Émile Poisson

Émile Poisson, né le à Ouidah et décédé le à Vanves, est un homme politique béninois.

Émile Poisson
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Ouidah (Dahomey)
Date de décès
Lieu de décès Vanves (France)
Nationalité béninoise
Parti politique UPD (1946)
BPA (1946-1955)
UDD (1955-?)
Diplômé de École normale William-Ponty
École normale d'Aix-en-Provence
Profession Instituteur
Diplomate
Distinctions Commandeur de l'ordre national de la Légion d'honneur
Chevalier de l'ordre de l'Étoile noire
Officier de l’ordre national du Dahomey
Résidence Bénin, France
Avis pour l'institution Eugène poisson

Au cours de sa carrière, il est instituteur, conseiller général puis sénateur du Dahomey, maire de Ouidah, député à l'Assemblée territoriale du Dahomey, ministre de la Justice, représentant du Dahomey auprès de la CEE et ambassadeur du Dahomey en France.

Biographie

Formation et carrière professionnelle

Émile Poisson est né le à Ouidah au Dahomey. Il fréquente l'École normale William-Ponty à Dakar puis l'École normale d'Aix-en-Provence où il obtient un diplôme d'instituteur[1]. De retour au Dahomey en 1925, il enseigne dans une école publique à Pahou[2], de laquelle il démissionne pour fonder, en 1937, l'institution Eugène poisson à Porto-Novo puis à Ouidah[3],[4],[5].

Carrière politique

Émile Poisson s'engage très tôt en politique. En 1945, il crée un groupe de défense des intérêts des commerçants locaux face aux expatriés français, une action qui lui donne une assise sur le plan politique[5]. Il adhère à l'Union progressiste dahoméenne, premier parti politique de l'histoire du Dahomey[6] ; mais à la suite de divergences[2], il quitte cette dernière et co-fonde avec Justin Ahomadegbé, le Bloc populaire africain (BPA), le [7].

C'est logiquement sous l'étiquette du BPA qu'il se présente aux élections territoriales de 1946-1947. Si le parti nouvellement créé réussit à se classer en deuxième position derrière l'UPD en obtenant six sièges sur les trente disponibles, Émile Poisson échoue à remporter son siège au Conseil général. Un échec effacé par son élection, le , au Conseil de la République[n 1] en récoltant, au premier collège, 7 votes sur 12 exprimés[8]. Au palais du Luxembourg, il s'inscrit au groupe du Mouvement républicain populaire.

Émile Poisson est un sénateur assidu et engagé ; membre de plusieurs commissions entre autres : éducation nationale, France d'outre-mer ainsi que beaux-arts, sports, jeunesse et loisirs, il défend âprement les causes qui lui tiennent à cœur. Si ses combats se tournent bien évidemment vers les territoires d'outre-mer avec ses travaux concernant la cause africaine et notamment l'évolution du statut de la femme noire, ils s'axent également sur la métropole et l'outre-mer combinés avec ses travaux relatifs à l'éducation pour tous et à la question sociale[3].

Il devient le directeur de publication du journal L'Avenir du Dahomey[n 2], créé en , organe officieux du BPA, qui diffuse les idées du parti à travers le pays.

Candidat à sa propre succession de sénateur, Émile Poisson se présente, le , à l’élection du Conseil général et fait face à Albert Marescaux, fonctionnaire en poste au Dahomey, membre du Rassemblement du peuple français. Les deux candidats obtenant le même nombre de suffrages au premier comme au second tour, à savoir six voix chacun pour douze électeurs inscrits, Albert Marescaux est élu au bénéfice de l’âge[n 3]. Mais l’élection est émaillée d'incidents et d'irrégularités divers[9] et Émile Poisson proteste donc contre l'élection de son adversaire. Le , le Conseil de la République prononce l'annulation des opérations électorales et invalide l'élection d'Albert Marescaux[10]. Le , une élection partielle se tient et Émile Poisson est finalement réélu sénateur du Dahomey au premier collège[11].

À l'élection du Conseil de la République du , il ne parvient pas à remporter un troisième mandat[12]. Battu par Émile Derlin Zinsou, il se concentre dès lors sur sa carrière d'élu local.

Il devient maire de Ouidah en 1956 et le demeure jusqu'en 1959[13].

Lors des législatives de 1959, il est tête de liste de l'Union démocratique dahoméenne (UDD) dans la commune de Ouidah[14]. L'UDD remporte ces élections et Émile Poisson gagne sa place à l'Assemblée territoriale. Il siège en tant que député jusqu'à l’organisation des élections législatives anticipées de , à la suite de l'indépendance du Dahomey le .

Fraîchement promu premier ministre à la suite de la démission de Sourou Migan Apithy, Hubert Maga compose son gouvernement et nomme Émile Poisson, le , ministre de la Justice, de la Législation et de la Fonction publique[n 4],[15]. En compagnie de quatre autres ministres, il finit par démissionner de son poste[16] ; il est remplacé par Joseph Keke le [17].

En , il est nommé par Hubert Maga représentant du Dahomey auprès de la CEE à Bruxelles[18]. Une fonction qu'il cumule, à partir du , avec celle d'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Dahomey en France[19]. Il reste ambassadeur jusqu'en mars 1967 lorsque Michel Ahouanmènou le succède[20],[21].

Rentré au Dahomey, Justin Ahomadegbé, membre du Conseil présidentiel[n 5], recourt à ses services en le désignant, le , conseiller technique pour les questions diplomatiques et économiques[22]. Une expérience relativement brève car le suivant, Hubert Maga met un terme à la mission d'Émile Poisson[23].

Le , à l'issue d'un coup d'État, le chef de bataillon Mathieu Kérékou renverse le Conseil présidentiel et prend le pouvoir. Émile Poisson, redevenu entre-temps ambassadeur, se voit démettre de ses fonctions, le , par le nouveau président de la République souhaitant faire table rase de l'administration précédente[24].

Retraite et décès

Arrivé à la retraite, Émile Poisson quitte son pays natal pour s'installer en France ; il y meurt le [13], à Vanves[25].

Distinctions et décorations

Notes et références

Notes

  1. Les membres du Conseil sont nommés « conseillers de la République » jusqu'en 1948 où le terme de « sénateurs » est rétabli.
  2. L'Avenir du Dahomey est un bimensuel tiré à 3 000 exemplaires.
  3. Albert Marescaux, né le 10 juin 1900, est 5 ans plus âgé qu'Émile Poisson.
  4. Sa nomination est actée par le décret no 62/PCM du .
  5. Formé le , le Conseil présidentiel est un triumvirat constitué de Justin Ahomadegbé, de Sourou Migan Apithy et d'Hubert Maga. Chargé du pouvoir exécutif de manière indivise, il est nommé pour six ans, avec une alternance de la présidence tous les 2 ans entre les trois hommes.

Références

  1. Métinhoué 2006, p. 259.
  2. Le Cornec 2000, , p. 34.
  3. « Anciens sénateurs IVème République : Poisson Émile », sur Sénat (consulté le )
  4. « Une nouvelle école », sur Gallica, La Voix du Dahomey, (consulté le )
  5. Houngnikpo et Decalo 2013, , p. 290.
  6. Houngnikpo et Decalo 2013, , p. 351.
  7. Houngnikpo et Decalo 2013, , p. 81.
  8. « Résultats des conseillers de la République », sur Gallica, Le Phare du Dahomey, 1re édition de janvier 1947 (consulté le )
  9. « Examen des pouvoirs », sur Sénat, Journal officiel, (consulté le ), p. 5-6
  10. « Vérification de pouvoirs », sur Sénat, Journal officiel, (consulté le ), p. 4-8
  11. « Élection d'un sénateur », sur Sénat, Journal officiel, (consulté le ), p. 17
  12. « Réunion des Bureaux du mercredi 6 juillet 1955 », sur Sénat, Journal officiel, (consulté le )
  13. Houngnikpo et Decalo 2013, , p. 291.
  14. Glélé 1969, p. 206.
  15. Chronologie internationale : supplément bi-mensuel aux notes et études documentaires, France. Direction de la documentation française, , p. 23
  16. « Décret n° 1960-303 portant acceptation de démissions de ministres », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le )
  17. « Décret N° 1960-304 portant nomination de ministres de gouvernement », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le )
  18. « Décret N° 1962-487 portant nomination de Mr Poisson Émile en qualité de chargé de mission auprès de la Communauté Economique européenne à Bruxelles », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le )
  19. « Décret N° 1964-78 portant nomination et régularisation de Mr Poisson Émile », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le )
  20. « Nomination d'un nouvel ambassadeur du Dahomey à Paris », sur gallica, Combat, (consulté le )
  21. « Décret N° 1967-94 portant nomination de Mr Michel Ahouanmenou à titre personnel ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire auprès la République française », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le )
  22. « Décret N° 1970-143 portant nomination de Mr Émile Poisson en qualité de conseiller technique pour les questions diplomatiques et économiques au cabinet de Mr Justin Ahomadegbé-Tomêtin, membre du Conseil présidentiel », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le )
  23. « Décret N° 1970-245 mettant fin aux fonctions de Mr Émile Poisson », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le )
  24. « Décret N° 1973-119 mettant fin aux fonctions de Monsieur Émile Poisson, ambassadeur itinérant de la République du Dahomey », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le )
  25. Insee, « Extrait de l'acte de décès d'Émile Poisson », sur MatchID

Bibliographie

  • Maurice A. Glélé, Naissance d'un état noir, l'évolution politique et constitutionnelle du Dahomey : de la colonisation à nos jours, Librairie générale de droit et de jurisprudence, , 537 p.
  • Jacques Le Cornec, La calebasse dahoméenne ou les errances du Bénin : du Dahomey au Bénin, t. 1, Éditions L'Harmattan, , 546 p. (ISBN 978-2-7384-8905-0)
  • Pierre Goudjinou Métinhoué, Les ministres du Dahomey et du Bénin : mai 1957 - avril 2006, Bénin, Centre national de production de manuels scolaires, , 1re éd., 371 p. (ISBN 978-9991960388)
  • (en) Mathurin C. Houngnikpo et Samuel Decalo, Historical Dictionary of Benin, Lanham, Toronto, Plymouth, The Scarecrow Press, , 4e éd., 488 p. (ISBN 978-0810871717)

Voir aussi

Articles connexes

Ambassade du Bénin en France

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