Abdellatif Hammouchi

Abdellatif Hammouchi (en arabe : عبد اللطيف حموشي) est l'actuel directeur général de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) ainsi que directeur de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST) marocain[1].

Abdellatif Hammouchi
Fonctions
Directeur général
Direction générale de la sûreté nationale
depuis le
Bouchaib Rmail (en)
Directeur général
Direction générale de la surveillance du territoire
depuis le
Biographie
Naissance
Nationalité
Formation
Activité
Autres informations
Distinctions
Officier de l'ordre du Trône ()
Officier de la Légion d'honneur‎ ()
Grand-croix de l'ordre du mérite de la Garde Civile (d) ()

Biographie

Études

Avant d'intégrer les rangs de la police en 1993[2], Abdellatif Hammouchi termine des études en droit à l'Université Sidi Mohammed Ben Abdellah de Dhar Mehraz de Fès.

Fonctionnaire de la DST

Au sein de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), Abdellatif Hammouchi est directement affecté à la Direction de la surveillance du territoire (DST). La DST est alors rattachée au puissant ministre de l’Intérieur de Hassan II, Driss Basri[3].

Directeur des services de renseignement

À l’âge de 49 ans, en 2015, Abdellatif Hammouchi devient directeur général de la DST[3].

Le , il est nommé directeur de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) par le roi Mohamed VI, tout en conservant son poste de directeur de la DGST (ex DST)[3],[4].

« Superflic du royaume » et figure de « la dérive autoritaire d'un régime qui a des yeux et des oreilles partout », selon Le Monde, il est soupçonné de torture (voir infra) et, avec les services de renseignements qu'il dirige, d'utiliser le logiciel Pegasus pour espionner des opposants politiques et journalistes marocains, ainsi que des journalistes et hommes politiques algériens et français, incluant le président français Emmanuel Macron[3],[4],[5].

Abdellatif Hammouchi et ses services coopèrent avec leurs homologues du renseignement français, notamment en matière de terrorisme, ce qui lui vaut d'être un « ami de la France », ainsi que l'écrit Le Monde[3],[4],[5].

Affaires

Accusations de torture et complicité de torture

Abdellatif Hammouchi se trouve à l'origine d'un coup de froid entre Paris et Rabat en 2014. En cause : une plainte de l'ONG française Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT) contre le chef de la DST[6]. L'ONG a en effet profité d'un voyage de Abdellatif Hammouchi à Paris, dans le cadre d'une rencontre du ministre marocain de l'Intérieur Mohamed Hassad avec ses homologues européens, pour demander aux autorités françaises de l'entendre au sujet de faits présumés de tortures envers deux citoyens marocains : Adil Lamtalsi et Ennaâma Asfari.

Une autre plainte s'ajoutera à celle-ci le lendemain : celle du champion du monde de boxe thaï Zakaria Moumni[7]. Alors qu'il s'agit pour la première d'une plainte pour « complicité de torture », celle de Zakaria Moumni a été déposée pour « torture » par Maître Patrick Baudouin, avocat au Barreau de Paris et Président d'honneur de la FIDH et Maître Clémence Bectarte, le , auprès du Procureur du pôle spécialisé crimes contre l'Humanité́ / crimes de guerre, du Tribunal de grande instance de Paris. Zakaria Moumni a en effet formellement reconnu Abdellatif Hammouchi, lors de l’une des séances de tortures subies au centre de détention de Temara (en).

Une convocation a été transmise par la police nationale à la résidence de l'ambassadeur du Maroc, à Neuilly-sur-Marne, la justice française cherchant à auditionner Abdellatif Hammouchi. Pour manifester son mécontentement, le Maroc convoque l'ambassadeur de France à Rabat, Charles Fries[8] et suspend quelques jours plus tard la coopération judiciaire avec la France, de même qu'il réduit la coopération en matière de renseignement[5].

Afin de se réconcilier avec le Maroc, le président français François Hollande s'entretient avec le roi du Maroc, et en 2015, la députée française Élisabeth Guigou (PS) fait voter par le Parlement un protocole, dénoncé par les ONG telles que l'ACAT, qui vise à protéger les dignitaires marocains visés par la justice française[3]  un protocole parfait pour « organiser [l']impunité » d'Abdellatif Hammouchi, écrit Le Monde[4],[5],[9]. Abdellatif Hammouchi est décoré chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur la même année[4],[5].

En , la plainte de Zakaria Moumni est classée sans suite par le parquet de Paris, possiblement en raison de l'absence d'Abdellatif Hammouchi sur le territoire français[10].

Violences contre Nasser Zefzafi

Nasser Zefzafi, un leader du Hirak rifain, affirme avoir subi une pénétration anale et s’être fait uriner dessus par ses hommes[11],[12].

Des vidéos montrant Nasser Zefzafi dénudé ont été publiées sur internet, visiblement dans le but de l'humilier[13].

Décorations par la France et l'Espagne

Le , le ministre de l’Intérieur français Bernard Cazeneuve a rendu hommage à Abdellatif Hammouchi lors d'un déplacement officiel à Rabat et déclare[14],[15] : « La France avait déjà eu l’occasion de distinguer M. Hammouchi en 2011 en lui attribuant le titre de chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur. Elle saura prochainement lui témoigner à nouveau son estime en lui remettant cette fois les insignes d’officier. »

Le , le gouvernement espagnol décorait le patron de la DST de la « Croix honorifique de mérite policier avec distinction rouge ». Une décoration remise au siège de la direction générale de la police à Madrid, par le secrétaire d’État espagnol à la Sécurité, Francisco Martínez[réf. souhaitée].

Presque sept mois plus tard, l’exécutif dirigé par Mariano Rajoy justifie la décoration d'Abellatif Hammouchi pour services rendus dans la lutte contre les cellules islamistes. C’est la position exprimée par le ministère de l'Intérieur dans une réponse à une question écrite émanant de certains députés d’extrême gauche, indique l’agence Europa Press[16].

Le 23 septembre 2019, le gouvernement espagnol, sur proposition du ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, a décidé de lui attribuer la Grand-Croix de l’Ordre du mérite de la Garde civile[17],[18].

Notes et références

  1. « DGST : Abdellatif Hammouchi remplace Ahmed Harrari », sur Maghress (consulté le ).
  2. « Abdellatif Hammouchi », sur TRIAL International (consulté le )
  3. « Abdellatif Hammouchi, le superflic du Maroc, au cœur de l’affaire Pegasus », Mediapart, .
  4. Madjid Zerrouky, « « Projet Pegasus » : Abdellatif Hammouchi, homme le mieux informé du Maroc et grand ami de la France », Le Monde, (lire en ligne).
  5. Armin Arefi, « Pegasus : Abdellatif Hammouchi, l’espion marocain qui embarrasse la France », Le Point, (lire en ligne).
  6. « Tension diplomatique entre la France et le Maroc », sur lefigaro.fr, .
  7. (en) Aida Alami, « Morocco Crushed Dissent Using a U.S. Interrogation Site, Rights Advocates Say », The New York Times, (lire en ligne).
  8. « Incident diplomatique entre la France et le Maroc, l'ambassadeur de France à Rabat convoqué », RTL, .
  9. Fabrice Randoux, Agence France-Presse, « Les députés approuvent l'accord judiciaire controversé destiné à réconcilier Paris et Rabat », Le Point, .
  10. « Une plainte visant le chef des renseignements marocain classée », Le Figaro, (lire en ligne).
  11. AFP, « Maroc : Zefzafi, le chef du "Hirak", réaffirme avoir été victime de "torture" », sur L'Orient-Le-Jour,
  12. El Watan, « Zefzafi : «Ils m’ont obligé à crier ‘‘Vive le roi !’’ pour cesser de me torturer» », sur El Watan,
  13. Redaction Medias24, « Zefzafi filmé en prison: choc, enquête, interrogations », sur Medias24,
  14. « Accusé de torture, un dignitaire marocain va être décoré par la France », sur rtl.fr (consulté le ).
  15. « La France décorera Abdellatif Hammouchi », sur telquel.ma, .
  16. Yabiladi.com, « Maroc/Espagne : Madrid justifie la décoration de Hammouchi », sur www.yabiladi.com (consulté le ).
  17. « Espagne: Abdellatif Hammouchi décoré de la Grand-Croix de l'Ordre du mérite de la Garde civile », sur Al HuffPost Maghreb, (consulté le ).
  18. « Espagne : Abdellatif Hammouchi reçoit la Grand-Croix de l'Ordre du mérite de la Garde civile - La Vie éco », sur https://www.lavieeco.com/ (consulté le )
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