Werner Herzog

Werner Herzog est un réalisateur, acteur et metteur en scène allemand né le à Munich (Allemagne). Il est l'un des représentants majeurs du nouveau cinéma allemand des années 1960–1970.

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Werner Herzog
Werner Herzog à la Berlinale 2015.
Nom de naissance Werner Herzog
Naissance
Munich, Allemagne
Nationalité Allemande
Profession Réalisateur, acteur
Films notables Aguirre, la colère de Dieu
L'Énigme de Kaspar Hauser
Fitzcarraldo
Grizzly Man
La Grotte des rêves perdus

Biographie

Né à Munich en 1942, Werner Herzog passe sa petite enfance dans un petit village bavarois, puis son adolescence à Munich. Il poursuit des études littéraires à l'université Louis-et-Maximilien de Munich. En 1963, il crée sa maison de production, la Werner Herzog Filmproduktion. Il commence à réaliser ses premiers courts métrages.

À une conférence de presse, à Bruxelles, en 2007.

En 1968, il réalise son premier long métrage, Signes de vie (Lebenszeichen), qui remporte l'Ours d'argent au festival de Berlin. Ses trois films suivants (Les nains aussi ont commencé petits, Fata Morgana et Aguirre, la colère de Dieu) sont présentés à la Quinzaine des réalisateurs au festival de Cannes. Il gagne ainsi la reconnaissance internationale en tant que représentant du nouveau cinéma allemand.

En 1979, il réalise Nosferatu, fantôme de la nuit qui est aussi une relecture du personnage mis en scène par Murnau dans son Nosferatu.

En 1989, il assiste aux derniers instants de l'écrivain-voyageur Bruce Chatwin, atteint du sida, qui lui lègue son sac à dos en cuir. Trente ans plus tard, le réalisateur partira sur les traces de son « âme sœur » dans son documentaire Le Nomade, sur les pas de Bruce Chatwin[1],[2].

En 2010, il préside le jury du 60e Festival de Berlin, composé notamment de la comédienne américaine Renée Zellweger.

Son long métrage La Grotte des rêves perdus, un documentaire sur la grotte Chauvet en Ardèche, sort en France le .

Plastiquement, l'œuvre de Werner Herzog est proche du romantisme de Caspar David Friedrich, de l'expressionnisme allemand et du land art.

En 2019, il rejoint l'univers Star Wars en jouant le rôle du Client dans la série The Mandalorian.

Vie privée

En 1967, Werner Herzog se marie avec Martje Grohmann  qui a ensuite un rôle dans Nosferatu, fantôme de la nuit  avec qui il a un fils, Rudolph Amos Achmed, né en 1973 et lui aussi actif dans le monde du cinéma.

Travail de mise en scène

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Thèmes

Un grand nombre des films d'Herzog abordent les thèmes de la folie et de la cruauté de la nature, souvent mêlés (comme dans Aguirre) : il s'agit pour lui de révéler la part sombre de l'homme comme de la nature. Héritier d'un romantisme allemand tardif et sombre, Herzog met en scène une nature, humaine comme terrestre, chaotique, menaçante, presque démoniaque[3].

Des tournages difficiles

Dès ses premiers films, Werner Herzog a la réputation d'enchaîner les tournages difficiles, aventureux, voire totalement chaotiques. Cela lui vaut d'être surnommé par certains critiques « le cinéaste de l'impossible ».

Il a, entre autres, rencontré de nombreux problèmes sur les tournages de Aguirre, la colère de Dieu et de Fitzcarraldo, que ce soit dans son rapport avec les comédiens, ou à cause des colères spectaculaires de Klaus Kinski, ou encore à cause d'un environnement hostile (en l'occurrence la forêt amazonienne). Certains comédiens ou figurants ont déclaré qu'il prenait souvent des risques (notamment lorsqu'il tournait au milieu des rapides) ou des décisions irresponsables et dangereuses vis-à-vis de l'équipe de tournage.

Ainsi, pendant le tournage d'Aguirre, certains acteurs et membres de l'équipe ont risqué la noyade lors du tournage de la scène où les radeaux de l'expédition franchissent les rapides. Dans la scène d'introduction on peut voir un canon et des cages tomber le long de la falaise. Ces événements n'étaient pas prévus mais furent finalement gardés au montage final. Herzog, voulant donner au film un style documentaire, gardait souvent ce genre d'incidents au montage. Les relations entre Herzog et Klaus Kinski furent tendues tout le long du tournage. Kinski menaçait régulièrement de mort Herzog. Ce dernier enregistrait systématiquement ses disputes avec Kinski sur bande magnétique. Il avait également acheté une arme pour intimider Kinski quand celui-ci ne voulait pas jouer une de ses scènes.

Pour Fitzcarraldo, Herzog avait commencé le tournage avec Jason Robards et Mick Jagger dans les deux rôles principaux. Malheureusement, Robards perdit la tête lors du tournage car il n'en supportait plus les conditions. Herzog engagea alors Kinski pour le remplacer et fut obligé de tout recommencer. Ayant une tournée qui devait débuter avec les Rolling Stones, Jagger ne put recommencer le tournage. Son rôle fut supprimé. De nouvelles disputes violentes eurent lieu entre Herzog et Kinski. Les Amérindiens figurants du film avaient même offert à Herzog de tuer Kinski « gratuitement » s'il le désirait. Les tensions entre Kinski et les autres membres de l'équipe durèrent tout le long de ce tournage difficile.

La scène où Fitzcarraldo fait hisser le bateau le long de la colline ne comporte aucun trucage, Herzog tenant à ce que cette scène soit d'un réalisme absolu. L'opération fut extrêmement périlleuse pour les figurants et l'équipe technique qui risquaient de se faire écraser à tout instant. Le même bateau subit plusieurs dommages importants lors de la scène des rapides. Il dérivait totalement sans aucun contrôle. Le documentaire Burden of Dreams de Les Blank témoigne de ce tournage aux limites du praticable.

Rapport aux acteurs

À l'image de ses tournages, Werner Herzog aime les personnages et les acteurs excessifs, marginaux, tel Klaus Kinski, hallucinant dans son rôle de mégalomane illuminé d'Aguirre, ou dans celui du vampire Nosferatu auquel il parvient à donner une troublante humanité. Herzog a fait de Kinski son acteur fétiche malgré leurs rapports très particuliers, ce qu'il relate dans son documentaire Ennemis intimes.

Il affectionne aussi l'acteur handicapé Bruno S., qui a passé les trente premières années de sa vie entre les hôpitaux psychiatriques et la prison. L'identification sera parfaite pour le rôle de Kaspar Hauser dans L'Énigme de Kaspar Hauser, où Bruno S. joue un personnage qui a réellement existé, enfermé dans une cave les dix-sept premières années de sa vie, totalement coupé du reste du monde. Il joue aussi dans La Ballade de Bruno.

Dans un autre style, Werner Herzog aurait hypnotisé les acteurs de son mystérieux film Cœur de verre[réf. nécessaire].

Filmographie

Werner Herzog à la Mostra de Venise 2009.
Fictions
Documentaires
Fictions
Documentaires
  • 1959 : The Lost Western
  • 1962 : Herakles
  • 1967 : La Défense sans pareil de la forteresse Deutschkreutz (Die beispiellose Verteidigung der Festung Deutschkreuz)
  • 1968 : Dernières Paroles (Letzte Worte)
  • 1969 : Mesures contre des fanatiques (Massnahmen gegen Fanatiker)
  • 1976 : Personne ne veut jouer avec moi (Mit mir will keiner spielen)
  • 1977 : La Soufrière (Warten auf eine unausweichliche Katastrophe)
  • 2001 : Pèlerinages (Pilgrimage)
  • 2013 : From One Second to the Next

Téléfilms

  • 1971 : Avenir bouché ? (Behinderte Zukunft ?)
  • 1976 : How Much Wood Would a Woodchuck Chuck
  • 1980 : Fric et Foi (l'homme de Dieu en colère) (Glaube und Währung)
  • 1980 : Le Sermon de huie (Huie's Sermon)
  • 1984 : La Ballade du petit soldat (Ballade vom kleinen Soldaten)
  • 1984 : Gasherbrum, la montagne lumineuse (Gasherbrum - Der leuchtende Berg)
  • 1988 : Les Français vus par... - épisode Les Gaulois
  • 1989 : Wodaabe, les bergers du soleil (Wodaabe - Die Hirten der Sonne. Nomaden am Südrand der Sahara)
  • 1991 : Jag Mandir (Jag Mandir : das excentrische Privattheater des Maharadscha von Udaipur)
  • 1994 : The Transformation of the World Into Music (Die Verwandlung der Welt in Musik: Bayreuth vor der Premiere)
  • 1995 : Gesualdo : Mort à cinq voix (Tod für fünf Stimmen)
  • 2000 : Les Ailes de l'espoir (Julianes Sturz in den Dschungel) (documentaire)

Acteur

Scénariste

Distinctions

Récompenses

Nomination

Mises en scène d'opéras

Enseignement et héritage

Peu convaincu par les écoles de cinéma[8], Werner Herzog est le professeur (principal et unique) de 3 formations qui mettent en avant l'aspect pratique :

  • La « Rogue Film School »[9], qu'il crée en 2009 et interrompt en 2016. De jeunes réalisateurs sont invités à passer quelques jours avec Herzog dans un lieu inspirant. Le principe est de discuter collectivement des règles de cinéma érigées par Herzog lui-même.
  • Sur le site « MasterClass », Werner Herzog présente un cours sur l'apprentissage de la réalisation de films[10].
  • En 2018, « Filming in Peru with Werner Herzog » consiste en un atelier de 12 jours pendant lesquels Werner Herzog supervise la réalisation de courts-métrages tournés en plein cœur de la jungle amazonienne par de jeunes réalisateurs du monde entier[11]. Les lieux de tournage sont proches de ceux affectionnés particulièrement par le réalisateur, notamment pour le film Fitzcarraldo (1982). Enthousiaste, il déclare que « 10 de ces courts-métrages sont meilleurs que les nominés dans la même catégorie aux Oscars »[12]. Le réalisateur français Quentin Lazzarotto fait partie des participants à l'atelier.

Publications

  • Vom Gehen im Eis (Sur le chemin des glaces), Munich, Hanser, 1978 ; Hachette-P.O.L, Paris, 1980 (ISBN 2867441374)
  • Eroberung des Nutzlosen (Conquête de l'inutile), Munich, Hanser, 2004 ; Capricci, Nantes, 2008 (ISBN 978-2-918040-02-6)

Notes et références

  1. « Le Nomade sur les pas de Bruce Chatwin (Documentaire société) : la critique Télérama », sur Télérama (consulté le )
  2. « Le nomade sur les pas de Bruce Chatwin - Regarder le documentaire complet », sur ARTE (consulté le )
  3. Gabriel Bortzmeyer, « L’écologie démoniaque de Werner Herzog », sur lafuriaumana.it.
  4. Littéralement : « Chacun pour soi et Dieu contre tous ».
  5. Bad Lieutenant revisité sur Cinenews.be - Consulté le .
  6. « Mon fils, mon fils, qu'as-tu fait ? »
  7. « Werner Herzog : un regard occidental sur Mikhaïl Gorbatchev », sur France Culture (consulté le )
  8. (en-US) Emily Yoshida, « Werner Herzog on the future of film school, critical connectivity, and Pokémon Go », sur The Verge, (consulté le )
  9. « Werner Herzog's Rogue Film School », sur www.roguefilmschool.com (consulté le )
  10. (en) « MasterClass | Werner Herzog Teaches Filmmaking », sur MasterClass (consulté le )
  11. (en) Michael Nordine et Michael Nordine, « Werner Herzog Is Returning to the Amazon, and He’s Bringing 48 Students With Him for a Filmmaking Workshop », sur IndieWire, (consulté le )
  12. (en) Eric Kohn et Eric Kohn, « Werner Herzog Says He’s Acting in ‘a Big Franchise Film’ and Shot a Secret Movie in Japan — Exclusive », sur IndieWire, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Werner Herzog pas à pas, Hervé Aubron et Emmanuel Burdeau, Nantes, Éditions Capricci, 2017
  • Werner Herzog, Manuel de survie, entretiens avec Hervé Aubron et Emmanuel Burdeau, Nantes, Éditions Capricci, 2008
  • Monika Bellan, 100 ans de cinéma allemand (p. 89-91), Paris, Ellipses 2001
  • Hans Günther Pflaum et Hans Helmut Prinzler, Le Cinéma de la république fédérale d'Allemagne (p. 321-325), Bonn, Inter Nationes 1994
  • Radu Gabrea, Werner Herzog et la mystique Rhénane, Lausanne, L'Âge d'Homme, 1986
  • Emmanuel Carrère, Werner Herzog, Paris, Edilig, 1982

Films sur Werner Herzog

  • 1978 : Christian Weisenborn et Erwin Keuch - Was ich bin sind meine Filme
  • 1980 : Les Blank - Werner Herzog Eats His Shoe
  • 1982 : Les Blank - Burden of Dreams
  • 2008 : Steve Cole - Imagine : Werner Herzog, Beyond Reason
  • 2018 : Herbert Golder (en) - Ballad of a righteous merchant

Liens externes

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