Aïch Tounsi
Aïch Tounsi (arabe : عيش تونسي ou 3ich Tounsi soit « Vis tunisien » en dialecte tunisien) est un mouvement associatif, puis un mouvement politique sous la forme d'une coalition de listes électorales, fondé en avril 2018.
Nom arabe | عيش تونسي |
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Fondation | Avril 2018 |
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Président | Selim Ben Hassen |
Idéologie |
Démocratie participative Populisme |
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Couleurs | Jaune |
Siège | Tunis |
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Historique
Aïch Tounsi est d'abord une association, fondée en avril 2018[1] par Selim Ben Hassen[2],[3] et Aïda Doggui[4], activistes de la société civile, ainsi que par Olfa Terras, philanthrope et mécène dans les domaines de la culture et de l'éducation.
Activités associatives
L'association conduit dès 2018 plusieurs activités à caractère social et culturel. Parmi celles-ci figurent « les héros invisibles », un projet qui a consisté à mettre en lumière les actions menées par des personnes inconnues en faveur de l'intérêt général ; les personnes identifiées sont filmées et leurs histoires diffusées simultanément sur différentes chaînes de télévision nationales[5]. En juin et juillet de cette année, lors de la tenue de la coupe du monde de football en Russie, l'association organise quatre événements de retransmission des matchs de l'équipe nationale pour le public en Tunisie. Ces événements, gratuits, ont lieu dans quatre régions : dans le village de Rjim Maatoug au Sud, dans le quartier de Mellassine dans la capitale, dans la ville du Kef dans la région du nord-ouest et à l'amphithéâtre d'El Jem à l'est du pays[6].
En novembre 2018, l'association conduit une large campagne de démocratie participative[7]. Pendant trois mois, les membres de l'association récoltent sur le terrain les avis des citoyens et leurs propositions pour sortir le pays de la crise économique et sociale. La campagne est également menée sur Internet et les réseaux sociaux et via des appels téléphoniques[8]. La phase de consultation, qui se conclut avec 400 000 personnes qui y participent, sert de base à l'élaboration par l'association d'un document dénommé « la feuille de route des Tunisiens ». Il s'agit de douze mesures portant sur la lutte contre la pauvreté, la sécurité et la lutte contre la corruption[9]. La feuille de route est signée par un million de Tunisiens[10]. Dans ce contexte, les premiers sondages commencent à indiquer la présence de l'association dans les intentions de vote[11]. Certains observateurs qualifient le mouvement de populiste[12],[13],[14].
Ambitions électorales et réactions de la scène politique
En effet, même si l'association n'affiche pas d'ambitions politiques explicites[15], certaines voix s'élèvent pour dénoncer l'incertitude sur les intentions réelles d'Aïch Tounsi, certains considérant que ses membres utilisent son statut associatif pour échapper aux règles applicables aux partis politiques avant de se présenter aux élections[16]. Certains partis politiques, au premier rang desquels Tahya Tounes et le parti islamiste Ennahdha, appellent à interdire à l'association de se présenter aux élections. Cependant, aucune loi n'interdit à une association de faire de la politique ou de se présenter sur des listes électorales. Les deux partis majoritaires forment une coalition et proposent un amendement à la loi électorale pour empêcher les associations ayant potentiellement des visées électorales de se présenter[17].
Après des débats houleux et une majorité des Tunisiens s'opposant à l'adoption d'une loi d'exclusion[18], l'amendement est adopté le par l'Assemblée des représentants du peuple[19]. L'association est alors troisième dans les sondages d'opinion[20]. Saisis sur la constitutionnalité de la nouvelle loi, les membres de l'Instance provisoire de contrôle de la constitutionnalité des lois n'arrivent pas à se départager, avec trois voix pour et trois voix contre. Il revient au président de la République de trancher. Après plusieurs semaines d'incertitude, ce dernier refuse de ratifier la loi[21].
Campagne
Aïch Tounsi se présente aux élections législatives du 6 octobre 2019 sous la forme d'une coalition de listes indépendantes dans les 33 circonscriptions électorales que compte le pays[22]. Du fait d'un vide juridique, le mouvement peut participer aux élections sans avoir le statut de parti[23].
Pendant la campagne, Selim Ben Hassen fait prendre aux listes de la coalition trois engagements : en cas d'élection, et pour rompre avec les pratiques clientélistes des partis politiques, les députés d'Aïch Tounsi devront renoncer à leurs privilèges, à leur immunité parlementaire et à la pratique du mercato (consistant à régulièrement changer de groupe parlementaire en fonction des changements de majorité). Ces engagements sont filmés et envoyés aux médias[24].
Le dernier sondage réalisé à la veille de la période électorale donne le mouvement troisième dans les intentions de vote[25]. Il ne recueille toutefois qu'un seul siège lors de l'annonce officielle des résultats, qui revient à Olfa Terras qui se présente dans la circonscription de Bizerte[26]. Dès l'annonce des résultats, plusieurs organisations de la société civile et d'observation des élections dénoncent la fraude qui a entaché le scrutin[27] et les pressions des islamistes à l'encontre de l'Instance supérieure indépendante pour les élections pour modifier les résultats avant leur annonce à la télévision[28]. Cependant, ces critiques ne modifient pas le résultat final des élections, officiellement annoncé le [29].
Accusations de financement étranger et de lobbying
Dès sa création, l'association est attaquée par des partis politiques et par certains médias au sujet de ses sources de financement[16]. L'organisation est en outre accusée de recevoir des financements étrangers, d'avoir recours à des activités illégales de lobbying, voire de travailler pour le compte d'États étrangers[30]. Malgré les démentis de l'association[31],[32], ces soupçons sont régulièrement relayés par les médias, en particulier pendant la campagne électorale. Le , le média d'investigation Inkyfada révèle les documents du secrétariat d'État des États-Unis servant de base à l'accusation de lobbying ; il s'avère qu'un contrat de lobbying existe, mais qu'il n'a pas été conclu par Aïch Tounsi mais par Olfa Terras dans le cadre des activités de sa propre fondation[33]. L'accusation de financement étranger semble quant à elle résulter de la nationalité franco-tunisienne de Terras, donatrice principale de l'association, et de son mari Guillaume Rambourg, soutien d'Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle française de 2017[16]. Le , le parquet tunisien décide néanmoins d'ouvrir une enquête contre Aïch Tounsi pour lobbying[34] et financement étranger[35].
Résultats électoraux
Année | Voix | % | Rang | Sièges | Gouvernements |
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2019 | 46 401 | 1,62 | 9e | 1 / 217 |
Opposition |
Notes et références
- « 3ich Tounsi, la politique autrement ? », sur huffpostmaghreb.com, (consulté le ).
- Maryem Ben Yahia, « 3ich Tounsi : un relais de l'espoir transparent ? », sur realites.com.tn, (consulté le ).
- « Entretien avec Selim Ben Hassen, président de 3ich Tounsi », sur lecourrierdelatlas.com, (consulté le ).
- « « 3ich Tounsi » : une alternative politique qui monte en puissance ? », sur realites.com.tn, (consulté le ).
- Hatem Bourial, « Les anonymes exemplaires de Lkolkom Abtal », sur webdo.tn, (consulté le ).
- « Mondial-2018 : en Tunisie, un écran géant pour faire du foot une fête en famille », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le ).
- « 3ich Tounsi - Accueil »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur 3ichtounsi.tn.
- « Consultation populaire 3ich Tounsi : cherté de la vie, corruption et incompétence de la classe politique », sur webmanagercenter.com, (consulté le ).
- « L'initiative associative 3ich tounsi promet des réformes révolutionnaires », sur kapitalis.com, (consulté le ).
- « 3ich Tounsi : le cap d'un million de signataires déjà franchi », sur realites.com.tn, (consulté le ).
- « Sondage Sigma Conseil : Nabil Karoui et son parti toujours en tête », sur huffpostmaghreb.com, (consulté le ).
- « Aïch Tounsi ou la tautologie du programme », sur huffpostmaghreb.com, (consulté le ).
- « Entretien avec le Pr Hatem M'rad. « L'argument de la distribution est l'arme de base des populistes » », sur lapresse.tn, (consulté le ).
- Karim Bouzouita, « Présidentielle en Tunisie : quand la com tue le débat », sur jeuneafrique.com (consulté le ).
- « Selim Ben Hassen : 3ich Tounsi pourrait soutenir une personnalité ou se présenter aux législatives », sur businessnews.com.tn, (consulté le ).
- Frida Dahmani, « Tunisie : l'association 3ich tounsi, poil à gratter de la pré-campagne électorale », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
- Frida Dahmani, « Tunisie : quand l'impossible adoption du Code électoral révèle l'immaturité démocratique », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
- « Plus de 62 % des Tunisiens contre l'amendement de la loi électorale », sur nessma.tv, (consulté le ).
- Mona Saanouni, « Tunisie : le Parlement adopte l'amendement de la loi électorale », sur aa.com.tr, (consulté le ).
- « Intentions de vote : 3ich Tounsi sur le podium », sur realites.com.tn, (consulté le ).
- « Tunisie : Béji Caid Essebsi ne signe pas les amendements apportés à la loi électorale », sur directinfo.webmanagercenter.com, (consulté le ).
- « 3ich tounsi présent dans les 33 circonscriptions », sur universnews.tn, (consulté le ).
- Mohamed Khalil Jelassi, « Le cas douteux de 3ich Tounsi : d'une association à un parti politique ! », sur webdo.tn, (consulté le ).
- « Législatives : les trois promesses des candidats 3ich Tounsi », sur realites.com.tn, (consulté le ).
- « Dernier sondage avant la période électorale : ce qu'il faut retenir du sondage d'Emhrod consulting », sur observatoire-securite.tn, (consulté le ).
- « Législatives : liste des nouveaux députés », sur lapresse.tn, (consulté le ).
- « Tunisie – L'ISIE est infiltrée et les élections faussées », sur tunisienumerique.com, (consulté le ).
- « Les défis lancés par Moez Rahmouni à Nabil Baffoun », sur businessnews.com.tn, (consulté le ).
- « Les résultats définitifs des élections législatives 2019 », sur isie.tn, (consulté le ).
- « Tunisie – Audio : la campagne « 3ich Tounsi » subit d'énormes attaques à cause des revendications des Tunisiens », sur tunisienumerique.com, (consulté le ).
- « Selim Ben Hssan : Ich Tounsi ne reçoit pas de financement extérieur », sur mosaiquefm.net, (consulté le ).
- « Affaire de lobbying 3ich Tounsi précise », sur businessnews.com.tn, (consulté le ).
- « Nabil Karoui, Ennahdha et Olfa Terras : que révèlent les contrats de lobbying publiés par les autorités américaines ? », sur inkyfada.com, (consulté le ).
- « Une enquête ouverte sur les contrats de lobbying impliquant Ennahdha, Qalb Tounes et l'association Aich Tounsi », sur lapresse.tn, (consulté le ).
- « Lobbying : enquête ouverte contre Ennahdha, Qalb Tounes et 3ich Tounsi », sur mosaiquefm.net, (consulté le ).
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