Affaire Saint-Aubin

L'affaire Saint-Aubin est une affaire criminelle française du XXe siècle qui demeure une énigme.

Affaire Saint-Aubin
Pays France
Ville Puget-sur-Argens
Nombre de victimes 2 : Jean-Claude Saint-Aubin et Dominique Kaydasch
Jugement
Statut non lieu
Tribunal tribunal de première instance de Draguignan

Historique

Début de l'affaire

Le , aux Esclapes (commune de Puget-sur-Argens), près de Fréjus (Var), deux jeunes gens, Jean-Claude Saint-Aubin et Dominique Kaydasch, fils et fille de commerçants dijonnais, sont tués dans un accident de la route. Leur voiture, une Volvo immatriculée en Suisse, s'écrase contre un arbre. Les parents Saint-Aubin n'acceptent pas la version officielle de la gendarmerie (accident dû à une vitesse excessive sur une route mouillée) et affirment que leur fils a été victime par méprise d'un attentat des services secrets français traquant les derniers membres de l'OAS, au sortir de la guerre d'Algérie, en l’occurrence Jean Méningaud, le trésorier de l'OAS, qui utilisait une voiture similaire[1]. Un camion militaire aurait provoqué l'accident. Un harki, Mohamed Moualkia, assure en avoir été témoin[2] en 1965[3]. En 1984, ce dernier meurt, asphyxié, dans son appartement quelques jours avant une interview sur l'affaire prévue sur TF1[3],[4]. Son lit aurait pris feu à cause d'une cigarette officiellement mais il ne fume pas[5]. C'est son témoignage qui convainc la famille Saint-Aubin que leur fils est mort par erreur[3].

Décisions de justice

Les parents Saint-Aubin portent plainte le 4 août 1964 et Monique Mabelly, juge d'instruction, mène l’enquête et détermine un non-lieu[6]. C'est le début d'une bataille juridique où 26 décisions seront rendues jusqu'en 1990[2].

Las de tant de procédures, ils peignent sur l'arbre percuté par la voiture de leur fils « Ici deux tués par méprise. Crime camouflé et étouffé par les gendarmes et les magistrats du lieu lâches et serviles. »[2]. La Justice française réagit et, en novembre 1979, le juge d'instruction du tribunal de Draguignan, Claude Gauze, déclare un non-lieu car les époux Saint-Aubin sont déséquilibrés et cela sans recourir à l'avis d'experts[7].

En 1981, Robert Badinter, alors garde des sceaux, demande l'ouverture d'une enquête prise en charge par l'Inspection générale des services judiciaires[3],[5]. Celle-ci

Le Procureur de la République de Draguignan prend rapidement une décision de classement sans suite qui ne sera pas remise en cause, malgré les multiples recours exercés par M. et Mme Saint-Aubin. On dénombre vingt-cinq décisions rendues par divers tribunaux et la presse parle de « marathon judiciaire exceptionnel », mais aussi de « raison d'État »[8]. Quatre-vingt-dix magistrats travaillèrent sur le dossier[9].

En 1985, l'Inspection générale des services reconnait le rôle du camion militaire[3],[4].

Cependant, en septembre 1990[2], à la suite d'interventions politiques, notamment celles du Président de la République François Mitterrand et de Robert Badinter, le médiateur de la République, Paul Legatte demande au ministère de la Justice d'allouer aux parents Saint-Aubin une indemnité de 500 000 francs pour mauvais fonctionnement de l'institution judiciaire[2]. Le ministère de la Défense refuse de s'associer à cette indemnisation[10].

En 1997, un colonel se confie au magistrat Hubert Dujardin et parle d'une « une méprise »[5]. En 1997, c'est un ancien parachutiste qui fournit des archives militaires prouvant le projet d'attentat sur le trésorier de l'OAS mais le ministère de la Défense ne reconnait pas les documents[5].

En 2000, la Ligue des droits de l'homme, le Rassemblement national pour la vérité sur les « accidents » de l'armée (RNVAA), le Syndicat des avocats de France et le Syndicat de la magistrature demandent, en compagnie d’Andrée Saint-Aubin, à être reçus par la ministre de la Justice, Elisabeth Guigou pour la levée du secret défense de ces archives[1].

Importance et suites

Cette affaire, qui a connu de multiples rebondissements (la découverte de faux, la disparition du dossier, une reconstitution officielle mais secrète sur les lieux, la mort suspecte de Moualkia ou les révélations d'un officier supérieur) n'a jamais été véritablement élucidée. Elle donne lieu à divers ouvrages et films qui soulignent le courage et l'opiniâtreté d'Andrée Saint-Aubin décédée en 2003[11]. Le frère de Jean-Claude reprend ensuite l’enquête[9],[3].

Voir aussi

Bibliographie

Filmographie

  • L'Affaire Saint-Aubin, téléfilm réalisé par Jacques Vigoureux, dans le cadre de la série Vérités interdites, diffusé le sur TF1
  • Accident volontaire, séquence de l'émission Aléas réalisée par Jacques Vigoureux, diffusée le sur France 3, vidéo sur le site de l'INA
  • L'Affaire Saint-Aubin, une obsession de justice et de vérité, documentaire de Jean-Charles Deniau, diffusé en 2000 sur La Cinquième et sur Arte

Émissions de radio

Notes et références

  1. René Grando, « Affaire Saint-Aubin: la clef du mystère à Toulouse? », dans La Dépêche, .
  2. Luc Bronner, « Le mystère du camion fantôme », sur Le Monde, .
  3. « Côte-d'Or - Faits divers . L'émission de radio relancera-t-elle la mystérieuse affaire Saint-Aubin ? », sur www.bienpublic.com (consulté le )
  4. « L'AFFAIRE: Saint-Aubin », sur LExpress.fr, (consulté le )
  5. Patricia Tourancheau, « 36 ans après la mort de Jean-Claude Saint-Aubin. La longue guerre d'une mère. Elle réclame la nomination d'un sage pour obtenir justice. », sur Libération (consulté le )
  6. « L’affaire Saint-Aubin, le combat d’une mère - L'intégrale », sur Europe 1 (consulté le ) : « [00:09:43] La plainte est déposée le 4 août 1964 à Trat Guignen et une juge d'instruction, la juge Monique Mably, et désignée pour mener l'enquête. [00:11:10] et la juge va rendre un non-lieu. https://www.youtube.com/watch?v=nc4TydEYz5E »
  7. « À LA COUR D'APPEL DE DIJON Le serment des Saint-Aubin », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  8. « L'affaire Saint-Aubin. Quand la route des vacances croise celle de la raison d'État », sur Le Progrès, .
  9. Philippe Michon, « Accident ou affaire d'Etat? "L’affaire Saint-Aubin" relancée sur les ondes ce mardi », Var-Matin, (lire en ligne )
  10. Charles Gilbert, « L'affaire Saint-Aubin », sur L'Express, .
  11. « Andrée Saint-Aubin ne dort pas en paix », sur Le Bien Public, .
  12. « Affaire Saint-Aubin : 55 ans de mystère », sur RTL, (consulté le ).
  13. « L'affaire Saint-Aubin : l'étrange accident de la Nationale 7 », sur France Inter, (consulté le ).
  14. « Rendez-vous avec X, le site non-officiel de l'émission de Patrick Pesnot », sur rendezvousavecmrx.free.fr, (consulté le ).
  15. « Hondelatte raconte : L'affaire Saint Aubin, le combat d'une mère (récit intégral) » (consulté le )
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