AZF (groupe armé)
AZF[1] est le nom ayant signé plusieurs menaces d'attentats contre le réseau ferroviaire de la société française SNCF à partir du (avec une demande de rançon d'1 million d'euros et de 4 millions de dollars US). La police tchèque[2], en mars 2003, fut confrontée au même type de chantage dans la région d'Olomouc.
Pour les articles homonymes, voir AZF.
AZF | |
Idéologie | |
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Fondation | |
Pays d'origine | France |
Actions | |
Mode opératoire | Chantage à la bombe |
Zone d'opération | France |
Période d'activité | 2003-2004 |
Histoire
Plus de 10 000 cheminots sont mobilisés pour examiner les 32 000 km de voies que compte le réseau ferré français. La première bombe retrouvée sur la ligne Paris-Toulouse dans la commune de Folles au nord de Limoges, sur les indications du groupe terroriste qui a donné les coordonnées géographiques de la bombe, contient un mélange de 2,5 kg de fioul et de nitrate d'ammonium. Elle a été retrouvée juste à côté d'un embranchement d'un petit bout de voie ferrée de 5 km vers le secteur du stockage de l'uranium de la COGEMA à Bessines-sur-Gartempe[3].
La police, au courant depuis plusieurs mois de l'existence de ce mystérieux groupe terroriste, affirme ne pas avoir transmis l'information pour éviter un mouvement de panique et pour ne pas nuire à son enquête. La police et les terroristes se contactent par petites annonces codées publiées dans certains grands journaux comme Libération (sous des sobriquets : « Suzy » — Sarkozy était à l'époque ministre de l'Intérieur — et « Mon gros loup »)[4]. C'est un journal du Sud-Ouest, la Dépêche du Midi, qui révèle l'information en février 2004, juste au moment des élections régionales.
Le , une femme indique par téléphone un emplacement aux environs de l'aéroport de Montargis, où une rançon doit être larguée par hélicoptère, mais la transaction échoue[5]. Une deuxième bombe est retrouvée près de Troyes, à Montiéramey en pleine campagne près du bois du Grand Orient, peu avant que le groupe annonce une trêve unilatérale (). Le communiqué d'AZF annonce : « conscient de ses faiblesses technologiques, logistiques et autres, AZF suspend son action durant le temps nécessaire pour y remédier… Sans rancune et à bientôt ! ». Les attentats du 11 mars 2004 à Madrid perturbent les plans d'AZF qui décide soudain d'interrompre son chantage[6].
En octobre 2004, un groupe AZF, sans qu'il soit possible de déterminer s'il s'agit du même, menace plusieurs sociétés agroalimentaires, parmi lesquelles Coca-Cola, d'empoisonner leurs produits si une rançon ne lui est pas remise.
Le , un troisième engin artisanal qui pourrait avoir quelques points communs avec le deuxième type de bombes décrit par le premier groupe AZF dans une de ses lettres est retrouvé sur la ligne TGV à Saint-Sylvain-d'Anjou.
Après deux rendez-vous fixés pour la remise de rançon (à chaque fois avortée), cinq coups de fil passés depuis des cabines téléphoniques, neuf courriers et une mobilisation policière sans précédent (450 hommes issus de cinq services différents), cette affaire n'est à cette époque toujours pas élucidée[3].
Certains éléments d'enquête[6] semblaient mettre sur la piste d'un groupe ésotérique (l'Ucer, Union de conférenciers pour l'encouragement de la recherche) composé d'anciens barbouzes proches du front national mais cette piste n'aboutira pas. Malgré les moyens d'investigation mis en œuvre par les enquêteurs, les pistes même les plus fantaisistes ne les ont conduits à aucune arrestation pendant de nombreuses années.
Une arrestation en 2018
Le , trois personnes sont arrêtées par la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire dans l'Yonne, le Loiret et la Seine-et-Marne[7]. Il s'agit de trois membres d'une petite entreprise de traitement de l’eau de Champcevrais dans l’Yonne, Miche D. le chef d'entreprise, Perrine R. commerciale et George P. soudeur[8]. Les deux premiers reconnaissent les faits au cours de leur garde à vue, sont mis en examen pour "association de malfaiteurs terroristes", "infraction à la législation sur les explosifs" et pour "menace de destruction par un moyen dangereux", à chaque fois en relation avec une entreprise terroriste.
Le troisième est relâché. Le mobile crapuleux semble privilégié en raison de l'endettement de leur entreprise[5], le groupe réclamant une rançon de 4 millions de dollars et 1 million d'euros pour ne pas faire exploser les bombes[8] dans la région de Toulouse, lieu où habite le client principal de l'entreprise qui lui a fait défaut et l'a mis en grande difficulté financière[9].
En 2019
Le , deux personnes septuagénaires (nés en 1944 et en 1945) sont interpellés dans l'Yonne et la Haute-Savoie par la sous-direction anti-terroriste. Ils sont soupçonnés d'avoir participé à la fabrication des engins explosifs. Ces personnes arrêtés sont considérés comme des "relations"[10].
Notes et références
- Du nom de l'usine chimique éponyme détruite par une explosion accidentelle dans la ville de Toulouse, le 21 septembre 2001.
- (fr) « Groupe AZF : les dessous d’une longue traque », sur hebdo.nouvelobs.com (consulté le )
- « AZF : La piste de la manip », sur Le Point,
- (fr) « Suzy» écrit à son « gros loup », sur www.apprendre-en-ligne.net (consulté le )
- « Alerte à la bombe, demande de rançon et petites annonces : on vous résume l'affaire du groupe AZF, soupçonné de terrorisme », sur francetvinfo.fr, .
- Eric Pelletier, Jean-Marie Pontaut, Romain Rosso, « La longue traque », sur L'Express,
- (fr) « Groupe AZF : trois personnes interpellées », sur 20 minutes,
- Jean-Michel Décugis et Eric Pelletier (avec Lisa Davet, Marjorie Nadal et Sébastien Rosele), « Commando AZF : des dettes d’entreprise au cœur de l’enquête », sur leparisien.fr, .
- Alain Hamon, dans l'émission L'Heure du crime de Jacques Pradel, 28 août 2018, 44 min 50 s.
- « Menaces "AZF" contre le réseau ferré en 2003-2004 : une nouvelle interpellation dans l'Yonne », sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté (consulté le )