Sanaa

Sanaa (\sa.na\), aussi orthographié Sana ou, plus fidèlement, San'a' (en arabe : صنعاء / ṣanʿāʾ), est la capitale et la plus grande ville du Yémen, ainsi que le centre administratif du gouvernorat de Sanaa.

Ne doit pas être confondu avec SANAA, Sana ou Saana.

Sanaa
(ar) صنعاء
De haut en bas, de gauche à droite : immeubles de la vieille ville, la mosquée al-Saleh, vue de la vieille ville, la porte du Yémen, le musée national.
Administration
Pays Yémen
Gouvernorat Sanaa
Démographie
Gentilé Sanaanéens[1]
Population 2 187 392 hab. (2010)
Géographie
Coordonnées 15° 21′ 11″ nord, 44° 12′ 54″ est
Altitude 2 260 m
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Yémen
Sanaa

    Cependant, le district d'Amanat Al Asimah, dans lequel elle se trouve, dispose d'une très large autonomie, au point d'avoir un statut équivalent au gouvernorat (subdivision administrative).

    Géographie

    Localisation

    La ville est située à environ 2 200 mètres d'altitude[2], sur un plateau entre le djebel Nogoum et le djebel Ayban.

    Climat

      Relevés à Sanaa[3]Le thermomètre ne dépasse jamais les 30°, la ville étant située à plus de 2 200 mètres d'altitude. Cela explique aussi la relative fraîcheur de septembre à mai. En revanche, sur la côte, et les régions de faibles altitudes, le thermomètre enregistre régulièrement lors des périodes estivales des températures de + de 45°.

    MoisJanvFévMarsAvrMaiJuinJuilAoûtSeptOctNovDécAnnée
    Températures minimales moyennes (°C) 5.1 8.0 9.7 11.5 13.6 15.8 16.7 16.3 12.4 9.1 6.8 6.2 10.93
    Températures maximales moyennes (°C) 19.8 20.2 22.8 25.5 26.0 27.1 27.7 25.9 23.7 22.0 20.7 19.7 23.42
    Moyennes mensuelles de précipitations (mm) 0.0 2.0 9.9 14.7 4.7 17.8 49.9 63.6 24.0 7.5 4.4 0.0 198.5

    Histoire

    Vieille ville de Sanaa *
    Pays Yémen
    Type Culturel
    Critères (iv) (v) (vi)
    Numéro
    d’identification
    385
    Zone géographique États arabes **
    Année d’inscription 1986 (10e session)
    Classement en péril 2015
    * Descriptif officiel UNESCO
    ** Classification UNESCO

    Antiquité et Moyen-Âge

    Les premières traces de peuplement remontent au Xe siècle av. J.-C.[2]. Capitale de différents royaumes arabes préislamiques dans l'Antiquité, Sanaa est devenue au VIIe siècle et au VIIIe siècle un centre culturel islamique[2]. Elle en garde un patrimoine important avec une université musulmane et 106 mosquées[2]. Sanaa a donc été habitée depuis plus de 3000 ans et on retrouve son patrimoine religieux, culturel et politique dans ses 106 mosquées, ses 12 hammams et ses 6 500 maisons qui datent tous d’avant le XIe siècle[2].

    Sanaa est un chef-d'œuvre artistique et architectural ancien héritant de l'architecture sabéenne antique, ce qui rend la ville unique et l'a fait inscrire au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1986.

    Pendant l'occupation du royaume d'Himyar par les Aksoumites au VIe siècle, la capitale est transférée de Zafār vers Sanaa.

    Époque moderne

    Pendant la période ottomane, Sanaa est le chef-lieu de l'eyalet du Yémen de 1549 à 1626 ; elle devient ensuite la capitale des imams qasimides chiites qui chassent les Ottomans du Yémen en 1635. Lors de la seconde conquête ottomane, la ville est reprise par les Ottomans en 1872 et devient le chef-lieu du vilayet du Yémen qui durera jusqu'en 1918. La garnison ottomane réside dans la citadelle et autour de la mosquée sunnite Al-Bakiriyya. Les administrations et casernes et ottomanes, avec le commandement du 7e corps d'armée, se fixent dans le nouveau quartier de Bir el Azeb[4]

    Après l'indépendance du pays en 1918

    À l'indépendance du Yémen, en 1918, Sanaa en devient la capitale. Cependant, Le roi Ahmed ben Yahya la quitte en 1948 pour fixer sa résidence à Ta'izz, ce qui freine le développement de la ville. La capitale revient à Sanaa en 1962 lors de la proclamation de la République arabe du Yémen. Pendant la guerre civile du Yémen du Nord (1962-1970), la ville est occupée par l'armée égyptienne qui y mène un effort de modernisation ; en 1967, elle est assiégée pendant 8 mois par les forces royalistes[4].

    Depuis 2014 en guerre civile

    Le , les rebelles Houthis s'emparent de la ville[5]. Le , trois attaques suicides visent simultanément deux mosquées chiites. Ces attentats, les pires de l'histoire du pays (142 morts et des centaines de blessés), sont revendiqués le lendemain par Daesh.

    Le , la vieille ville est inscrite sur la liste du patrimoine mondial en péril[6]. En 2015 et 2016, elle subit plusieurs raids aériens de la coalition formée par l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis[7].

    Le , le maire Abdel Kader Hilal est tué dans un raid aérien saoudien. Les bombardements, qui visaient un enterrement, font au moins 140 morts et 500 blessés parmi la foule[8].

    Le , l'ancien président Ali Abdallah Saleh est tué alors qu'il tente de se désolidariser des Houthis au profit d'une alliance avec l'Arabie saoudite.

    La ville est soumise à des bombardements par l'Arabie saoudite, tuant un grand nombre de personnes et rendant la vie très difficile. L’humanitaire Suad Al-Qadri explique que « Ce sont les civils qui sont victimes de la plupart des raids aériens. Les bombes s’abattent à proximité des zones d’habitation voire directement sur les maisons. Ces frappes n’épargnent personne. Nous vivons la peur au ventre, nous sommes stressés... Toute cette instabilité nous fait beaucoup de mal [...] A Sanaa nous vivons dans le noir. La vie est difficile et nous passons notre temps à essayer de trouver des bougies ou des piles pour les lampes-torches pour pouvoir nous éclairer. Nous avons des difficultés à trouver de l’eau aussi. Sans parler du manque de nourriture. Sans carburants, il n’y a pas de transports et sans moyens de transport, il n’y a pas non plus d’approvisionnement[9]. »

    Le blocus mis en place par la coalition rend très difficile l'arrivée de l'aide humanitaire. Celle-ci arrive au compte-gouttes et bien souvent périmée. La population manque de tout : nourriture, médicaments, essence, matériaux de construction. Beaucoup d'enfants sont rachitiques, épuisés par la dysenterie, contaminés par l’uranium appauvri contenu dans les bombes larguées par les avions[10].

    Administration

    Jumelages et partenariats

    La ville de Sanaa est jumelée avec :

    En 1987, Sanaa a signé un traité de coopération avec la ville de Paris.

    Évolution démographique

    AnnéePopulations
    191120 000
    192123 000
    193125 000
    194080 000
    1963100 000
    1965110 000
    1975134 600
    1981280 000
    1986427 505
    1994954 448
    20011 590 624
    20051 937 451
    20072 146 587
    20102 187 392

    Culture

    La vieille ville est inscrite au patrimoine mondial depuis 1986 [2],[11]. Un des monuments notables de la région de Sanaa est le palais Dhar Al Hajjar.

    Sanaa a été désignée par l'UNESCO « Capitale culturelle du monde arabe » pour 2004.

    Manuscrits de Sanaa

    Un grand nombre d'anciens corans datant du premier siècle de l'Hégire ont été découverts dans la Grande Mosquée de Sanaa[12]. En 1972, pendant des travaux de restauration, une cache fut découverte entre le plafond et le toit de la structure, remplie d'une pile de parchemins anciens, en mauvais état et apparemment sans valeur. Ils furent néanmoins conservés, car porteurs apparemment de fragments du Coran.

    Qadhi Isma'il al-Akwa, président de l'Autorité des antiquités yéménites estima que les ouvriers avaient découvert l'équivalent de ce que, dans le judaïsme, est nommé une gueniza (espace dans la synagogue réservé au dépôt des objets liturgiques et vieux livres ou écrits abîmés mais interdits à la destruction ou à l'abandon car ils portent le nom de Dieu. Ces documents y étaient conservés un certain temps avant d'être par la suite enterrés). Les musulmans lettrés partageaient ce point de vue de retirer de la circulation les copies usées ou endommagées du coran pour n'employer que des ouvrages en bon état, mais se refusaient à détruire des corans abîmés. Une cachette sûre était nécessaire pour protéger les livres du vol, de la profanation ou de la destruction en cas d'invasion éventuelle, ce qui explique cette « tombe pour corans » dans la grande mosquée de Sanaa[13].

    Aucun universitaire yéménite n'ayant encore de formation sur la préservation des fragments, Al-Akwa obtint une assistance internationale pour leur préservation, leur classement et leur étude. En 1997, un universitaire allemand persuada son propre gouvernement d'organiser et de financer un projet de restauration.

    En 1984, en coopération entre le Yémen et l'Allemagne, la Maison des Manuscrits (Dar al Makhtutat) fut inaugurée non loin de la Grande Mosquée. La restauration des manuscrits s'organisa avec Gerd-Rüdiger Puin de l'université de Saarland en Allemagne.

    Musique

    Le Qanbus est un instrument à cordes pincéés originaire du Yémen où on l'appelle aussi oud de Sanaa. Le chant de Sanaa ait été en 2003 proclamé "Chef-d'oeuvre du Patrimoine Oral et Immatérial de l'Humanité" par l'UNESCO[14][15][16]

    Économie

    Sanaa est desservie par l'aéroport international El Rahaba.

    Voir aussi

    Bibliographie

    • Miquel Barceló (dir.), Les Jardins de la vieille ville de Sanaa, Yémen : inventaire établi lors de la mission UNESCO octobre- et janvier-, Universitat Autònoma de Barcelona, Servei de Publicacions, Bellaterra (Barcelona), 2004, 140 p. (ISBN 84-490-2333-5)
    • Guillemette et Paul Bonnenfant, Les vitraux de Sanaa : premières recherches sur leurs décors, leur symbolique et leur histoire, CNRS, Paris, 1981, 99 p. (ISBN 2-222-03003-X)
    • Guillemette et Paul Bonnenfant, L'art du bois à Sanaa : architecture domestique, Edisud, Aix-en-Provence, 1987, 191 p. (ISBN 2-85744-315-3)
    • Paul Bonnenfant (dir.), Sanaa : architecture domestique et société, CNRS éd., Paris, 1995, 644 p. (ISBN 2-271-05068-5)
    • Gilbert Grandguillaume, Franck Mermier et Jean-François Troin (dir.), Sanaa hors les murs : une ville arabe contemporaine, URBAMA, Tours, CFEY, Sanaa, 1995, 247 p.
    • Fouad Khoury, Architecture de Sanaa, Éditions Le Sycomore, Paris, 1979, 111 p.
    • Jean Lambert, La médecine de l'âme : musique et musiciens dans la société citadine à San'a' (République du Yémen), EHESS, 1990 (thèse de sociologie)
    • (en) Ronald Lewcock, The old walled city of Ṣanʿāʾ, UNESCO, Paris, 1986, 124 p. (ISBN 92-3-102362-4)
    • Vincent Martignon, « Les lûkanda de Sanaa. Structures urbaines d'intégration sociale pour les travailleurs migrants ? », Chroniques yéménites, (DOI https://doi.org/10.4000/cy.162, lire en ligne)
    • Franck Mermier, Le cheikh de la nuit : Sanaa, organisation des souks et société citadine, Actes sud, Arles, 1996, 253 p. (ISBN 2-7427-1046-9) (texte remanié d'une thèse)
    • Samia Naïm-Sanbar, L'arabe yéménite de Sanaa, Peeters, Leuven, Paris, 2009, 232 p. (ISBN 9782758400882)
    • Christian Julien Robin, « Une Arabie juive et chrétienne », L'Histoire, , p. 46-51 (lire en ligne)
    • Éléonore Cellard, « Enquête sur le palimpseste de Sanaa », L'Histoire, , p. 42-43 (lire en ligne)

    Articles connexes

    Liens externes

    Notes et références

    Notes

      Références

      • Samir Mokrani, « Musique et identité au Yémen », Cahiers d'ethnomusicologie, vol. Vol. 20, identités musicales, , p. 191-207 (JSTOR 40233866)
      • Jean Lambert, « Le musicien Yahyâ al-Nûnû: L'émotion musicale et ses transformations (Yémen) », Cahiers d'ethnomusicologie, vol. Vol. 23, émotions, , p. 147-171 (JSTOR 23267128)
      • Jean Lambert, « Temps musical et temps social au Yémen. La suite musicale et le magyal de Sanaa », MUSIQUE ET ANTHROPOLOGIE, vol. No. 171/172, , p. 151-171 (JSTOR 27976184)
      • Portail du patrimoine mondial
      • Portail du Yémen
      Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.