Énergie en Irak
Le secteur de l'énergie en Irak est vital pour le pays : le pétrole fournit en 2016 la moitié du PIB irakien et 90 % des recettes publiques.
Énergie en Irak | |
Tankers au terminal pétrolier de Bassorah sur le golfe persique en 2004. | |
Bilan énergétique (2018) | |
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Offre d'énergie primaire (TPES) | 64,4 M tep (2 695,5 PJ) |
par agent énergétique | pétrole : 76,1 % gaz naturel : 20,7 % électricité : 3,2 % bois : 0,1 % |
Énergies renouvelables | 0,3 % |
Consommation totale (TFC) | 22 M tep (922,5 PJ) |
par habitant | 0,6 tep/hab. (24 GJ/hab.) |
par secteur | ménages : 24,5 % industrie : 19,3 % transports : 51,1 % services : 1 % |
Électricité (2018) | |
Production | 82,51 TWh |
par filière | thermique : 97,7 % hydro : 2,2 % autres : 0,1 % |
Combustibles (2018 - Mtep) | |
Production | pétrole : 231,6 gaz naturel : 9,6 bois : 0,05 |
Commerce extérieur (2018 - Mtep) | |
Importations | électricité : 1,87 pétrole : 14,3 gaz naturel : 3,7 |
Exportations | pétrole : 195,4 |
Sources | |
Agence internationale de l'énergie[1],[s 1] NB : dans le bilan énergétique, l'agent "bois" comprend l'ensemble biomasse-déchets. |
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Les réserves prouvées de pétrole de l'Irak sont classées en 2019 au 5e rang mondial avec 8,4 % du total mondial. Dix ans après le renversement de Saddam Hussein, la production a dépassé en 2016 son record historique de 1990 ; en 2019, elle se classe au 5e rang mondial avec 5,2 % de la production mondiale. Ses exportations ont dépassé en 2016 leur niveau atteint avant l'invasion du Koweït en 1991 ; en 2019, elles se classent au 3e rang mondial avec 9 % du total mondial, derrière l'Arabie Saoudite et la Russie.
Les réserves de gaz naturel de l'Irak sont plus modestes : elles se classent au 12e rang mondial avec 1,8 % du total mondial. La production progresse, mais ne représente encore que 0,3 % de la production mondiale ; elle couvre 54 % de la consommation du pays.
Malgré ces progrès, l'Irak souffre encore de graves pénuries d'électricité ; une large part du gaz naturel associé au pétrole extrait des champs pétroliers supergéants du sud est encore torché et les centrales utilisent encore massivement le pétrole brut comme combustible : 48 % de la production d'électricité en 2018 (62 % en 2017) contre 49,6 % de gaz naturel et 2,2 % d'hydroélectricité. De plus, 21 % des besoins d'électricité ont été importés d'Iran et de Turquie. L'électricité couvre 16,4 % de la consommation finale d'énergie, taux probablement sous-estimé du fait des vols d'électricité.
Les émissions de CO2 par habitant de l'Irak était en 2018 inférieures de 10 % à la moyenne mondiale et de 44 % à celles de l'Iran.
Ressources en énergie primaire
La production d'énergie primaire de l'Irak en 2018 (241,4 Mtep) se répartissait en 96 % de pétrole, 4 % de gaz naturel et 0,06 % d'hydroélectricité[1].
Pétrole
Le pétrole fournit en 2016 la moitié du PIB de l'Irak et 90 % des recettes publiques[2].
Classements internationaux
Dans les classements de l'Agence internationale de l'énergie, l'Irak apparait comme :
- 5e producteur mondial de pétrole avec 234 Mt (millions de tonnes) en 2019, soit 5,3 % du total mondial ; le no 1, les États-Unis, a produit 742 Mt, suivi par la Russie : 560 Mt et l'Arabie saoudite : 546 Mt[s 2] ;
- 3e exportateur mondial de pétrole avec 190 Mt en 2018, soit 9,1 % du total mondial, derrière l'Arabie saoudite : 368 Mt et la Russie : 260 Mt[s 2] ;
- 4e producteur mondial d'électricité à base de pétrole en 2018 avec 40 TWh, soit 5,1 % du total mondial, derrière l'Arabie saoudite (160 TWh), le Japon (52 TWh) et les États-Unis (43 TWh)[s 3].
L'Irak était en 2015 le second producteur de brut de l'OPEP après l'Arabie saoudite et ses réserves prouvées sont au 5e rang mondial[3].
Réserves de pétrole
Les réserves prouvées de pétrole[n 1] de l'Irak étaient estimées par BP à 19,6 milliards de tonnes fin 2019 (145 milliards de barils), soit 83 années de production au rythme de 2019. Ces réserves classaient l'Irak au 5e rang mondial avec 8,4 % du total mondial[b 1].
Les gisements irakiens sont tous terrestres (onshore), situés dans la région chiite du sud et dans la région kurde du nord ; la minorité sunnite n'a que peu de ressources pétrolières ; cinq gisements « supergéants » (> 5 milliards de barils), situés au sud, totalisent 60 % des réserves prouvés du pays, et 17 % sont dans le nord, près de Kirkouk, Mossoul et Khanaqin ; les plus grands gisements, ceux du sud, ont des coûts d'extraction assez bas grâce à leur géologie peu compliquée, à leur taille « supergéante », à la faible densité de population, à l'absence de relief et à la proximité des ports côtiers[3].
Le gisement pétrolier de Kirkouk, situé près de Kirkouk dans le Kurdistan irakien, découvert le , a été le plus grand gisement mondial jusqu'à la découverte de Ghawar en Arabie saoudite en 1948. Sa notoriété historique provient aussi du « feu éternel » situé au centre du gisement, à Baba Gurgur, déjà décrit en leur temps par Hérodote et Plutarque.
Le gisement de Rumaila, situé à la frontière du Koweït, est l'un des principaux gisements irakiens. Son caractère transfrontalier a été à l'origine de contestations : l'Irak accusa le Koweït de forer dans ses réserves, ce qui fut l'une des causes de la deuxième guerre du Golfe.
Production de pétrole
En 2019, l'Irak a produit 234,2 Mt (millions de tonnes) de pétrole, soit 4,78 Mb/j (millions de barils par jour), en progression de 3,2 % en 2019 et de 96 % depuis 2009. Il se classe au 5e rang mondial avec 5,2 % de la production mondiale[b 2].
Dix ans après le renversement de Saddam Hussein, la production a dépassé son record historique de 1990 grâce aux prospections de firmes occidentales, russes et asiatiques dans le Sud. Elle a atteint 4,4 Mb/j (millions de barils par jour) en moyenne en 2016, au quatrième rang mondial derrière les États-Unis, la Russie et l'Arabie saoudite, avec des exportations records de 4,1 Mb/j en , alors que la production ne dépassait pas 1,5 Mb/j avant l'invasion de 2003 et même 3,5 Mb/j avant l'invasion du Koweït en 1991[2].
L'Irak re-développe ses ressources pétrolières après des années de sanctions et de guerres : la production de brut a progressé de 2,6 Mb/j en 2011 à près de 4,1 Mb/j en 2015, dont 3,6 Mb/j dans le sud et 0,45 Mb/j au Kurdistan, sous le contrôle du gouvernement semi-autonome kurde. La progression la plus forte a été acquise en 2015 : +0,7 Mb/j[3].
L'État islamique a conquis en avril 2014 plusieurs petits champs pétroliers dans le nord, dont ceux d'Ajeel, Hamrin, Qayara, Balad, Ain Zalah, Batma et Najma, mais a perdu le contrôle de plusieurs de ces champs à la suite des frappes aériennes américaines à partir d', en particulier celui d'Ajeel (28 000 b/j) qui a été brièvement l'une des principales ressources de Daesh, mais a été bombardé en [3].
Le gouvernement irakien, qui entend pratiquement doubler la production d'ici à 2027, à 8 millions de barils, signe le 5 septembre 2021 avec TotalEnergies une série de contrats dans le secteur de l'énergie : TotalEnergies prévoit d'investir au total quelque 10 milliards de dollars pour la construction d'une centrale électrique photovoltaïque d'un gigawatt, d'une usine de traitement de l'eau de mer qui sera injectée dans les puits de pétrole afin de maintenir la pression dans le sous-sol et faciliter l'extraction, d'équipements de récupération du gaz qui est associé à la production de trois champs pétroliers, le traiter et l'acheminer afin d'alimenter les centrales électriques du sud du pays, permettant de produire trois gigawatts, et d'optimiser le rendement d'un champ pétrolier et gazier en construisant de nouvelles capacités[4].
Consommation de pétrole
En 2019, l'Irak a consommé 1,49 EJ (exajoules) de pétrole, soit 0,72 Mb/j (millions de barils par jour), en progression de 1,7 % en 2019 et de 37 % depuis 2009. Il représente 0,8 % de la consommation mondiale. Sa consommation absorbe seulement 15 % de sa production[b 3].
Exportations de pétrole
En 2019, l'Irak a exporté 200,8 Mt (millions de tonnes) de pétrole brut et 11,0 Mt de produits pétroliers. Il se classe au 3e rang mondial des exportateurs de brut avec 9 % du total mondial, derrière l'Arabie saoudite et la Russie. Ses exportations de brut sont destinées surtout à l'Europe pour 27,6 %, à la Chine pour 25,8 %, à l'Inde pour 24,5 %, aux États-Unis pour 8,2 %[b 4].
En 2018, l'Irak a exporté 189,7 Mt de pétrole brut, soit 84,5 % de sa production[5].
Les exportations se font surtout par les ports de Bassorah et Khor al-Amaya sur le Golfe persique, dont les capacités ont été accrues en 2015 et 2016. La plupart des oléoducs du nord ont été endommagés par le conflit en cours, en particulier l'oléoduc Kirkouk-Ceyhan qui a cessé de fonctionner en ; le gouvernement du Kurdistan et ses partenaires internationaux ont installé deux oléoducs raccordés à l'oléoduc Kirkouk-Ceyhan pour exporter vers la Turquie[3].
L'agence étatique State Oil Marketing Organization, rattachée au Ministère du pétrole de l'Irak, est chargé de la commercialisation du pétrole irakien.
Trois oléoducs se sont succédé pour l'acheminement du pétrole irakien vers l'Occident :
- L'oléoduc de Mossoul à Haïfa a fonctionné de 1935 à 1948.
- L'oléoduc Kirkouk-Baniyas, reliant sur 800 kilomètres le gisement pétrolier de Kirkouk au port de Baniyas en Syrie, a été ouvert en 1952 ; il a été fermé en 1976 à la suite d'un désaccord sur le tarif du transit entre les régimes baasistes d'Irak et de Syrie[6]. Rouvert entre 1978 et 1981, puis de nouveau fermé pendant la guerre Iran-Irak et encore rouvert après 1990 pour la consommation syrienne, il est mis hors service par les bombardements américains en 2003 pendant la guerre d'Irak. En , l'Irak et la Syrie s'entendent pour le reconstruire avec l'aide d'une filiale du groupe russe Gazprom, mais ce contrat est annulé en 2009.
- L'oléoduc Kirkouk-Ceyhan relie sur 970 km Kirkouk à Ceyhan en Turquie. Il a été mis en service en 1977 pour remplacer l'oléoduc Kirkouk-Baniyas[6].
Raffineries
La capacité nominale des raffineries irakiennes dépasse 1 Mb/j, mais nombre d'entre elles ont une capacité réduite par les dégâts de la guerre ou par manque d'entretien ; depuis l'attaque de l'État islamique en , qui a gravement endommagé la raffinerie de Baïji, la plus grande du pays avec une capacité nominale de 310 000 b/j, la capacité effective totale est inférieure à 600 000 b/j. La plupart des seize raffineries irakiennes ont une capacité inférieure ou égale à 30 000 b/j ; les plus grandes, après la raffinerie de Baïji, sont celles de Daura (210 000 b/j de capacité nominale, 140 000 b/j de capacité effective), celle de Bassorah (210 000 b/j de capacité nominale, 135 000 b/j de capacité effective) et celle de Kalak près d'Erbil dans le Kurdistan (80 000 b/j, projet d'extension de (95 000 b/j pour 2018)[3].
Organisation du secteur
Le secteur pétrolier a longtemps été contrôlé par l'Iraq Petroleum Company (IPC), compagnie pétrolière fondée en 1927, réunissant cinq majors occidentales : Royal Dutch Shell, British Petroleum (BP), Mobil, Esso (ExxonMobil) et la Compagnie française des pétroles (CFP), ancêtre de Total, sous la présidence de Calouste Sarkis Gulbenkian, jusqu'à sa nationalisation en 1971[7].
L'Iraq National Oil Company (INOC) est la compagnie pétrolière nationale d'Irak, créée en 1966 par le gouvernement irakien. Ses activités comprennent l'exploration, la production et le transport ; le raffinage et la distribution du pétrole étant administrés indépendamment.
Le Ministère du pétrole à Bagdad supervise le secteur pétrolier et gazier dans tout le pays sauf le territoire kurde, à travers ses entités opérationnelles : North Oil Company (NOC), Midland Oil Company (MDOC), South Oil Company (SOC) et Missan Oil Company (MOC). Dans le Kurdistan irakien, le Ministère des ressources naturelles du Gouvernement régional du Kurdistan supervise le secteur. Les groupes pétroliers internationaux sont très actifs dans l'ensemble du pays, dans le cadre de contrats de service technique signés avec le Ministère du pétrole de Bagdad ou d'accords de partage de production avec le Gouvernement régional du Kurdistan[3].
Réserves de gaz naturel
Les réserves prouvées de gaz naturel de l'Irak étaient estimées par BP à 3 500 milliards de m3 fin 2019 (125,1 trillions US de pieds cubes), soit 329 années de production au rythme de 2009. Ces réserves classaient l'Irak au 12e rang mondial avec 1,8 % du total mondial[b 5].
Les trois quarts des réserves de gaz naturel de l'Irak sont associées au pétrole, la plupart étant situées dans les gisements supergéants du sud[3].
Production de gaz naturel
En 2019, l'Irak a produit 10,8 milliards de m3 de gaz naturel, soit 0,39 EJ (exajoules), en progression de 1,9 % en 2019 et de 57 % depuis 2009. Ceci représentait seulement 0,3 % de la production mondiale[b 6].
Consommation de gaz naturel
En 2019, l'Irak a consommé 19,9 milliards de m3 de gaz naturel, soit 0,72 EJ (exajoules), en hausse de 36 % en 2019 et de 188 % depuis 2009. Il représente seulement 0,5 % de la consommation mondiale. Sa production couvre 54 % de sa consommation[b 7].
En 2014, l'Irak était le 4e pays au monde pour le torchage de gaz naturel, après la Russie, l'Iran et le Venezuela ; la cause en est le manque d'infrastructures pour transporter et stocker ce gaz pour son utilisation ou son exportation. Le gaz qui n'est pas torché est surtout utilisé pour réinjection dans les gisements en vue d'accroître leur taux de récupération ; la consommation de gaz concerne surtout la production d'électricité. Afin de réduire le torchage, la compagnie d'État South Gas Company a conclu un accord avec Shell et Mitsubishi pour créer une coentreprise, Basrah Gas Company, dédiée à la capture du gaz torché dans les trois grands gisements du sud : Rumaila, West Qurna 1 et Zubair ; l'objectif est d'atteindre en 2018 une capacité de traitement de gaz de 2 milliards de pieds cube ; à plus long terme, la construction d'un terminal méthanier permettrait d'exporter le gaz en excès lorsque les besoins d'électricité seront satisfaits[3].
Exportations et importations de gaz naturel
Le projet de Gazoduc Iran-Irak-Syrie (5 600 km de longueur) était prévu pour acheminer le gaz du champ gazier iranien-qatari North Dome (South Pars) vers la Syrie, où il irait ensuite approvisionner les clients européens.
Le projet de Gazoduc Qatar-Turquie le concurrençait.
L'Irak a signé un agrément avec l'Iran en afin d'en recevoir du gaz naturel destiné à alimenter les centrales électriques de Bagdad et de Diyala[3].
Consommation d'énergie primaire
En 2018, en Irak, la consommation d'énergie primaire par habitant a été de 1,68 tep (tonne équivalent pétrole), inférieure de 11 % à la moyenne mondiale (1,88 tep) et de 48 % à la consommation moyenne iranienne (3,25 tep)[s 1].
La consommation d'énergie primaire s'élevait en 2018 à 64,4 Mtep ; elle a progressé de 221 % entre 1990 et 2018. Elle se répartissait en 2018 entre le pétrole : 76 %, le gaz naturel : 21 %, l'hydroélectricité : 0,2 %, la biomasse : 0,1 % et les importations d'électricité : 2,9 %[1].
Consommation finale d'énergie
La consommation finale d'énergie s'élevait en 2018 à 20,27 Mtep, dont 77,5 % de produits pétroliers, 6,0 % de gaz naturel et 16,4 % d'électricité ; sa répartition par secteur était dominée par les transports : 49,9 %, suivis par le secteur résidentiel : 23,9 %, le secteur industriel : 18,8 %, les usages non-énergétiques (chimie) : 2,3 % et le secteur tertiaire : 0,9 %[1].
Secteur électrique
Production d'électricité
En 2019, selon les estimations de BP, l'Irak a produit 131,5 TWh d'électricité, en hausse de 32 % en 2019 et de 218 % depuis 2009, soit 0,5 % de la production mondiale, loin derrière l'Iran (1,2 %) et l'Arabie saoudite (1,3 %)[b 8].
L'Irak a produit 82,5 TWh d'électricité en 2018, dont 48,1 % à partir du pétrole, 49,6 % à partir du gaz naturel, 2,2 % d'hydroélectricité et 0,07 % de solaire. Sa production d'électricité a progressé de 244 % entre 1990 et 2018. Cette production ne couvre que 79 % des besoins, les 21 % restant sont importés[8].
Après la guerre d'Irak, de 2003 à 2011, des coupures de courant durant 16 à 22 heures par jour étaient courantes ; les coupures restent fréquentes en dehors du Kurdistan, surtout en été, mais elles se sont atténuées grâce à l'accroissement des capacités du parc irakien et de celles des générateurs hors réseau, ainsi que des importations d'électricité depuis l'Iran et des centrales électriques sur barges installées dans le golfe persique par la Turquie. selon le Middle East Economic Survey, la puissance installée de l'Irak (régions contrôlées par Bagdad) est passée de 7 GW en 2012 à 9,3 GW à la fin de 2014, pour l'essentiel grâce à l'installation de turbines achetées en 2008 mais restées stockées pendant plusieurs années ; ces 74 turbines totalisant 10,2 GW ont tardé à être installées à cause de difficultés budgétaires, contractuelles et politiques. Le Ministère de l'électricité a autorisé les compagnies pétrolières internationales à construites de petites centrales pour alimenter leurs installations pétrolières et gazières[3].
L'Irak brûle directement du pétrole brut dans des centrales électriques pour faire face à ses contraintes d'approvisionnement en combustibles. Cette consommation de pétrole s'est accrue en 2015, atteignant 223 000 b/j durant la saison chaude (juillet-septembre), en hausse de 71 000 b/j par rapport à la même période de 2014[3].
Centrales thermiques
En , la centrale de Najibiya nouvellement réhabilitée a été mise en service à Bassorah ; sa puissance passe de 90 à 500 MW. depuis , du gaz naturel associé au pétrole du champ supergéant de Majnoon est envoyé aux installations de Bassorah pour produire 300 MW ; ce projet fait partie d'un plan visant à capturer le gaz associé, jusqu'ici torché dans les gisements supergéants du sud[3].
L'Irak a conclu deux accords avec l'Iran pour importer du gaz iranien destiné aux centrales électriques : le premier accord, signé en , prévoit des livraisons de 0,8 Mb/j pour trois centrales dans les provinces de Diyala et Bagdad ; ce gaz devrait atteindre en 2016 la centrale de Mansuriya dans la province de Diyala. Le second accord, signé avec l'Iran en , prévoit la livraison pendant six ans de 0,7 Mb/j de gaz en hiver et 1,2 Mb/j en été pour les centrales de la province de Bassorah ; mais les difficultés financières de l'Irak vont retarder ce projet[3].
Hydroélectricité
Les centrales hydroélectriques irakiennes totalisent une puissance installée de 2 753 MW fin 2017, dont 240 MW de pompage-turbinage ; elles ont produit 4,58 TWh en 2017[9]. Ce sont, pour la plupart, des aménagements à buts multiples : irrigation, alimentation en eau potable, électricité.
- Vue aérienne du Barrage de Mossoul, 2014.
- Photo satellite du Barrage de Haditha, 2015.
- Barrage de Dokan, 2011.
- Barrage de Derbendikhan, 2003.
Principales centrales hydroélectriques en Irak :
Nom | Localité | Province | Cours d'eau | Puissance (MW) | Construction | Notes |
---|---|---|---|---|---|---|
Barrage de Mossoul | 40 km au nord-ouest de Mossoul | Ninive | Tigre | 1062[n 2] | 1981-86 | [10] |
Barrage de Haditha | Haditha | Al-Anbar | Euphrate | 660 | 1977-87 | [11] |
Barrage de Dokan | As-Sulaymaniya, Kurdistan irakien | Petit Zab, affluent du Tigre | 400 | 1954-75 | [11],[12] | |
Barrage de Derbendikhan | As-Sulaymaniya, Kurdistan irakien | Diyala, affluent du Tigre | 249 | 1956-61 | [12] |
Le , l'État islamique a pris possession du barrage. Le , les Peshmerga kurdes en ont repris le contrôle après plusieurs jours de combats lors de la bataille du barrage de Mossoul[13].
Le barrage de Mossoul présente des risques d'effondrement à cause de défauts de construction : il a été bâti sur une fondation de gypse hydrosoluble; sa maintenance est déficiente depuis l'occupation de Mossoul par l'État islamique, car le personnel s'est enfui[3].
Le barrage de Bakhma (ou Bekhme) a été en construction sur le Grand Zab, affluent du Tigre, de 1988 à 1980, à 60 km au nord-est d'Erbil, capitale du Kurdistan irakien ; sa puissance initialement envisagée était de 1 500 MW ; les travaux ont été arrêtés par la Guerre du Golfe ; après la guerre, le gouvernement du Kurdistan a manifesté son intention de terminer sa construction, mais le gouvernement irakien s'y est opposé à cause des risques de pénuries d'eau qui auraient pu en découler en aval, dans le sud de l'Irak[14].
Importations d'électricité
En 2018, les importations ont atteint 21,8 TWh, soit 21 % de l'approvisionnement en électricité du pays, la production en couvrant seulement 79 %[8].
L'Irak est en 2018 le 5e importateur mondial d'électricité avec 5,9 % des importations mondiales[s 4].
En 2013, plus de 9 TWh ont été importés, en provenance d'Iran et de Turquie[3].
Consommation d'électricité
La consommation d'électricité atteignait 43,05 TWh en 2018, soit seulement 41,3 % de l'approvisionnement brut (production + importation) ; en effet, les pertes dans le réseau s'élèvent à 55,5 TWh, soit 53,2 %[n 3] de l'électricité injectée dans le réseau[8].
De 2005 à 2013, les pertes ont représenté en moyenne 38 % de l'approvisionnement. Le système irakien de distribution d'électricité, en dehors du Kurdistan, s'est fortement détérioré à cause de défauts de conception, du manque de maintenance et des vols d'électricité. La demande en pointe d'été dépasse en général de 50 % la production, causant des pénuries et coupures de courant, en particulier dans le sud ; les entreprises et les ménages doivent se reposer sur de coûteux générateurs diesel de secours, ceux de Bagdad totalisant à eux seuls 1 000 MW[3].
La consommation d'électricité par habitant en Irak a été en 2018 de 1 270 kWh, soit 39 % de la moyenne mondiale (3 260 kWh) et 38 % de la consommation moyenne iranienne (3 341 kWh)[s 1].
Impact environnemental
Les émissions de CO2 par habitant en Irak ont été en 2018 de 3,99 tonnes, inférieures de 10 % à la moyenne mondiale (4,42 tonnes) et de 44 % à la moyenne iranienne (7,09 tonnes)[s 1].
Notes et références
Notes
- y compris condensats et liquides de gaz naturel.
- 750 MW plus 250 MW pompage-turbinage + centrale de 62 MW en aval.
- Un tel niveau de pertes en ligne ne peut s'expliquer que par un taux élevé de vols d'électricité, les pertes étant calculées par différence entre l'électricité injectée dans le réseau et le total des relevés de compteur des consommateurs.
Références
- (en) Agence internationale de l'énergie (AIE - en anglais : International Energy Agency - IEA), Key World Energy Statistics 2020, , [PDF].
- p. 60-69
- p. 13
- p. 31
- p. 33
- (en) BP Statistical Review of World Energy 2020 - 69th edition, BP, [PDF] et Statistical Review of world energy - all data, (séries plus longues : 1965-2019) [xls].
- p. 14
- p. 16-17
- p. 21-22
- p. 30
- p. 32
- p. 34-35
- p. 36-37
- p. 59
- Autres références
- (en)Data and statistics - Iraq : Balances 2018, Agence internationale de l'énergie, 12 septembre 2020.
- Dix ans après Saddam, l’Irak redevient un géant du pétrole, 29 décembre 2016.
- (en)Country analysis : Iraq, U.S. Energy Information Administration, 28 avril 2016.
- Pourquoi Total mise 10 milliards sur l'Irak, Les Échos, 7 septembre 2021.
- (en)Data and statistics - Iraq : Oil 2018, Agence internationale de l’énergie, 12 septembre 2020.
- "La presse dénonce la mise en service de l'oléoduc Irak-Turquie", Le Monde, 11 juin 1977
- « Iraq - The Turkish Petroleum Company », sur countrystudies.us (consulté le )
- (en)Data and statistics : Iraq Electricity 2018, Agence internationale de l'énergie, 12 septembre 2020.
- (en) [PDF] 2018 Hydropower Status Report (Rapport 2018 sur l'état de l'hydroélectricité), Association internationale de l'hydroélectricité (IHA), 25 mai 2018.
- Irak : pourquoi le barrage de Mossoul est un enjeu stratégique, Libération, 18 août 2014.
- (en)Hydroelectric Power Plants in Iraq, Industcards.
- (en)Dokan And Derbandikhan Emergency Hydro Power Project, Banque mondiale, 2006.
- En Irak, le barrage de Mossoul finalement repris aux djihadistes, Le Monde, 19 août 2014.
- (en) Berevan Kehreman, Bekhme Dam, Envirozan, 15 février 2006.