Abbaye de Grandselve (Obout)

L'abbaye de Grandselve est une abbaye trappiste en activité, située à proximité du village d'Obout, dans la commune de Nkolmetet (département de Nyong-et-So'o), au Cameroun. Des moines cisterciens fondent ce monastère durant les années 1950, puis le quittent en 1969 pour fonder l'abbaye de Koutaba au nord-ouest du pays ; ils laissent l'abbaye à des religieuses de la même congrégation, qui l'occupent depuis.

Ne pas confondre cette abbaye avec l'abbaye de Grandselve, située en France, et d'après laquelle celle-ci est nommée.

Abbaye de Grandselve
Diocèse Diocèse de Mbalmayo (en)
Patronage Notre-Dame
Fondation 1955
Début construction 1955
Cistercien depuis 1955
Abbaye-mère La Coudre
Abbayes-filles Aucune
Congrégation Trappistes (1955-1968)
Trappistines (depuis 1968)
Période ou style

Coordonnées 3° 29′ 20″ nord, 11° 44′ 37″ est[1]
Pays Cameroun
Région Centre
Département Nyong-et-So'o
Commune Nkolmetet
Géolocalisation sur la carte : région du Centre
Géolocalisation sur la carte : Cameroun

Localisation

L'abbaye de Grandselve est située environ deux kilomètres au nord du village d'Obout, et environ cinq kilomètres au sud des méandres du Nyong. Le village est lui-même situé environ à vingt-cinq kilomètres à l'est de Mbalmayo, et une soixantaine de kilomètres au sud-est de Yaoundé, capitale du Cameroun[1],[2],[3].

Historique

Première fondation masculine

Les moines cisterciens arrivent de l'abbaye Notre-Dame d'Aiguebelle au Cameroun en 1951 et s'installent à Minlaba, dans le sud du pays, mais se retrouvent confrontés à de nombreuses difficultés[4]. En 1954, après la visite du supérieur général de l'ordre, ils se transfèrent à Obout, et commencent la construction d'un monastère, monastère qu'ils cèdent en 1968 à des religieuses trappistines venues de La Coudre à Laval[5].

Initialement, le monastère devait s'appeler « Notre-Dame d'Afrique ». Mais, par respect pour la Basilique Notre-Dame d'Afrique déjà existante à Alger, le chapitre général cistercien décide plutôt de lui donner le nom de « Grandselve ». Ce dernier fait pour partie référence au fait que l'abbaye est située dans une vaste forêt ; d'autre part, le nom est choisi en référence à l'abbaye de Grandselve, située dans le Tarn-et-Garonne[6].

Le recrutement constitue une surprise pour les moines européens : ils croyaient que s'engageraient dans la vie monastique plus particulièrement des Camerounais ruraux peu instruits ; or ce sont surtout des jeunes urbains diplômés qui se présentent : séminaristes, jeunes prêtres, membres de l'Action catholique, très demandeurs en formation intellectuelle et spirituelle, ainsi que dans l’apprentissage d'un métier[7].

Au début des années 1960, la fondation reste fragile : des vocations arrivent, mais aucune ordination n'est espérée pour les six prochaines années ; d'autre part, la communauté manque d'argent et de personnel. Le , le chapitre général évoque cette faiblesse, qui implique durant un temps que Grandselve, fille d'Aiguebelle, passe directement sous la responsabilité de Cîteaux. L'abbaye-mère de l'ordre envoie Bernard Cordier, moine trappiste récemment ordonné prêtre sous le nom de père Beaudoin, et ancien pilote de chasse et de ligne ; ce dernier reste environ une année à Grandselve[8].

En 1965-1966, les difficultés se sont résorbées ; surtout, une intense demande existe auprès des jeunes Camerounais qui veulent venir au monastère ; les moines européens souhaitent renforcer une « africanité » de l'abbaye, en renforçant la part de religieux issus du cru, et en nommant à terme ceux-ci aux postes de responsabilité ; mais le site de Grandselve ne se prête pas à cette évolution. D'autre part, l'abbaye Notre-Dame de la Coudre à Laval enregistre alors de très nombreuses arrivées, avec un total de près de 80 religieuses, majoritairement jeunes. La décision est donc prise de laisser Grandselve aux Trappistines et de fonder le monastère masculin à Koutaba[9].

Communauté féminine

Six sœurs arrivent en 1968. Les débuts sont difficiles, et concomitants de changements importants dans la relation des moniales au monde. En effet, c'est également à cette période que la clôture disparaît dans le contexte des suites du Concile Vatican II. À partir de 1977, Obout accueille des postulantes nigérianes, qui fondent par la suite l'abbaye d'Abakaliki dans leur pays. Le monastère est érigé en prieuré le 2 mars 1995, après l'engagement des deux premières postulants camerounaises. En 2003, la première prieure camerounaise est élue[10],[11].

Au début des années 2000, le monastère est dévalisé par des bandits[12]. En 2008, la communauté monastique compte neuf personnes, dont cinq religieuses, une professe et des sœurs non stabilisées. La communauté vit de son poulailler (vente directe de poules et d'œufs, principalement à Yaoundé), de la confection de confitures et de sirops, mais aussi de l'accueil (douze chambres totalisant dix-huit lits et un dortoir de douze lits)[13],[14].

Les trappistines gèrent entre autres un internat, qui accueille 90 jeunes en difficulté scolaire, et un dispensaire nommé « Christ-Roi »[15].

Liste des responsables

  • Anne Morin, supérieure de 1968 à 1985 ;
  • Monique Bourru, supérieure du au  ;
  • Guénolé Le Page, supérieure du au  ;
  • Anne Noël, supérieure du au puis prieure de cette date au
  • Marie-Angèle Ngou, supérieure ad nutum du au puis prieure de cette date au , première supérieure africaine ;
  • Hortense Mituga, supérieure ad nutum de 2009 à 2013 ;
  • Regina Nebo, responsable de la communauté dispersée depuis 2013[16].

Notes et références

  1. Dictionnaire des villages de Nyong et Soo, Yaoundé, ORSTOM, coll. « Répertoire océanographique du Cameroun » (no 5), , 48 p. (lire en ligne), « Obout », p. 44.
  2. « Obout », Google Maps (consulté le ).
  3. Sylvain Charles Amougou Mveng, La chefferie traditionnelle Bene a l'ère de la libéralisation politique au Cameroun et de ses ressorts : le cas de l'arrondissement de Nkol-Metet, Yaoundé, Université de Yaoundé II, (lire en ligne), « Introduction ».
  4. « 66 - Koutaba », sur http://www.citeaux.net/elenchus/moines/66.htm, Ordre cistercien, (consulté le ).
  5. Silvia Recchi, « Connaître ses ancêtres africains - Le mouvement monastique expliqué aux jeunes », Communauté Redemptor hominis, (consulté le ).
  6. Charbel Gravand 1990, Fonder au Cameroun, p. 92.
  7. Jean-Claude Baumont, « Recension de Charbel Gravand. Fils de saint Bernard en Afrique. Une fondation au Cameroun. 1950-1990 », Revue d'histoire de l'Église de France, Fondation des Monastères, no 212, , p. 131-133 (ISSN 2109-9502, DOI 10.3406/rhef.1998.1312, lire en ligne).
  8. Henri Eisenbeis, Bernard Cordier - Père Beaudoin : par lui-même, (lire en ligne), « Mon sacerdoce le 18 mars 1961… ».
  9. Charbel Gravand 1990, Chapitre VII, fondation dans la savane africaine 1967-1968, p. 116 à 118.
  10. « L’abbaye Notre-Dame de la Coudre à Laval (Mayenne) », Les Amis des Monastères, Fondation des Monastères, no 137, , p. 28 (ISSN 1250-5188, lire en ligne).
  11. (en) « St. Justina’s Monastery, OCSO — Abakaliki, Ebonyi State, Nigeria, West Africa », AIM USA News, Alliance for International Monasticism, vol. 25, no 1, , p. 4 (ISSN 1250-5188, lire en ligne).
  12. Claude Lautissier, « 25 ans de présence de la Congrégation de la Mission », Congrégation de la Mission, (consulté le ).
  13. « 44 — Grandselve », Ordre cistercien, (consulté le ).
  14. Laurent Potvin, L'Afrique aux mille couleurs, La Baie, , 173 p. (lire en ligne), « Le rayonnement des monastères camerounais », p. 37.
  15. « Obout, Cameroun, Enseignement », Volontariat international dominicain (consulté le ).
  16. « Grandselve », Ordre cistercien de la Stricte Observance (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • [Charbel Gravand 1990] Charbel Gravand, Fils de saint Bernard en Afrique : une fondation au Cameroun 1951-1988, Éditions Beauchesne, , 180 p. (ISBN 9782701012223, lire en ligne).
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