Affaire Mortara
L'affaire Mortara est nommée d'après Edgardo Mortara (né à Bologne (Italie), le et mort à Bressoux (Belgique), le ), un garçonnet juif de 6 ans, vivant alors à Bologne, ville des États pontificaux en Italie et qui, après avoir été ondoyé secrètement par sa nourrice catholique, fut enlevé par les autorités papales en 1858 pour être élevé au sein de la religion catholique.
Pour les articles homonymes, voir Mortara (homonymie).
Cette affaire devint un scandale international.
Les faits
Le , à dix heures du soir, la police pontificale (le lieutenant‑colonel des carabiniers Luigi De Dominicis, le maréchal Lucidi et le brigadier Agostini), accompagnée de représentants des forces de l'ordre (laïc, bras séculier) de Bologne qui faisait alors partie des États de l'Église, fait irruption au 196 via delle Lame, le domicile de la famille juive de Salomone Levi (dit « Momolo ») et Mariana Mortara (née Padovani). Ils réveillent leurs huit enfants (les jumelles Ernesta et Erminia 11 ans, August 10 ans, Arnoldo 9 ans, Edgardo 6 ans, Ercole 4 ans et le bébé Imelda) et s'emparent d'Edgardo, six ans et dix mois, en annonçant aux parents que l'enfant a été ondoyé secrètement par leur ancienne employée, Anna Morisi (habitant à Persiceto), lors d'une maladie[1]. La jeune servante ne « révèle » ce « baptême » que six ans plus tard[2].
Selon la loi des États pontificaux, l'enfant ne peut rester dans une famille juive, car, ayant été baptisé, il aurait été considéré comme apostat, et donc excommunié[3]. Afin de « sauver son âme », l'Église considérait avoir le devoir moral d'empêcher cette apostasie. L'enlèvement a été orchestré par l'inquisiteur de Bologne Pier Gaetano Feletti, père dominicain et neveu du pape, sur ordre de Rome[4].
Un voisin juif témoigne après avoir été alerté par l’agitation nocturne chez les Mortara :
« J’ai vu une maman éperdue de douleur, le visage ruisselant de larmes, et un père qui s’arrachait les cheveux, tandis que leurs enfants agenouillés suppliaient les policiers d’avoir pitié d’eux. C’est une scène si poignante que je suis incapable de la décrire »[1].
Devant les suppliques des parents agenouillés[5], les gendarmes leur accordent le temps d'intercéder auprès des autorités ecclésiastiques mais le cardinal Feletti reste inflexible. À une heure du matin, le petit Edgardo Mortara est retiré à ses parents et conduit immédiatement à Rome pour être élevé à la Maison des catéchumènes (institut des Néophytes) fondée en 1543 par le pape Paul III, dédiée aux Juifs et musulmans nouvellement convertis au catholicisme[6] et entretenue avec le produit des taxes imposées aux synagogues de l'État papal[6],[7], où il reçoit un second baptême en présence de l'inquisiteur Feletti[4]. Au cours du voyage, il est renommé Pio, c'est-à-dire Pie, du nom du souverain pontife et on échange la petite mezouzah qu'il porte autour du cou contre un crucifix[8],[1].
Du fait de sa maladie, le nourrisson avait seulement été ondoyé : l'ondoiement est en effet un baptême réservé en cas de danger de mort imminent ; dans ce cas (in articulo mortis), tout chrétien laïc a le pouvoir de l'administrer : il consiste en l'effusion d'eau accompagnée de la formule sacramentelle : « Je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. » Canoniquement licite et valide, l'ondoiement doit être, si possible, complété ultérieurement si le baptisé survit[9].
Répercussions
À l'automne 1858, le journal catholique de Bologne, oubliant les cris et les pleurs de ses parents et de sa fratrie, rapporte que l'enlèvement (appelé « le retrait ») de l'enfant « a été fait avec douceur, uniquement grâce à l'utilisation de la persuasion » et que « chaque fois que la voiture s'est arrêtée dans une ville [sur son chemin vers Rome], la première chose qu'il a demandé était d'entrer dans l'église... montrant la dévotion la plus émouvante »[10], alors qu'Edgardo indiquera plus tard qu'il réclamait ses parents en sanglotant et qu'on lui avait menti que ses parents l’attendaient à Rome[1]. Dans la même veine, la revue jésuite du Vatican, La Civiltà Cattolica, affirme qu'Edgardo a montré un « bonheur extraordinaire » en entrant chez les catéchumènes, contrastant avec « l'immense malheur pour ses parents d'être et de vouloir rester Juifs »[10].
L'article de La Civiltà Cattolica romaine, « Il piccolo neofito Edgardo Mortara », paraît à Bruxelles dans une version française sous forme de brochure, peu de temps après, sous le titre La Vérité sur l'affaire Mortara[11].
L'affaire fait grand bruit tant en Italie qu'à l'étranger. Dans le royaume de Sardaigne, qui était alors un État distinct mais travaillait activement à l'unification nationale italienne, le gouvernement comme la presse font état de l'incident pour renforcer leurs revendications visant à libérer les terres italiennes de l'influence temporelle des États pontificaux.
Les protestations reçoivent l'appui d'organisations juives et de personnalités politiques et intellectuelles britanniques, américaines, allemandes et françaises ; à Paris cet épisode, ainsi que d'autres actes antisémites commis, sont le point de départ de la naissance de l'Alliance israélite universelle (AIU)[12]. Mais même chez les catholiques les critiques ne manquent pas. L'abbé Delacouture, professeur de théologie, publie dans Le Journal des débats du , une analyse indignée de l'affaire, où il déplore que l'enlèvement du petit Mortara se soit fait au mépris des lois de la religion comme de celles de la nature.
Il ne se passe pas longtemps pour que les gouvernements de ces pays s'unissent au chœur de ceux qui réclament qu'on rende Edgardo à ses parents. L'empereur des Français Napoléon III proteste lui aussi, avec un poids particulier puisque seules ses garnisons permettent au pape de maintenir le statu quo en Italie[13]. Pie IX reste cependant sourd à de tels appels, et a fortiori à ceux qui viennent des protestants, des athées et des Juifs.
Quand une délégation de notables juifs rencontre Edgardo en 1859, celui-ci âgé de 8 ans déclare : « Je ne m'intéresse à rien de ce qu'en pense le monde. » Par ailleurs, il écrit dans ses mémoires :
« Lorsque j'ai été adopté par Pie IX, tout le monde criait que j'étais une victime, un martyr des jésuites. Mais, en dépit de tout cela, je remercie la Providence qui m'avait ramené à la vraie famille de Jésus-Christ, je vivais heureusement à Saint-Pierre-aux-Liens, et l'Église manifestait ses droits sur mon humble personne, en dépit de l'empereur Napoléon III, de Cavour et des autres grands personnages de la terre. Que reste-t-il de tout cela ? Seulement l'héroïque non possumus du grand Pape de l'Immaculée Conception »[13].
Le pape fait participer Edgardo à une autre rencontre pour montrer que le garçon est heureux sous sa protection. En 1865, il déclare : « J'avais le droit et l'obligation de faire pour ce garçon ce que j'ai fait, et si c'était à refaire, je le referais. » Ceux qui soutiennent que le pontife avait agi correctement font remarquer que les parents, contrevenant à une loi précise de l'État pontifical[14] (largement ignorée[6]), avaient engagé une domestique chrétienne (analphabète), Anna Morisi, qui, voyant le nourrisson (âgé d'un an) sur le point de mourir, l'avait ondoyé en cachette, en guise de baptême improvisé, sur les conseils d'une connaissance, pour éviter qu'il ne finisse dans les limbes[15]. Ce n'est que quelques années plus tard qu'une série de circonstances[16] l'amène à révéler le fait : confessant son acte à son prêtre qui fait remonter l’information l'archevêque de Bologne, le cardinal Viale-Prela, jusqu'à l’inquisiteur officiel qui convoque la jeune fille et l'interroge[1] puis au souverain pontife[17],[4]. L'Église interdisait le baptême des enfants de familles non catholiques, mais elle ajoutait - et ajoute encore aujourd'hui - qu'en danger de mort, le sacrement peut être administré, même contre la volonté des parents (Code du droit canonique, peut. 868 §2)[18]. La liberté religieuse n'en est qu'aux balbutiements.
Les parents Mortara déploient de grands efforts pour tenter de récupérer leur enfant[19] mais l'affaire Mortara s'embrouille dans ces controverses doctrinales et morales, et malgré les appels à ses sentiments de justice et de charité, malgré le rappel des dispositions libérales que le pape avait prises par le passé, il prononce finalement son « Non possumus » (Nous ne pouvons pas)[20] qui devient son leitmotiv[18]. Puisque le baptême était religieusement valable, d'un point de vue catholique, il était du devoir du pape d'assurer à l'enfant une éducation chrétienne (Code de droit canonique, peut. 794 §1)[21], sans tenir compte du fait que l'enfant était déjà marqué par la chair et dans sa chair par son alliance au judaïsme, qu'il n'était pas conscient quand il avait reçu le baptême, ni du désir et de la religion de sa famille d'origine. La validité de cette alliance (visible) à vie chez les Juifs fait écho à celle (invisible) du baptême chez les catholiques, comme le remarque Thomas d'Aquin, pour qui le baptême « configure » une personne au Christ, laissant quelque chose de permanent dans le baptisé ; Augustin compare cela à la marque d'un fer à marquer sur une bête et cette marque serait indélébile[18]. Dans son optique devenue anachronique - le spirituel prenant la préséance sur le temporel et bien que contestée déjà en son temps -, le pape penset qu'il ne peut agir autrement (Non possumus)[18] et il se comporte en conséquence, cherchant d'abord un compromis avec les Mortara : il essaie de les convaincre de faire entrer le garçon dans un collège catholique de Bologne : ainsi, il serait en contact avec sa famille et à 17 ans, il déciderait « librement » de son avenir. Il propose même aux parents Mortara une solution qui réunirait toute la famille : d'accueillir la lumière du Saint-Esprit à travers le baptême pour entrer tous ensemble (les Mortara et leurs sept autres enfants) dans la maison des Catéchumènes afin de retrouver Edgardo. Ne désirent-ils pas si fort récupérer leur fils ? Évidemment, il ne parvient pas à un tel accord avec les parents et au cours de l'été 1858, l'enfant est conduit à Rome[13]. La presse catholique en conclut qu'en définitive, les parents Mortara tiennent plus au judaïsme qu'à leur fils ou s'ingénient plus à ce que leur fils ne soit pas chrétien qu'à le récupérer :
« Ils font les désespérés, non point parce qu’on leur a temporairement soustrait un de leurs huit enfants ; alors que même ainsi, il leur en reste sept à la maison, mais parce que c’est l’Église catholique qui l’a gagné ». - la Civiltà Cattolica[17]
Effet Mortara
En 1861, une autre affaire où Sarah Linnerviel, une jeune fille juive de 18 ans, soustraite à sa famille pendant près de deux ans à l'aide d'une série de complicités dont des congrégationnistes jésuite et mariste, provoque la colère de Gustave RouIand, ministre de l'Instruction publique et des Cultes. Dans un rapport à Napoléon III, il dénonce « la légitimité du prosélytisme catholique, c'est-à-dire le droit du prêtre à convertir l'enfant malgré la volonté paternelle. C'est la doctrine Mortara de Rome »[4].
Contexte
À cette époque, les 200 Juifs de Bologne subissent de nombreuses restrictions :
- ils n'ont pas de synagogue ni de rabbin officiels[1] ;
- ils vivent dans un petit ghetto cadenassé la nuit ;
- ils sont soumis à des taxes particulières ;
- ils doivent parfois suivre des sermons catholiques ;
- ils ne sont pas autorisés à aller à l’université catholique[22] ;
- ils subissent des vexations et humiliations, notamment lors du carnaval du Mardi gras[17] ;
- il leur est interdit d'avoir des employés chrétiens[14],[23] ;
- ils ne peuvent témoigner contre des chrétiens.
Impact international
La « tragédie » de la famille Mortara devient bientôt une « affaire » internationale, mais ne parvient jamais devant un tribunal impartial. Les Mortara accumulent les preuves de vices de forme et de machination, font d'innombrables tentatives pour rejoindre et récupérer leur fils, et reçoivent des appuis de nombreux pays d'Europe[5] :
- des princes comme le comte Alexandre Walewski (fils naturel de Napoléon), ministre français des Affaires étrangères[24], et des souverains catholiques, des hommes d'État comme le comte Cavour, Napoléon III, François-Joseph d'Autriche écrivent personnellement au pape, lui recommandant de ne pas défier l'Europe ;
- la Maison de Savoie ;
- le duc de Gramont, alors ambassadeur de France, transmet un télégramme du ministre Walewski[25] au cardinal Antonelli et obtient une audience auprès du pape en pour plaider la cause Mortara[26] ;
- Guillaume Ier, roi de Prusse, regrette auprès d'une association juive de ne pouvoir intervenir de crainte qu'une intercession protestante soit mal interprétée ;
- des représentants de l'Église catholique comme l'abbé Delacouture, professeur de théologie, publie une analyse indignée de l'affaire dans le Journal des débats du [27]
- la congrégation juive de Sardaigne invoque l'aide de divers gouvernements ;
- de nombreux rabbins allemands conduits par Ludwig Philippson envoient une pétition au pape ;
- les Juifs anglais tiennent des meetings et Sir Moses Montefiore porte à Rome leur pétition au pape pour la libération de l'enfant, sans pouvoir être reçu par lui à ce sujet ;
- la Chambre des députés française du ;
- l'Alliance protestante ;
- la Société de la Réforme écossaise ;
- l'Alliance chrétienne universelle ;
- l'Alliance Evangélique Universelle ;
- et de nombreuses communautés juives, de France, d"Allemagne et de Hollande[5].
Rien ne vient infléchir la décision de Rome qui, au contraire, multiplie les obstacles et les fins de non recevoir. Cette position jugée anachronique isole les États pontificaux et expliquera en partie l'absence de réaction des États catholiques lors de leur annexion par l'Italie[4].
La création de l'Alliance israélite universelle, en 1860, sera en partie liée à l'affaire Mortara, afin de défendre et émanciper les Juifs partout où ils sont opprimés dans le monde. L'AIU participe également aux tentatives pour faire rendre le jeune Mortara à sa famille.
Relayant la presse italienne, la presse outre-atlantique s'affole également[18] : Le New-York Herald décrit l'affaire Mortara comme ayant des « dimensions colossales » ; The Times publie plus de vingt articles sur le sujet en ; les journaux du Milwaukee ou de Baltimore expriment un soutien similaire et demandent aux États-Unis d'intervenir[28]...
Procès
Le , le Tribunal de la Sainte Inquisition est aboli en Romagne, les ministres du culte sont alors assujettis à la loi sarde et le For ecclésiastique est également aboli.
Le , l'inquisiteur Feletti est emprisonné par le gouvernement provisoire de la Romagne avec De Dominicis, chef des gendarmes pontificaux puis, après deux mois de détention, il répond à son premier interrogatoire que « les juges de l'Église ne sont assujettis à aucune autre autorité qui lui est inférieure... n'étant pas permis à qui que ce soit de se faire juge des décisions émanant du Siège apostolique en matière de foi et de mœurs »[29].
Feletti est jugé le sur des accusations d'enlèvement du garçon, d'attentat à la tranquillité publique, de soustraction violente et d'abus de pouvoir mais il argue du fait qu'il a agi sur les ordres de Rome et les deux hommes sont acquittés[4]. La procédure laisse dans les archives de nombreux et précieux témoignages[10].
Réitération
Malgré le scandale provoqué par l'affaire Mortara dès 1858, Pie IX ne change pas sa politique : six ans plus tard, « en 1864, à Rome, un autre garçon juif de onze ans, Giuseppe Cohen, est attiré sous un subterfuge à la Maison des catéchumènes et ni la mort, sous l'effet du chagrin, d'une de ses sœurs, ni l'intervention de l'ambassadeur de France ne font fléchir le pape et son secrétaire d'État ». L'enfant entre chez les Carmes et ne revoit plus jamais sa famille[4],[30].
Famille Mortara
Après des protestations internationales, il est concédé à titre exceptionnel (sans précédent) aux Mortara qui après des mois de supplications, ont voyagé jusqu'à Rome, de rendre une visite au petit Egdardo à la maison des Catéchumènes[1] où, selon ses parents, une nouvelle scène déchirante a lieu, l'enfant désemparé et effrayé, les aurait suppliés de ne pas l’abandonner car il voulait rentrer à la maison rejoindre ses frères et sœurs[réf. souhaitée]. Cette version vient en contradiction avec celle de journaux catholiques européens et américains qui répandent l’histoire rapportée par le duc de Gramont après son entrevue avec le pape qui lui parla de la métamorphose miraculeuse du garçonnet de six ans, une fois libéré des griffes de sa famille juive, qui implorait le recteur des Catéchumènes de ne pas laisser ses parents l’approcher[31].
Après une tentative infructueuse de kidnapping dans l'autre sens, Edgardo-Pio Mortara est placé sous un faux nom dans un couvent du Tyrol en Autriche[18].
En 1867, à seize ans, le néophyte, considéré comme un oblat, entre au séminaire de l'ordre des chanoines réguliers du Latran à Poitiers, en vue de devenir prêtre, malgré la promesse en 1859 du secrétaire d'État du pape, le controversé cardinal Antonelli[32], à Sir Moses Montefiore de laisser la liberté de choix au jeune homme à ses dix-sept ou dix-huit ans[4].
En 1870, après l'entrée des troupes piémontaises à Rome et une entrevue dramatique avec son père et l'un de ses frères, Edgardo choisit de s'enfuir de la ville, avec la complicité de La Marmora, lieutenant-général du roi Victor-Emmanuel II, et se réfugie sous un faux nom au couvent de Neustift au Tyrol[4].
La même année, il prêche au Ier concile œcuménique du Vatican. Il reçoit les ordres religieux au monastère de Beauchêne à Cerizay[33], en 1872[4]. L'année suivante, il est ordonné prêtre catholique dans l'ordre des Augustins et prononce sa première prédication publique à Poitiers, le [4].
Son père Salomone Mortara meurt précocement en 1871, victime de sa notoriété internationale, après avoir été la cible du parti clérical, et faussement accusé d'avoir jeté une servante par la fenêtre ; après sept mois de prison, il sera disculpé en appel[18],[17].
En 1878, Edgardo-Pio se retrouve à l'abbaye de Mattaincourt dans les Vosges. La même année, sa mère rencontre finalement son fils de 27 ans, après plusieurs années d'attente, à Paris puis à Perpignan où il tente de la convertir au catholicisme, elle et les membres de la famille, et lui conseille de se retirer ensuite au couvent[34]. Devenu chanoine de Latran, sous le nom de « Révérend Père Pio Maria », il est envoyé à partir de 1878 comme « missionnaire pontifical » en Europe, en Italie, dans de nombreuses villes de France, d'Espagne, d'Allemagne : Mayence, Breslau[35],[17] ; il prêche aussi à New York mais l'archevêque Michael Korrigan fait savoir au Saint Siège en 1897 qu'il s'oppose aux tentatives de Mortara d'évangéliser les Juifs en terre américaine et que son prosélytisme met l'Église américaine dans l'embarras [36],[34]. Mortara est un prédicateur hyperpolyglotte (italien, allemand, espagnol, basque, français, latin, grec, hébreu, anglais), versé dans la culture biblique[37],[34].
Il remet à sa mère un portrait de lui en 1881 avec cette dédicace : « Ma mère bénie et bien-aimée ! Puisse Dieu te garder heureuse entourée de l’affection de ton fils bien-aimé Pio-Edgardo, qui t’aime énormément. Venise 15/XI/81 ». Celle-ci meurt en Suisse en 1895 ; auprès de sa famille, Edgardo-Pio l'assiste à ses derniers instants et est présent aux funérailles. Quand la presse italienne publie des reportages sensationnels de sa conversion au catholicisme sur l’insistance de son illustre fils prêtre, il rétablit la vérité dans une lettre à « Le Temps »[1] :
« J’ai toujours ardemment désiré que ma mère embrasse la foi catholique et j’ai essayé à maintes reprises de l’en convaincre. Néanmoins, elle ne l’a jamais fait, et bien que je me sois tenu à ses côtés pendant son ultime maladie, aux côtés de mes frères et sœurs, elle n’a jamais manifesté le moindre signe de conversion. »
Après la mort de sa mère, il reste en contact régulier avec les membres de sa famille et son portrait trône longtemps sur un mur de la maison de sa sœur Imelda qui veille à ce qu'il ne prêche pas les enfants[1].
Edgardo-Pio Mortara fut toujours reconnaissant à Pie IX de son action et le considérait comme un saint. Pio Nono resta « son ange gardien, son père et protecteur, à qui, après Dieu, il doit tout ». Il écrit : « il m'a aimé comme une mère qui préfère le fils qui l'a fait souffrir le plus »[18]. À travers sa soumission totale à l'Église et à la mémoire de Pie IX, ses écrits montrent qu'en l'absence d'esprit critique, « il n'a jamais compris l'enjeu dont il avait été l'objet dans son enfance, ni l'importance que son enlèvement avait revêtu dans l'histoire des idées politiques du XIXe siècle »[4].
Il meurt à l'abbaye du Bouhay, à Bressoux, près de Liège, où il s'était retiré depuis 1906, le , à l'âge de 88 ans, juste avant l'invasion allemande[38]. Son corps repose dans la sépulture des Chanoines Réguliers du Latran[34].
Durant la Shoah, une partie de sa famille est assassinée[1]. Jusque de nos jours, ses descendants restent marqués par cette affaire[22],[35],[39].
Retour sur l'Histoire
L'affaire Mortara contribue en France, « à un renversement de la politique de Napoléon III à l'égard du parti catholique, au renforcement des idées anticléricales et à la création d'institutions destinées à promouvoir les droits individuels face aux pouvoirs de l'Église et de l'État ». En Italie, elle facilita la cause de l'unité italienne et la chute de l'État pontifical[4]. C'est également la première fois que l'opinion publique libérale prit fait et cause pour une famille juive, au nom du droit naturel et de la liberté de pensée.
L'historien René Rémond considère encore en 1976, que cette affaire doit plus à l'anticléricalisme républicain qu'à la « tyrannie romaine » et qu'elle a été déterminante dans l'évolution des idées anti-cléricales au XIXe siècle[40],[4]. Vingt ans plus tard, l'anthropologue David I. Kertzer (prix Pulitzer 2015) affirme que pour les historiens de l’Église, l’affaire Mortara « a une certaine importance mais que leur intérêt (il cite Giacomo Martina et Roger Aubert) se concentre surtout sur l’impact négatif qu’elle eut sur l’Église »[17].
Mémoires falsifiés
En 1888, Edgardo-Pio Mortara avait rédigé ses mémoires en castillan alors qu'il vivait en Espagne, qui donnent un récit de première main des événements autour et après son entrée dans l'Église du Christ. Pour diverses raisons, le manuscrit reste dans les archives après sa mort en 1940. Le journaliste Vittorio Messori les récupère mais sans rien n'en dire, modifie notablement le texte dans sa traduction en italien publiée aux éditions Mondalori en 2005 sous le titre «Io, il bambino ebreo rapito da Pio IX». Il memoriale inedito del protagonista del «caso Mortara»[41],[42] où il met également en valeur la figure d'Israel Eugenio Zolli, grand rabbin de Rome converti au christianisme grâce à l'estime de Pie XII[43]. Les éditions Ignatius Press rendent ensuite ce document disponible en anglais en 2017 avec les mêmes manipulations, sous le titre Kidnapped By The Vatican[44],[18],[42].
L'historien et anthropologue américain David Kertzer, qui consacra un ouvrage à l'affaire Mortara[45], conteste farouchement l'exactitude des dernières versions de Messori et Ignatius Press, en pointant du doigt des paragraphes entiers ajoutés ou supprimés par rapport à l'original de Mortara (qui lui-même comporte des erreurs historiques vérifiables), où sont notamment effacés les traits violents et antisémites[46] - preuves notamment de la haine et de l'antijudaïsme de l'éducation catholique dont bénéficia Egdardo -, donnant finalement une vision idyllique, du moins heureuse de cette affaire. L'agence Associated Press confirme les conclusions de Kertzer, après avoir retrouvé le texte original en espagnol en et avoir enquêté sur l'affaire[42].
Il en va de même pour Elèna Mortara, l'arrière-petite-nièce d'Edgardo, professeur de littérature américaine à l'université de Rome Tor Vergata, spécialiste de la littérature du XIXe siècle (lauréate du prix 2016 de l'Association européenne des études américaines), qui conteste même la valeur de la version espagnole du mémoire en tant que document, qui aurait été tapé par quelqu'un d'autre et qui « diffère grandement par le ton des journaux manuscrits de Mortara ». En 2015, elle publie une étude en littérature historique comparée sur l'affaire, en reprenant une pièce de théâtre du créole Victor Séjour, La Tireuse de cartes (The Fortune-Teller), parue en 1859 et basée sur la célèbre affaire Mortara du moment, utilisant des notions d'émancipation en termes religieux et raciaux, reliant le sort des Noirs en Amérique à celle des Juifs en Europe et aux plus grandes batailles pour la liberté et la nation, qui progressaient alors à travers le continent[42],[39].
Culture populaire
Film
Après la publication du livre de Kertzer, Pie IX et l'enfant juif : l'enlèvement d'Edgardo Mortara, en 1997, la production d'une adaptation cinématographique sur l'affaire est lancée en 2016. Elle est réalisée par Steven Spielberg, à partir d'un scénario de Tony Kushner, met en vedettes Mark Rylance et Oscar Isaac, présentée sous le titre The Kidnapping Of Edgardo Mortara, et sa sortie est prévue en 2021[47],[48],[1]. Selon IMDB, certaines difficultés de la production et dans la recherche du personnage principal mettent en veilleuse la poursuite de ce projet[49].
Précédents et autres cas d'enlèvements pour baptême
Position des papes
Les enlèvements d'enfants non chrétiens trouvent leur source dans les décisions du quatrième concile de Tolède (633), dont le corpus de droit canon reconnaissait à l'Église le droit « d'arracher à des familles non chrétiennes des enfants oblats, offerts à l'Église en état d'inconscience invitis parentibus, c'est-à-dire sans l'accord explicite des parents ; il suffisait qu'un chrétien affirmât les avoir baptisés »[5]. Le théologien Thomas d'Aquin considérait au XIIIe siècle que les baptêmes d'enfants juifs n'ayant pas encore l'âge de raison et contre les souhaits de leurs parents sont « contraires aux ressources naturelles de la justice » (Summa Theologiae II-II, 10, 12)[50]. Les papes s'opposèrent souvent sur les interprétations de cette question : au XIIIe siècle, Innocent IV interdit le baptême des enfants de moins de douze ans sans le consentement des parents ; Boniface VIII désapprouva le baptême par traîtrise d'enfants juifs mais considéra qu'il demeurait valide en tous les cas ; au XVe siècle, le prélat Martin V fixa la limite d'âge à 12 ans ; en 1740, Benoit XIV considéra que l'enfant baptisé pouvait être laissé aux parents si ceux-ci s'engageaient à le rendre quand il aurait atteint l'âge convenable de sept ans (et non plus douze) et à condition de ne rien lui enseigner contre la foi catholique ; en 1764, Clément XIII déclara nul un tel baptême et menaça de châtiments celui qui tenterait de baptiser par traîtrise à un enfant juif qui devait être ramené chez des siens[5],[4]. Néanmoins, les baptêmes subreptices ou forcés continuèrent et restait valable l'édit de 1682, rendu contre les protestants et les Juifs et ordonnant d'élever leurs enfants illégitimes dans la religion catholique[4].
« Au XVIe siècle, se développa aussi une croyance populaire prétendant que le baptême juif procurait des indulgences : cette rumeur est encore invoquée en 1860 par la jeune servante des Mortara pour expliquer son geste »[4],[51].
Série d'enlèvements
Cette politique a entraîné à travers les siècles de nombreux rapts d'enfants juifs ou de familles « infidèles ». Ils furent plus nombreux dans les États pontificaux où le droit ecclésiastique tenait lieu de droit civil, et en raison de l'insuccès des prédications obligatoires auxquels les Juifs étaient tenus d'assister hebdomadairement (notamment à Rome et Carpentras)
En 1823, le pape Léon XII confirme l'édit sur les Juifs de 1775, tombé en désuétude et interdisant aux juifs d'employer des domestiques chrétiens[5]. Même s'il y en eut de nombreux auparavant dans les États français du pape et en divers endroits d'Europe[52], au XIXe siècle, rien qu'en Italie, une série d'enlèvements se produisent[53],[54],[55] :
- 1814 : Saporina de Angeli, à Reggio de Calabre, baptisée par une servante alors que l'enfant était malade[45] ;
- 1817 : enlèvement à Ferrare d'une fillette de six ans baptisée in periculo morris par une servante[55] ;
- 1824 : Davide di Anselmo Tedeschi enlevé de chez lui à Gênes[55] ;
- 1826 : le petit Diena à Modène ;
- 1840 : l'Affaire Montel (affaire franco-romaine)[56] ;
- 1844 : Pamela Maroni à Reggio de Calabre, fille d'Abraham, baptisée par une servante catholique, enlevée et élevée dans la foi catholique jusqu'à l'âge adulte[57] ;
- 1864 : Giuseppe Coen, fils d’un petit cordonnier de Rome (sous Pie IX), enlevé pour être placé dans une maison de catéchumènes puis entré chez les Carmes, sans plus jamais revoir ses parents[17],[30] ;
- et encore d'autres dans le royaume de Piémont-Sardaigne, à Lugo et à Ancône (1826), encore à Modène (1836) ou à Ferrare (1838)[55].
Soutiens
Si la position du pape fut largement critiquée, elle eut naturellement ses soutiens parmi les catholiques ultramontains. Avec l'accord tacite du pape, le journaliste Louis Veuillot justifia ainsi avec violence, dans le journal catholique L'Univers, l'attitude du Vatican[58]. Il accusera les journaux qui défendent l'opinion contraire à la sienne de comploter contre l'Église, d'être « à la solde des Juifs » et les désignera comme étant la « presse juive »[59]. Ces articles constituent une des premières manifestations de l'antisémitisme moderne[11].
L'affaire Mortara s'est trouvée remise sous les feux de l'actualité lors de la béatification du pape Pie IX en 2000 quand notamment, les descendants des Mortara, marqués depuis des générations, s'y opposèrent farouchement[22],[50],[18],[35].
Notes et références
- Yvette Miller, « L'affaire Mortara : un scandale explosif au cœur du prochain film de Spielberg », sur www.aish.fr, (consulté le )
- Gérard da Silva 2008.
- Code de Droit Canonique L'apostat de la foi, l'hérétique ou le schismatique encourent une excommunication latae sententiae.
- Georges Jonas Weill, « L'Affaire Mortara et l'anticléricalisme en Europe à l'époque du Risorgimento », Aspects de l'anticléricalisme du Moyen Âge à nos jours (ULB), , p. 103-134 (lire en ligne [PDF])
- Riccardo Calimani, L'Errance juive, Denoël, 1996 ; les pages 333-342 (aperçu sur UPJF.org en ligne) concernent l'affaire Mortara.
- (en)Richard Dawkins, The God Delusion, Londres, Transworld Publishers, 2006, (ISBN 978-2-2211-0893-2), pp. 169-172
- (it) « Breve storia degli ebrei d'Italia : La Controriforma - Papa Paolo IV e la sua bolla antiebraica - Misure persecutorie », sur www.morasha.it (consulté le )
- Dans un texte d'Antonelli, secrétaire d'État du pape, Edgardo est décrit comme « fils du père suprême des croyants », Pie IX, car, ainsi qu'Edgardo l'a exprimé lui-même : « Je suis baptisé - Mon père est le pape », cité par Gérard da Silva, L'Affaire Mortara et l'antisémitisme chrétien, p. 29.
- L’Ondoiement Le curé suppléait à ce qui avait été omis précédemment : l’enfant était nommé, recevait l’onction du Saint Chrême, le sel, le cierge symbole de la lumière et les parrain et marraine prononçaient la profession de foi pour lui. Ils s’engageaient ainsi à aider les parents ou en cas de décès de ceux-ci à veiller à son enseignement chrétien.
- (en-US) David I. Kertzer, « The Doctored 'Memoir' of a Jewish Boy Kidnapped by the Vatican », sur The Atlantic, (consulté le )
- Michel Winock, « Affaire Mortara : les catholiques se déchaînent », sur www.lhistoire.fr, (consulté le )
- David Gabrielli. Edgardo Mortara rapito con la benedizione di Pio IX.
- Messori, op. cit.
- N. L. Ferraris, Bibliotheca canonica juridica moralis theologica, n° 69, tome IV, Venetiis 1772, p. 294 : « Inquisitores libere procedere possunt contra judæos si nutrices christianas retinuerint », (Nicolas IV)
- (en) « Edgardo Levi-Mortara's Testimony for Beatification of Pius IX - Rome, Italy (ZENIT.org) » [« Témoignage d'Egdardo Levi Mortara pour la béatification de Pie IX »], sur web.archive.org, (consulté le )
- Note : Selon E. Mortara, A. Morisi elle-même aurait reçu des instructions, six ans après les faits, pour baptiser secrètement le jeune frère d'Edgardo, Aristido, qui était également gravement malade mais elle avait cependant refusé de le faire, invoquant comme raison le fait qu'elle avait précédemment fait une chose similaire pour Edgardo considérant qu'il ne survivrait pas et ne voulait pas répéter son erreur. Cette confession indirecte de sa part conduisit alors, avec environ six ans de retard, les autorités ecclésiastiques à apprendre qu'Edgardo Mortara avait été baptisé (ondoyé) à l'insu de ses parents. Lire témoignage d'E. Mortara en ligne
- Lionel Lévy, « « Saint Pie IX » et l'enfant Mortara », (Source : Jean Carasso, « Prigioniero del Papa » in la Lettre Sépharade, décembre 2000, p. 5.), sur www.genami.org, Association de la généalogie juive (GenAmi), (consulté le )
- (en) Romanus Cessario, « Non Possumus | Romanus Cessario, O.P. », sur First Things, (consulté le )
- Laura Hobson Faure, « L’évolution de la philanthropie juive française à l’époque contemporaine (1791-1939) : un essai de synthèse », Les Cahiers de Framespa. Nouveaux champs de l’histoire sociale, no 15, (ISSN 1760-4761, DOI 10.4000/framespa.2786, lire en ligne, consulté le )
- Note : La première utilisation de « non possumus » remonte au début du IVe siècle, quand Dioclétien ordonne la destruction des Écritures et des églises chrétiennes et interdit les liturgies chrétiennes. Un groupe de quarante-neuf chrétiens dans la ville africaine de Abitinae désobéirent à cet ordre impérial et répondirent : « Sine dominico non possumus » (« Nous ne pouvons pas vivre sans cette chose du Seigneur »). Lire en ligne
- Le Code de droit canonique de 1917 à l’alinéa 750 paragraphe 1° enseigne que : « On peut baptiser licitement les enfants des infidèles, même contre le gré de leurs parents, lorsque, en raison de l’état de santé où ces enfants se trouvent déjà, on prévoit prudemment qu’ils mourront avant d’avoir eu l’âge de la raison. Si la mort est certaine, on doit le baptiser, pourvu qu’on puisse le faire sans grave dommage à la religion. Si la mort est seulement probable il est permis de le baptiser ». Lire pp. 24-28 en ligne
- (en) John W. O'Malley, « The Beatification of Pope Pius IX », sur America Magazine, (consulté le )
- Suivant l'édit sur les Juifs de 1775, tombé en désuétude mais ravivé en 1823 par le pape Léon XII.
- Le comte Walewski à l'ambassadeur français à Rome le 22 septembre 1858 : « Les résolutions prises et maintenues par le Saint-Siège dans cette circonstance constituent une violation outrancière des garanties les plus élémentaires sur lesquelles reposent le respect du foyer domestique et de l’autorité paternelle ». Voir AMAE, Correspondance politique, Rome, vol. 1008, p. 443-444 et p. 445-446
- Walewski exprimait « tout le regret [que cette décision] cause au gouvernement de l’Empereur », en lui faisant remarquer combien « le sentiment public a été profondément blessé en apprenant que M. Mortara avait vainement réclamé, du gouvernement [pontifical] qui lui devait son appui, la restitution de son fils. ». Il jugeait l’affaire sérieuse : “« Le sentiment de pénible surprise qu’en ont éprouvé les fidèles n’est égalé que par la joie qu’en éprouvent les ennemis du Catholicisme ». Voir télégramme du 22 septembre 1858, Biarritz. AMAE, Correspondance politique, Rome, vol. 1008, p. 443-444 et p. 445-446
- AMAE, Correspondance politique, Rome, vol. 1008, p. 432-434
- André Vincent (1799-1868) Auteur du texte Delacouture, Le Droit canon et le droit naturel dans l'affaire Mortara, par M. l'abbé Delacouture,..., (lire en ligne), p. 7-56
- Bertram Wallace Korn, The American reaction to the Mortara case: 1858-1859 (Publications of the American Jewish Archives), Hardcover, 1957
- Actes du Procès... f. 22, in F. Jussi, « Studi e ricordi del foro criminale », Bologne, 1884, p. 282
- Cecil Roth, op. cit., p. 472 ; Milano, op. cit, p. 369 ; Prosper Mérimée, Correspondance générale, établie par M. Parturier, 2e série, 1. 6, Toulouse, 1958, p. 201 et 277.
- AMAE, Correspondance politique, Rome, vol. 1009, p. 8-16
- Note : Le cardinal Giacomo Antonelli occupait le poste de secrétaire d’État depuis presque dix ans, et était connu pour ses dons de diplomate, la tiédeur de sa foi et sa moralité douteuse. Le pape s’en remettait systématiquement à lui pour pallier sa propre ignorance des questions de politique internationale. – Sur Antonelli, voir Aubert, 1961; Coppa, 1990; Falconi, 1983 Dès juillet 1858, le duc de Gramont mit en garde le secrétaire d’État sur l’attitude de l’Église dans l’affaire Mortara, avant même d’en rendre compte à son propre ministre des Affaires étrangères, le comte Walewski. – AMAE, Correspondance politique, Rome, vol. 1008, p. 343-348, ambassade de France à Rome. Direction politique n. 54, Rome, 24 juillet 1858
- « Histoire », sur Ordre des Chanoines Réguliers du Très Saint-Sauveur du Latran (CRL) (consulté le )
- Abbé Curzio Nitoglia, « La Vie du R. P. Pio Edgardo Mortara, Juif converti » in Sodalitium n° 2, décembre 1997, pp. 24-28
- (en-US) Nicole Winfield, « Memoir of secretly baptized Jewish boy kidnapped by Vatican under fresh scrutiny », sur www.timesofisrael.com, (consulté le )
- Son attitude prosélyte contredit la ligne gouvernementale américaine qui pourrait prendre des mesures de rétorsion contre l'Église catholique américaine.
- (en) Vittorio Messori, Kidnapped by the Vatican?: The Unpublished Memoirs of Edgardo Mortara, Ignatius Press, (ISBN 9781621641988, lire en ligne), p. 3
- Georges J. Weill, L'affaire Mortara et l'anticléricalisme en Europe à l'époque du Risorgimento, in Aspects de l'anticléricalisme du Moyen Âge à nos jours, éd. ULB, 1988, p. 130, article en ligne sur la digithèque de l'ULB.
- (en) « Writing for Justice - Victor Sejour, the Kidnapping of Edgardo Mortara, and the Age of Transatlantic Emancipations : Elena Mortara : 9781611687903 », sur www.bookdepository.com, (consulté le )
- René Rémond, L’anticléricalisme en France de 1815 à nos jours, Paris, éd. Fayard, 1976 ; Bruxelles, rééd. éd. Complexe, 1985, pp. 156 & ss.
- Vittorio Messori, «Io, il bambino ebreo rapito da Pio IX». Il memoriale inedito del protagonista del «caso Mortara», sur books.google.fr,
- (en-US) Nicole Winfield, « Memoir of secretly baptized Jewish boy kidnapped by Vatican under fresh scrutiny », sur www.timesofisrael.com, (consulté le )
- (it) Giuseppe Romano, « Io, il bambino ebreo rapito da Pio IX – Vittorio Messori », The Independent, (11 septembre 2005) (consulté le )
- (en) « Kidnapped by the Vatican? », sur www.ignatius.com, Ignatius Press (consulté le )
- David I. Kertzer, The kidnapping of Edgardo Mortara, New York, Alfred Knopf, (ISBN 0-679-76817-3). (Edition italienne la même année et française en 2001)
- Note : Messori a notamment ôté une référence en espagnol de Mortara ayant « toujours professé une horreur inexprimable » envers les Juifs. Voir Winfield, op. cit.
- « Steven Spielberg s'attaque à l'affaire Mortara », sur RTBF Culture, (consulté le )
- Mathias Pisana, « Spielberg va adapter The Kidnapping Of Edgardo Mortara », sur Le Figaro.fr, (consulté le )
- (en) The Kidnapping of Edgardo Mortara - IMDb (lire en ligne)
- (en) Houx Taylor Coolman, « The Vatican kidnapped a Jewish boy in 1858. Why are we still talking about it? », sur America Magazine, (consulté le )
- « Mortara Case » in Encyclopaedia Judaica, t. 12. Jérusalem, 1972. p. 354-355 ; Mourret, (...) p. 454, note, 2 ; Gemma Volli, Il casa Mortara nel primo centenario , Rome, 1960, 42 p . , 1 3 ill., p. 17.
- Attillio Milano, Storia degli Ebrei in Italia, Turin, 1963, pp. 590-594 ; Emmanuel Rodocanachi, Le Saint-Siège et les Juifs, Paris, 1891, pp. 281-287 ; René Moulinas, « Conversions et baptêmes chez les Juifs d'Avignon et du Comtat aux XVIIe et xvme siècles », in Archives Juives. l .12, 1976, n° 2, p. 25-28 ; du même, Les Juifs du Pape, Toulouse, 1981, pp. 373-374 ; Archives Israélites, 1859, pp. 157-158 et 205-207 ; Volli, « Centenario », op. cit. pp. 9-12 ; Encyclopaedia Judaica, notice citée, col. 186.
- (es) « Emisyon Muestra Lingua djueves 11 de marso: EL KAVZO MORTARA por Edmond Cohen », sur eSefarad, (consulté le )
- Gérard da Silva, L'Affaire Mortara et l'antisémitisme chrétien, éd. Syllepse, 2008.
- Sur les baptêmes forcés : Ermanno Loevinson, «Gli Israeliti dello Stato Pontificio nel periodo deI Risorgimento italiano fino al 1849», dans Rassegna Storica dei Risorgimento Italiano, 1929, pp. 768- 804, et à part, Rome, 1929, 36 p. ; Simon Doubnov, Histoire moderne du peuple juif, trad. du russe par S. Jankelevitch, t. II (1848-1914), Paris, 1933, p. 174-182 (éd. de New York, History ofthe Jews. 1873, p. 369-373) ; Cecil Roth, The History of the Jews of Italy, Philadelphie, 1946, p. 471-472 ; Attilio Milano, (Attilio), Storia degli Ebrei in Italia. Turin, 1963, pp. 368-639, 590-593, 366-368 ; Volli, «Centenario», art. cité p. 13-14 ; Bertrand Wallace Korn, The American Reaction to the Mortara Case : 1858-1859, Philadelphie, 1957, 196 p., p. 12-13 ; N. Samaja, «La situazione degli Ebrei nel periodo deI Risorgimento», in Rassegna Mensile diIsrael, t. XXIII, 1957, p. 298-309, 359-371, 412-421
- Note : Lors de l'affaire Montel, le comte Rayneval, ambassadeur au Saint-siège avait décrit ainsi l’état d’esprit des cercles dirigeants romains : « J’ai pu noter à propos de cette affaire, que la haine et le mépris contre la race juive, même chez les esprits les plus éclairés, se perpétuent ici dans toute leur force. ». Voir Jean Carasso, « Prigioniero del Papa » in la Lettre Sépharade, décembre 2000, p. 5. Lire en ligne la mise à jour.
- Gérard da Silva, L'Affaire Mortara et l'antisémitisme chrétien, p. 13.
- Lettre de von Grundlach, secrétaire de l'ambassade de Prusse à Rome, 7 décembre 1858 : « Pour expliquer la reprise de la polémique par l'Univers, après une accalmie apparente, on m'assure que Sa Sainteté elle-même a exprimé par écrit ses remerciements à M. Veuillot pour l'attitude de son journal. Cette gratitude semble avoir encouragé M. Veuillot à des combats renouvelés... ». Voir (de) Josef Meisl, « Beitrage zum Fall Mortara (1858) », in Monatschriftfür Geschichte und Wissenschaft des Judentums, 1933, p. 335
- Damien Guillaume et Redaktionmws, « Vers »l’agitation antisémitique« comme phénomène transnational: hostilité antijuive, équivoques libérales et solidarité juive internationale de l’Affaire Mortara au Congrès de Berlin (1858-1878) », sur Nineteenth-Century Anti-Semitism in International Perspective, (consulté le )
Bibliographie
- Georges J. Weill, L'affaire Mortara et l'anticléricalisme en Europe à l'époque du Risorgimento, in Aspects de l'anticléricalisme du Moyen Âge à nos jours, éd. ULB, 1988, p. 103–134, article en ligne sur la digithèque de l'ULB
- David I. Kertzer, Pie IX et l'enfant juif : l'enlèvement d'Edgardo Mortara, Paris, Perrin, (ISBN 978-2-262-01376-9) [traduction par Nathalie Zimmermann de : (en) David I. Kertzer, The kidnapping of Edgardo Mortara, New York, Knopf, (ISBN 0-679-45031-9)]
- (en) David I. Kertzer, The Popes against the Jews : the Vatican's role in the rise of modern anti-semitism, New York, Knopf, (ISBN 978-0-375-40623-2)
- Gérard Da Silva, L'affaire Mortara et l'antisémitisme chrétien, Paris, Syllepse, (ISBN 978-2-849-50186-3)
- (en) Bertram Wallace Korn, The American reaction to the Mortara case: 1858-1859 (Publications of the American Jewish Archives), Hardcover, 1957, 196 pp. ASIN B0006AV5F8
Articles connexes
- Histoire des Juifs en Italie
- Antisémitisme
- Affaire Montel
- Affaire Finaly
- Josef di Michele Coen
- Conversion forcée
- Enlèvement d'enfant
- Portail de la culture juive et du judaïsme
- Portail du catholicisme
- Portail du droit
- Portail de l’Italie
- Portail du XIXe siècle
- Portail des années 1850