Alexandre Zakhartchenko

Alexandre Vladimirovitch Zakhartchenko (en russe : Александр Владимирович Захарченко Aleksandr Vladimirovitch Zakhartchenko ; en ukrainien : Олександр Володимирович Захарченко, Oleksandr Volodymyrovytch Zakhartchenko), né le à Donetsk (RSS d'Ukraine) et mort dans la même ville le , est un militaire, homme d'affaires et dirigeant séparatiste ukrainien pro-russe dans la guerre russo-ukrainienne.

Pour les articles homonymes, voir en:Vitaliy Zakharchenko.

Alexandre Zakhartchenko
Александр Захарченко
Oleksandr Zakhartchenko

Alexandre Zakhartchenko en 2014.
Fonctions
Président de la République populaire de Donetsk

(3 ans, 9 mois et 27 jours)
Élection 2 novembre 2014
Premier ministre Lui-même
Prédécesseur Pavel Goubarev (gouverneur populaire)
Successeur Dmitri Trapeznikov (intérim)
Denis Pouchiline
Premier ministre de la République populaire de Donetsk

(4 ans et 24 jours)
Président Lui-même
Gouverneur Pavel Goubarev
Prédécesseur Alexandre Borodaï
Successeur Dmitri Trapeznikov (intérim)
Alexandre Ananchenko
Biographie
Nom de naissance Alexandre Vladimirovitch Zakhartchenko
Date de naissance
Lieu de naissance Donetsk
Date de décès
Lieu de décès Donetsk
Nature du décès Attentat à la bombe
Nationalité Ukrainienne
Parti politique République de Donetsk (en)
Profession Électromécanicien
Homme d'affaires
Militaire


En 2014, après la déclaration d'indépendance des territoires rebelles de l'est de l'Ukraine, il devient premier ministre et président de la république populaire de Donetsk (RPD). Il était un des principaux dirigeants des séparatistes pro-russes dans le cadre de la guerre du Donbass.

Biographie

Enfance

Alexandre Zakhartchenko naît le à Donetsk (République socialiste soviétique d'Ukraine)[1].

Études

Il poursuit ses études à l'institut technique d'industrie automatisée de Donetsk, puis travaille comme électromécanicien des mines. Ensuite, il poursuit des études de droit à l'institut juridique de Donetsk (uk) et devient entrepreneur dans le secteur agroalimentaire[2]. Dans son dossier au ministère ukrainien de l'Intérieur, il est indiqué qu'il a participé à des activités de contrebandes avec la Russie dans sa jeunesse[3].

Carrière paramilitaire

Zakhartchenko prend part à la guerre du Donbass aux côtés des forces pro-russes. Il est commandant du bataillon « Oplot » (ru), qui prend d’assaut en les bâtiments administratifs de Donetsk[2].

Il est nommé, en , commandant des forces paramilitaires de Donetsk. Le , il est promu au rang de major par Igor Guirkine[4].

Le , il est blessé à la jambe[5] dans la bataille de Debaltseve, qui conduit à la défaite des Forces armées de l'Ukraine, obligées de quitter la ville le au matin[6].

Nomination et élection

Il devient Premier ministre de l'autoproclamée République populaire de Donetsk (RPD) le [7]. Il échappe, le , à un attentat qui blesse le chauffeur de son véhicule[8]. À partir de , il figure sur la liste des personnalités touchées par les sanctions européennes à l'encontre de la Russie.

Le , dans le cadre des élections générales, il est élu chef de l'exécutif de Donetsk avec 78,9 % des voix. Deux jours plus tard, le , il prend ses fonctions de président de la République, qu’il cumule avec celle de Premier ministre[9],[10],[11].

Il annonce, le , son intention de créer dans la région l’État de Malorossia, en référence à la « Petite Russie »[12].

Guerre du Donbass

Début 2015, alors que les Forces armées ukrainiennes reculent dans le Donbass, Zakhartchenko prend part aux négociations aboutissant à l'accord de Minsk II avec l'Ukraine. Il déclare que cet accord « laisse espérer une solution pacifique et le développement pacifique des républiques (autoproclamées) de Donetsk et Lougansk »[13]. Mais il refuse très rapidement le cessez-le-feu et les combats se poursuivent dans la région[14],[3].

Pendant la guerre du Donbass, de nombreux cas de disparitions forcées dans la RPD sont relevés. Zakhartchenko déclare un temps que ses forces arrêtent jusqu'à cinq « subversifs ukrainiens » chaque jour. Selon les estimations, le , environ 632 personnes sont détenues illégalement par les forces séparatistes prorusses[15]. À partir de , le journaliste indépendant Stanislav Aseyev est retenu dans Donetsk en raison de soupçons d’espionnage ; Amnesty International demande à Zakhartchenko de libérer Aseyev[16].

En novembre 2017, dans le cadre de règlements de compte internes entre séparatistes prorusses, Zakhartchenko participe à renverser son homologue de la république populaire de Louhansk (RPL)[3].

Politique économique

Dans le même temps, Zakhartchenko exerce une forte influence sur l'économie locale. Son armée exproprie de nombreuses entreprises et contrôle la contrebande de charbon et de métaux à destination de l'ouest de l'Ukraine[2]. Il reçoit de nombreux paiements directs d'entreprises locales[3].

Relations avec la Russie

À l’été 2018, la Fédération de Russie  qui soutient depuis le début son régime  demande à Zakhartchenko de démanteler ses groupes armés et de renoncer à la tenue d'élections prévues en fin d'année, ce que celui-ci refuse de faire[2]. Les médias indiquent alors que la Russie, en particulier le Service fédéral de sécurité de la fédération de Russie (FSB), n’apprécie pas ces velléités d’émancipation et sa mise à l’écart des activités du régime de Zakhartchenko[2],[17].

Mort

Le , Zakhartchenko et son garde du corps meurent des suites d’un attentat à la bombe survenu dans un café au centre de Donetsk[18]. Le jour même, l'agence de presse officielle de la RPD annonce l’arrestation d’individus suspectés d’avoir réalisé cet attentat et accuse le Service de sécurité d'Ukraine d'être impliqué dans l'opération[19]. Ce dernier dément et invoque un conflit entre les séparatistes et leurs alliés russes[20].

Après la démission d'Igor Plotnitski de la tête de la RPL et l'assassinat de plusieurs responsables politiques et militaires, la mort de Zakhartchenko marque la fin des dirigeants historiques des territoires séparatistes du Donbass[21]. Le secrétaire de presse de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, évoque « une provocation » et un possible embrasement de la guerre russo-ukrainienne[22],[2].

Trois jours de deuil sont décrétés dans le Donbass séparatiste[23]. Le vice-premier ministre Dmitri Trapeznikov assure l’intérim[21]. Denis Pouchiline le remplace une semaine plus tard, toujours par intérim[24]. Le , celui-ci est élu président de la RPD[25].

Controverses

En juillet 2015, Zakhartchenko a déclaré qu'il avait ressenti du respect pour le parti ukrainien d'extrême droite Secteur droit dans deux situations : « Pour la première fois de ma vie, j'ai ressenti du respect pour eux. Je les ai respectés à deux moments : lorsqu'ils ont tabassé les homosexuels à Kiev et lorsqu'ils ont tenté de destituer Porochenko. J'ai réalisé que le Secteur droit étaient des hommes ordinaires comme nous »[26].

Notes et références

  1. (ru) « Новая элита Донбасса: неудачники, предатели, романтики, авантюристы, марионетки… Продолжение », sur Ostrov, (consulté le ).
  2. Marc Nexon, « Ukraine : intrigues autour de l'assassinat du « président » séparatiste », Le Point, (consulté le ).
  3. « Alexandre Zakhartchenko, le principal chef séparatiste ukrainien, tué à Donetsk », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  4. (ru) « Сводка от Стрелкова 24.07.2014 1:33 мск »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur icorpus.ru, (consulté le ).
  5. (ru) « Глава ДНР Александр Захарченко проходит реабилитацию в Донецке » Zakhartchenko se fait soigner dans une clinique de Donetsk »], Komsomolskaïa Pravda, (consulté le ).
  6. « L'armée ukrainienne se retire de la ville stratégique de Debaltseve », Le Figaro, .
  7. « À Donetsk, Zakhartchenko est la nouvelle tête des prorusses », Libération, (consulté le ).
  8. (ru) « Zakhartchenko échappe à un attentat », RIA Novosti, .
  9. « La « République de Donetsk » met un paramilitaire à sa tête », Libération, (consulté le ).
  10. « Ukraine: le leader rebelle Zakhartchenko investi à la « présidence » à Donetsk », Le Point, (consulté le ).
  11. « L'Ukraine prépare sa riposte aux élections séparatistes », L'Obs, .
  12. « Les séparatistes pro-russes veulent remplacer l'Ukraine », sur Euronews, (consulté le )
  13. « Ukraine : Les rebelles espèrent une solution », Le Figaro, .
  14. « Ukraine : deux ans après les accords de Minsk 2, « on est loin de la résolution de la crise » », sur France Info, (consulté le ).
  15. (en) « Report on the human rights situation in Ukraine: 1 December 2014 to 15 February 2015 » [PDF], sur Office of the United Nations High Commissioner for Human Rights, (consulté le ), p. 4, 9
  16. (en) « Urgent Action: Imprisoned Journalist Must Be Released », sur Amnesty International, (consulté le ).
  17. « Ukraine : Moscou dépassé par les séparatistes de Donetsk ? », L'Opinion, (consulté le ).
  18. « Ukraine : Le dirigeant séparatiste Zakhartchenko tué dans une explosion », La Voix du Nord, (consulté le ).
  19. Emmanuel Grynszpan, « Ukraine : un assassinat et de nombreux suspects », Le Temps, .
  20. Benoît Vitkine, « Alexandre Zakhartchenko, le principal chef séparatiste ukrainien, tué à Donetsk », Le Monde, .
  21. « Ukraine : le principal chef séparatiste prorusse tué dans une explosion », sur Radio France internationale, (consulté le ).
  22. « Ukraine : Assassinat de Zakhartchenko en Ukraine : une « provocation » selon le Kremlin », sur Radio France internationale, (consulté le ).
  23. Agence France-Presse, « L'est de l'Ukraine en deuil après la mort d'un dirigeant séparatiste », L'Express, (consulté le ).
  24. Fabrice Deprez, « Atmosphère de purge dans le Donbass séparatiste », La Croix, (consulté le ).
  25. Benoît Vitkine, « Dans l’est de l’Ukraine, élection sans surprise sous l’œil de Moscou », Le Monde, (consulté le ).
  26. (ru) Захарченко заявил, что зауважал Правый сектор. In: Korrespondent, 18 juillet 2015.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de l’Ukraine
  • Portail de l’histoire militaire
  • Portail de la politique
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.