel
    1Α αaz1/a/a
    2Б бbuche/b/b
    3В ϐvede2/v/v
    4Г гglagol3/ɡ/g, gh
    5Д δdobru4/d/d
    6Є εiest5/e/e
    7Ж жjivete/ʒ/j
    8Ѕ ѕdzelo, dzialu6/d͡z/
    9З зzeta, zemlia7/z/z
    10И ηije, ita8/i/i
    11І іI10/i/i
    12К ϰcapa, caco20/k/c, ch
    13Л λlambda, liude30/l/l
    14М μmi, mislete40/m/m
    15N ɴnaş50/n/n
    16О oon70/o/o
    17П πpi, pocoi80/p/p
    18Р ρriţi, râţă100/r/r
    19С сslovă200/s/s
    20Т τtvirdo, ferdu300/t/t
    21Ѹ ѹUcu400/u/u initial
    22У ȣu/u/u ordinaire
    23Ф фfârtă500/f/f
    24Х χheru600/h/h
    25Ѡ ωot800/o/o
    26Щ щști / ște/ʃt/șt
    27Ц цți900/t͡s/ț
    28Ч чcervu90/t͡ʃ/c devant e et i
    29Ш шșa/ʃ/ș
    30Ъ ъieru/ə/
    /ʷ/
    ă
    31Ы ыieri/ɨ/
    /ʲ/
    /ʷ/
    â, î
    i
    32Ь ьier/ə/
    /ʲ/
    /ʷ/
    ă
    i
    33Ѣ ѣeti/e̯a/ea
    34Ю юiu/ju/iu
    35Ѩ ѩiaco/ja/ia
    36Ѥ ѥie/je/ie
    37Ѧ ѧia/ja/
    /e̯a/
    ia
    ea
    38Ѫ ѫius/ɨ/â, î
    39Ѯ ξcsi60/ks/x
    40Ѱ ѱpsi700/ps/ps
    41Ѳ ѳfita9/θ/, /ft/
    42Ѵ υipsilon, ijiţă400/i/
    /u/
    i
    u
    43Џ џgea/d͡ʒ/g devant e ou i
    Cette écriture permet de translittérer les noms roumains anciens en alphabet actuel, mais les auteurs qui ignorent ce fait se croient, par crainte d'être anachroniques, contraints d'utiliser des orthographes tirées de sources en d'autres langues (magyar, polonais, russe, turc).
  4. Georges Castellan, Histoire des Balkans, Fayard 1991, p. 149
  5. Jean Ranele: Bergshammarvappenboken 1435 Armorial Bergshammar 1435 »), Lund, Suède
  6. Grigore Jitaru, (ro) « Contribuții la istoricul blazonului Basarabilor » (« Contributions à l'historique du blason des dynasties des Basarab »), in : Anuarul Muzeului de Istorie a Moldovei, t. I, Chișinău 1992, p. 27-36, & t. II, Chișinău 1995, p. 19-40
  7. L'émail apparaît argent (blanc) et l'oiseau sable (noir) dans les ouvrages imprimés en noir et blanc comme Dimitrie Gusti, Constantin Orghidan, Mircea Vulcănescu & Virgiliu Leonte, Enciclopedia României, Imprimeria Naţională, Bucarest 1938-1943.
  8. Pour des raisons liées aux mœurs historiographiques roumaines, très polémiques , l'émail azur (bleu) est violemment contesté comme infondé bien qu'il figure abondamment : Symboles de la Roumanie (en) ; Armoiries de la Roumanie, ici  ;  ; , ici  ; ou  ; cf. Emanoil Hagi-Moscu, (ro) Steme boerești din România Armoiries des boyards de Roumanie »), ed. Socec, Bucarest 1918, Maria Dogaru, (ro) Din Heraldica României De l'héraldique de la Roumanie »), éd. Jif, Braşov 1994 et Dan Cernovodeanu, (ro) Evoluția armeriilor țărilor Române de la apariţia lor și până în zilele noastre (sec. XIII-XX) Évolution des armoiries des pays roumains de leur apparition à nos jours (XIIIe-XXe s. »), éd. Istros, Brăila 2005.
  9. John B. Norie & J. S. Hobbs, (en) Flags of all Seafaring Nations, 1848, 73 pp. with 24 plates showing 306 illustrations in color, réédité par Rudolf Hoffmann: Flaggen aller seefahrenden Nationen, Ed. Maritim, Hambourg, Allemagne, 1987, (ISBN 3-89225-153-3).

Voir aussi

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