Abdelnasser Benyoucef
Abdelnasser Benyoucef (en arabe : عبد الناصر بن يوسف), dit Abou Mouthana al-Djaziri, né en 1976 à Iferhounène en Algérie et présumé mort en mars ou avril 2016 en Syrie, est un djihadiste et terroriste algérien.
Abdelnasser Benyoucef | |
Surnom | Abou Mouthana al-Djaziri |
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Naissance | Iferhounène (Algérie) |
Décès | mars ou avril 2016 (Syrie) |
Origine | Algérien |
Allégeance | Al-Qaïda (années 2000) État islamique (2013-2017) |
Arme | Amniyat |
Commandement | Katiba al-Battar |
Conflits | Insurrection dans la vallée du Pankissi Guerre civile syrienne |
Faits d'armes | Bataille de Deir ez-Zor |
Biographie
Abdelnasser Benyoucef naît en 1976 à Aït Enzar, dans la commune d'Iferhounène[1]. Il grandit au sein d'une famille aisée[2],[3]. Il arrive en France à l'âge de 5 ans et s'établit chez son grand-père à Aulnay-sous-Bois[3]. Élève médiocre, il interrompt sa scolarité à l'adolescence et exerce plusieurs petits boulots[3]. Il s'implique également dans des associations caritatives et sportives[3]. Vers l'âge de 17 ans, il verse dans le vol, le hold-up et le trafic de drogue[3],[2]. Quelques années après, il adhère à l'idéologie djihadiste[2],[3].
En 2000, alors âgé de 23 ans, Abdelnasser Benyoucef se rend en Afghanistan, où il effectue un stage d'entraînement au côté de Zine Edine K., un de ses camarades de mosquée qui serait son mentor[3]. En 2001, il passe plusieurs mois en Géorgie, dans la vallée du Pankissi, où il reçoit de nouveaux entraînements para-militaires dans une base arrière d'al-Qaïda[2],[3]. Il échoue cependant à se rendre en Tchétchénie en guerre, un hiver précoce ayant rendu les routes de montagne impraticables[2],[3].
Il retourne ensuite en France, mais les membres de son groupe son interpellés en [2]. Abdelnasser Benyoucef échappe cependant au coup de filet[2]. Il poursuit ses activités et recèle des objets volés afin de financer le « djihad »[3]. Au printemps 2004, il mène avec Zine Eddine K. le faux braquage d'un convoyeur de fonds complice et dérobe un million d'euros à la Brink's[4],[3]. Abdelnasser Benyoucef parvient à fuir en Algérie en , alors que tous ses autres complices sont arrêtés[4],[3]. En 2010, la cour d'assises spéciale de Paris le condamne par défaut à douze ans de prison[1],[3].
Abdelnasser Benyoucef cherche à remettre son butin au Groupe islamique combattant marocain afin de financer des actions terroristes[4]. Cependant, il est arrêté par la police algérienne en [4],[3]. Quarante mille euros sont saisis, mais le reste du butin n'a jamais été retrouvé[4]. Abdelnasser Benyoucef passe ensuite deux années de prison en Algérie, puis sa trace se perd pendant une dizaine d'années[4],[3].
Abdelnasser Benyoucef réapparaît en Syrie en 2013, où il rallie les rangs de l'État islamique en Irak et au Levant[4]. Il est nommé "émir militaire" de la katiba al-Battar[4], basée à Deir ez-Zor[5], considérée comme une "unité d'élite" et constituée d'une centaine de Libyens et d'une vingtaine de francophones[4]. Il a notamment sous ses ordres Abdelhamid Abaaoud et plusieurs membres des futurs commandos de Verviers et du 13 Novembre[6].
Il dirige à distance la cellule de Verviers, qui est neutralisée par la police belge en janvier 2015[2]. Puis en avril 2015, avec Samir Nouad, dit « Amirouche », il est le commanditaire de l'attentat manqué contre l'église de Villejuif, au cours de laquelle Sid Ahmed Ghlam se blesse avec sa propre arme, après avoir cependant assassiné Aurélie Chatelain, une jeune professeur de fitness[2],[3].
Après les échecs de Verviers et Villejuif, Abdelnasser Benyoucef propose à Abou Bakr al-Baghdadi de constituer une structure chargée de projeter des agents opérationnels pour commettre des attentats en dehors du territoire syro-irakien[6]. Il s'inspire alors de la « maison des Algériens », mise en place par Al-Qaïda à Jalalabad en Afghanistan au cours des années 1990[6]. Le "calife" de l'EI accepte l'idée et place cette nouvelle structure sous l'égide de l'Amniyat[6]. Au printemps 2015, la DGSE a la conviction que l'"État islamique" a monté une structure à Raqqa visant à former des commandos pour mener des attentats complexes sur le territoire français en se reposant sur d'anciens réseaux du djihad mondialisé[6]. Sous les ordres d'Oussama Atar, Abdelnasser Benyoucef devient alors, avec Boubaker El Hakim et Samir Nouad, un des hauts responsables de l'Amn al-Kharji, la branche de l'Amniyat chargée des opérations clandestines en dehors des territoires contrôlés par l'"État islamique"[7]. Pour une raison inconnue, il ne semble cependant pas avoir été associé à la planification des attentats du 13 novembre 2015 en France[8].
Abdelnasser Benyoucef aurait été tué vers fin mars ou début avril 2016[9], probablement lors d'un attentat-suicide en Syrie selon la CIA[9].
En septembre 2020, une de ses ex-épouses, revenue de Syrie, le désigne comme le commanditaire de l'attentat perpétré par Amedy Coulibaly le 9 janvier 2015 à l’Hyper Cacher de Vincennes[10] et du projet d'attentat des églises de Villejuif en avril 2015[11].
Le 5 novembre 2020, il est reconnu coupable d'avoir commandité et piloté le projet d'attentat des églises de Villejuif après avoir été jugé par défaut à Paris devant la cour d'assises spéciale. Il écope de la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans avec mandat d'arrêt[12] pour complicité de tentative d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste. Il pourra être rejugé s'il n'est en réalité pas décédé.
Références
- Suc 2018, p. 175.
- Suc 2018, p. 176.
- Timothée Boutry, Un vétéran du djihad a inspiré Sid Ahmed Ghlam, le terroriste de Villejuif, Le Parisien, 17 novembre 2016.
- Suc 2018, p. 177.
- Suc 2018, p. 225.
- Suc 2018, p. 178-179.
- Suc 2018, p. 199.
- Suc 2018, p. 209.
- Suc 2018, p. 316.
- Willy Le Devin, « Une revenante de Syrie désigne son ex-mari comme commanditaire de l’attaque à l'Hyper Cacher », sur Libération.fr, (consulté le )
- « Au procès de Sid Ahmed Ghlam, l’ombre des « logisticiens » de l’Etat islamique », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Meurtre d’Aurélie Châtelain : Sid Ahmed Ghlam condamné à la réclusion à perpétuité », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
Bibliographie
- Matthieu Suc, Les espions de la Terreur, HarperCollins, , 490 p. (ISBN 979-1033902652). .
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