Émile Borel

Émile Borel, né à Saint-Affrique le et mort à Paris le , est un mathématicien français, professeur à la Faculté des sciences de Paris. Il était spécialiste de la théorie des fonctions et des probabilités, membre de l'Académie des sciences, ainsi qu'un homme politique français, député et ministre. Ses actions pour la Société des Nations et au sein de son Comité fédéral de Coopération européenne font de lui un des précurseurs de l'idée européenne.

Pour les articles homonymes, voir Borel.

Émile Borel
Émile Borel (1932)
Naissance
Saint-Affrique (Aveyron)
Décès
Paris
Nationalité  Français
Domaines théorie des fonctions et des probabilités
Institutions Faculté des sciences de Paris
Formation École normale supérieure
Directeur de thèse Gaston Darboux
Étudiants en thèse Robert Deltheil, Henri Lebesgue, Paul Montel, Georges Valiron
Renommé pour Théorie de la mesure, Théorie des probabilités
Distinctions Médaille d'or du CNRS

Émile Borel
Fonctions
Ministre de la Marine
Président du Conseil Paul Painlevé
Gouvernement Painlevé II
Prédécesseur Jacques-Louis Dumesnil
Successeur Georges Leygues
Député de l'Aveyron
Gouvernement IIIe République
Groupe politique rad. (1924-1928)
IDG (1928-1932)
PRS (1932-1936)
Maire de Saint-Affrique
Biographie
Conjoint Camille Marbo
Résidence Aveyron

Biographie

Famille, enfance et études

Félix Édouard Justin Émile Borel est le fils d'un pasteur protestant.

Il est reçu à la fois premier à l'École polytechnique et à l'École normale supérieure, qu'il choisit. Il est également reçu premier à l'agrégation de mathématiques en 1892[1]. Refusant les offres des industriels, il se consacre à la recherche. Émile Borel est nommé maître de conférences à la Faculté des sciences de Lille en 1893.

Début de carrière

Il est président de la Société mathématique de France en 1905, et en 1906 il crée avec sa femme Camille Marbo La Revue du mois, journal scientifique et littéraire. Il obtient la chaire de Théorie des fonctions à la Faculté des sciences de Paris en 1909, puis la chaire de Probabilités et physique mathématique, succédant à Joseph Boussinesq, en 1921. Il est par ailleurs directeur adjoint de l'École normale supérieure de la Rue d'Ulm, de 1910 à 1920.

Première Guerre mondiale, politique et responsabilités universitaires

Engagé volontaire en 1914, il commande une batterie d'artillerie. Son neveu et fils adoptif, le physicien Fernand Lebeau, est tué au front en 1915. Émile Borel a un rôle politique actif : alors sur le front et rappelé par son ami Paul Painlevé, il devient secrétaire général de la présidence du Conseil. Il est député radical et radical-socialiste, puis indépendant de gauche, puis enfin républicain-socialiste de l'Aveyron de 1924 à 1936, et ministre de la Marine du au . A noter qu'il est devenu député en 1924 en battant le général Édouard de Castelnau, député sortant.

Il est vice-président puis secrétaire général à partir de 1927 de l'Entente internationale des partis radicaux et démocratiques, une organisation internationale fondée en 1924, dans le contexte de l'arrivée au pouvoir du Cartel des gauches. Elle est présidée par Fernand Bouisson puis à partir de 1927 par le Danois Ivar Berendsen. Les Français y jouent un rôle majeur. Ils sont membres du parti radical mais aussi des républicains-socialistes et des socialistes indépendants ; ils sont tous partisans de « l'esprit de Genève », de la politique étrangère favorable à la Société des nations (SDN). L'activité de l'Entente se traduit par des réunions annuelles, un congrès et une réunion du comité directeur. L'Entente a une section française, le comité français de coopération démocratique internationale, présidé par Bouisson puis par Borel[2],[3].

Membre du Conseil de l'Université depuis 1920, Émile Borel en devient vice-président. C'est également à lui qu'on doit la création en 1922 de l'Institut de statistique de l'université de Paris (ISUP), la plus ancienne école de statistique en France. Il est par ailleurs en 1923-1924 président de la Confédération des travailleurs intellectuels (CTI). Émile Borel crée en 1928, avec le soutien financier des Rockefeller et des Rothschild, le Centre mathématique qu'il nomme Institut Henri-Poincaré (où se trouve maintenant le Centre Émile Borel), et qu'il dirige pendant trente ans.

Borel fait adopter par le Parlement l'institution du Sou des laboratoires destiné à les équiper, et prélevé sur les bénéfices industriels, en même temps que la taxe d’apprentissage.

Émile Borel est membre de l'Académie des sciences, élu en 1921, vice-président en 1933, puis président en 1934.

En 1936, avec Jean Perrin et Jean Zay, il participe à la création de l'organisation d'État de la Recherche, devenue ensuite le CNRS.

Il est aussi professeur extraordinaire à l'université de Rome, ainsi que membre de l'Académie roumaine.

Seconde Guerre mondiale

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est arrêté et emprisonné à Fresnes pendant un mois, en 1941, mais sitôt libéré, il reprend la lutte dans la Résistance[4].

Fin de vie

À partir de 1945, Émile Borel est membre du conseil de l'ordre de la Légion d'honneur.

Il est élu membre du Bureau des longitudes en 1946.

En 1948, il devient président du comité des sciences de l'UNESCO. De 1909 à sa mort, il dirige la «Nouvelle collection scientifique» éditée chez Félix Alcan puis aux PUF. Il meurt à Paris en 1956.

Famille

Sa femme, née Marguerite Appell, écrivain connue sous le nom de plume Camille Marbo, reçoit le Prix Femina en 1913 ; elle est la fille du mathématicien Paul Appell et la sœur du député Pierre Appell.

Travaux

Avec René Baire et Henri-Léon Lebesgue, il est parmi les pionniers de la théorie de la mesure et de son application à la théorie des probabilités. Le concept de tribu borélienne est nommé en son honneur. Dans l'un de ses livres sur les probabilités, il présente l'amusante expérience de pensée connue sous le nom paradoxe du singe savant ou analogues. Il publie également un certain nombre d'articles de recherche sur la théorie des jeux ainsi qu'un véritable monument sur le jeu de bridge : Théorie mathématique du bridge.

Cas de la loterie

Dans une intervention à l'Académie des Sciences, Émile Borel s'en prend au préjugé consistant à croire irrationnel de prendre un billet de loterie. L'achat du billet ne change pas réellement l'existence de celui qui le prend, explique-t-il, tandis que s'il gagne - bien qu'il ait très peu de chance que cela se produise - cette vie en sera changée du tout au tout. Il ne s'agit au fond que d'une sorte de version en modèle réduit du pari de Pascal, mais insistant sur le fait que l'utilité d'un aléa ne se confond pas en général avec son espérance mathématique.

Au cours de la même séance, il montre qu'il est tout aussi rationnel de payer pour acheter du risque (cas du billet de loterie) que de payer pour en éviter (cas de l'assurance).

Distinctions et hommages

Décorations

Prix

  • Grand Prix des sciences mathématiques, 1898.
  • Prix Poncelet, 1901.
  • Prix Vaillant, 1904.
  • Prix Petit d'Ormoy, 1905.
  • Prix Osiris, 1954.
  • 1re Médaille d'or du CNRS[6] pour l'ensemble de son œuvre.

Nomenclature borélienne

Émile Borel laisse son nom aux concepts mathématiques suivants :

Portent aussi son nom :

Œuvre écrite

Principaux ouvrages :

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Louis de Broglie, Notice sur la vie et l'œuvre de Émile Borel, Paris, Institut de France, 1957
  • Évelyne Diebolt et Emmanuel Naquet, « Émile Borel », in Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 1 : A-C, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2015, p. 388-389 (ISBN 978-2846211901)
  • Simon Epstein, Les Dreyfusards sous l'Occupation, éd. Albin Michel, 2001.
  • Camille Marbo (pseudonyme littéraire de sa femme Marguerite Borel), À travers deux siècles, souvenirs et rencontres (1883-1967), Paris, Grasset, 1967.
  • « Émile Borel », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960
  • Michel Pinault, Émile Borel, une carrière intellectuelle sous la 3e République, L'Harmattan, 2017, 635 pages. (ISBN 978-2-343-12942-6)
  • Jean Fabre, Émile Borel (1871-1956), un célèbre mathématicien aveyronnais, Études Aveyronnaises 2016, p. 31 à 48 (recueil des travaux de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron (ISSN 1271-6081)).
  • Pierre Guiraldenq, Émile Borel (1871-1956), l'espace et le temps d'une vie sur deux siècles, Librairie Albert Blanchard, 1989 (cf Recension sur la Revue pour l'histoire du CNRS)
  • Jean-Michel Guieu, L'engagement européen d'un grand mathématicien français : Émile Borel et la coopération européenne des années vingt aux années quarante, Bulletin de l'Institut Pierre-Renouvin, 1998, n°5. (Consulter en ligne)
  • Martha Cecilia Bustamante, À l’aube de la théorie des quanta : notes inédites d’Émile Borel sur un cours de Paul Langevin au Collège de France (1912-1913), Brepols, 2019, [présentation en ligne].

Liens externes

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