Église Saint-Barthélemy de Rion-des-Landes
L'église Saint-Barthélemy se situe sur la commune de Rion-des-Landes, dans le département français des Landes.
Pour les articles homonymes, voir Église Saint-Barthélémy.
Église Saint-Barthélemy de Rion-des-Landes | |
Église Saint-Barthélemy de Rion-des-Landes | |
Présentation | |
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Culte | Catholique romain |
Type | Église |
Rattachement | Paroisse Notre-Dame-du-Midadour Diocèse d'Aire et Dax |
Début de la construction | XIIe siècle |
Style dominant | Roman et néogothique |
Géographie | |
Pays | France |
Région | Nouvelle-Aquitaine |
Département | Landes |
Ville | Rion-des-Landes |
Coordonnées | 43° 56′ 03″ nord, 0° 55′ 19″ ouest |
Histoire
Moyen Âge
L'église saint Barthélemy fut fondée à la seconde moitié du XIIe siècle dont date le portail roman actuel.
Rion comptait une deuxième église dédiée à saint Martin fondée au XIIe siècle sous le nom latin de Sanctus Martinus de Arrione selon le cartulaire de la cathédrale de Dax (le Liber rubeus) Cette église et ce cimetière existait encore selon un testament du 5 janvier 1646 trouvé par Pierre Cuzacq, et par lequel un habitant de Rion demande à être inhumé « dans le cimetière de l'église St-Martin du dit Rion. » Elle se trouvait dans le quartier de Saint Martin, il s'étendait à partir de Pégaoule et toute le long de la route de Beylongue[1].
La paroisse de Rion était une station sur deux chemins secondaires de Compostelle dépendant de l'Abbaye de la Sauve. L'un venait du nord, faisait halte au tuc de Pouytauzin où se trouvait une chapelle en bois de la Sainte Vierge, et puis passait par la houn de Sen Yan (la fontaine de Saint-Jean), l'autre venait de l'est depuis Beylongue. Les deux chemins se rejoignaient et n'en formaient plus qu'un au quartier Cournaou, et puis repartait sur Boos en faisant halte à la fontaine de Sainte-Clair et l'hôpital adjacent.
Les églises de Rion et Boos ont été massivement fortifiée par les Anglais pendant les 300 ans de leur occupation de la Gascogne incluant la guerre de Cent Ans.
L'église forteresse Saint Barthélemy édifiée sur un tertre naturel, se composait d'une enceinte de murs crénelés de cinq mètres de haut et d'un mètre d'épaisseur, une tour protégeant la porte, un donjon clocher carré de trois étages percée de meurtrières et d'une autre tour servant de prison. Les murs de la nef et du chœur étaient pleins, surélevés de créneaux et aussi percés par de nombreuses meurtrières. Le portail se trouvait au Nord Ouest à droite de la base du clocher. La partie Ouest de la nef était une retirade construite en demi lune. Le cimetière était à l'intérieur de l'enceinte.[2]
Elle connut de nombreux sièges durant la guerre de Cent Ans dont un en 1437, mené par les mercenaires du bandit Rodrique de Villandro, épaulé de Charles II d'Albret qui avait pris parti des Français, ceux-ci dans Rion et contre les Anglais. Ce siège fut une victoire pour la France[3].
Renaissance
Entre le XVe et le XVIe siècle, elle est reconstruite avec trois sacristies qui épaulaient l'abside, une chapelle hors-œuvre dédiée à Notre-Dame qui était accolée à la nef et avec une rotonde au rez-de-chaussée du clocher abritait les fonts baptismaux et une chapelle Saint-Roch. La nef est rebâtit avec le bas-côté nord, ainsi que le clocher qui est reconstruit en bois avec une flèche de 36 mètres recouverte d'ardoise. L'église comptait également 3 autres autels dédiés à saint Barthélemy, saint Jean et saint Michel[4].
Révolution française, la Terreur
Avant la Révolution, la dime en grain s'y montait à 4 750 livres et le curé en avait les neuf dixièmes, il avait aussi le dixième de la dîme des agneaux, chevreaux et abeilles.
Sur ordre du district de Tartas, donc de la République, la municipalité fit l'inventaire des biens de la paroisse en 1792, et officiellement ont donné au district les objets en argent, d'un poids de vingt livres et seize once. Dans les faits, l'argenterie est restée sur place.
C'est dans l'église qu'ont eu lieu les premières séances municipales et les premières élections.
Le 10 mai 1793, la république réquisitionne les cloches des églises afin de les convertir en canons. Le district de Tartas réquisitionne 2 cloches à Rion, laissant la cloche de l'horloge de 1720, et la cloche du XIVe siècle.
En 1794 le culte cessa dans toute la France. L'église fut renommée "Temple" est y était célébré le culte de la Raison. Les 5 autels furent détruits et les débris laissés sur place.
Le 17 nivôse de l'an II de la République, soit le 5 janvier 1795, le commissaire D'Arnaudin du district Tarusate, tient une vente aux enchères sur la place publique de Rion. Sont vendus tout le mobilier, les statues et les objets de culte de l'église dont l'argenterie, ainsi que les débris des 5 autels qu'il nomme "les restes des dépouilles du fanatisme". Seule la chaire à prêcher résiste aux révolutionnaires[4].
La reconstruction du XVIIIe siècle
Dès 1802, avec le rétablissement du culte, les marguillers successifs s'attachent à remeubler l'église dont seuls les derniers débris des autels sont présents à l'intérieur.
Grâce à l'appel à la générosité et à la piété, de nouveaux objet de culte sont achetés, en 1825 fut construit l'autel dédié à saint Barthélemy par des Italiens, en 1827 l'autel dédié à saint Roch.
En 1832 le cimetière, qui se trouvait dans l'enceinte fortifiée de l'église, est déplacé à son emplacement actuel (le cimetière Nogaro). En 1834 on rénove le clocher en bois et on détruit les fortifications. Avec ses pierres, sont pavées les rues du bourg et est construite une maison commune.
En 1837, à peine le clocher rénové que celui-ci fut frappé par la foudre, qui l'incendia complètement.
Plus tard en 1847, on fait un appel à la générosité et à la piété des habitants, pour remplacer la cloche de l'horloge de 1720. La charité publique surpassa les attentes tellement que fut décidé de fondre deux cloches. Ces deux cloches furent fondues au pied de l'église le 11 novembre. L'horloge est changée en 1862.
L'accroissement de la population (passée de 1.200 habitants sous la Révolution à 1.332 en 1824 et 2.263 en 1861) et l'état de ruine du clocher font ressentir dès le milieu du siècle le besoin d'une rénovation et d'un agrandissement. Le conseil municipal vote un crédit de 90.000 francs et approuve en mai 1867 le projet présenté par l'architecte bordelais Gustave Alaux. Les travaux, estimés à la somme de 80.343 francs 39 centimes, sont adjugés pour 72.308 francs 97 centimes et sont confiés à l'entrepreneur Jules Lespessailles, de Tartas.
Le chantier commence en mai 1968, on détruit la partie ouest devant le clocher et on déplace le portail d'origine sur la façade occidentale où suivit l'édification du grand porche néo roman. . Le bas-côté nord est agrandit vers l'ouest et ajouré d'un portail. Le mur sud toujours plein est percé afin de construire le bas-côté sud identique au bas-côté nord. On reconstruit un clocher monumental en pierre de taille au-dessus de la première travée de la nef et on installe les verrières du chœur; L'important décor sculpté est exécuté par le sculpteur Vincent Saint-Sébastien
Le chantier dont le décompte final porte la dépense à 91.404 francs et 58 centimes, est mené à bien en 1872, après une brève interruption due à la guerre franco-prussienne.
Le dernier remaniement intervient en 1894, avec l'ajout, par l'architecte bordelais Paul Minvielle, d'une tribune sur la première travée de la nef, dont le rez-de-chaussée devient ainsi un vestibule ou une avant-nef. De 1892 à 1897, le décorateur local J. Ducournau couvre les murs et voûtes de peintures ornementales (supprimées à la fin du XXe siècle).
En démolissant les murs intérieurs de l'église, on était découvert grand nombre de vases en terre, dont l'ouverture était tournée ver la nef. Ces échées avaient été mis intentionnellement dans ce mur pour augmenter la sonorité du vaisseau[5]. De plus les murs des combles de la nef portent des traces des cheminés qui durent servir à faire cuire des aliments pour la garnison et peut être à faire bouillir des liquides à jeter sur les assaillants.
Les dernières rénovations
En 1918, on construit le monument aux morts, le premier de la commune.
Une restauration de l'intérieur est effectuée en 1968, on repeint les murs en bleu ciel et les voutes en orange, on change le maitre autel avec celui actuel qui est d'un seul bloc de granit. On enlève les prie-Dieu et autres chaises personnelles que l'on remplace par les bancs actuels.
Les derniers travaux de restauration datent de 2010, l'édifice était noir de pollution et la flèche commençait à pencher. Le monument est intégralement nettoyé, la flèche réparée, sont installés de nouveaux vitraux et l'intérieur est repeint[6].
Architecture
Le monument mélange le style néo-roman avec le porche et le clocher-tour, et le style néo-gothique pour le chevet. Il est majoritairement bâti en moellon calcaire enduit sauf exception de la façade occidentale, du porche, du clocher, des encadrements des baies et des contreforts qui sont en pierre de taille. L'église primitive était romane, comme l'atteste son seul vestige, le remarquable portail du XIIe siècle. Il développe l'essentiel du mystère chrétien son tympan montre le Christ en majesté inscrit dans une mandorle, assis sur un trône de gloire et entouré des quatre évangélistes : saint Matthieu (l'ange), saint Jean (l'aigle), saint Marc (le lion) et saint Luc (le taureau). Le tympan est surmonté de voussures. Leurs cinq ornements (torsades, étoiles, perles, tores, bandelettes) représentent la beauté et la joie de la vie avec Dieu[7].
Sur le premier chapiteau de droite, l'enfant Jésus est présenté au Temple. Le motif représenté sur le second chapiteau n'est pas attesté. Le premier chapiteau de gauche représente la fuite en Égypte et le massacre de Bethléem. Le second développe le thème de la Résurrection à travers l'allégorie de Daniel dans la fosse aux lions[7].
Les murs de l'église primitive ont été arrondis pour former les colonnes de la nef principale et des bas-côtés. Le bas-côté nord et la nef datent du XVe siècle, le bas-côté sud de 1868.
Le chevet est de style néo-gothique, il se compose de 3 verrières de 1868. Voici leur signification :
- Vitrail côté nord : Saint Mathieu et saint Luc avec Dieu le Fils dans le trèfle.
- Vitrail du milieu : Saint Pierre et saint Paul avec Dieu le Père dans le trèfle.
- Vitrail côté sud : Saint Jean et saint Marc avec le Saint Esprit sous la forme d'une colombe dans le trèfle.
Les vitraux symboliques des bas-côtés nord sud, les plus prés des autels, sont fabriqués et posés en 2010 par la verrière dacquoise Brigitte Nogaro.
Il y a trois autels :
- L'autel en marbre côté nord date de 1868, est dédié à saint Joseph.
- L'autel en marbre côté sud date de 1868, est dédié à la Vierge Marie.
- l'autel de chœur date de 1968, il s'agit d'un seul bloc de granite de Cauterets.
L'église possède une chaire à prêcher remarquable datant en partie du XVIIIe siècle à double escalier, elle fut remaniée au XVIIIe siècle[8], et un orgue réalisé par la maison Pesce à Pau en 1972[9],[10].
Le clocher-tour abrite l'horloge de 1862 et un ensemble de 2 cloches fondues en 1847 sur lesquelles sont gravés "Santa-Maria" et "Sanctus-Bartholomeus". Il abrite aussi une cloche datant du moyen-âge, son profil en "pain de sucre" et son inscription en lettres onciales permet de la dater du XIVème siècle, elle est la plus vieille cloche du département. En bronze, son pourtour supérieur est orné de fleurs et de l'inscription en lettres onciales "ave maria oracita plena ans". Survivante des guerres et de la révolution, elle est classée le 5 juin 2003[11].
Galerie
- Vue de face
- Chapiteau représentant la fuite en Égypte
- Le tympan
- Carte postale du milieu du XXe
- L'intérieur début XXème siècle.
- L'intérieur début XXème siècle.
- L'église au milieu du XXe siècle
- Le porche au milieu du XXe siècle.
Notes et références
- L'Aquitaine historique et monumentale : monographies locales illustrées. T. 2 / publiées par MM. Dufourcet, Taillebois et G. Camiade, 1890-1893 (lire en ligne)
- Xavier de (1858-1930) Auteur du texte Cardaillac, Églises fortifiées landaises / par Xavier de Cardaillac, (lire en ligne)
- Pierre Cuzacq, Les grandes Landes de Gascogne : études historiques et géographiques, (lire en ligne).
- Daugé 1912.
- L'Aquitaine historique et monumentale : monographies locales illustrées. T. 2 / publiées par MM. Dufourcet, Taillebois et G. Camiade, 1890-1893 (lire en ligne)
- Janette Duboscq-Lamarque, Rion des Landes Regard sur le passé 1960-2000.
- Église Saint-Barthélemy de Rion-des-Landes, panneau de présentation consulté sur site en septembre 2011.
- « Chaire à prêcher - Inventaire Général du Patrimoine Culturel », sur inventaire.nouvelle-aquitaine.fr (consulté le ).
- « Orgue de Rion-des-Landes, Église Saint-Barthélémy - A.D.OR.A », sur orgue-aquitaine.fr (consulté le ).
- « Église paroissiale Saint-Barthélemy - Inventaire Général du Patrimoine Culturel », sur inventaire.nouvelle-aquitaine.fr (consulté le ).
- « Cloche - Inventaire Général du Patrimoine Culturel », sur inventaire.nouvelle-aquitaine.fr (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- Abbé Césaire Daugé, Rion-des-Landes : son histoire, Bergerac, Imprimerie Générale du Sud-Ouest, (lire en ligne)
Article connexe
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