Traité de Berlin (1878)

Le traité de Berlin est l'acte final du congrès de Berlin (13 juin), présidé par Otto von Bismarck, chancelier de l'Empire allemand.

Pour les articles homonymes, voir Traité de Berlin.

Comparaison entre les dispositions du traité de San Stefano et celles du traité de Berlin.

Par ce traité, le Royaume-Uni, l'Autriche-Hongrie, la France, l'Allemagne, l'Italie, l'Empire russe et l'Empire ottoman révisent le traité de San Stefano, signé le 3 mars de la même année, que le Royaume-Uni et l'Autriche-Hongrie rejetaient[1].

Les nouvelles frontières des Balkans

La Bulgarie est divisée en trois :

  • une principauté vassale de jure de l'Empire ottoman, allant du Danube aux contreforts septentrionaux des Balkans, ayant Sofia pour capitale ; l'Empire ottoman conserve le droit de disposer de garde-frontières en Bulgarie, sur la rive sud du Danube et le long des frontières avec la Serbie et la Roumanie ;
  • le bassin de la Maritsa, peuplé de Bulgares, entre les contreforts méridionaux des Balkans et les Rhodopes, devient autonome à l'intérieur de l'Empire ottoman : c'est la province de Roumélie orientale ;
  • les autres territoires à majorité bulgarophone attribués à la principauté de Bulgarie par le traité de San Stefano, soit la Macédoine, la Thrace et l'Albanie, demeurent également ottomans.

Toutefois, dans ces territoires, ainsi qu'en Crète et en Arménie occidentale, l'Empire ottoman promet d'appliquer le règlement de 1868 protégeant les populations chrétiennes et leur donnant les mêmes droits qu'aux populations musulmanes ; par ailleurs, les ports ottomans sur la mer Noire doivent devenir des ports francs.

La principauté du Monténégro et la principauté de Serbie deviennent indépendantes de l'Empire ottoman, mais doivent renoncer aux agrandissements prévus par le traité de San Stefano ; en revanche la Serbie obtient des territoires, bulgares à San Stefano, du côté de Pirot et dans la vallée du Timok :

Les nouvelles frontières du Caucase

À la suite de l'entrée en guerre de la Russie face à l'Empire ottoman en 1870, et du traité de San Stefano (le ), l'Arménie se trouvait en grande partie rattachée à l'Empire russe. Le traité de Berlin replace une partie de l'Arménie occidentale sous le contrôle de l'Empire ottoman (ainsi Bayazet (Bajazet), alors vidé de sa population arménienne) ; la Russie conserve néanmoins les villes alors peuplées d'Arméniens de Kars et Ardahan, ainsi que la région de Batoumi.

Ce traité concerne donc principalement les Balkans et le Caucase, que la Russie avait cherché à réorganiser à son profit lors du traité de San Stefano. Il est, par rapport à San Stefano, nettement moins sévère pour l'Empire ottoman, et moins avantageux pour les chrétiens sujets du Sultan. Mais il marque néanmoins un certain recul de la puissance ottomane. Au total, l'empire ottoman perd 220 000 km² et 5,5 millions d'habitants[2]. La Bosnie et l'Herzégovine passent sous le contrôle de l'Autriche ; la Serbie, le Monténégro, la Grèce s'agrandissent ; enfin, la principauté de Bulgarie, comme la Roumélie orientale, devient autonome ; la Grèce bénéficie d'un aménagement frontalier en Thessalie.

Par ailleurs, le traité donne au Royaume-Uni l'île de Chypre, à la France la possibilité d'occuper la Tunisie et un droit de protection sur les maronites du Liban, enfin à l'Italie la possibilité d'occuper la Tripolitaine (Régence de Tripoli, actuelle Libye).

Notes et références

  1. Les grands traités politiques. Recueil des principaux textes diplomatique depuis 1815 jusqu'à nos jours, Paris, Pierre Albin, (lire en ligne), « Le Traité de Berlin (13 juillet 1878) ».
  2. Anne-Laure Dupont, Catherine Mayeur-Jaouen, Chantal Verdeil, Histoire du Moyen-Orient, Paris, Armand Colin, , 472 p. (ISBN 978-2-200-25587-9), p.109

Bibliographie

  • Adolphe d'Avril, « Négociations relatives au traité de Berlin et aux arrangements qui ont suivi 1875-1886 », Ernest Leroux éditeur, Paris, 1886 (lire en ligne)
  • Adolphe d'Avril, « Tableau alphabétique des traités de Paris, San-Stéfano et Berlin et de la conférence de Constantinople avec la concordance des protocoles », dans Revue d'histoire diplomatique, 3e année, 1889, p. 562-570 (lire en ligne)
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