Affaire Kébé
L'affaire Kébé a vu le jour le lors d'un match de la 7e journée de Ligue 2 opposant le FC Libourne-Saint-Seurin au SC Bastia au Stade Jean-Antoine-Moueix, remporté par les Bastiais sur le score de 4-2.
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Lors de ce match un joueur du FC Libourne-Saint-Seurin, Boubacar Kébé fut expulsé pour un doigt d'honneur envers les supporters corses regroupés au sein de l'espace visiteur du stade[1]. Le lendemain, il déclara avoir été victime d'insultes racistes, une plainte contre X est alors déposée.
Dès lors, les médias s'emparèrent de l'affaire, sans attendre les résultats de l'enquête. Le , Philippe Buisson, élu socialiste de la ville de Libourne, adressa une lettre à Frédéric Thiriez, président de la Ligue de football professionnel, afin de réclamer des sanctions contre le SC Bastia[2]. Il soutient en effet avoir personnellement assisté aux insultes. Il est à signaler que la tribune d'honneur est située à l'opposé de l'espace visiteur.
Le , à la suite de cette affaire, la commission de discipline de la Ligue de football professionnel décida de retirer un point au SC Bastia – une première dans l'histoire du football français concernant la lutte contre le racisme. Les arguments utilisés pour justifier cette condamnation furent les propos du joueur, ceux de l'arbitre assistant ainsi que les « antécédents » du club bastiais lors de l'affaire Pascal Chimbonda bien que la plainte déposée par la Fédération française de football et le SC Bastia fut classée sans suite. La commission d'appel confirma la sanction.
Le , le FC Libourne-Saint-Seurin se déplaça au Stade Armand-Cesari pour le match retour. Boubacar Kébé se déclara blessé et fut donc absent du voyage en Corse. Mais des supporters bastiais déployèrent deux banderoles mentionnant « Kébé on n'est pas raciste, la preuve on t'encule », en réaction aux accusations portées contre leur club. Une nouvelle fois, les médias crièrent au racisme et même à l'homophobie.
À la suite de cette nouvelle affaire, la Ligue décida d'enquêter et condamna le SC Bastia à un match à huis clos. Le président de la LFP, Frédéric Thiriez décida immédiatement de faire appel de sa propre commission, jugeant la mesure peu sévère. La commission supérieure de la Fédération française de football ajouta, le , un retrait de deux points au classement. Dans le même temps, elle annula la sanction d'un point au FC Metz lors de l'affaire Abdeslam Ouaddou alors même que le racisme d'un spectateur était avéré.
Le club bastiais, n'acceptant pas la sanction, réagit à travers son président du directoire, Pierre-Paul Antonetti, qui dans un communiqué demanda la démission de Frédéric Thiriez, tout comme son coordinateur sportif Joseph Bonavita.
La dernière sanction d’un match à huis clos et d’un retrait de deux points au Sporting, constitue la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Sans aucune preuve on accuse notre club de complicité dans l’affaire de la banderole, ce qui est extrêmement grave, et qui au vu du contexte particulier de cette affaire, peut quasiment s’apparenter à de la diffamation. Face à ce déchaînement et cet acharnement qui la frappe une fois encore, la famille du Sporting tient à montrer un front uni et à réagir fermement.
Lors de la récente finale de la Coupe de Ligue qui comme chacun sait est « la Coupe à Thiriez », une banderole insultante de plus de 40 mètres est entrée au nez et à la barbe de la sécurité et de la Ligue. Nous ne voyons donc pas pourquoi le Président de la LFP ne s’appliquerait pas à lui-même, les remèdes qu’il préconise aux autres. Et si nous sommes complices, alors ces messieurs le sont aussi. En conséquence, et puisqu’on ne peut pas retirer de points à Monsieur Thiriez, le Sporting Club de Bastia lui demande officiellement de tirer les enseignements du fiasco de Saint-Denis et de présenter sa démission immédiateMonsieur le Président,
Aujourd’hui, à l’aube de mes 70 ans, coordinateur sportif bénévole au SC Bastia, voilà plus d’un demi-siècle que je sers le football, d’abord comme joueur, puis en tant qu’éducateur, arbitre et Président de club amateur.
Je viens par la présente vous faire part de mes sentiments. Je suis scandalisé par la sanction qui a été infligée à mon club auquel je suis dévoué depuis 30 ans, depuis la célèbre épopée de 1978 qui aura été, il faut se le rappeler, le détonateur du football français. Ces paroles ont été prononcées en Assemblée Générale des clubs par un ancien Président de la « Ligue Nationale de Football », le regretté Jean SADOUL.
Cette sanction a été dictée par un seul homme, le Président de la Ligue de Football Professionnelle à qui je ferais trop d’honneur en citant son nom. Lorsque ce monsieur a fait appel de la décision de SA Commission de Discipline (qui n’est plus souveraine), qui avait sanctionné Bastia d’un match à huis clos, il savait très bien que la Commission Fédérale d’Appel allait l’entendre, étant donné qu’il est Vice-Président de la Fédération Française de Football.
J’ose espérer que les sanctions qui visent le PSG seront à la hauteur des incidents survenus depuis des saisons, et surtout ceux intervenus lors de la Finale de la Coupe de la Ligue devant le Président de la République (introduction d’une banderole raciste et injurieuse), Coupe qui comme chacun sait est organisée par le Président de la Ligue de Football Professionnelle.
La meilleure solution pour ce Monsieur est de démissionner de son poste et de quitter à jamais le football français, car si ma mémoire est bonne je n’ai jamais entendu son nom avant qu’il ne soit parachuté à la Présidence de la Ligue de Football Professionnel.
Voilà ce que je voulais vous dire, Monsieur le Président, et j’ai le regret de vous retourner les deux médailles reçues par la Fédération Française de Football, médaille d’argent et de vermeille, car je suis profondément touché par ce qui arrive à mon club et je me sens tout autant sanctionné. Je n’ai donc plus à porter ces distinctions.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, mes salutations sportives.
Monsieur Joseph BONAVITA
Coordinateur Sportif du SC BastiaL'affaire fut portée devant la justice et le , le tribunal administratif de Bastia décida de rendre le point au SC Bastia, estimant que rien ne prouvait l'origine des insultes entendues par Boubacar Kébé[3]. Comme pour l'affaire Pascal Chimbonda, personne ne fut condamné, remettant en cause les accusations de racisme portées envers le club bastiais.
Le , la cour d'appel de Marseille décide que la décision initiale a finalement été jugée « justifiée »[4]. Le club de Bastia est condamné à verser 3 000 euros à la FFF[4].
Notes et références
- « Le club de football de Bastia perd un point pour insultes racistes », article du Monde, 15 octobre 2007
- http://www.philippebuisson.net/article-7121660.html
- https://www.corsematin.com/ra/corse/158484/bastia-le-tribunal-administratif-de-bastia-annule-la-sanction-contre-le-scb
- Bastia condamné dans l'affaire Kébé, www.lequipe.fr, 23 octobre 2010.
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