Affaire André Fort - Pierre de Castelet

En juillet 1993, le diocèse d'Orléans est informé d'agressions sexuelles possibles commises par l'abbé Pierre de Castelet lors d'un camp de vacances dans les Pyrénées. Les évêques successifs du diocèse, René-Lucien Picandet, Gérard Daucourt et André Fort, maintiennent le prêtre dans ses fonctions[1]^,[2]. Lors de son procès en 2018, Pierre de Castelet confirme que sa « hiérarchie savait »[3].

En 2008, Olivier Savignac dénonce, dans un courrier adressé au diocèse d'Orléans, des attouchements sexuels subis en 1993 de la part de l'abbé Pierre de Castelet. Ces agressions se sont déroulées lors d'un camp dans le sud-ouest de la France du Mouvement eucharistique des jeunes où l'abbé est aumônier[4].

Sans réponse à son courrier, Olivier Savignac décide de rencontrer André Fort, évêque d'Orléans, en 2010. Il lui révèle qu'en 1993 il a été victime d'actes pédophiles de l'abbé Pierre de Castelet[5]. André Fort s'engage alors à agir sur le dossier. Mais un an plus tard, Olivier Savignac découvre que Pierre de Castelet est toujours en fonction auprès de mineurs, notamment au sein des Scouts d'Europe. « Il m'avait promis de prendre des mesures mais je me suis aperçu en cherchant sur internet qu'il était toujours au contact d’enfants et même qu’il donnait des conférences sur la pédophilie dans l'Église ». En effet, Pierre de Castelet est aussi désigné comme expert pour les problèmes de pédophilie en droit canon[5]^,[4].

Olivier Savignac décide alors d'écrire une nouvelle lettre à l'évêque d'Orléans exigeant que le prêtre soit dénoncé à la justice. À défaut, il engagerait lui-même la procédure. Jacques Blaquart, le nouvel évêque à la tête du diocèse, transmet la lettre au procureur et une enquête préliminaire est immédiatement ouverte à l'encontre de Pierre de Castelet[5].

Par ailleurs, trois des victimes de l'abbé reprochent à André Fort de ne pas avoir dénoncé ces crimes pédophiles alors qu'il en avait la connaissance dès 2010. André Fort est mis en examen pour non-dénonciation d'actes pédophiles en juin 2017[6]^,[7].

L'instruction va durer pratiquement sept ans. L'avocat Edmond-Claude Fréty, conseil des parties civiles, considère « que l'instruction a été lente et compliquée car elle mettait en cause la hiérarchie du prêtre »[5].

Finalement, Pierre de Castelet et André Fort sont jugés conjointement, à partir du 30 octobre 2018, au tribunal correctionnel d’Orléans[8]. Toutefois, évoquant un problème de santé l'évêque, âgé de 83 ans, ne se présente pas à l'audience[3]. Cette absence est mal perçue par les membres du tribunal. Le procureur de la République indique : « J'aurais pu envoyer le médecin légiste pour vérifier la maladie. Je le faisais avec les mafieux corses. Je ne me voyais pas le faire avec un évêque » [9]. Il requiert pour André Fort un an de prison ferme avec mandat d'arrêt[10].

En novembre 2018, André Fort est condamné à huit mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d’abus sexuels sur mineurs[11] et Pierre de Castelet est condamné à trois années d'emprisonnement dont deux ferme[12].

En 2021, après avoir reconnu les agressions devant un juge canonique[13], Pierre de Castelet obtient de la Congrégation pour la doctrine de la foi, de ne plus faire partie de l'état clérical[14].

Alors qu'André Fort est évêque du diocèse de Perpignan-Elne, il est informé en juillet 1997 des agressions sexuelles du prêtre Francis Braem. Il conseille au prêtre de se dénoncer à la justice mais ne le fait pas lui-même, se contentant de le déplacer dans l'Hérault. Finalement, c'est la famille d'une des victimes qui porte plainte. Francis Braem est condamné à dix-huit mois de prison avec sursis pour agressions sexuelles sur mineurs. Huit victimes du prêtre se sont fait connaître pour des agressions commises entre 1992 et 1998[15]^,[16].