Émile Aubin
Émile Aubin, pseudonyme Marat, né le dans le 11e arrondissement de Paris et mort le à Drancy[1], est un ouvrier électricien, syndicaliste et antimilitariste libertaire, un temps prisonnier des bagnes militaires dits « bagne de Biribi ».
Émile Aubin Marat | |
Émile Aubin en 1923 | |
Naissance | Paris 11e |
---|---|
Décès | Drancy |
Origine | français |
Type de militance | chansonnier |
Cause défendue | libertaire syndicalisme antimilitarisme |
En 1913-1914, il est le secrétaire de rédaction du Libertaire, hebdomadaire de la Fédération communiste anarchiste.
En 1915, après l’échec de l’opposition à la Première Guerre mondiale, il part au front et renonce à la révolution sociale.
Biographie
En juin-, alors qu'il tente de susciter un mouvement de protestation à l’occasion du voyage du président de la République dans les eaux scandinaves, une perquisition révèle que, sous le pseudonyme de Marat, il est l’auteur de plusieurs chansons révolutionnaires. Il bénéficie d’un non-lieu, mais est envoyé aux compagnies de discipline du Bagne de Biribi[2].
Libéré en 1910, il devient permanent du syndicat des électriciens à Paris.
En , il fonde le groupe des Libérés des bagnes militaires dont il est nommé secrétaire[3]. Démissionnaire du secrétariat en , il est réélu en .
Le , il participe à l'édition de l'affiche Galonné assassin, signée « Pour le groupe des libérés des bagnes militaires : le secrétaire général, Émile Aubin ».
La même année, le , et sous la même signature, il édite Liberté, égalité, fraternité. Armée territoriale. Soldats morts pour la patrie, affiche sur papier blanc qui représente deux drapeaux tricolores encadrant les noms des disciplinaires « assassinés » par l’armée française.
Condamnations pour propos antimilitaristes
En , il tient à Bezons un violent discours antimilitariste avec outrages au Chef de l’État, qui fait l’objet d’un procès-verbal.
Il est poursuivi pour un autre discours antimilitariste prononcé à Lagny le et comparait devant la cour d’assises de Melun qui le condamne, le , à dix-huit mois de prison, 100 francs d’amende et aux frais du procès pour « appel à la désobéissance et injures à l’armée ». Le jugement est annulé en cassation le . Il comparait alors devant la cour d’assises de l’Yonne et est condamné, le , à trois mois de prison et 500 francs d’amende « pour avoir prononcé à Lagny un discours, excitant les conscrits à la désobéissance et injuriant l'armée »[4].
Il est également cité à comparaître devant les Assises de la Seine sur requête du Ministère de la Guerre pour l’affiche antimilitariste Soldats morts pour la patrie. Finalement il est une nouvelle fois condamné, le , par la Cour d’assises de la Seine à six mois de prison et 100 francs d’amende, avec confusion des peines en ce qui concerne une condamnation antérieure à trois mois. Il sort de prison le , en même temps que Gustave Hervé[5].
Le , il fonde le journal Le Cri du Soldat[6].
En 1913-1914, il est secrétaire de rédaction du Libertaire, hebdomadaire de la Fédération communiste anarchiste. Il signe l'éditorial de l'ultime numéro d'avant-guerre de ce journal publié le .
Ralliement à l'Union sacrée
À la suite des profondes oppositions qui divisent le mouvement libertaire international entre « antimilitaristes » et « défensistes » (Manifeste des Seize), il répond, en 1915, à son ordre de mobilisation et rejoint le front[7].
En 1915, il est blessé alors qu’il est caporal au 236e régiment d’infanterie. Pierre Martin s’en réjouit en apprenant la nouvelle, et exprime le souhait que tous les anarchistes ayant rejoint l’Union sacrée connaissent le même sort[8].
Le , à Pantin, il participe comme orateur à un meeting en faveur de l’amnistie des soldats mutinés pendant la guerre.
En , Aubin adhère au Parti socialiste français qui, en , fusionne dans le Parti républicain-socialiste. Cela ne l’empêche pas de prendre la parole, le , dans un meeting du Comité de défense sociale organisé en faveur de Sacco et Vanzetti.
En 1926, il devient secrétaire adjoint à la mairie de Drancy.
Le , il est rayé du Carnet B, fichier des antimilitaristes.
Au début des années 1930, il pousse la municipalité socialiste de Drancy à appuyer la création d’une coopérative pour les chômeurs, organisée par le militant libertaire pacifiste Louis Dorlet qui disait de lui qu’il « régnait » à la mairie où, la guerre finie, il avait « trouvé sa planque, mais conservait un profond sentiment de solidarité dont profitait tout tenant de l’idée libertaire ».
Bibliographie
- Guillaume Davranche, Trop jeunes pour mourir. Ouvriers et révolutionnaires face à la guerre (1909-1914), Éditions de l'Insomniaque & Libertalia, 2014.
- Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France, des origines à 1914, tome 1, Paris, Gallimard, 1992.
Notices
- Dictionnaire des anarchistes, « Le Maitron » : notice biographique.
- Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social : notice biographique.
- René Bianco, 100 ans de presse anarchiste : notice bibliographique.
- Dictionnaire international des militants anarchistes : notice biographique.
- L'Éphéméride anarchiste : notice biographique.
Articles connexes
Liens externes
Notes et références
- Archives de Paris en ligne, acte de naissance n°1278 du 09/03/1886, avec mention du décès, vue 23
- Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social : notice biographique
- Revue des deux Mondes, 1913, p.87
- Le Figaro, 57e année, 3e série, n°291, mercredi 18 octobre 1911, texte intégral.
- Dictionnaire international des militants anarchistes : notice biographique.
- René Bianco, 100 ans de presse anarchiste : notice bibliographique.
- L'Éphéméride anarchiste : notice biographique
- Dictionnaire des anarchistes, « Le Maitron » : notice biographique.
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