Agence nationale de renseignements

L'Agence nationale de renseignements (ANR) constitue le service de renseignement gouvernemental de la République démocratique du Congo. À la différence de nombreux pays, l’agence cumule les fonctions de service de renseignement intérieur et extérieur[1]. Toute puissante en RDC, l'ANR est fortement critiquée pour son non-respect des droits de l'homme par différentes organisations[1].

Pour les articles homonymes, voir ANR.

Agence nationale de renseignements
Cadre
Sigle
ANR
Type
Pays

Son quartier général est situé dans la commune de la Gombe, à Kinshasa, et est contigu au palais de la Nation, résidence officielle du président de la République démocratique du Congo.

Historique

Le service de renseignement en République démocratique du Congo a eu successivement plusieurs noms depuis l’indépendance :

  • La Sûreté nationale (SN) : 1960-1970
  • Centre national de documentation (CND) : 1970-
  • Agence nationale de documentation (AND) : -
  • Service national d'intelligence et de protection (SNIP) : -1996
  • Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) : 1996-.

Créée début 1997, l'ANR constitue d'abord le service de renseignement de l’AFDL, coalition rebelle, dirigée par Laurent-Désiré Kabila qui renversa Mobutu Sese Seko au terme de la première guerre du Congo. En mai 1997, lors de l'entrée des troupes rebelles à Kinshasa, l’agence prend possession des locaux de l'ancien Service national d'intelligence et de protection (SNIP), renommé en 1996, Direction générale de la sûreté nationale (DGSN)[1].

Placée, durant la présidence de Laurent-Désiré Kabila, sous la direction du Comité de sécurité d'État, l'ANR retrouve une certaine autonomie avec l'avènement de Joseph Kabila. À noter, par ailleurs, qu'à la différence des autres institutions et forces de sécurité congolaises, l'ANR n'a jamais été concernée par l'obligation d'intégration de membres des ex-forces rebelles congolaises (MLC, RCD-Goma, etc.) prévue par les accords de Prétoria de 2003.

Missions

L'ANR est créée officiellement le [2].

Ses missions sont :

  • la recherche, la centralisation, l’interprétation, l’exploitation et la diffusion des renseignements politiques, diplomatiques, stratégiques, économiques, sociaux, culturels, scientifiques et autres intéressant la sûreté intérieure et extérieure de l’État;
  • la recherche et la constatation, dans le respect de la loi, des infractions contre la sûreté de l’État;
  • la surveillance des personnes ou groupes de personnes nationaux ou étrangers suspectés d’exercer une activité de nature à porte atteinte à la sûreté de l’État;
  • la protection de l’environnement politique garantissant l’expression normale des libertés publiques, conformément aux lois et règlements;
  • l’identification dactyloscopique des nationaux;
  • la recherche des criminels et autres malfaiteurs signalés par l’organisation internationale de la police criminelle, INTERPOL;
  • la collaboration à la lutte contre le trafic de drogue, la fraude et la contrebande, le terrorisme, la haute criminalité économique ainsi que tous autres crimes constituant une menace contre l’État ou l’humanité.

Organisation

L'Agence nationale de renseignements est structurée comme suit :

  1. un administrateur général ;
  2. un administrateur général adjoint ;
  3. des départements ;
  4. des directions centrales et provinciales ;
  5. des stations extérieures.

Le cadre organique de l’Agence nationale de renseignements, y compris le cabinet de l’administrateur général, est fixé par décret du Président de la République.

Les directions centrales et provinciales sont subdivisées en divisions, bureaux, antennes et postes territoriaux selon le cas. La direction et la station sont dirigées par un cadre de l’Agence nationale de renseignements ayant au moins le grade d’administrateur adjoint, et nommé par le Président de la République sur proposition de l’administrateur général.

Les divisions et les bureaux sont dirigés respectivement par les chefs de division et des chefs de bureau nommés par le Président de la République, sur proposition de l’administrateur général.

L’ANR compte 11 931 employés et s'organise en trois départements, eux-mêmes subdivisés en directions, divisions, sections et bureaux. Chaque département a, à sa tête, un administrateur principal (AP)[3]. Elle présente un budget de 31 684 000 512 francs congolais ~34.252.973 $ US en 2015.

  • le Département de la sécurité extérieure (ANR/DSE) est chargé du renseignement extérieur :
    • Direction des Opérations et de la Planification
    • Direction Action
    • Direction des Recherches et Études
    • Direction technique
  • le Département de la sécurité intérieure (ANR/DSI) est responsable du renseignement intérieur et de la sécurité de l’État et travaille en collaboration avec les services concernés du parquet et de la police nationale ; le département s'organise en directions provinciales et en directions spécialisées, à l'instar de la Direction spéciale des investigations et recherches (DSIR), unité soupçonnée d’être impliquée dans l’arrestation de journalistes et d’opposants politiques[4] :
    • Direction des Renseignements Généraux
    • Direction des Opérations
    • Direction du Contre-espionnage
    • Direction des Études et Recherches
    • Direction de l'Identification
    • Direction Technique
    • Direction des Investigations
  • le Département d’appui (ANR/DA) constitue les services généraux de l'ANR et est notamment chargé de l'appui logistique aux services « déconcentrés » dans les provinces[réf. nécessaire]:
    • Direction des Services Généraux
    • Direction Médicale
    • Académie de Renseignements et Sécurité
    • Centre de Télécommunications, Informatique et Documentation

Direction

L'Agence nationale de renseignements est dirigée par un administrateur général (AG), qui dépend directement du président de la République. Il est secondé dans sa tâche par un administrateur général adjoint et par des administrateurs principaux. Il était par ailleurs, sous la présidence de Laurent-Désiré Kabila, membre de droit du Comité de sécurité d'État.

L’administrateur général (AG) coordonne l’ensemble des activités de l’Agence nationale de renseignements conformément aux lois et règlements en vigueur. À ce titre, il:

  • assure la direction de l’Agence nationale de renseignements;
  • coordonne et contrôle les activités de toutes les branches de l’Agence nationale de renseignements;
  • donne l’impulsion nécessaire aux départements, directions, antennes et stations extérieures par voie d’instructions, d’inspections et de contrôles;
  • gère le personnel, les ressources financières ainsi que le patrimoine mobilier et immobilier de l’Agence nationale de renseignements;
  • veille au respect des lois et règlements, de la déontologie et de la discipline au sein de l’Agence nationale de renseignements;
  • dispose de la plénitude du pouvoir disciplinaire sur l’ensemble du personnel de l’Agence nationale de renseignements;
  • coordonne la coopération avec les services partenaires;
  • prépare le budget et gère les comptes de l’Agence nationale de renseignements;
  • peut se réserver le traitement de certains dossiers jugés sensibles, importants ou urgents;
  • représente et engage l’Agence nationale de renseignements dans ses rapports avec les institutions, les services, les organismes publics et privés ainsi que les tiers.

L’administrateur général adjoint assiste l’administrateur général dans la coordination de l’ensemble des activités de l’Agence nationale de renseignements. Il assume l’intérim en cas d’absence ou d’empêchement de l’administrateur général

Liste des dirigeants de l'ANR[5]
Nom Mandat Notes
Administrateurs généraux
Paul Kabongo Misasa Début 1997-
Responsable sécurité au Conseil exécutif de l'AFDL, il est arrêté le
Clément Kibinda -
Arrêté quelque temps après sa destitution, il est par la suite nommé conseiller à la présidence
Séverin Kabwe -
Proche de Laurent-Désiré Kabila, il est blessé par balles dès octobre 1997, son état de santé fragile laisse alors le champ libre à son adjoint Georges Leta Mangasa
Didier Kazadi Nyembwe -
Suspendu en novembre 2002 après avoir été cité dans le rapport de l’ONU sur le pillage des richesses naturelles en République démocratique du Congo, il est réintégré par la suite
Lando Lurhakumbirwa -
Mira Ndjoku Manyanga[6] -
Ancien commandant de la Garde civile sous Mobutu Sese Seko, ministre de l'Intérieur entre avril 2001 et novembre 2002
Jean-Pierre Daruwezi Mokombe -
Membre du PPRD, il est nommé le vice-ministre à la sécurité et administrateur général de l'ANR, avant d'être nommé, le , ministre de l'Économie nationale
Kalev Mutond[7] -19 mars 2019 Ancien administrateur principal de la DSI sous la direction de Jean-Pierre Daruwezi Mokombe
Justin Inzun Kakiak 19 mars 2019-
Ancien adjoint de Kalev Mutond
Jean-Hervé Mbelu Biosha Ancien adjoint d'Inzun Kakiak[8],[9].
Administrateurs généraux adjoints
Georges Leta Mangasa -
Arrêté dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de Laurent-Désiré Kabila, il est condamné à l'issue de son procès en octobre 2002 à la peine capitale[10]
Alain Munanga -
février 2007
Ancien commandant militaire du MLC
Adam Mathe Sirimuhigo février 2007-
Ancien administrateur principal de la DSI sous la direction de Myra Ndjoku Manyanga, il est suspendu pour corruption mais ne fût jamais cité lors du procès lié à cette affaire ni condamné (soupçon d'un règlement de compte politique)[réf. nécessaire]
Kadegue -
Kalev Mutond 27 juillet 2011-octobre 2011 Ancien membre de l'Alliance des Forces pour la Libération du Congo (FDLR).

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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