Adriana Mater
Adriana Mater est le second opéra de la compositrice finlandaise Kaija Saariaho, créé en 2006 à Paris, sur un livret de l'écrivain franco-libanais Amin Maalouf. L'histoire décrit la vie d'Adriana et de son fils Yonas, se trouvant perdus au milieu d'une guerre civile dans une époque et un lieu inconnus.
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Description
Opéra en deux actes et sept tableaux, la durée approximative de l'ouvrage est de deux heures. Le livret, en langue française, est dédié à Gerard Mortier, directeur de l'Opéra de Paris et commanditaire de l'œuvre. La compositrice a dédié son œuvre au metteur en scène Peter Sellars et à sa mère.
Genèse
L'opéra est une commande de de l'Opéra de Finlande[1] et de l'Opéra de Paris par son directeur, Gérard Mortier[2], qui avait déjà travaillé avec le trio de la compositrice, du librettiste et du metteur en scène, lors du Festival de Salzbourg pour le premier opéra de Kaija Saariaho, L'Amour de loin, créé en 2000. L'ouvrage est écrit entre 2004 et 2005 et la parition est composée en 2005, une fois le livret achevé[1].
La création mondiale d'Adriana Mater devait avoir lieu le 30 mars 2006. Une grève sans préavis des machinistes de l'Opéra Bastille entraîna l'annulation au dernier moment de cet événement[2],[3] qui devait réunir plus de 150 journalistes venant de 15 pays de différents, ainsi que de nombreux spectateurs étrangers (notamment finlandais).
Création
Il est finalement créé pour six représentations le à l'Opéra Bastille à Paris sous la direction du compositeur finlandais Esa-Pekka Salonen, avec l'Orchestre de l'Opéra de Paris et le Chœur de l'Opéra national de Paris sous la direction de Peter Burian. Mis en scène par Peter Sellars, les décors y étaient assurés par George Tsypin et les costumes par Martin Pakledinaz. Les interprètes de la création étaient Patricia Bardon en Adriana, Solveig Kringelborn en Refka, Stephen Milling en Tsargo et Gordon Gietz en Yonas, et Gilbert Nouno assurait la réalisation musicale du dispositif électronique[4].
Lors de cette première production, la mise en scène comprend des décors présentant des habitations à dômes, que l'on trouve dans les pays du sud-est de l'Europe, voire dans les pays orientaux. La deuxième partie de l'opéra présente les mêmes décors mais détruits par le temps et la guerre, dix-huit années s'étant écoulées[5].
Postérité
Le livret est édité une première fois en version originale par les Cent Une en décembre 2005 et mis en image par Miguel Condé[6], puis publié le 8 mars 2006 par les Éditions Grasset, la partition chez Chester Music.
Le livret a été par la suite adapté théâtralement par la Compagnie de la Porte au Trèfle (Festival de Casablanca 2008, primé meilleur spectacle, Beyrouth 2009).
Contenu
Rôles
Rôles | Voix | Créateurs |
---|---|---|
Adriana | mezzo soprano | Patricia Bardon |
Refka, sœur d'Adriana | soprano | Solveig Kringelborn |
Yonas, fils Adriana | tenor | Gordon Gietz |
Tsargo, père de Yonas | baryton-basse | Stephen Milling |
Chœur |
Orchestration
Adriana Mater est écrit pour un vaste orchestre et un chœur mixte (SATB) :
- 3 flûtes, 3 hautbois, 3 clarinettes, 2 bassons, 4 cors, 4 trompettes, 3 trombones, tuba, 4 percussionnistes, timbales, harpe, 2 pianos (aussi célesta), cordes
Cet opéra requiert également un dispositif électronique de spatialisation et d'amplification en temps réel de l'orchestre, des solistes et du chœur[7].
Argument
La première partie d'Adriana Mater se déroule dans un pays rappelant les Balkans, à l'aube de la guerre. Adriana, une jeune femme joviale et heureuse, refuse les avances de Tsargo, un homme méprisable, violent et alcoolique. Quand la guerre éclate, celui-ci abuse de son nouveau pouvoir de soldat et, prétextant vouloir la protéger "des autres", rentre chez elle et la viole. Enceinte, Adriana s'interroge sur son futur enfant : Sera-t-il bon ou mauvais ? Lui ressemblera-t-elle ? Ressemblera-t-il à Tsargo ? « Sera-t-il Abel ou Caïn » ?
Dans la deuxième partie dix-huit années se sont écoulées. Adriana avoue à son fils, Yonas, les circonstances de sa conception. Le jeune homme, enivré par la colère et la haine, décide de retrouver son père, dont il a appris le retour au village, et de le tuer. Yonas découvre alors que Tsargo est devenu aveugle et malgré sa haine ne trouve pas la force de le tuer. Plutôt que par la vengeance, l'opéra se conclut sur un pardon salvateur, laissant entrevoir l'espoir.
Acte I
Tableau 1 : Clartés
Tableau 2 : Ténèbres
Tableau 3 : Deux cœurs
Acte II
Tableau 4 : Aveux
Tableau 5 : Rages
Tableau 6 : Duel
Tableau 7 : Adriana
Analyse
De par ses thèmes, la force du livret et la violence de la musique, Adriana Mater est, de l'aveu de la compositrice elle-même, son œuvre la plus sombre à ce jour.[réf. nécessaire]
Le récit du livret reprend les grands schémas de la tragédie classique, mêlant les désirs du héros avec l'irrévocabilité du destin[8].
Représentations
- L'opéra est joué à Santa Fe dans une première américaine en août 2008. Dirigés par Ernest Martínez Izquierdo, le rôle d'Adriana est assuré par Monica Groop, Refka par Pia Freund, Yonas par Joseph Kaiser et Tsargo par Matthew Best[9].
Notes et références
- (en-US) Alan Riding, « The Opera 'Adriana Mater' Addresses Motherhood in a War Zone », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
- Eric Dahan, « «Adriana Mater», tragédie sans épaisseur », sur Libération, (consulté le )
- Marie-Aude Roux, « Décevante "Adriana Mater" », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- (en) Pirkko Moisala, Kaija Saariaho, University of Illinois Press, , 144 p. (ISBN 978-0-252-09193-3, lire en ligne), p. 24
- Bertrand Bolognesi, « Adriana Mater », sur Anaclase (consulté le )
- « Adriana Mater », sur Les Cent Une (consulté le )
- Nicolas Blanmont, « Adriana Mater, opéra français », sur La Libre.be, (consulté le )
- « Amin Maalouf, Adriana Mater », sur La Plume Francophone, (consulté le )
- George Loomis, « Adriana Mater, Santa Fe Opera », sur Financial Times, (consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives à la musique :
- Partitions sur la fiche de l'œuvre du site officiel de la compositrice
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