Abbatiale Saint-Pierre-Saint-Paul de Beaulieu-lès-Loches

L'abbatiale Saint-Pierre-Saint-Paul est une église catholique paroissiale située à Beaulieu-lès-Loches, dans le département d'Indre-et-Loire, en France. C'est l'ancienne église abbatiale de l'abbaye de la Trinité.

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Église Saint-Pierre-Saint-Paul de Beaulieu-lès-Loches

Le clocher roman, les vestiges du mur nord de la nef et l'abbatiale restaurée dans la seconde moitié du XVe siècle
Présentation
Culte Catholique
Type église paroissiale (ancienne abbatiale)
Rattachement Ordre de Saint-Benoît
Début de la construction vers 1007
Autres campagnes de travaux 1007 : première consécration et destruction par un ouragan
1052 : reconstruction, seconde consécration
1160-1170 : construction du clocher
1412 : incendie et démolition
1452-vers 1510 : reconstruction de l'église
1598 : démolition partielle du toit par un ouragan
1743 : démolition du clocher du Saint-Sépulcre
1902-1906 : construction de la façade occidentale et de la travée adjacente.
Style dominant roman
gothique
Date de démolition 1412 (partielle)
Protection  Classée MH (1862)
Géographie
Pays France
Région administrative Centre-Val de Loire
Département Indre-et-Loire
Commune Beaulieu-lès-Loches
Coordonnées 47° 07′ 43″ nord, 1° 00′ 45″ est
Géolocalisation sur la carte : Indre-et-Loire
Géolocalisation sur la carte : Centre-Val de Loire
Géolocalisation sur la carte : France

Historique

L'abbaye a été fondée par Foulque Nerra, comte d'Anjou à son retour d'un pèlerinage en Terre sainte fait pour expier ses crimes, vers 1003/1004. Deux chartes - notées A et B - ont été étudiées par Louis Halphen, Olivier Guillot et John Ottaway. La fondation de l'abbaye de la Trinité devrait dater de 1007 d'après l'étude de la charte A faite par John Ottaway, en 1986. L'évêque de Tours Hugues Ier de Châteaudun ayant refusé de consacrer l'abbatiale, c'est le légat Pierre, évêque de Piperno, qui a consacré l'église à la demande du pape Jean XVIII[1]. Deux dates de consécration ont été discutées : l'année 1007 ou l'année 1012[2]. Gérard Fleury a proposé la date de 1007. L'église est alors à nef unique de 14 m de largeur. Un violet ouragan a fait s'effondrer la charpente de l'église d'après Raoul Glaber[3]. Gérard Fleury, suivant la proposition d'Éliane Vergnolle, admet que la nef de l'abbatiale construite par Foulque Nerra n'existe plus[4],[5],[6]. L'église aurait alors été reconstruite en la dotant de voûtes de pierre ce qui a nécessité de diviser la nef en trois vaisseaux parallèles de dix travées portées par des piliers carrés, flanqués sur chaque côté d'une demi-colonne engagée.

L'abbaye qui était consacrée à la Sainte Trinité. Foulque Nerra ayant ramené des reliques du Saint-Sépulcre de son pèlerinage, le saint Sépulcre était son second patron et se fêtait le . Foulque Nerra a fait don du bourg de Beaulieu avec tous les droits de justice et le droit de battre monnaie à l'abbaye. Ce droit de battre monnaie a été exercé par l'abbaye jusqu'au règne de Philippe le Bel.

Ce qui subsiste de l'église romane a été construit par le fils de Foulque Nerra, Geoffroy Martel, au milieu su XIe siècle, pour abriter le tombeau de son père, mort en 1040. Cette seconde église, qui était une des plus grandes du XIe siècle subsistant en France[7], a été probablement consacrée en 1052. La dation précise de la construction de l'édifice actuel fait encore l'objet de débat, en grande partie à cause de l'hétérogénité de ses maçonneries, qui semblent indiquer des hésitations et des repentirs. Les modifications commencent peu après son achèvement, ce qui rend la datation de son architecture complexe. Ainsi les murs de la nef initialement prévus pour supporter une charpente, furent rapidement modifiés pour accueillir des voûtes maçonnées.[8]

Sa largeur (14m dans la nef) et l'emploi de pierre de taille indiquent une construction prestigieuse et un patronnage important[9].

Un clocher de 61 m de hauteur a été construit contre la mur nord de la nef, dans l'alignement de la façade ouest. Les études d'éléments de charpentes faites à l'occasion de la restauration du clocher ont montré que les poutres proviennent d'arbres abattus entre 1163 et 1164. Le clocher de Beaulieu aurait donc été construit pendant la décennie 1160-1170.

L'église est pillée par les armées anglaises au cours de la guerre de Cent Ans, en 1359. Dans un acte du les religieux réclamant au sujet du marché rappellent que l'abbaye et la ville ont été incendiées « excepté l'église, tant seulement laquelle ils avaient empierrée, fortifiée et diligemment gardée »[10]. L'église est incendiée et détruite en 1412 pendant le siège de Loches par l'armée du duc de Clarence et l'abbé André Bernard emmené captif en Angleterre. Jean Bernard lui a succédé en 1427 avant de devenir archevêque de Tours en 1441[11]. Cet abbé a obtenu du pape Eugène IV des lettres confirmant les privilèges de l'abbaye de Beaulieu.

Veüe de l'abbaye de la S.te Trinité de beaulieu prez la Ville de Loches, de l'ordre de St Benoist, congregation de St Maur,Fondé par Foulque de Néra
Louis Boudan, dessinateur, 1699
Collection Gaignières

L'église abbatiale a été partiellement reconstruite sous l'abbatiat de Guillaume III Moreau de Beauregard (1442-1458), puis de l'abbé Hugues III de Fumée (1485-1494) et de son neveu et successeur Hardouin de Fumée (1494-1521). Seules quatre travées de la nef ont été reconstruites. La tour-lanterne barlongue de la croisée du transept renversée par un ouragan en 1451 est reconstruite à partir de 1452, aux frais de Jean de Cignory, curé de Saint-André de Beaulieu d'après le livre rédigé par dom Galland en 1741, cité par J. Hardion[12].

Louis XI a concédé plusieurs droits à l'abbaye de Beaulieu en 1463[13]. L'abbé de Beaulieu obtient en 1480 le titre de seigneur baron de la ville avec basse, moyenne et haute justice.

Aux débuts des guerres de religion, une bande de protestants chassée d'Orléans par le maréchal de Saint-André, le , est venu pillée la ville et l'abbaye de Beaulieu. Seules les reliques ont été sauvées du pillage.

Le toit de l'église abbatiale est emporté deux fois par des ouragans. Le procès-verbal du second ouragan mentionne que le jeudi , à onze heures du matin, s'est élevé un ouragan qui a fait de nombreux dommages, renversant le faix de la nef sur une longueur de 16 toises et la charpente du chœur mais laissant intact les murs.

Louis Voyer d'Argenson, abbé de Beaulieu, a introduit à l'abbaye la réforme de Saint-Maur en 1662[14]. En 1679, les biens de l'abbaye sont partagés. En , le clocher du Saint-Sépulcre qui menaçait ruine est abattu.

Il ne reste plus que 5 moines en 1789. Le mur sud de la nef située à l'ouest de la façade reconstruite au début du XVIe siècle est abattue pour agrandir l'actuelle place de la mairie ainsi que la pyramide du toit de la fontaine du cloître. Après la Révolution, l'église est devenue paroissiale sous la dédicace à Saint-Pierre-Saint-Paul.

L'église abbatiale Saint-Pierre-Saint-Paul a été classée par liste au titre de monuments historiques en 1862[15].

La façade actuelle de la nef n'a été construite qu'en 1902-1905 en remplacement de la façade qui est représentée sur le dessin de Gaignières[16],[17] à l'occasion de l'ajout d'une travée supplémentaire à la nef.

Le clocher qui menaçait ruine a été restauré depuis , jusqu'en , sous la direction de l'architecte en chef des monuments historiques Arnaud de Saint-Jouan[18]. La restauration a commencé par la dépose de 5 000 blocs de pierres de la flèche. Une partie des pierres d'origine a été réutilisée. Les cloches ont pu de nouveau sonner le [19].

Notes et références

  1. Henri Martin, Histoire de France depuis les temps les plus reculés jusqu'en 1789, Furne libraire-éditeur, Paris, 1855, tome 3, p. 43-45 (lire en ligne)
  2. Louis Halphen a critiqué l'authenticité de la charte de fondation et des bulles de Jean XVIII et Serge IV. Les archives ancienne de l'abbaye ont disparu depuis longtemps car en 1689 Dom Billoüet, chargé de recueillir des notes pour la rédaction du « Monasticon Benedictum » écrivait ne « rien avoir d'asseuré de l'antiquité du monastère, les anciens n'ayant jamais tenu registre de rien et le chartrier ayant esté autrefois entièrement brulé ».
  3. Raoul Glaber, Les cinq livres de ses histoires (900-1044), publiés par Maurice Prou, p. 32-33 (lire en ligne)
  4. Gérard Fleury, Nouvelles observations, 2002, p. 63.
  5. Éliane Vergnolle compare l'élévation des murs de l'abbatiale en moyen appareil à ceux de l'abbatiale de Jumièges élevés à partir de 1040 (Éliane Vergnolle, « La pierre de taille dans l'architecture religieuse de la première moitié du XIe siècle », dans Bulletin monumental, 1996, tome 154, no 3, p. 232-233)
  6. Charles Lelong met en doute la reconstruction de l'église à partir de 1012 avec une consécration en 1952, jugeant les documents disponibles peu fiablexes
  7. La nef mesurait 40 m de longueur, 14 m de largeur et la charpente culminait à une hauteur de 24 m. Une tour-lanterne à la croisée du transept permettait d'éclairer l'église.
  8. Camus, 1997, p. 15.
  9. Camus, 1997, p. 16.
  10. Jean Hardion, Louis Bossebœuf, L'abbaye de Beaulieu-lès-Loches et quelques monuments de sa dépendance, p. 46.
  11. L. Archambault, Revue de l'Anjou, 11e volume, p. 271.
  12. On trouve les armoiries de Guillaume de Beauregard, « fascé d'azur et de gueules de huit pièces avec une barre d'or », dans le chœur qu'il a dû faire reconstruire, de Jean de Cignory, curé de l'église Saint-André, « au griffon d'or avec une étoile de même au franc canton de l'écu » qui a fait voûter le collatéral nord et fonder la chapelle Sainte-Barbe en 1475, de Jean III, mort en 1485, « d'azur à trois losanges d'argent », sur la travée barlongue du transept nord, d'Hugues III de Fumée, « d'azur à deux fasces d'or accompagnées de six besants d'argent », qui a voûté la nef et le chœur, de Jean IV de Bourdeilles, mort en 1534, à « deux pattes de griffon », sur le collatéral sud (André Montoux, Loches et Beaulieu-lès-Loches, C.L.D., Chambray, 1985, (ISBN 978-2-85443088-2))
  13. Comte de Pastoret, Ordonnance des Roys de France de la troisième race, recueillies par ordre chronologique, Imprimerie royale, Paris, 1814, tome 16, p. 67-73, 700, 706, 1006 (lire en ligne)
  14. L. Archambault, Revue de l'Anjou, 11e volume, p. 278.
  15. « Église abbatiale Saint-Pierre-Saint-Paul », notice no PA00097561, base Mérimée, ministère français de la Culture
  16. Jean Vallery-Radot, L'ancienne église abbatiale de Beaulieu-lès-Loches, dans Congrès archéologique de France.106e session. Tours. 1948, Société française d'archéologie, 1949, p. 141
  17. La façade moderne a été élevée par Eugène Bruneau, architecte en chef des monuments historiques (ACMH : Eugène Bruneau), à la suite d'un legs d'un habitant de Beaulieu, M. Meusnier (Congrès archéologique de France, 1910, p. 96, note 3) et la travée adjacente terminée en 1908.
  18. ACMH : Arnaud de Saint-Jouan
  19. Restauration du patrimoine : Layher déploie un échafaudage de 64 m de hauteur

Annexes

Bibliographie

Par ordre chronologique de publication :

  • (la) Gallia Christiana, Firmin Didot et frères, Paris, 1856, tome 14, col. 279-288 (lire en ligne)
  • M. Bouet, « L'église de Germigny et celle de Beaulieu-sous-Loches », dans Bulletin monumental, 34e volume, 1868, p. 566-567, p. 648-655
  • Dom Paul Nobilleau, Notice sur l'abbaye de Beaulieu-les-Loches, Ernest Mazereau, Tours, 1868 (lire en ligne)
  • Abbé Chevalier, « Visite à Beaulieu le jeudi  », dans Congrès archéologique de France. 36e session. Loches. 1869, Société française d'archéologie, Paris, 1870, p. 86-96 (lire en ligne)
  • M. d'Espinay, « Note sur la date de la construction de l'église de l'abbaye de Beaulieu », dans Congrès archéologique de France. 36e session. Loches. 1869, Société française d'archéologie, Paris, 1870, p. 97-105 (lire en ligne)
  • L. Achambault, « Histoire de l'abbaye et de la ville de Beaulieu près Loches », dans Revue historique, littéraire et archéologique de l'Anjou, 6e année, 11e volume, juillet-décembre 1873, p. 1-15, 57-75, 265-282, 12e volume, janvier-juin 1874, p. 1-26, 194-231
  • Louis Halphen, Le comté d'Anjou au XIe siècle, Auguste Picard, Paris, 1906, p. 31-32, 83-86, 94, 213 note 7, 214 note 3, 216, 219-231 (appendice III : chartes de fondation de l'abbaye), 250-251, 268, 285, 351-352 (lire en ligne)
  • Jean Hardion, René Michel-Dansac, « IV. Étude archéologique sur l'église de Beaulieu-lès-Loches », dans Congrès archéologique de France. 1910, Société française d'archéologie, Paris, p. 91-120 (lire en ligne)
  • Jean Hardion, Louis Bossebœuf, L'abbaye de Beaulieu-lès-Loches et quelques monuments de sa dépendance, Péricart, Tours, 1914 (lire en ligne)
  • Dom Laurent-Henri Cottineau, Répertoire topo-bibliographique des abbayes et prieurés, Protat frères imprimeurs-éditeurs, Mâcon, 1935, tome 1, A-L, col. 301-302 (lire en ligne=
  • Jean Vallery-Radot, « L'ancienne église abbatiale de Beaulieu-lès-Loches », dans Congrès archéologique de France. 106e session. Tours. 1948, Société française d'archéologie, Paris, 1949, p. 126-142
  • Olivier Guillot, « La consécration de l'abbaye de Beaulieu-lès-Loches », dans Mémoires de la Société archéologique de Touraine, 1972, p. 23-32
  • Olivier Guillot, « Le comte d'Anjou et son entourage au XIe siècle », A. et J. Picard, Paris, 1972, 2 vol. (compte-rendu par Guy Fourquin, dans Revue belge de Philologie et d'Histoire, 1975, tome 53, no 3, p. 943-948 et par Jacques Boussard, dans Journal des Savants, 1975, no 2, p. 133-140)
  • Charles Lelong, Touraine romane, 3e édition, Zodiaque (collection la nuit des temps no 6), La-Pierre-qui-Vire, 1977, p. 165-171
  • John Ottaway (1955-1994), « Beaulieu-lès-Loches : une église princière de l'ouest de la France aux alentours de l'an Mil », thèse de doctorat, C.E.S.C.M., Poitiers, 1986, 5 vol.
  • John Ottaway, « Liberté, ordre et révolte d'après la charte dite de fondation de l'abbaye de Beaulieu-lès-Loches », dans Actes du 114e Congrès national des sociétés savantes. Violence et contestation au Moyen Âge, Comité des travaux historiques et scientifiques, Paris, 1989, p. 19-46
  • Elisabeth Lorans, « Bourgs, églises et châteaux en Touraine aux XIe et XIIe siècles : une première approche », dans Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, 1990, tome 97, no 4, p. 437-461 (lire en ligne)
  • John Ottaway, « Beaulieu-lès-Loches. Abbaye de la Trinité », dans sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Le guide du patrimoine Centre Val de Loire, Hachette, Paris, 1992, p. 137-143, (ISBN 978-2-01-018538-0)
  • Marie-Thérèse Camus, « L'abbatiale de beaulieu-lès-Loches. Nouvelles propositions », in Congrès archéologique de France, 1997, p. 13-29, (lire en ligne).
  • Gérard Fleury, « Observations sur le transept de l'abbatiale de Beaulieu-lès-Loches », dans Bulletin de la Société archéologique de Touraine, 2001, t. 47, p. 53-66 (lire en ligne)
  • Gérard Fleury, « Nouvelles observations à l'abbatiale de Beaulieu-lès-Loches: la nef: états successifs et décors », dans Bulletin de la Société archéologique de Touraine, 2002, t. 48, p. 53-66 (lire en ligne)
  • Gérard Fleury, « Le grand clocher de Beaulieu-lès-Loches », dans Bulletin de la Société archéologique de Touraine, 2003, t. 49, p. 91-106 (lire en ligne)
  • Gérard Fleury, « Indre-et-Loire. Beaulieu-lès-Loches. Restauration du grand clocher ouest de l'abbatiale », dans Bulletin monumental, 2019, tome 177, no 2, p. 168-171, (ISBN 978-2-901837-78-7)

Articles connexes

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