Travaux d'Héraclès

Les Travaux d'Héraclès — ou d'Hercule chez les Romains —, également appelés Douze Travaux (en grec ancien Δωδέκαθλος / Dôdékathlos), sont les exploits exécutés par le héros Héraclès sur l'ordre d'Eurysthée. Ils constituent l'un des épisodes les plus célèbres de la mythologie grecque ainsi qu'une source iconographique majeure de l'art occidental.

Héraclès combattant l'Hydre de Lerne, amphore attique à figures noires, 540-530 av. J.-C., musée du Louvre (CA 7318).

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Mythe

Fils de Zeus et d’Alcmène, Héraclès est poursuivi depuis sa naissance par la haine d'Héra, furieuse d'avoir été trompée par son mari. Une nuit, la déesse envoie deux serpents pour tuer l'enfant, nommé Alcide. Celui-ci découvre alors sa force extraordinaire et se débarrasse des deux vipères. Afin d'apaiser sa femme, Zeus décide de le renommer Héraclès, ce qui signifie « gloire d’Héra ». Dans un moment de folie inspirée par la déesse, Héraclès tue sa femme Mégara et ses fils. Revenu à la raison, il consulte la Pythie pour savoir comment expier sa faute. Elle lui ordonne de se mettre au service d'Eurysthée, son plus vieil ennemi, et d'accomplir les tâches qu'il lui ordonnerait : ce seront les Douze Travaux. Au départ, il y aurait dû n'y en avoir que dix, mais Eurysthée estima que le combat contre l'hydre de Lerne (deuxième tâche) n'était pas valide car Héraclès avait été aidé par Iolaos ; de même pour le nettoyage des écuries d'Augias car il avait demandé à être payé par Augias pour accomplir cette tâche.

Homère évoque déjà, dans l’Iliade et l’Odyssée, des « travaux » accomplis par Héraclès sur l'ordre d'Eurysthée, dont la descente aux Enfers pour aller capturer Cerbère[1]. La Théogonie d'Hésiode cite également la victoire contre le lion de Némée et l'hydre de Lerne, ainsi que le vol des bœufs de Géryon[2]. Pisandre ajoute à la liste la biche de Cérynie et les oiseaux du lac Stymphale. Outre les travaux déjà cités, la peinture sur vases à figures noires représente les épisodes du sanglier d'Érymanthe, du taureau crétois, des juments de Diomède, du combat contre les Amazones et de la quête des pommes d'or du jardin des Hespérides[3].

À ce stade, la liste des travaux n'en compte donc que onze. Sur ce nombre, seuls deux  la descente aux Enfers et le sanglier d'Érymanthe  sont explicitement rattachés à Eurysthée[3]. Il est possible qu'à cette étape de la constitution du mythe, Héraclès ait entrepris les autres travaux de lui-même[3].

Les travaux d'Héraclès sont tous cités et résumés dans la Bibliothèque du Pseudo-Apollodore[4].

Dans la version de Diodore de Sicile, ces travaux doivent être accomplis pour qu'Héraclès atteigne l'immortalité ; en effet, promis par Zeus à posséder le royaume des Persides, Héra empêche sa naissance le jour prévu (alors que Zeus avait destiné le royaume des Persides à l'enfant qui naîtrait un jour précis, Héra hâte la naissance d'Eurysthée et retarde celle d'Héraclès) et Eurysthée se trouve en possession du royaume. Sans s'estimer parjure [sic], Zeus demande à Héraclès d'accomplir les douze travaux qui lui ont été prophétisés par l'oracle de Delphes, et lui promet en échange l'immortalité[5].

La liste canonique des douze travaux est fixée à l'époque hellénistique, en se référant à la liste des travaux représentés sur les douze métopes sculptés du temple de Zeus à Olympie, datant de la première moitié du Ve siècle av. J.-C. Elle comprend deux séries : les travaux effectués dans le Péloponnèse et ceux qui prennent place dans le reste du monde[6].

Liste des travaux

Le Pseudo-Apollodore donne une liste[4] :

  1. Étouffer le lion de Némée à la peau impénétrable, et rapporter sa dépouille.
  2. Tuer l'hydre de Lerne, dont les têtes tranchées repoussaient sans cesse.
  3. Ramener vivant l'énorme sanglier d'Érymanthe.
  4. Capturer la biche de Cérynie aux sabots d'airain et aux bois d'or, créature sacrée d'Artémis.
  5. Nettoyer les écuries d'Augias, qui ne l'avaient jamais été, car elles étaient si grandes que personne n'avait jamais eu le courage de le faire.
  6. Tuer les oiseaux du lac Stymphale aux plumes d'airain.
  7. Dompter le taureau crétois de Minos, que celui-ci n'avait pas voulu sacrifier à Poséidon.
  8. Capturer les cavales de Diomède (juments mangeuses d'hommes).
  9. Rapporter la ceinture d'Hippolyte, fille d'Arès et reine des Amazones.
  10. Vaincre le géant aux trois corps Géryon, et voler son troupeau de bœufs.
  11. Rapporter les pommes d'or du jardin des Hespérides, que gardait Ladon.
  12. Descendre aux Enfers et enchaîner Cerbère, le chien aux trois têtes puis le présenter à Eurysthée pour témoigner de son succès.

Note : l'ordre des travaux varie selon les sources. Ainsi Diodore de Sicile mentionne le sanglier d'Érymanthe (3), la biche de Cérynie (4), les oiseaux du lac Stymphale (5), les écuries d'Augias (6), la capture de Cerbère (11) et les pommes d'or des Hespérides (12).

Les travaux mineurs

Héraclès et Omphale, détail de la mosaïque des Travaux d'Héraclès de Liria (Espagne), première moitié du IIIe siècle.

Il fallut dix années à Héraclès pour terminer ces douze travaux. Il connut cependant de nombreuses autres aventures, tant lors de leur accomplissement qu'après  notamment lors de son séjour près d'Omphale : certaines d'entre elles sont désignées sous le nom de « travaux mineurs ».

Héraclès est également cité dans la liste des Argonautes. Il se serait embarqué avec son éromène, Hylas, qu'il perdit au cours de l'aventure. Un jour que les Argonautes faisaient escale près de la ville de Cios, en Bithynie près des côtes de Mysie, Héra fit tomber les nymphes des lieux amoureuses du bel Hylas alors de corvée d'eau, en leur soufflant l'idée de l'entraîner avec elles dans les tréfonds de leur demeure aquatique, le noyant du même coup, et ce afin de faire souffrir davantage son beau-fils. Héraclès toujours à sa recherche, ne revenant pas de la chasse pour laquelle il avait quitté l’Argo, fut laissé en arrière par les Argonautes, incapables de le retrouver et désireux de poursuivre leur route vers la Colchide tandis que le fils de Zeus gémissait dans la forêt sur la disparition de son ami qui restait introuvable.

Développements ultérieurs

Bande dessinée

Les Douze Travaux d'Hercule sont racontés par Édouard Cour (scénario et dessin) dans les albums Héraklès aux éditions Akileos. Les huit premiers travaux dans le tome 1 (160 p., 2012), les quatre derniers dans le tome 2 (160 p., 2014).

Jean-David Morvan transpose les Travaux dans le futur pour sa BD Hercule[7], dessinée par Looky. De prime abord déroutant, le concept reprend néanmoins tous les éléments clefs de la légende.

Les Travaux d'Héraclès ont également inspiré René Goscinny et Albert Uderzo dans le film d'animation Les Douze Travaux d'Astérix sorti en 1976. Astérix et Obélix se confrontent à douze épreuves à la suite d'un défi lancé par Jules César.

Cinéma

L'un des premiers courts-métrages d'animation mettant en scène Hercule est Les Douze Travaux d'Hercule, réalisé par le cinéaste français Émile Cohl en 1910, qui montre successivement les douze travaux. Par la suite, de nombreux films en prises de vue réelles ou en animation mettent en scène le héros, souvent dans des aventures inspirées par ses travaux.

Dans le langage courant

Dans le langage courant, les Travaux d'Héraclès sont souvent repris sous le nom des « Travaux d'Hercule » ou des « 12 Travaux d'Hercule ». Héraclès (le héros de la mythologie grecque) est appelé Hercule dans la mythologie romaine. Cette reprise est à l'origine d'expressions telle qu'« être fort comme un hercule »[8].

Annexes

Bibliographie

  • (fr) L’Odyssée (trad. du grec ancien par Victor Bérard), Éditions Gallimard, (1re éd. 1956) (ISBN 2-07-010261-0). 
  • (fr) L’Iliade (trad. du grec ancien par Robert Flacelière), Éditions Gallimard, (1re éd. 1955) (ISBN 2-07-010261-0). 
  • Hésiode (trad. du grec ancien par Annie Bonnafé, préf. Jean-Pierre Vernant), Théogonie, Paris, Payot & Rivages, coll. « La Petite Bibliothèque », , 184 p. (ISBN 978-2-7436-2138-4). 
  • Suzanne Amigues (trad. du grec ancien), Théophraste. Recherches sur les plantes. À l’origine de la botanique, Paris, Éditions Belin, , 414 p. (ISBN 978-2-7011-4996-7). 
  • (en) Timothy Gantz, Early Greek Myth, Johns Hopkins University Press, [détail de l’édition], p. 381-416
  • Pierre Grimal, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Grands dictionnaires », (1re éd. 1951) (ISBN 2-13-050359-4), p. 190-197
  • Sylvie Bergère (réalisateur), François Busnel (créateur), Juliette Garcias (concepteur graphique), Les Grands Mythes, « Héraclès, l'homme qui devint dieu », Paris, ARTE France, Rosebud Productions, Les Monstres, 2016, 1 vidéo (20 min)

Articles connexes

Notes et références

Notes

    Références

    1. Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne], VIII, 362-369 et XV, 639-640 ; Odyssée [détail des éditions] [lire en ligne], XI, 620.
    2. Hésiode, Théogonie [détail des éditions] [lire en ligne] (289-194, 313-318, 326-332).
    3. Gantz, p. 381.
    4. Apollodore, La Bibliothèque, t. II, 5 (lire en ligne)
    5. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique [détail des éditions] [lire en ligne], IV, IX.
    6. Grimal, p. 190.
    7. Hercule, éditions Soleil.
    8. « HERCULE : Définition de HERCULE », sur www.cnrtl.fr (consulté le )
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