Écopastoralisme

L'écopastoralisme ou éco-pâturage est un mode d'entretien écologique des espaces naturels et des territoires par le pâturage d'animaux herbivores.

Ecopastoralisme urbain réalisé au profit d'un monument historique (Citadelle de Lille), assuré par un petit troupeau de moutons de Soay qui pratique une gestion différentiée et restauratoire de la végétation couvrant le sommet d'une partie récemment restaurée des fortifications. Ce petit mouton, léger et rustique, très à l'aise sur les pentes remplace idéalement les engins mécaniques, tout en jouant un rôle de « corridor écologique ambulant » en transportant des graines et propagules dans son pelage, son tube digestif et sous ses sabots.
Ecopastoralisme urbain avec moutons et chèvres dans une clairière/prairie du Bois de la Citadelle à Lille (aussi dit Bois de Boulogne), la veille d'une transhumance de quelques km qui leur fera traverser la ville pour gagner une autre espace vert[1])

L'éco-pâturage est l'une des solutions susceptible d'être associée au génie écologique, souvent retenue pour la gestion de réserves naturelles et d'un nombre croissant d'espaces verts où l'on souhaite pratiquer une gestion différenciée et moins artificialisante.

Enjeux

À condition qu'il soit bien conduit pour éviter le surpâturage ou le sous-pâturage, l'écopastoralisme présente plusieurs intérêts :

  • Maintien d'une flore plus diversifiée, au travers d'une gestion restauratoire et différenciée ;
  • Diminution des coûts de gestion, notamment dans les endroits peu accessibles aux engins (fortes pentes, faible portance des sols en zone humide) ;
  • Sauvegarde ou sauvetage d'espèces anciennes et rustiques, valorisation de races locales  ;
  • Possibilité de limiter ou stopper le développement de certaines espèces invasives ou indésirables sans engins, ni produits chimiques (ex : broutage de la renouée du Japon, d'orties ou de ronciers par les chèvres et moutons)
  • Diminution de son empreinte écologique et de son empreinte carbone pour le gestionnaire ;
  • Possibilité de revente de viande et/ou laines sous le label bio dans certains cas ;
  • Réduction des déchets verts (plus de déchets de tontes) ;
  • Développement ou entretien de la biodiversité des espaces ainsi entretenus ;
  • Permettre à certains éleveurs de trouver des sources de revenus complémentaires nécessaires à leur maintien dans les zones rurales.

Typologie d'animaux[2]

Du choix et du nombre d'animaux, de l'espèce ou de la race et de son âge dépend la quantité de végétaux à brouter et du type de végétaux choisis ou rejetés par l'animal. Les clôtures (électrifiées parfois), les soins et la surveillance sont aussi à adapter aux animaux.

Aménités

L'absence de bruits mécaniques, la présence animale sont généralement appréciés du grand public, tout particulièrement dans les maisons de retraite ou dans les zones urbaines.[réf. nécessaire]

En France

En France, se sont tenues en 2012 les premières rencontres de l'écopastoralisme en tant que solution alternative de gestion écologique des espaces verts par des herbivores issus de races rustiques[3], organisée par l'association « Entretien Nature & Territoire ».

Parmi les villes qui ont décidé de tester puis développer l'écopastoralisme urbain avec transhumance intra-urbaine figurent par exemple en France Montpellier[4] et Lille[1].

La pratique s’est développée dans les villes à partir des années 2000 comme l’explique Alain Divo, co-auteur du Traité d’écopaysage, précurseur de l’éco-pâturage en France avec sa société EcoTerra, en 2013 dans un article du Monde  : « Le déclencheur a été l'agenda 21, plan d'action sur le développement durable adopté par les collectivités territoriales. » Lilles, Lyon, Rennes, Bagnolet, Montreuil, Evreux, sont parmi les premières villes à avoir adopté cette solution, qui a aussi séduit peu à peu de grandes entreprises[5].

L’éco-pâturage prend plusieurs formes. Des professionnels du paysage se sont spécialisés dans cette solution et des sociétés spécialisées se sont créées. Des fermes pédagogiques et des associations environnementales proposent également cette solution.

Depuis 2012, SNCF Réseau utilise l'éco-pâturage le long des voies ferrées pour entretenir la végétation et lutter contre les espèces exotiques envahissantes. En 2018, on dénombrait une cinquantaine d'initiatives de ce type menées pour suppléer l'entretien mécanique ou chimique des voies. En 2017, un protocole expérimental a été mis au point pour mesurer l'incidence du pâturage sur la croissance et la densité des tiges de renouées[6]. "Les analyses statistiques ont mis en évidence une nette diminution du diamètre et de la distance inter-nœuds des tiges après une ou deux années de pâturage". En revanche, la densité des tiges a baissé après un an puis augmenté après deux ans de pâturage, suggérant qu'une action complémentaire au pâturage aurait été utile (par exemple l'arrachage).

Notes et références

  1. Frédérick Lecluyse (2019) article intitulé Lille À la Citadelle, le bêlement des moutons remplace le bruit des tondeuses, publié par la Voix du Nord | 07/05/2019
  2. SOS 21, Ecopastoralisme
  3. INRA (2012), 1re rencontre de l'écopastoralisme, Ecoparc de la Gravelle (53)
  4. Nicolas Bonzom (2019) [Montpellier : Une transhumance urbaine de 220 moutons à suivre dans les rues de la ville, NATURE Depuis 2016, la ville a adopté l’écopâturage, pour débroussailler ses espaces verts], Journal 20 minutes|Publié le 05/04/18
  5. Audrey Garric, « Des moutons pour tondre en ville, vrai gain pour l'environnement ? », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
  6. Le Lay M. et al., « L'écopâturage pratiqué par SNCF réseau », Sciences Eaux & Territoires, no 27, , p. 86-90 (lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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