Épigraphie

L’épigraphie est l’étude des inscriptions réalisées sur des matières non putrescibles telles que la pierre (on parle alors d’« inscriptions lapidaires »), l’argile ou le métal[1]. Cette science a pour objectif de les dater, de les replacer dans leur contexte culturel, de les traduire et de déterminer les informations qui peuvent en être déduites.

Ne doit pas être confondu avec Paléographie.

Terminologie

La personne qui pratique cette science est un « épigraphiste ».

Des médailles, des monuments ou des bas-reliefs anépigraphes ne portent pas d’inscription ou de titre.

L’étude des écritures manuscrites anciennes, généralement réalisées à l’encre, relève d’un domaine distinct appelé « paléographie ».

Champ d'application

L’épigraphie est un outil primordial de l’archéologie lorsqu’il s’agit de cultures lettrées. Cette science est particulièrement importante pour l’histoire de l’Antiquité, le corpus d’inscriptions gravées étant très important par rapport à ce que nous apportent les sources littéraires.

Histoire de l'épigraphie

L’épigraphie n’a cessé de se développer depuis le Moyen Âge. Au XVIe siècle, inscriptions et monnaies sont considérées ensemble comme des documents de l’Antiquité : ainsi dans l’œuvre d'Antonio Agustín, Dialogos de medallas, inscriciones y otras antiguedades, publiée en espagnol après sa mort en 1587, rapidement traduite en italien et en latin. Le XVIIe siècle, qui voit surtout l'essor de la numismatique, s'ouvre avec la publication du corpus de Gruter (1603). Se développe le goût de l'inscription livresque. Quant aux manuels d'épigraphie, qui font alors leur apparition, ils ont pour objet d'offrir des modèles en vue de la rédaction d'inscriptions modernes : ainsi l'œuvre d'Ottavio Boldoni intitulée Epigraphica sive elogia inscriptionesque etc., publiée à Pérouse en 1660. Au XVIIIe siècle, l’idée de composer un traité d’épigraphie est déjà dans l’air avec Scipione Maffei, qui, par ailleurs, crée le musée lapidaire de Vérone ; les premières réalisations sont l'œuvre de Francesco Antonio Zaccaria (1770) et de Gaetano Buganza (1779). Mais l'ouvrage contemporain de Stefano Antonio Morcelli, De stilo inscriptionum latinarum (1781) était plus qu'un manuel. Au XIXe siècle, l’enseignement de l’épigraphie entre dans les programmes universitaires ; en Italie, l’épigraphie constitue une section des premiers manuels d’archéologie. Un Handbuch der römischen Epigraphik est publié au milieu du siècle par Karl Zell, professeur à Heidelberg . À la fin du siècle, la publication du Corpus Inscriptionum Latinarum (à partir de 1863) et les recherches archéologiques françaises en Afrique du Nord stimulent les progrès de l’épigraphie comme discipline. René Cagnat, fondateur de L'Année épigraphique, publie, à partir de 1886, son cours d’épigraphie, dont nous utilisons toujours la 4e et dernière édition (1914)[2].

Voici quelques épigraphistes célèbres : Dhul-Nun al-Misri (786-859), Abou al-Hassan al-Hamadani († 945), Ibn Wahshiyya (Xe siècle), Shen Kuo (1031-1095), Georg Fabricius (1516-1571), Gaspare Luigi Oderico (1725-1803), Jean-Antoine Letronne (1787-1848), August Wilhelm Zumpt (1815-1877), Theodor Mommsen (1817-1903), Emil Hübner (1834-1901), René Cagnat (1852-1937), Franz Cumont (1868-1947), Louis Robert (1904-1985) et Christian Habicht (1926-2018).

Inscriptions célèbres

Afrique

Amérique

Asie

6e Édit d’Ashoka sur colonne. Environ 238 av. J.-C., provenant probablement de la colonne de Meerut (Uttar Pradesh).

Europe et Asie mineure

Corpus de textes épigraphiques[3]

Épigraphie grecque

  • Le CIG (Corpus inscriptionum Græcarum), par A. Böckh et B.G. Niebhur, 1825-1858 (Index 1877), devenu les Inscriptiones Græcæ (IG) à partir de 1873.

Épigraphie latine

Épigraphie étrusque

Épigraphie sémitique

  • Corpus Inscriptionum Semiticarum (CIS), Paris, Imprimerie Nationale, 1862-1962.
  • Corpus inscriptionum Semiticarum. Pars II: Inscriptions araméennes, Paris, 1889.
  • Corpus inscriptionum Semiticarum. Ab Academia Inscriptionum et Litterarum humanorum conditura atque digestum, Pars secunda. Tomus I: Inscriptiones aramaicas continens, Fasciculus secundus, Paris, 1893.
  • Corpus inscriptionum Semiticarum. Pars secunda. Tomus I: Inscriptiones aramaicas continens, Fasciculus tertius, Paris, 1902.
  • Corpus inscriptionum Semiticarum. Pars secunda. Tomus III: Inscriptiones Palmyrenae, J.-B. Chabot (ed.), Fasciculus primus, Paris, 1926.
  • Corpus inscriptionum Semiticarum. Pars secunda. Tomus III: Inscriptiones Palmyrenae, Fasciculus secundus, Paris, 1947.
  • Corpus inscriptionum Semiticarum. Pars quarta: Inscriptiones Ḥimyariticas et sabaeas continens, Parisiis, E reipublicae Typographaeo, 1889.
  • Corpus inscriptionum Semiticarum, Pars quinta, Inscriptiones saracenicas continens, Tomus I, fasciculus 1: Inscriptiones safaiticae, Paris, 1951

Notes et références

  1. Hélène d'Almeida-Topor, Michel Sève et Anne-Elisabeth Spica, L'Historien et l'image. De l'illustration à la preuve : actes du Colloque tenu à l'Université de Metz, 11-12 mars 1994, Centre de recherche Histoire et civilisation de l'Université de Metz, , p. 139.
  2. Ida Calabi Limentani, « Linee per una storia del manuale di epigrafia latina (dall’Agustin al Cagnat) », Epigraphica, vol. 58, , p. 9-34.
  3. Les informations de cette section sont issues en très grande partie de l'article de Wikipédia en allemand : Epigraphik.

Voir aussi

Bibliographie

  • René Cagnat, Cours d'épigraphie latine, Douai, 1883 [4e éd. 1914] ; repr. 2002 (ISBN 2-9517759-0-3) ; (en ligne).
  • Jean-Marie Lassère, Manuel d’épigraphie romaine. Paris : Picard, Antiquité-synthèses, 2007, vol., 1167 p. (2e édition revue et mise à jour, 1re édit. en 2005).
  • Pierre-Yves Lambert, La langue gauloise : description linguistique, commentaire d'inscriptions choisies, Paris, Errance, coll. « Hespérides », , 248 p. (ISBN 2-87772-224-4)
  • Bernard Rémy, François Kayser, Initiation à l'épigraphie grecque et latine, Paris, 1999 (ISBN 2-7298-9933-2).

Articles connexes

Liens externes

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