Académie royale d'architecture

L’Académie royale d’architecture française est créée le par Louis XIV, roi de France.

Ne doit pas être confondu avec Académie d'architecture.

Académie royale d'architecture
Médaille commémorative, 1671
Histoire
Fondation
Dissolution
Successeur
Cadre
Type
Domaine d'activité
Pays
Langue
Organisation
Fondateur

Inspirée par Jean-Baptiste Colbert, son premier directeur est l’architecte et théoricien François Blondel (1618-1686), architecte de la ville de Paris.

Établie d’abord au Palais-Royal puis au Louvre à partir de 1692, elle comporte une école d’architecture.

Histoire

L'Académie royale d'architecture a été fondée à la fin de 1671 par Louis XIV à l'initiative de Jean-Baptiste Colbert. Elle a tenu sa première séance le , en présence de Colbert. Pour Colbert, la création de l'Académie est nécessaire pour freiner les phénomènes de détournements de fonds et d'abus de biens sociaux en cours dans tous les grands chantiers royaux[1]. À sa création, Colbert nomme 6 membres, plus un professeur-directeur et un secrétaire. Tous les membres reçoivent le titre d'architecte du roi en 1676[2].

L'Académie royale d'architecture n'a pas joué le même rôle que l'Académie royale de peinture et de sculpture. Elle n'intervient pas dans la désignation des jeunes architectes qui vont se perfectionner à Rome.

À la veille de sa mort, Colbert défini ainsi le programme de l'académie :

« Estan à propos qu'il paroisse quelque chose au public de ce qui se fait icy, et qu'elle soit digne du nom qu'elle porte d'Académie royale d'architecture, il falloit se résoudre à traiter ce qu'il y a de plus particulier dans chacune des parties de l'architecture, qui sont la salubrité, la solidité, la commodité et la beauté des bastimens, et comme celle qui regarde la solidité peut être traitée la première, il (le surintendant) a convié chacun de MM. les architectes du Roi en particulier de penser sérieusement à cette matière et, commençant par la nature des terrains, rapporter au premier jour de ce qu'ils pourront avoir observé sur les différences de terrains, tant à Paris qu'aux environs, et qu'elles sont les précautions qu'ils croiroient devoir estre nécessairement apportées pour construire solidement quelques bastimens que ce puisse estre »[3].

L'académie se réunit une fois par semaine, discute des points techniques qui lui sont soumis, donne son avis sur des édifices quand il lui est demandé, fait la lecture des écrivains qui font autorité en architecture, les commente et les discute : Vitruve, Palladio Philibert Delorme, Vincenzo Scamozzi, Alberti, Serlio. Dès ses premières séances elle a cherché à savoir s'il y avait des lois fixes pour le beau et traita du « Bon Goust » en architecture.

Pendant quarante-six ans, le roi donne des brevets à ceux qu’il juge dignes d’entrer dans cette compagnie, dont son premier architecte était le directeur.

Le , le Surintendant des Bâtiments Jules Hardouin-Mansart réunit l'Académie pour faire part de la décision du roi de rétablir l'académie dans son premier état, à savoir [2]:

mais en créant une seconde classe de dix architectes :

  • Pierre Cailleteau dit « Lassurance », Nicolas II Delespine, Mathieu, Antoine Desgodets, Le Maistre le jeune, Jean-Baptiste Bullet de Chamblain, François Bruand, Cochery, Armand Claude Mollet, Pierre Gittard fils.

En 1717, le duc d’Antin, surintendant des bâtiments royaux, fait confirmer l’Académie d’architecture par lettres patentes, avec des statuts et un règlement qui lui confère le droit de recruter par élection.

Le nombre des académiciens passe de 8 à 24, avec deux classes, la première composée de dix architectes, d’un professeur et d’un secrétaire, et la deuxième de douze architectes. En 1728, la seconde classe est augmentée de huit membres ; en 1756, elle en perd quatre qui passent dans la première[4].

L’Académie est supprimée par le roi le , pour avoir protesté contre la nomination illégale de Charles de Wailly directement dans la première classe, sans avoir fait partie de la seconde, contrairement aux statuts de l'académie. Mais elle est rétablie peu après[5],[6].

Réorganisée par de nouvelles lettres patentes en 1775, elle est alors composée :

  • de 32 architectes, divisés en deux classes, dont la première a un directeur, un professeur d’architecture et un professeur de mathématiques ;
  • de 10 membres honoraires, associés libres ;
  • de 12 correspondants ou associés étrangers. Le surintendant des bâtiments continue, comme par le passé, de nommer le secrétaire perpétuel.

L'Académie est supprimée le sur proposition de l’abbé Grégoire et de Jacques-Louis David, cette académie est reconstituée au sein de l’Institut de France créé en 1795, l’architecture constituant l’une des sections de la classe de littérature et des beaux arts. Elle est ensuite réorganisée sous sa forme actuelle en 1816, dans l’Académie des beaux-arts de l’Institut de France.

Le secrétariat des Beaux-Arts conserve les onze registres des procés-verbaux des séances de l'Académie royale d'architecture. Ceux-ci sont publiés en 1908 par la société de l'histoire de l'art français[2].

Les membres de l’Académie

Les membres primitifs de l’Académie royale d’architecture sont François Blondel, François Le Vau, Libéral Bruant, Daniel Gittard, Antoine Lepautre, Pierre II Mignard, François II d’Orbay et André Félibien[7]

Les directeurs

Les secrétaires généraux

Les professeurs

École de l’Académie royale d’architecture

En 1694, L’Académie royale d’architecture décide d’organiser un enseignement sous la forme de leçons, programmes et de concours accordés tous les mois. Des prix et des médailles sont décernés à partir de 1701. En 1720, un grand prix de l’Académie est accordé chaque année ; c'est l’ancêtre de ce qui va devenir le prix de Rome. Le lauréat se voit octroyer une bourse pour un séjour à l’Académie de France à Rome. Des professeurs sont institués en plus des académiciens.

L’école de l’Académie se voit concurrencée à partir des années 1740 par les cours particuliers qu’organisent certains architectes chez eux. C’est le cas de Jean-Laurent Legeay ou encore de Jacques-François Blondel qui, en créant une école indépendante, l’École des arts, parvient à monopoliser avec ses élèves la plupart des grands prix de l’Académie.

À la Révolution, la Convention nationale décide de confier l’enseignement de l’architecture à l’École polytechnique, avec comme professeur Jean-Nicolas-Louis Durand. L’enseignement est ensuite progressivement reconstitué au sein de la nouvelle école des beaux-arts.

Bibliothèque

L'Académie royale d'Architecture était également dotée d'une bibliothèque, mise sous scellés en 1793[15].

Notes et références

  1. Anthony Gerbino, « Blondel, Colbert et l’origine de l’Académie royale d’architecture », sur Openedition.org,
  2. Henry Lemonnier, « Cinquante années de l'Académie Royale d'Architecture (1671-1726) », sur Persee.fr,
  3. Henry Lemonnier, tome 1, p. LIII-LV
  4. Henry Lemonnier, tome VI, p. 290, 341-343 (lire en ligne)
  5. Henry Lemonnier, tome VII, p. 308-318 (lire en ligne)
  6. Charles Marionneau, Une nomination à l'ancienne académie royale d'architecture, p. 468-509, Réunion des sociétés savantes des départements à la Sorbonne. Section des beaux-arts, Ministère de l'instruction publique, 1894, 18e session (lire en ligne)
  7. Consulter la Catégorie:Académie royale d'architecture
  8. Note : On connaît peu de chose de sa biographie : chanoine de l'église Notre-Dame, conseiller clerc au parlement de Paris, historiographe des Bâtiments du Roi, plus tard, historiographe de l'Académie de peinture (Henry Lemonnier, Procès-verbaux de l'Académie royale d'architecture, tome 3, p. 162).
  9. Voir : Philippe Le Bas, p. 84-85.
  10. Henry Lemonnier, tome 5, p. 22-23, 29, 61
  11. Voir : Henry Lemonnier, tome VIII, p. 21-22.
  12. Voir : Henry Lemonnier, tome VIII, p. 194.
  13. Voir : Henry Lemonnier, tome VIII, p. 292.
  14. Voir : Henry Lemonnier, tome IX, p. 323. Les académiciens l'ont préféré à l'autre candidat, Jean Rondelet. Ce dernier a remplacé Rieux à l'école d'architecture, à sa mort, en 1806.
  15. Léonore Losserand, « L’empreinte d’une institution disparue : l’Académie royale d’architecture à l’aune de sa bibliothèque (1671-1793) », sur Histoire-architecture.org,

Voir aussi

Bibliographie

  • Lettres patentes portant établissement d'une Académie d'architecture. Enregistrées au Parlement le (lire en ligne)
  • Lettres patentes en forme d'édit, portant création de 8 nouveaux architectes de la seconde classe de l'Académie royale d'architecture. Enregistrées au Parlement le (lire en ligne)
  • Lettres patentes qui fixent le nombre des membres dont les deux classes de l'Académie royale d'architecture seront composées à l'avenir. Enregistrées au Parlement le (lire en ligne)
  • Lettres patentes du roi portant nouveaux statuts et règlemens pour l'Académie royale d'architecture. Registrées en Parlement le (lire en ligne)
  • Article « Académie » du Dictionnaire d’architecture de d’Aviler
  • Germain Brice, Description nouvelle de la vile de Paris et recherche des singularitez les plus remarquables qui se trouvent à présent dans cette grande vile, tome 1, p. 55-59 (vues 85-89), chez Michel Brunet, Paris, 1706 (lire en ligne)
  • Philippe Le Bas, Académie d'architecture, dans L'Univers. France - Dictionnaire encyclopédique, tome 1, p. 82-85, Firmin-Didot frère éditeurs, Paris, 1840 (lire en ligne)
  • Académie d'architecture, p. 419-424, Archives de l'art français : recueil de documents inédits relatifs à l'histoire des arts en France, 1851, tome 1 (lire en ligne)
  • David de Pénanrun, F. Roux et E. Delaire, Les Architectes élèves de l’école des beaux-arts (1793-1907), Librairie de la construction moderne, 2e éd., 1907, p. 128-131 (lire en ligne)
  • Académie d'architecture, p. 419-424, Archives de l'art français, tome 1, 1851-1852 (lire en ligne)
  • Henry Lemonnier, Procès-verbaux de l'Académie Royale d'Architecture, 1671-1793, Tome I 1671-1681, Jean Schemit, Paris, 1911 (lire en ligne)
  • Henry Lemonnier, Procès-verbaux de l'Académie Royale d'Architecture, 1671-1793, Tome II 1682-1696, Jean Schemit, Paris, 1912 (lire en ligne)
  • Henry Lemonnier, Procès-verbaux de l'Académie Royale d'Architecture, 1671-1793, Tome III 1697-1711, Jean Schemit, Paris, 1913 (lire en ligne)
  • Henry Lemonnier, Procès-verbaux de l'Académie Royale d'Architecture, 1671-1793, Tome IV 1712-1726, Édouard Champion, Paris, 1915 (lire en ligne)
  • Henry Lemonnier, Procès-verbaux de l'Académie Royale d'Architecture, 1671-1793, Tome V 1727-1743, Édouard Champion, Paris, 1918 (lire en ligne)
  • Henry Lemonnier, Procès-verbaux de l'Académie Royale d'Architecture, 1671-1793, Tome VI 1744-1758, Édouard Champion, Paris, 1920 (lire en ligne)
  • Henry Lemonnier, Procès-verbaux de l'Académie Royale d'Architecture, 1671-1793, Tome VII 1759-1767, Librairie Armand Colin, Paris, 1922 (lire en ligne)
  • Henry Lemonnier, Procès-verbaux de l'Académie Royale d'Architecture, 1671-1793, Tome VIII 1768-1779, Librairie Armand Colin, Paris, 1924 (lire en ligne)
  • Henry Lemonnier, Procès-verbaux de l'Académie Royale d'Architecture, 1671-1793, Tome IX 1780-1793, Librairie Armand Colin, Paris, 1926 (lire en ligne)
  • Henry Lemonnier, W. Viennot, Procès-verbaux de l'Académie Royale d'Architecture, 1671-1793, Tome X Table générale, Librairie Armand Colin, Paris, 1926 (lire en ligne)
  • Henry Lemonnier, Cinquante années de l'Académie royale d'architecture (1671-1726), p. 445-460, Journal des savants, 1915, Volume 13, no 10 (lire en ligne)
  • Jean-Pierre Epron, L'école de l'académie (1671-1793) ou l'institution du goût en architecture, Nancy, École d'architecture de Nancy, (lire en ligne)
  • Nicole Felkay, Nouveaux documents sur l'Académie d'architecture sous Louis XIV, p. 275-286, Bulletin de la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-de-France, 1987 (lire en ligne)
  • Hélène Rousteau-Chambon, L’Enseignement à l’Académie royale d’architecture, Presses universitaires de Rennes, 2016, (ISBN 978-2-7535-5166-4)
  • Wolfgang Schöller, Die Académie royale d´architecture, 1671-1793. Anatomie einer Institution. Köln-Weimar-Wien 1993 (ISBN 3-412-00993-8)

Articles connexes

Liens externes

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