ʚ
Ꞝ (minuscule : ꞝ), appelée ö volapük ou oe volapük, et le symbole ʚ, appelé epsilon fermé, est une lettre additionnelle de l’alphabet latin qui a été utilisée dans quelques ouvrages volapüks et, avec la même valeur, pendant quelques années, dans l’alphabet phonétique international ou encore dans certaines transcriptions phonétiques.
epsilon fermé, ö volapük, oe volapük | |
Graphies | |
---|---|
Capitale | Ꞝ |
Bas de casse | ꞝ, ʚ |
Utilisation | |
Alphabets | alphabet phonétique international (anciennement) |
Phonèmes principaux | [ɞ], [œ] |
Utilisations
Alphabet phonotypique
L’epsilon fermé a été utilisé dans l’alphabet d’Andrew Comstock publié en 1846[1], un alphabet dérivé de l’alphabet phonotypique. Dans cet alphabet, la lettre ‹ Ꞝ ꞝ › est décrite comme une nouvelle lettre, formée de l’epsilon Ɛ, pour représenter la combinaison des sons du e de end et du u de up, tel que dans les mots air, there, hare[2], c’est-à-dire la diphthongue [ɛə].
Volapük
Cette lettre est utilisée par Johann Martin Schleyer, avec les lettres ae ‹ Ꞛ ꞛ › et ue ‹ Ꞟ ꞟ › pour l’écriture du volapük et a été brièvement utilisée — initialement Schleyer utilise le point suscrit de son Weltalfabet[3],[4] pour indiquer l’umlaut avant d’adopter ces lettres, alternativement le tréma est utilisé sur les voyelles comme en allemand. Schleyer utilise, déjà en 1883, notamment dans la revue Weltsprachblatt (Volapükabled) ou dans sa grammaire volapük, Grammatik der Universalsprache[5]. Ces trois lettres sont définitivement remplacées par les lettres avec tréma ‹ Ä ä, Ö ö, Ü ü ›, utilisé comme alternative jusque là, lors du congrès volapük de Munich du 9 aout 1887[6],[7].
- Ä, ö, ü volapüks dans une grammaire volapük de Schleyer de 1884.
- Ä, ö, ü volapüks utilisés par Julius Lott (de) dans Die Kunst die internationale Verkehrssprache „Volapük“ schnell zu erlernen, A. Hartleben, Wien, 1888.
- Mots volapüks avec les lettres ꞛ, ꞝ et ꞟ.
- Mot volapük avec la majuscule Ꞝ.
Alphabets phonétiques allemands
Le journal allemand Reform de la Verein für vereinfachte deutsche Rechtschreibung [Association pour l’orthographe allemande simplifiée], dirigée par Friedrich Wilhelm Fricke, utilise brièvement les lettres ꞛ, ꞝ, ꞟ dans l’orthographe qu’il promeut.
Après une proposition d’August Diederichs de 1881[8],[9], celles-ci remplacent les lettres ‹ ä, ö, ü ›, initialement avec la forme de lettres barrées ‹ a, ɵ, ʉ › dans l’orthographe de Fricke, pour ensuite prendre une encoche à gauche dans l’écriture manuscrite cursive[10] et prendre leurs formes finales dans les caractères romains ; avant que celles-ci ne soient définitevement abandonnées[11],[12] après quelques années.
- Les lettres de voyelles longues de Schreiber (1883).
- Les lettres de voyelles de l’orthographe de Schreiber.
La Zentralverein für vereinfachte deutsche Rechtschreibung (Association centrale pour l’orthographe allemande simplifiée), fondée en 1879, basée à Vienne et dirigée par Johann Max Schreiber, adopte aussi les lettres ꞛ, ꞝ, ꞟ dans son orthographe phonétique. Celles-ci représentent des voyelles longues[13].
Alphabet phonétique international
En 1881 dans l’article Internationale Alphabet[14] publié dans le Zeitschrift für Orthographie (journal dirigé par Wilhelm Viëtor), Kewitsch propose ‹ ꞝ › comme une lettre composée de ɛ et o pour remplacer le ‹ ä › allemand, qu’il considère plus adéquat que la lettre composée de e et o proposée par Johann Friedrich Kräuter dans en 1877.
L’epsilon fermé ‹ ʚ › et le o barré ‹ ɵ › ont été utilisés par certains linguistes allemands, dont Wilhelm Viëtor en 1899[15], comme alternative aux symboles de l’alphabet phonétique international, respectivement, e dans l’o ‹ œ › pour une voyelle mi-ouverte antérieure arrondie [œ] et o barré diagonalement ‹ ø › pour une voyelle mi-fermée antérieure arrondie [ø]. Les deux symboles sont proposés pour l’API par W. Tilley[16] en avril-mai 1900 et de nouveau par Kewitsch en juillet 1900[17]. Ils sont reconnus comme symboles alternatifs déjà établis par l’Association phonétique internationale en 1904[18] ainsi qu’en 1909[19] et sont utilisés durant plusieurs années au début du XXe siècle. Ils figurent notamment dans L’écriture phonétique internationale : exposé populaire publié par l’Association phonétique internationale en 1921, mais avec des valeurs centrales au lieu de [œ] et [ø], c’est-à-dire les voyelles aujourd’hui transcritent [ɞ] et [ɵ].
- Tableau des symboles phonétiques dans Viëtor 1899.
- Tableau des symboles de l’API en 1921.
L’epsilon fermé ‹ ʚ › est utilisé pour représenter une voyelle mi-ouverte antérieure arrondie [œ] dans le Handbook of the linguistic geography of New England publié en 1939[20].
En 1993, l’Association phonétique internationale adopte le symbole epsilon réfléchi fermé ‹ ɞ › pour représenter une voyelle mi-ouverte centrale arrondie[21], mais celui-ci est imprimé non réfléchi ‹ ʚ › dans le journal et dans le tableau API de 1993. En 1995, la forme du symbole est corrigée[22] et est réfléchi dans le tableau API de 1996.
Représentations informatiques
Cette lettre peut être représentée avec les caractères Unicode (Alphabet phonétique international, Latin étendu D) suivants :
formes | représentations | chaînes de caractères | points de code | descriptions | notes |
---|---|---|---|---|---|
minuscule | ʚ | ʚ | U+029A | lettre minuscule latine epsilon fermé | codé pour l’Alphabet phonétique international |
majuscule | Ꞝ | Ꞝ | U+A79C | lettre majuscule latine ö volapük | codé pour le volapük |
minuscule | ꞝ | ꞝ | U+A79D | lettre minuscule latine ö volapük | codé pour le volapük |
Références
- Comstock 1846.
- Comstock 1855, p. 18.
- Schleyer 1878.
- Schleyer 1879, p. 7.
- Schleyer 1884.
- Schleyer 1887, p. vii.
- Spielmann 1888, p. 48.
- Colas 1881, p. 217.
- Diederichs 1886, note 9, p. 272-273.
- Müller 1877.
- Holle et Lohmeyer 1893, p. 48.
- Volapükabled lezenodik 1896, p. 802.
- Schreiber 1881.
- Kewitsch 1881, p. 127.
- Viëtor 1899, p. 3.
- Tilley et Passy 1900.
- Kewitsch 1900.
- Passy 1904, p. 65.
- Passy 1909, p. 76.
- Kurath 1939.
- IPA 1993.
- Esling 1995.
Bibliographie
- (vo) « Notèds », Volapükabled lezenodik, no 191, , p. 801-802 (lire en ligne)
- (en) « Irish comments on ISO/IEC PDAM 2 10646:2012 », dans Summary of Voting on SC 2 N 4228, ISO/IEC 10646: 2012/PDAM 2, Information technology -- Universal Coded Character Set (UCS) -- AMENDMENT 2: Caucasian Albanian, Psalter Pahlavi, Old Hungarian, Mahajani, Grantha, Modi, Pahawh Hmong, Mende, and other characters (no L2/12-275, N4233), (lire en ligne)
- Association phonétique internationale, L’écriture phonétique internationale : exposé populaire publié, (lire en ligne)
- (de) E. Colas, « Zeitschriften. Reform. Zeitšrift des algemeinen fereins für fereinfaɦte deutše reɦtšreibung. Herausg. fon Dr. F. V. Frikke in Visbaden. (Bremen, j. Kühtmann’s ferläg.) 1881. Nr. 5. », Zeitschrift für Orthographie, no 10, (217 sur Google Livres)
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- (en) Andrew Comstock, A Treatise of Phonology, Philadelphie, E. H. Butler & Co., , 2e éd. (lire en ligne)
- (de) August Diederichs, Unsere Selbst-und Schmelzlaute (auch die englischen) in neuem Lichte, Straßburg, Karl J. Trübner, (lire en ligne)
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- Paul Passy, « desiːzjɔ̃ dy kɔ̃ːsɛːj », lə mɛːtrə fɔnetik [Le Maître Phonétique], vol. 24, no 5‒6, , p. 74‒76 (JSTOR 44700643)
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