Église Saint-Denis de Lugny
L'église Saint-Denis de Lugny est une église située sur le territoire de la commune de Lugny dans le département français de Saône-et-Loire et la région Bourgogne-Franche-Comté. Elle relève de la paroisse Notre-Dame-des-Coteaux en Mâconnais (qui a son siège à Lugny).
Destination initiale |
culte catholique romain |
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Destination actuelle |
Édifice consacré du diocèse d'Autun, relevant de la paroisse Notre-Dame-des-Coteaux-en-Mâconnais (Lugny) |
Diocèse | |
Paroisse |
Paroisse Notre-Dame-des-Coteaux-en-Mâconnais (d) |
Style |
néo-classique |
Architecte |
Roch fils (Mâcon) |
Construction | |
Religion | |
Propriétaire |
commune de Lugny (construction sur fonds communaux) |
Pays | |
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Région | |
Département | |
Commune |
Coordonnées |
46° 28′ 20″ N, 4° 48′ 28″ E |
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Historique
L’église a été bâtie au début du XIXe siècle, entre 1824 et 1826, en lieu et place de l'ancienne église romane (avec chapelle seigneuriale), qui fut démolie en 1823 et dont les matériaux servirent partiellement à rebâtir la nouvelle église.
Elle est, comme la précédente église, placée sous le vocable de saint Denis, patron de Lugny[Note 1].
Elle a donné son nom à la principale rue du bourg de Lugny (rue de l'Église), rectifiée dans son tracé par l'application d'un plan d'alignement des façades de ses maisons dans les années 1860-1870[Note 2].
Le 12 février 1906, trois mois après la promulgation de la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l’État, l'inventaire des biens « dépendant de la fabrique paroissiale de Lugny » fut dressé par le receveur des domaines en fonction à Lugny, chef-lieu de canton, et, à ce titre, l'ensemble du mobilier se trouvant à l'intérieur de l'édifice fut recensé et estimé (2347,50 francs), l'abbé Jacques Dufêtre étant curé de Lugny[1].
L’intérieur de l’édifice a été profondément remanié dans les années qui suivirent le concile Vatican II, dans un souci d’adaptation à ses prescriptions, et ce fut plus précisément à frère Denis, membre de la communauté de Taizé, que l’on demanda de « repenser » les lieux[2].
Description
Extérieur
Construite d'après des plans dressés par l'architecte Roch fils de Mâcon et couvrant une superficie de 4 a 80 ca, elle a la forme d'une croix latine et dispose, d'est en ouest, d'une avant-nef, d'une nef avec bas-côtés, d'un chœur encadré de deux chapelles et d'un chevet semi-circulaire.
Son clocher, de type clocher porche, abrite deux cloches fondues dans la première moitié du XIXe siècle[3]. La plus ancienne pèse une tonne et date de 1825[4].
Quant à son chevet, de forme semi-circulaire ressortant d'une construction orthogonale à usage de sacristie, il a conservé sa couverture faite de lave (lauze).
Intérieur
La nef, à deux colonnades à entablement[Note 3] rappelant les basiliques paléochrétiennes, a cinq travées et mesure 16,50 mètres de longueur. Elle est flanquée de deux collatéraux.
Un arc triomphal en plein cintre fait communiquer la nef avec le chœur voûté d’arêtes, qui est flanqué de deux chapelles (l'une du Saint-Sacrement et l'autre des fonts baptismaux, elles aussi voûtées d’arêtes) – et qui se termine par une abside semi-circulaire (dissimulée derrière une cloison construite vers 1970).
Dans l’abside malheureusement bouchée, deux vitraux datant vraisemblablement de la construction de l'édifice ont été conservés : Sanctus Dionysius (saint Denis) avec la palme du martyre, saint patron de l’église, et Marie présentant l’Enfant Jésus (Maria, mater Dei).
Mobilier
Elle abrite plusieurs œuvres remarquables :
- dans la chapelle des fonts baptismaux, le retable « Le Christ et les Apôtres », en pierre (classé au titre des Monuments historiques en 1903), représentant le Christ et les Apôtres daté de 1528[5] ;
- dans la chapelle du Saint-Sacrement, une Vierge à l’Enfant (protégée au titre des Monuments historiques depuis 1979[6]) en pierre polychrome – au déhanchement caractéristique de la statuaire bourguignonne – exécutée au XVe siècle[Note 4] (statue évoquant le thème artistique de la Conversation sacrée : l'Enfant renverse la tête vers sa Mère et échange avec elle un regard plein d'attention[7]).
Y sont également visibles, dans ses bas-côtés (réalisés à la demande du chanoine Joseph Robert[8]) :
- un tableau exécuté vers 1950 par l'artiste Michel Bouillot, intitulé « L'Annonce de la Parole en Mâconnais »[Note 5] ;
- du même artiste, une croix peinte inspirée du crucifix de Saint-Damien visible en la basilique Sainte-Claire d'Assise (Italie)[9].
Parmi les objets ayant été conservés de l’ancienne église romane figurent notamment les fonts baptismaux, qui paraissent remonter au XIVe siècle. Dans l’allée centrale de la nef, quatre pierres tombales en calcaire gris coquillé provenant elles aussi de l'ancienne église forment une partie du pavement[Note 6].
Dans l'avant-nef trône une plaque de marbre ornée dans sa partie supérieure d'une pietà[10] que le sculpteur Albert Libeau (1893-1971) de Lugny, futur chef de l'atelier de restauration des marbres du musée du Louvre, façonna au début des années vingt à la demande de la paroisse pour rendre hommage aux Lugnisois morts au champ d'honneur au cours de la Première Guerre mondiale. Une devise inspirée d'un recueil de poèmes de Victor Hugo[Note 7] encadre cette plaque sur trois de ses côtés : « Ceux qui pieusement sont morts pour la Patrie, ont droit qu'à leur tombeau la foule vienne et prie. ».
Une Vierge à l'Enfant en bois du XVIIIe siècle est exposée dans la chapelle du Saint-Sacrement.
Début 2021, l'harmonium, retiré vers 1970, a été réinstallé dans la nef[11].
Culte
Édifice consacré du diocèse d'Autun relevant de la paroisse Notre-Dame-des-Coteaux-en-Mâconnais (Lugny) – qui en est affectataire au titre de la loi de 1905 –, l'église de Lugny est, deux siècles après sa construction, un lieu de culte catholique toujours vivant.
En tant que lieu sacré de prière, d'accueil et de partage, s'y rassemble régulièrement la communauté chrétienne du Haut-Mâconnais pour vivre sa foi, en célébrant l'eucharistie, en s'unissant à la célébration des sacrements du baptême et du mariage et en priant pour le repos des défunts.
Visite
Tous les ans depuis 2007, l'église de Lugny se visite dans le cadre des Journées européennes du patrimoine (visites commentées organisées à l'initiative de l'association Lugny Patrimoine).
Elle a par ailleurs été rendue visitable en 2017 et 2018 à l'occasion de la Nuit des églises, manifestation annuelle à laquelle elle a participé, de nouveau, en 2019.
En images
- Un édifice bâti dans le style néo-classique : l'église Saint-Denis.
- L'église Saint-Denis et son « clocher-porche ».
- Saint Jean tel qu'il apparaît sur le retable « Le Christ et les Apôtres » de style flamboyant visible dans l'église (1528).
Voir aussi
Bibliographie
- Frédéric Lafarge, Paulette Berthaud, Lugny, mémoire de pierres, mémoire d'hommes, Bibliothèque municipale de Lugny, Lugny, 2006 (ISBN 2-9514028-1-3).
Articles connexes
Notes et références
Notes
- Saint martyr ayant donné son nom à l'un des quartiers du bourg, voisin de l'église.
- Nom qui lui a été attribué dans le 2e quart du XIXe siècle, période au cours de laquelle furent nommées l'ensemble des voies publiques desservant les habitations du bourg de Lugny.
- Chaque colonnade étant faite de quatre colonnes au fût légèrement galbé et chaque colonne ayant 4,60 mètres de hauteur.
- Cette statue autrefois visible en la chapelle Notre-Dame-de-Pitié de Fissy a une particularité : celle de présenter la Vierge Marie portant des langes évoquant déjà le Saint Suaire.
- Œuvre restaurée début 2016 par Joëlle Boutin à l'initiative de l'association Lugny Patrimoine (dimensions : 2 m x 1 m).
- Pierres dont les inscriptions, très effacées, sont aujourd'hui illisibles.
- Les Chants du crépuscule, recueil de poèmes publié en 1835.
Références
- Inventaire qui se déroula le même jour au presbytère et auquel succéda, le lendemain, un recensement du mobilier conservé à l'intérieur de la chapelle Notre-Dame-de-Pitié de Fissy. Source : Direction générale des domaines, Inventaire des biens dépendant de la fabrique paroissiale de Lugny dressé en exécution de l'article 3 de la Loi du 9 décembre 1905 (Archives départementales de Saône-et-Loire).
- Frédéric Lafarge, Monseigneur Joseph Robert (1898-1987), Une communauté missionnaire en Mâconnais : Lugny, Les Foyers communautaires et l'Amicale des anciens élèves de l'école « La Source », Lugny, 2019 (ISBN 978-2-9570533-0-8).
- Source : « Fêlé de cloches ! Entretien avec le père Christophe Lagrange, correspondant de la Société française de campanologie pour la Saône-et-Loire », article de Frédéric Lafarge paru dans la revue « Images de Saône-et-Loire » n° 190 de juin 2017, pages 17 à 21.
- À noter : sous chaque cloche a été conservé un dispositif relativement « rare » : un support sur lequel est appuyé un bras métallique qui était jadis entraîné par une corde depuis le bas, et renvoyé par une poulie (existante) ; ce bras venait prendre le battant de la cloche et l’amenait à frapper la cloche (demeurée immobile). Source : page consacrée aux cloches de l'église de Lugny mise en ligne en 2016 sur Le blog de l'abbé Tof tenu par le père Christophe Lagrange, prêtre du diocèse d'Autun et membre de la Société française de campanologie (page consultable à l'adresse : http://www.cloches71.com/lugny.html).
- Haut de quatre-vingt-neuf centimètres et large de cent quatre-vingt-six, ce bas-relief daté de 1528 montre le Christ entouré des douze Apôtres, ceux-ci tenant un livre ouvert ou fermé – l’Evangile qu’ils annoncent – et leur emblème habituel ou l’instrument de leur martyre. Nommés et placés sous un dais de style flamboyant, les treize personnages représentés apparaissent dans l’ordre suivant : saint Thomas (appuyé peut-être sur la hampe d’une pique), saint Barthélemy tenant le couteau avec lequel il fut écorché vif, saint Mathieu avec une équerre, saint Jacques le Mineur avec une massue, saint André (appuyé peut-être sur sa croix), saint Pierre avec ses clefs, le Christ tenant le globe du monde, saint Jude avec un calice au-dessus duquel apparaît un petit animal fantastique représentant sans doute le démon, saint Paul avec son épée, saint Jacques le Majeur muni de son bâton de voyage et coiffé d’un bonnet arborant la coquille du pèlerin, saint Philippe (tenant probablement le bâton d’une croix), saint Simon tenant la scie avec laquelle il fut coupé en deux et saint Mathias tenant peut-être le manche de la hache qui servit à le décapiter. L’imagier qui a sculpté ce retable l’a signé de son monogramme sur la scie de saint Simon et l’a daté par deux fois, d’abord sur l’équerre de saint Mathieu puis sous le Christ. À côté de cette date apparaît un blason qui, composé de trois croissants posés deux et un, paraît être celui de la famille Cadot originaire de Tournus. À propos de ce retable, consulter : NICOLAS Fernand, « Le retable de Lugny » paru dans « 71-Images de Saône-et-Loire » n° 149 de mars 2007, p. 9.
- Notice no PM71001181, base Palissy, ministère français de la Culture
- Modèle qui est notamment présent, en Bourgogne-Franche-Comté, sur les Vierges à l'Enfant visibles à Champmol, Bussy-la-Pesle, Aiserey, Auxonne et Mont-Saint-Jean. Source : Jacques Baudoin, La sculpture flamboyante en Bourgogne et Franche-Comté (collection « La sculpture flamboyante »), Editions Créer, 1996 (ISBN 2-909797-17-1).
- Supérieur de la communauté de prêtres de Lugny, qui commanda également à l'artiste, à la même époque, une fresque qui orna l'une des pièces de la cure de Lugny, réalisée sur le thème de la Nativité (peinture disparue lors d'aménagements ultérieurs). Source : Marie-Aude Poisson, « Michel Bouillot, l'Émerveilleur. Images Sacrées. », Éditions Doyen, Chevagny-sur-Guye, 2021 (ISBN 978-2905990-29-7).
- Œuvre installée dans le collatéral sud de l'église en janvier 2018 et restaurée en août 2019 par Françoise Lagénie à l'initiative de l'association Lugny Patrimoine (dimensions : 2,68 m x 1,86 m). Source : Frédéric Lafarge, Croix de Saint-Damien : une restauration menée tambour battant !, bulletin municipal de Lugny pour l'année 2019, pp. 22-23.
- Pietà qui fut exécutée dans un style résolument moderniste d'après un dessin du céramiste Gabriel Jeandet (1873-1945) de Lugny. Source : Frédéric Lafarge, « Un artiste mâconnais oublié : le céramiste Gabriel Jeandet, à Lugny », revue Images de Saône-et-Loire, n° 210, juin 2022, pp. 6-11.
- À l'initiative de Lugny Patrimoine, en lien avec la paroisse. Initialement, l’instrument, sorti à la fin du XIXe siècle des ateliers de la maison parisienne Christophe & Étienne (du nom de concepteurs « d’harmoniums pour églises, chapelles et salons » plusieurs fois primés), se trouvait entre deux piliers de la colonnade sud. Source : « L'harmonium de retour à l'église de Lugny : une initiative d'amoureux du patrimoine religieux », article paru dans la revue bimensuelle Église d’Autun n° 7 du 2 avril 2021.
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