Ukraine
L'Ukraine[alpha 4] (/y.kʁɛn/ ; en ukrainien : Україна, Oukraïna /ukrɑˈjinɑ/) est un État d'Europe orientale, le deuxième d'Europe par sa superficie et le premier entièrement européen[alpha 5]. Elle est bordée par la mer Noire et la mer d'Azov au sud, frontalière avec la Russie au nord-est et à l'est, avec la Biélorussie au nord, avec la Pologne, la Slovaquie et la Hongrie à l'ouest et avec la Roumanie et la Moldavie au sud-ouest. La capitale, et la ville la plus peuplée du pays, est Kiev.
Pour les articles homonymes, voir République d'Ukraine.
Ukraine
(uk) Україна / Oukraïna
Drapeau de l'Ukraine |
Armoiries de l'Ukraine |
Hymne |
en ukrainien : Ще не вмерла України (Chtche ne vmerla Ukraïny, « L'Ukraine n'est pas encore morte ») |
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Fête nationale | 24 août |
· Événement commémoré | Indépendance vis-à-vis de l'URSS () |
- Régions sous contrôle gouvernemental
- Régions annexées ou occupées par la Russie, revendiquées par l'Ukraine avec le soutien de l'Assemblée générale de l'ONU[alpha 1]
- Annexion ou occupation russe, en mai 2022.
Forme de l'État | République parlementaire temporairement sous loi martiale[1] |
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Président | Volodymyr Zelensky |
Premier ministre | Denys Chmyhal |
Parlement | Rada |
Langue officielle | Ukrainien |
Langues régionales officielles | Russe, hongrois et roumain[2] |
Capitale |
Kiev 50° 27′ 02″ N, 30° 31′ 25″ E |
Plus grande ville | Kiev |
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Superficie totale |
A[alpha 2] : 603 549 km2 B[alpha 3] : 576 604 km2 |
Superficie en eau | 7 % |
Fuseau horaire | heure d'été : UTC + 3 : (HAEE) |
Rus' de Kiev | – |
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Hetmanat cosaque | – |
République populaire ukrainienne | – |
RSS d'Ukraine | – |
Holodomor | – |
Catastrophe nucléaire de Tchernobyl | |
Indépendance |
URSS |
Adoption de la Constitution | |
Révolution de Maïdan | 18- |
Annexion de la Crimée | |
Sécession de Donetsk | |
Sécession de Lougansk | |
Invasion par la fédération de Russie |
Gentilé | Ukrainien, Ukrainienne |
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Population totale (janvier 2019) |
A[alpha 2] : 44 983 019 hab.[3] B[alpha 3] : 42 153 201 hab. (classé 31e) |
Densité | 75 hab./km2 |
PIB nominal (2020) |
142,250 milliards de $ |
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PIB (PPA) (2020) |
527,933 milliards de $ |
PIB nominal par hab. |
3 424,769 $ |
PIB (PPA) par hab. (2020) |
12 710,373 $ - 5,44 % [7] (92e) |
Taux de chômage (2020) |
11,03 % de la pop. active + 29,84 % |
Dette publique brute (2020) |
Nominale 2 542,072 milliards de ₴ + 27,77 % Relative 65,692 % du PIB + 31,23 % |
IDH (2019) | 0,779 (élevé[8] ; 74e) |
Monnaie |
Hryvnia (depuis le , précédemment le karbovanets) (UAH ) |
Code ISO 3166-1 |
UKR, UA |
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Domaine Internet | .ua, .укр |
Indicatif téléphonique | +380 |
Organisations internationales |
ONU APSCO (observateur) Union européenne (candidat officiel)[9] |
Les origines de la culture ukrainienne remontent à l'État slave oriental médiéval de la Rus' de Kiev. Après la chute de cette dernière à l'issue des invasions mongoles du XIIIe siècle, le territoire fait l’objet de partitions et se voit revendiqué par plusieurs puissances étrangères, dont la république des Deux Nations à l'ouest et l'Empire ottoman au sud. L'Hetmanat cosaque indépendant existe entre le XVIIe siècle et le XVIIIe siècle, avant que ses parties orientale et centrale ne soient intégrées à l'Empire russe. L'Ukraine occidentale sera, de son côté, intégrée à l'empire d'Autriche, son successeur l'Autriche-Hongrie, puis la Deuxième République de Pologne.
Pendant la révolution russe, la République populaire ukrainienne connaît brièvement l'indépendance avec reconnaissance internationale, intègrera une partie de l'ancienne République populaire d'Ukraine occidentale, mais finit par devenir la république socialiste soviétique d'Ukraine de l'Union soviétique, dans les années 1920 à la suite de la guerre civile russe. En 1939, l'Union soviétique achève sa conquête de l'Ukraine occidentale conformément au pacte germano-soviétique.
L'Ukraine devient une nouvelle fois indépendante en 1991, avec la dislocation de l'URSS et est alors la troisième puissance nucléaire mondiale en nombre d'ogives[10]. Le , l'Ukraine abandonne ses armes nucléaires dans le cadre du Mémorandum de Budapest en échange de garanties sur sa sécurité et son intégrité territoriale dont la Russie, les États-Unis et le Royaume-Uni sont garants. À la suite de la révolution de 2014, la Crimée est annexée par la Russie et une guerre civile éclate dans l'est du pays avec les séparatistes pro-Russes. Face à la menace russe et au non-respect par la Russie de ses engagements de 1994, l'Ukraine cherche alors de nouvelles garanties de sécurité en se rapprochant de l'OTAN. La crise prend une nouvelle dimension le , lorsque l'Ukraine est envahie par les forces armées russes sur ordre de Vladimir Poutine.
La langue officielle est l'ukrainien, mais le russe est aussi beaucoup utilisé, notamment dans le sud et dans l'est du pays, en raison de la domination de l'ancien empire russe et de plusieurs siècles de russification qu'a connus cette partie du pays.
Étymologie
Le nom du pays est issu de l'ukrainien Україна ou du russe Украина, Oukraïna (transcriptions savantes respectives : Ukrajina et Ukraina), composés du préfixe ou, « dans, chez, près de, à l’intérieur », et de la racine slave kraï (край), qui désigne initialement une incision, une entaille, puis une ligne délimitant quelque chose, d'où, par extension, le sens de « pays, province » (en russe : « bout, extrémité, périphérie », « bord, rebord » ou « pays, région, province » ; en bulgare : « bord, coin, extrémité, terminaison, fin », « proximité, voisinage, environs »). Cette racine est elle-même héritée du proto-turc kırım, « bordure, cassure », en référence aux confins du monde des nomades proto-turcs, devenu bastion des Huns d'Europe au IVe siècle jusqu'aux Tatars de la Horde d'Or au XVe siècle.
En français, cette étymologie attestée au XVIIe siècle[alpha 6].
Histoire
L'Ukraine est le foyer du premier État slave oriental, fondé par des Scandinaves : la Rous' de Kiev (appelée aussi dans les écrits occidentaux Ruthénie), qui durant les Xe et XIe siècles est l'État, après l'Empire byzantin, le plus vaste et le plus puissant d'Europe.
L’État de Kiev
Au IXe siècle, Kiev est prise aux Khazars par les Varègues (Vikings orientaux probablement venus de Suède) d’Oleg le Sage, prince de Novgorod. Située sur des routes marchandes, Kiev devient rapidement le centre d'un État slave appelé « Rus » ou Ruthénie. Selon la tradition, sous le règne de Vladimir le Beau Soleil, en 988 eut lieu le baptême des peuples aujourd'hui russe, ukrainien et biélorusse.
Sous le règne de Iaroslav le Sage (1016-1054), le prestige de l'État kiévien atteint son apogée : il s'étend alors de la mer Baltique à la mer Noire et du confluent de l'Oka avec la Volga jusqu'aux Carpates septentrionales. Iaroslav est un bâtisseur — c'est lui qui fait construire la célèbre cathédrale Sainte-Sophie à Kiev — et un législateur. Le droit, l'éducation, l'architecture et l'art kiévien connaissent un développement important sous son règne. En 1051, il marie sa fille Anne de Kiev au roi Henri Ier de France.
Cependant, au XIIe siècle, des conflits éclatent entre différents seigneurs locaux. Le fractionnement en plusieurs principautés rivales mène l'État kiévien au déclin. Kiev est saccagée par la principauté de Vladimir (1169) durant la lutte pour le pouvoir entre les princes, et plus tard par les Coumans et les Tatars Mongols aux XIIe et XIIIe siècles. Ces derniers finissent par imposer leur souveraineté dans toutes les principautés ruthènes. La cruauté de l'autorité mongole, notamment en matière pénale, pousse les populations autochtones à fuir vers d'autres pays comme la Pologne, la Hongrie ou la Moldavie.
Période lituano-polonaise au nord-ouest, turco-tatare au sud-est
Durant le XIVe siècle, les Polonais et les Lituaniens combattirent les Mongols et finalement toute l’Ukraine du nord-ouest passa sous l’autorité de la Pologne-Lituanie, qui annexe Kiev en 1362. Les Tatars se maintiennent dans la steppe pontique au nord de la mer Noire et en Crimée ; toutefois, de 1382 à 1484, le grand-duché de Lituanie atteignit la mer Noire du côté d’Oçaq (ou Otchakiv, vers l’actuelle Odessa)[11]. La Lituanie prit le contrôle de la Volhynie au nord-ouest de l’Ukraine (y compris les régions autour de Kiev). Quant à la Pologne, elle prit le contrôle de la Galicie ; plus au sud la principauté de Moldavie était sa vassale (plusieurs citadelles et régions alors moldaves sont aujourd’hui ukrainiennes). Dans ces régions du nord-ouest, outre les Ukrainiens que l’on nommait à l’époque Russyns, Ruthènes, le pays comptait des Polonais, des Moldaves, des Allemands, des Arméniens, des Juifs et des Russes. À mesure que les Tatars perdaient du terrain, nombre de villes et villages furent fondés. La noblesse d’Ukraine occidentale fut souvent « polonisée ». La législation polonaise est introduite en Ukraine occidentale en 1434. Si la Pologne mène une politique relativement tolérante vis-à-vis de l’orthodoxie, elle favorise cependant le catholicisme qui progresse dans les territoires occidentaux de l'actuelle Ukraine.
L’influence polonaise pénètre plus lentement dans les territoires relevant du grand-duché de Lituanie. L’orthodoxie y garde sa prédominance. Pourtant, les rapports de force au sein de l’État polono-lituanien tournent à l’avantage des Polonais. L’Union de Lublin (janvier 1569) consacre le triomphe de la Pologne. La Lituanie perd la plus grande partie de ses possessions ukrainiennes (Podlachie, Volhynie, Podolie, région de Bratslav et de Kiev). La noblesse de ces régions se polonise et se convertit au catholicisme. Une partie du haut-clergé orthodoxe est tentée par le rapprochement avec Rome. Le métropolite de Kiev et une partie du haut-clergé, en réaction contre les interventions réformatrices du patriarche de Constantinople, se rallient à Rome lors du concile de Brešč (Brest-Litovsk) en 1596. L'Union de l'Église de la Rus' de Kiev avec Rome forma l'Église grecque-catholique ukrainienne faisant partie des uniates.
C’est durant cette domination lituano-polonaise, à partir du XVe siècle, que se formèrent les Cosaques, des paysans ruthènes orthodoxes qui refusaient la servitude et l’assimilation aux Polonais catholiques. Le royaume de Pologne les tolère et les utilise contre les Tatars, puis, à partir du XVIe siècle, contre les Turcs ottomans, devenus suzerains des Tatars de Crimée.
Le clivage entre le nord-ouest, orthodoxe mais d'influence polonaise et lituanienne, c'est-à-dire occidentale, et le sud-est soumis aux Tatars et aux Ottomans, puis conquis et colonisé par l'Empire russe, se retrouve jusqu'à aujourd'hui dans la structure politique du pays : le nord-ouest vote plutôt pour les pro-européens et se méfie de l'influence russe, tandis que le sud-est vote plutôt pour les pro-russes, se méfie de l'influence occidentale (souvent assimilée au fascisme depuis la Seconde Guerre mondiale) et peut même se soulever contre le pouvoir de Kiev lorsque ce dernier se rapproche de l'Ouest[12].
L’État cosaque
À la suite de la révolution paysanne anti-féodale (1648-1654), connue dans l'histoire comme Hmelnichina, la partie orientale de l'Ukraine s’émancipe du pouvoir lituanien et se constitue en État autonome de caste cosaque : le Hetmanat cosaque, administré par les chefs cosaques et dirigé par un Hetman élu, est établi et perdure pendant plus d'un siècle malgré la pression des envahisseurs moscovites attirés par les terres riches et fertiles. À la suite du traité d'Androussovo, il est partagé en deux : une partie est placée sous le protectorat de la république des Deux Nations, l'autre sous un protectorat moscovite (Traité de Pereïaslav) qui perdure pendant plus d'un siècle. Le territoire des Cosaques Zaporogues de la Sitch est tout d'abord cogéré par les deux souverains.
Les partages entre l'Empire russe et l'Empire d'Autriche
Catherine la Grande, impératrice de Russie, supprime le Hetmanat au milieu du XVIIIe siècle et détruit la Sitch dans le dernier quart du XVIIIe siècle. Le partage de la Pologne lui permet de récupérer pratiquement toute la rive droite — du Dniepr — à l'exception de la Galicie, passée sous administration de l'Autriche, laquelle deviendra en 1867 l'Empire austro-hongrois. Les grandes steppes incultes du sud — en Nouvelle Russie — sont colonisées par des paysans venus de tout l'Empire, mais aussi d'Allemagne — notamment les mennonites — ou de Hollande, appelés par l'impératrice en échange de privilèges fiscaux. Le port d'Odessa (dont le nom a été choisi d’après celui d’Ulysse), gouverné au début par le duc de Richelieu, est fondé à cette époque teintée de retour aux sources grecques (Tauride, Chersonèse).
Comme d’autres peuples en Europe, un mouvement de renaissance nationale ukrainien se fait jour à partir du milieu du XIXe siècle dans l’Empire russe. Mais Saint-Pétersbourg estime que ce mouvement est manipulé par les Polonais[13]. Des cercles nationaux (hromady) sont supprimés et il est prohibé d’imprimer en ukrainien[13]. Les élites russes considèrent les Ukrainiens comme des « Petits-Russes »[13].
La culture ukrainienne connaît une renaissance au milieu du XIXe siècle, en parallèle avec le mouvement régionaliste à la même époque en Europe. Ce mouvement est concentré dans les régions de la Ruthénie, de la Volynie ou de la Podolie et autour de Zaporojié. C'est alors qu'apparaît de plus en plus le terme d'Ukraine — Oukraïna signifiant « à la marche », terme employé surtout dans la langue ecclésiastique depuis le XVIe siècle — relancé par les intellectuels à la fin du XIXe siècle. Le pouvoir impérial russe officiellement ne connaît pas ce terme d'Ukraine. Il ne forme dans les territoires de l'actuelle Ukraine, comme partout ailleurs dans l'Empire — à l'exception du grand-duché de Finlande traité différemment — que différents gouvernements ou provinces — gouvernement de Kiev, gouvernement de Tchernigov, gouvernement d'Ekaterinoslav, gouvernement de Kherson, etc. — au sein de plusieurs entités : Petite Russie, Nouvelle Russie (correspondant en partie aux territoires enlevés à l'Empire ottoman), parties de la Bessarabie, etc. En 1876, l'Empire interdit la langue ukrainienne dans les écoles, et la limite dans les journaux et la littérature. Cette limitation provoque en retour une revendication idéologique qui permet de comprendre l'opposition linguistique actuelle. Les différentes formes d'ukrainien ne sont plus parlées que par une frange de la paysannerie et certains cercles cultivés de régionalistes : instituteurs, universitaires, ecclésiastiques.
De grandes villes sont fondées sous l'Empire russe, comme Odessa — port cosmopolite à forte minorité juive — mentionné plus haut et Ekaterinoslav, Sébastopol, etc. qui accueillent des migrants de tout l'Empire, et même d'Europe centrale : de la Pologne autrichienne ou d’Allemagne. En 1892, Kiev compte près d'un demi-million d'habitants. En effet, après l'abolition du servage en 1861, l'industrialisation provoque un exode rural de paysans russes, ukrainiens, ruthènes, etc. dans les nouveaux centres industriels. Le négoce se développe parallèlement avec l'extension du chemin de fer et cette « grande marche vers le sud » et l'ouest.
L’Ukraine indépendante (1917-1922)
Après la révolution de Février, qui met fin à l’Empire en 1917, l'Ukraine est brièvement indépendante jusqu'en 1920, mais la Rada ne parvient pas à contrôler efficacement le territoire, envahi d'abord par les Allemands puis, à leur retrait, devenu champ de bataille entre le Parti bolchevique, les Russes blancs et les forces de la Triple-Entente.
Le 4 (17) mars 1917, la plupart des partis politiques s’accordent pour former la Rada centrale. Le , alors qu'il est toujours à Moscou, Mykhaïlo Hrouchevsky est élu président de la Rada centrale. Sous son impulsion, l'Ukraine proclame son autonomie le 10 (23) juin 1917. En tant que chef de l'USDRP, Volodymyr Vynnytchenko est choisi comme un des deux vice-présidents de la Rada centrale puis comme le premier président du secrétariat général de la Rada centrale du gouvernement autonome de l'Ukraine.
Le 20 novembre 1917 ( dans le calendrier grégorien), soit treize jours après que le Parti bolchevique russe a renversé le gouvernement social-démocrate de Saint-Pétersbourg — alors capitale de la Russie —, la Rada ukrainienne centrale proclame la République populaire ukrainienne et sa séparation de la Russie. L'indépendance totale de l'Ukraine est confirmée le et Mykhaïlo Hrouchevsky est élu officiellement « président de la République populaire ukrainienne » le .
Le traité de Brest-Litovsk est signé le entre les Bolcheviks russes, les gouvernements des empires centraux menés par l'Empire allemand et la jeune République populaire ukrainienne, issue de la révolution de Février, dans la ville du même nom, aujourd’hui Brest en Biélorussie. Les 17-, la république socialiste soviétique d'Ukraine est fondée à l'Est du pays avec pour capitale Kharkov.
Pour combattre l'Armée rouge qui contrôle alors une partie de l’Ukraine, la Rada centrale cherche le soutien des Allemands qui organisent un coup d’État et renversent le gouvernement de Vynnytchenko, mettant à sa place Pavlo Skoropadsky qui, le — soit, le jour même de l'élection de Mykhaïlo Hrouchevsky à la présidence de la république —, est proclamé hetman de l’« État ukrainien » : Ukrayinska Derjava. Mais l’Allemagne perd la Première Guerre mondiale et Skoropadsky, resté sans soutien, est renversé par le mouvement populaire, guidé par Simon Petlioura. Finalement, le , la République populaire ukrainienne est rétablie avec Vynnytchenko à sa tête.
De 1918 à 1922, une partie importante du territoire ukrainien au sud est contrôlée par une armée paysanne insurrectionnelle d'inspiration communiste libertaire surnommée Makhnovchtchina du nom de son initiateur Nestor Makhno, ayant compté à son apogée près de 100 000 combattants. Opposée aux armées blanches et rouges, l'armée noire essayera d'installer dans les territoires contrôlés un système de collectivisation des terres et de démocratie directe et décentralisée[14],[15].
La période soviétique
À la fin de 1918, les Alliés interviennent dans le sud de l'Ukraine pour soutenir les Blancs de Dénikine dans la guerre civile russe. Odessa, Sébastopol et d'autres localités côtières sont occupées par les Français, mais l'intervention tourne court en raison du manque de moyens engagés et de l'hostilité de la population (mars-). L'Ukraine est envahie par l'Armée rouge et ramenée dans le giron soviétique. L'ancien « grenier » de l'Empire russe, devenu une république socialiste soviétique, ravitaille les centres urbains soviétiques. Le , l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) naît du traité qui réunit la RSFSR, la Biélorussie, l'Ukraine et la Transcaucasie[16]. Dans le conflit qui oppose les communistes du centre (Moscou) et les partis communistes nationaux, c'est le centre qui l'emporte et impose une fédération.
Quand Staline déclenche sa révolution industrielle vers la fin des années 1920, l'Ukraine devient l'une des sources indispensables de son financement. Les années d'industrialisation sont marquées par la construction de ce qui est à l'époque la plus grande centrale hydraulique d'Europe sur le Dniepr (le DnieproGuES), ce qui contribue à l'électrification de la République, ainsi qu'une importante mise en valeur du grand bassin minier et métallurgique, le Donbass, déjà exploité depuis la fin du XIXe siècle.
Après une brève période d'ukrainisation — politique dite d'indigénisation (korenizatsia) — dans les années 1920, se traduisant par le retour à l'ukrainien dans les publications, la réouverture des écoles et des universités avec un enseignement en ukrainien et la promotion des cadres nationaux, Staline ne ménage pas les efforts pour réprimer le moindre signe d'un réveil nationaliste ukrainien, interprété comme un rejet du pouvoir bolchevik et une menace à l'intégrité de l'URSS. Pour contrer le nationalisme ukrainien, le pouvoir soviétique favorise la Biélorussie limitrophe[17]. De plus des oblasts russes, comme celle de Kharkiv, sont intégrées à la RSS d'Ukraine pour renforcer le poids des russophones. Moscou cherche à rattacher fermement l'Ukraine et d'en faire une forteresse de l'URSS, selon les mots de Staline[18]. Toute forme de déloyauté de la part des intellectuels, des communistes ou des paysans ukrainiens est éradiquée[18].
Entre 1931 et 1933, une série de famines et l'intensification de la « dékoulakisation » frappent l'Union soviétique et ravagent particulièrement l'Ukraine, alors que cette région était la plus fertile de toute l'URSS. Entre 2,6[19] et 5 millions[20] de personnes meurent des suites de cette famine. Les Ukrainiens l'appellent « Holodomor » ou « l'extermination par la faim ». Bien que le gouvernement soviétique de Joseph Staline ait pris soin de ne jamais écrire qu'il faut « exterminer par la faim » les paysans réticents, les documents déclassifiés montrent qu'il a pour le moins utilisé ces famines, s'il ne les a pas sciemment provoquées, pour briser la paysannerie et le nationalisme ukrainiens[21], même si le peuple russe a lui aussi été victime des mêmes famines. Le Parlement européen a reconnu dans une résolution de 2008 l'Holodomor comme un « crime effroyable perpétré contre le peuple ukrainien et contre l'humanité »[22].
Des exécutions et des déportations d'Ukrainiens accusés de nationalisme sont organisées durant les purges staliniennes de 1937-1939 : plusieurs millions d'Ukrainiens sont exécutés ou envoyés vers des camps de travail soviétiques, comme le sont aussi tous les suspects de nationalisme dit « bourgeois », les Russes en premier. En outre, le marxisme-léninisme appliqué par le Kremlin prône l'athéisme d'État et s'attaque aux symboles religieux, détruisant les églises et les cathédrales de toute l'URSS et des millions de croyants en majorité orthodoxes, mais aussi d'autres obédiences chrétiennes, sont envoyés au Goulag. De même l'islam est étouffé.
En septembre et , après le partage de la Pologne entre l'Allemagne nazie et l'URSS stalinienne, les régions polonaises à forte minorité ukrainienne (comme la Galicie et Lwow, aujourd'hui Lviv) sont annexées par l'URSS et incorporées au sein de l'Ukraine occidentale, conformément aux protocoles secrets du pacte germano-soviétique. Selon Sabine Dullin, « ces protocoles secrets qui accompagnent, entre le 23 août et le 28 septembre 1939, le pacte signé par Staline avec Hitler sont la matrice de la grande guerre patriotique. Ils resteront un véritable tabou jusqu'à la fin de l'Union soviétique. Ce partage impérialiste avec l'Allemagne nazie transgresse en effet le code d'honneur anti-impérialiste et antifasciste porté par le régime [soviétique][23]. » En juin 1940, c'est le tour de la Bucovine du Nord et du Boudjak, pris à la Roumanie d'être pris par l'URSS.
À l'été 1941, l'Ukraine est envahie par les armées allemandes. À leur arrivée, les Allemands sont reçus en libérateurs par une partie de la population ukrainienne, surtout par la population de la partie de la Pologne envahie par Staline en 1939 puis intégrée à l'Ukraine. Mais, au fur et à mesure de leur progression vers l'est du pays, et notamment en raison des mauvais traitements infligés à la population[24], les occupants allemands rencontrent une forte résistance de la part de la population locale, laquelle perdure jusqu'au retour des Soviétiques en 1944. En représailles, les Allemands traquent les partisans, et brûlent des centaines de villages et des milliers de maisons avec leurs habitants. La population juive d'Ukraine est anéantie par l'application de la solution finale.
Le , le haut commandement de la Wehrmacht annonce la création de la division SS Galicie constituée de volontaires ukrainiens ; les historiens estiment que plus de 220 000 Ukrainiens se sont engagés aux côtés des forces allemandes durant la Seconde Guerre mondiale pour combattre le régime soviétique (Polizei, U.V.V., Hiwis ou Waffen-SS).
En 1944, l’Armée rouge libère la plus grande partie de l’Ukraine. En juin 1945, la Ruthénie subcarpathique, prise à la Hongrie (qui l'avait acquise en 1939 sur la Slovaquie), rejoint à son tour l’Ukraine soviétique, formant l’oblast de Transcarpatie.
À la fin du conflit, le bilan des pertes ukrainiennes est de huit millions de morts dont 1,377 million étaient des militaires.
Quant aux indépendantistes — présents essentiellement dans les régions ouest —, ils continuent une résistance locale armée contre l'URSS jusqu'en 1954.
Le , l’Ukraine devient l’un des membres fondateurs de l'ONU, en y obtenant, en soulignement de son rôle dans la victoire sur le nazisme, avec la Biélorussie, une place distincte de l'URSS. Cette disposition particulière permet à l'Union soviétique de bénéficier de voix supplémentaires dans les votes de l'assemblée générale de l'ONU.
En 1954, le 1er secrétaire du Parti communiste d'Union soviétique, Nikita Khrouchtchev qui a passé sa jeunesse en Ukraine, transfère la péninsule de Crimée à la République soviétique socialiste d'Ukraine pour marquer le 300e anniversaire du traité de Pereïaslav marquant l'union entre la Russie et les provinces formant l'Ukraine d'alors. L'Ukraine est considérée comme un modèle des républiques soviétiques. Notamment, Léonid Brejnev, le principal dirigeant de l'URSS pendant 18 ans entre 1964 et 1982, est d'origine ukrainienne.
La fin de la période soviétique est marquée en 1986 par la catastrophe nucléaire de Tchernobyl dont le coût humain et financier a été considérable. L'URSS a engagé un énorme travail de décontamination pour atténuer les conséquences de la radioactivité.
La sortie de l'Union soviétique
C'est seulement vers 1989 que la libéralisation du régime soviétique et la libération des détenus politiques permettent aux Ukrainiens de s'organiser pour défendre leurs droits à la souveraineté. En 1989, le Mouvement national ukrainien, Roukh, est créé. Lors des élections de , les partis ukrainiens du bloc démocratique obtiennent alors environ 25 % des sièges au Parlement. Sous l'influence des députés démocrates, le Parlement adopte, le , la Déclaration sur la souveraineté politique de la République d'Ukraine. C'est le premier pas vers l'indépendance complète de l'Ukraine. Celle-ci est proclamée le et confirmée par le référendum du : 92 % des électeurs votent en faveur de l'indépendance[13].
Le , la dislocation de l'URSS est actée par l'accord de Minsk, signé par les dirigeants russe, ukrainien et biélorusse.
L'Ukraine devient l'un des membres fondateurs de la Communauté des États indépendants.
Par le Mémorandum de Budapest sur les garanties de sécurité, signé le , l'Ukraine abandonne son arsenal nucléaire[alpha 7] en échange de la garantie par les États-Unis, le Royaume-Uni et la Russie de son intégrité territoriale[25].
Une situation entre Russie et Europe de plus en plus difficile depuis 2004
La situation de l'Ukraine, entre la Russie et l'Union européenne, devient difficile dès 2004 avec la Révolution orange, marquant l'opposition entre deux parties de la société, celle majoritairement pro-européenne et occidentale (surtout à l'ouest du pays) et celle russophile (surtout à l'est du pays). La difficile élection du candidat pro-européen Viktor Iouchtchenko marque le début de relations tendues avec la Russie qui n'admet pas la prise de distance de l'ancienne république soviétique, jusqu'alors restée alliée de Moscou. Des tensions relatives aux conflits gaziers russo-ukrainiens éclatent dès 2006.
En 2010 le pro-russe Viktor Ianoukovytch est élu président, mais le courant pro-européen et occidental persiste. À la suite du refus du gouvernement de signer des accords de rapprochement avec l'Union européenne, le renforcement du mouvement Euromaïdan provoque un renversement du pouvoir. Très rapidement, une crise éclate entre les territoires majoritairement russophones du sud-est du pays et le nouveau pouvoir central de Kiev.
Le , la Crimée proclame son indépendance, puis à la suite d'un référendum est rattachée à la fédération de Russie le 18 mars. Ce référendum et le rattachement qui a suivi ont été condamnés par l'Ukraine et une large part de la communauté internationale[alpha 8]. Ainsi, le 27 mars 2014, l'Assemblée générale de l'ONU[26] a voté la résolution 68/262 sur « l'intégrité territoriale de l'Ukraine », la majorité des pays condamnant le rattachement de la Crimée à la Russie : 100 pays dont les États-Unis et l'UE[alpha 9].
Une guerre civile, dite guerre du Donbass, éclate ensuite dans l'est de l'Ukraine majoritairement russophone, qui entraîne plus de dix mille morts[27],[28],[29],[30].
L'Ukraine est la cible de cyberattaques[31] dont le but est de réduire la légitimité du pouvoir ukrainien et tester de nouvelles cyberarmes, perturbant également l'économie. Les cyberattaques ont pu notamment arrêter des centrales nucléaires et empêcher les distributeurs de billets de fonctionner. Parmi les attaques, NotPetya (un logiciel malveillant) aurait affecté 70 à 80 % des ordinateurs des grandes entreprises[31]. Bien que NotPetya ait été utilisé par la suite pour créer des attaques mondiales, d'après Microsoft, la première infection a eu lieu en Ukraine. Lors de l'annonce des résultats de l'élection présidentielle en 2014, la principale chaine de télévision, victime d'un piratage, a annoncé des résultats erronés[31].
En 2016, l'OSCE, une organisation chargée notamment d’observer le cessez-le-feu en Ukraine a été la cible d’une attaque de grande ampleur attribuée à Moscou[32]. L’OSCE est le seul acteur indépendant capable de documenter des exactions ou de vérifier si les promesses faites par Kiev, les prorusses ou le Kremlin sont mises en application[réf. nécessaire].
Alors que le conflit dans la région du Donbass semble se transformer en conflit de « basse intensité », depuis le début des combats près d'un million et demi de personnes ont été déplacées, 850 000 à l'intérieur de l'Ukraine, 600 000 en dehors dont 350 000 vers la Russie et 250 000 vers les pays de l'Union européenne[33].
Le , Joe Biden, président des États-Unis, ordonne aux familles de diplomates américains de quitter le territoire ukrainien en raison des fortes tensions avec la Russie, évoquant « la menace persistante d'une opération militaire russe »[34].
Le , le président russe Vladimir Poutine reconnait l'indépendance des républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk et ordonne à ses troupes de se rendre dans ces parties de l'est de l'Ukraine dans le cadre de ce que le Kremlin qualifie de « mission de maintien de la paix »[35].
Le , la Russie procède à des bombardements par missiles de croisière et balistiques sur plusieurs villes ukrainiennes, dont Kiev. Les troupes russes au sol pénètrent sur le territoire ukrainien[36],[37], ce qui constitue le point de départ de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Géographie
Géographie physique
L'Ukraine est un pays d'Europe orientale. Elle partage ses frontières terrestres avec sept pays limitrophes : à l'ouest la Pologne, la Slovaquie et la Hongrie ; au sud-ouest la Roumanie et la Moldavie ; à l'est et au nord-est la Russie ; au nord la Biélorussie. Le pays mesure 1 316 km d'est en ouest et 893 km du nord au sud, pour une superficie totale de 603 550 km2, ou 576 450 km2 sans compter la superficie de la Crimée.
À l’exception du vaste plateau de Podolie (altitude 472 m) qui occupe l'ouest du pays, c'est un pays relativement plat, avec les terres fertiles du bassin du Dniepr en son centre, ce qui lui permet d'avoir une agriculture productive. Les montagnes ukrainiennes sont principalement constituées des contreforts des reliefs d'Europe centrale et méditerranéenne :
- les Carpates, à l'ouest-sud-ouest, avec le mont Hoverla qui culmine à 2 061 m 48° 10′ 12″ N, 24° 34′ 12″ E, ce qui en fait le plus haut sommet de la division des « Carpates orientales extérieures » ;
- le massif criméen, culminant au mont Roman-Koch à 1 545 m[38], en bordure de la mer Noire.
L’Ukraine bénéficie également d'un réseau fluvial étendu, composé principalement par le Dniepr (Dnipro), le Dniester (Dnister), le Boug occidental, le Boug méridional et le Donets à l'est. Le Danube (Dounay) marque la frontière à l'extrême sud-ouest entre l'Ukraine et la Roumanie.
Au sud, l'Ukraine s'ouvre sur la mer Noire, bordée de nombreux « limans », et où s'avance la presqu'île de Crimée.
Le climat de la majeure partie de l'Ukraine est continental avec des hivers froids et des étés chauds ; le climat n'est méditerranéen que sur la côte sud de la Crimée. Les températures moyennes à Kharkiv en Ukraine orientale sont d'environ 7 °C en janvier et 20 °C en juillet. Les précipitations vont d'environ 750 mm par an dans le nord à environ 250 mm dans le sud.
Géographie historique
L'Ukraine comporte diverses régions historiques, dont certaines, comme l'oblast de Ruthénie subcarpathique ou la république autonome de Crimée, peuvent correspondre à une subdivision administrative actuelle. Certaines de ces régions historiques, comme la Volhynie et la Galicie — jadis polono-lituaniennes —, la Bukovine — autrefois moldave — ou la Méotide — auparavant tatare criméenne — se prolongent également dans les pays voisins. D'autres sont intégralement ukrainiennes : la Podolie — jadis polono-lituanienne — le Boudjak et le Yedisan — autrefois turcs —, la Tauride et la Crimée, auparavant tatares sous suzeraineté turque. La plus vaste des régions historiques est la Zaporoguie, pays des Cosaques du même nom, héritée des rapides du Dniepr.
Géographie administrative
L'Ukraine est divisée en 24 régions administratives — ou oblasti (singulier : oblast) — et une municipalité (misto) avec un statut juridique particulier, Kiev. Par ailleurs, l'Ukraine revendique l'intégralité de la Crimée, autrement dit la ville à statut particulier de Sébastopol et la République autonome de Crimée, qui ont été annexées en 2014 à la Russie et constituent actuellement le District fédéral de Crimée de la Fédération de Russie.
Régions
- Tcherkassy
- Tchernihiv
- Tchernivtsi
- Crimée (annexée par la Russie, non reconnue par l'Assemblée générale des Nations unies)
- Dnipropetrovsk
- Donetsk
- Ivano-Frankivsk
- Kharkiv
- Kherson
- Khmelnytsky
- Kirovohrad
- Kiev
- Louhansk
- Lviv
- Mykolaïv
- Odessa
- Poltava
- Rivne
- Soumy
- Ternopil
- Vinnytsia
- Volhynie
- Transcarpathie
- Zaporijia
- Jytomyr
Municipalités à statut particulier
- Kiev
- Sébastopol (revendiquée par l'Ukraine à la suite du rattachement à la Russie)
Population
Généralités
Les données liées à l'évolution du nombre d'habitants sont connues pour la période 1950-2012[39],[40].
D'après le recensement de 2001, la répartition ethnique des citoyens ukrainiens (sur une base déclarative qui ne correspond pas nécessairement à la langue maternelle) est la suivante : « Ukrainiens » : 77,7 % ; « Russes » : 17,4 % ; « Autres » : 4,9 %. La classification « autres » comprend des minorités linguistiques comme les Bulgares, les Roumanophones ou les Gagaouzes du Boudjak, ou bien religieuses comme les Juifs, ou bien les deux comme les Tatars de Crimée (300 000 en 2014[41], musulmans et turcophones). Les Ruthènes/Houtsoules sont en Ukraine considérés comme Ukrainiens, et ne sont par conséquent pas répertoriés comme une « nationalité » séparée, le mot « nationalité » (національність) signifiant ethnie et non « citoyenneté » (громадянство), comme en France. Il y aurait donc 75,8 % d'Ukrainiens et environ 1 % de Ruthènes, selon les estimations.
Plus d'un million d'Ukrainiens ont quitté leur pays depuis 1991 avec pour destinations privilégiées : l'Australie, les États-Unis, le Canada, Israël, l’Union européenne.
Langues
L'ukrainien est la langue officielle mais treize autres langues minoritaires sont reconnues, dont le russe, qui est très souvent compris par les Ukrainiens. Pour la plupart, ils peuvent parler cette langue couramment en raison de la proximité d'avec l'ukrainien. Cependant, les 17 % de russophones sont surtout présents dans l'Est et le Sud du pays, qui ont fait partie pendant plus de 340 ans de l'Empire russe et plus de 70 ans de l'URSS, alors que l'ukrainien est largement dominant dans l'Ouest de l'Ukraine, qui a fait partie de la Pologne et de l'Autriche-Hongrie[42].
Chez les plus jeunes, surtout dans les grandes villes, le choix de l'anglais en seconde langue devient de plus en plus important. Dans l'Ouest du pays, on trouve des minorités qui parlent le polonais, le hongrois, le biélorusse, le roumain, le grec[alpha 10], le yiddish[alpha 11], ainsi que le tchèque et le slovaque. Déportés sous Staline après 1945, les Tatars de Crimée qui sont rentrés au pays, essentiellement après 1989, parlent surtout le russe. L’allemand qui jadis était une langue minoritaire — celle des Allemands dans le sud de l'Ukraine — a disparu presque complètement après la Seconde Guerre mondiale et l'expulsion des allemands d'Europe de l'Est. Aujourd'hui, la langue allemande est surtout enseignée à l'université ; elle est considérée comme utile dans le monde du commerce, sans doute la troisième langue étrangère enseignée après le russe et l'anglais.
Politique
La Constitution a été adoptée par le Parlement le , après qu'un accord fut conclu entre le Parlement et le président en 1995.
L'Ukraine est une démocratie parlementaire où les pouvoirs présidentiels sont étendus (quoique réduits au profit du parlement). Le président d'Ukraine est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans, renouvelable une fois. Il nomme le Premier ministre avec l'accord de la Rada qui est le parlement.
Le Parlement monocaméral (Verkhovna Rada ou plus simplement Rada) est composé de 450 députés élus au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans (quatre ans avant 2006). Le mode de scrutin est mixte (car il combine à la fois scrutin proportionnel et scrutin majoritaire) jusqu'en 2006 puis uniquement proportionnel.
La Cour constitutionnelle contrôle la constitutionnalité des lois et peut être saisie entre autres par la Cour suprême d'Ukraine, le président ou le Parlement.
Élection présidentielle de 2004 et Révolution orange
Alors que la présidence était assurée par Leonid Koutchma, un ancien apparatchik du Parti communiste, considéré comme corrompu et lié aux groupes mafieux, la dernière élection présidentielle a eu lieu le 31 octobre et . À la suite de soupçons de fraude et de la pression populaire, plus ou moins spontanée, de la Révolution orange, la Cour suprême a annulé le résultat du second tour qui donnait vainqueur l'ancien Premier ministre Viktor Ianoukovytch sur Viktor Iouchtchenko. Finalement, c'est ce dernier, jouant la carte de l'Europe et du libéralisme, qui l'a emporté bien que son adversaire ait maintenu ses solides positions dans l'Est et le Sud du pays, russophones et russophiles. Viktor Iouchtchenko prête serment en janvier 2005.
Il désigne alors comme Première ministre Ioulia Tymochenko, femme d'affaires entrée en politique du temps du président Koutchma. Sur fond d'accusations réciproques de corruption, le le président Viktor Iouchtchenko limogea le gouvernement de la Première ministre Ioulia Tymochenko, nommant à sa place Iouriï Iekhanourov, gouverneur de l'oblast de Dnipropetrovsk.
Des commentateurs comme Jean-Baptiste Naudet, reporter au Nouvel Observateur ont estimé que l'on peut observer, à travers plusieurs élections, une préférence pour les candidats pro-européens en Ukraine du Nord-Ouest jadis soumise à l'influence polono-lituanienne, et pour les candidats pro-russes en Ukraine du Sud-Est jadis soumise à la domination turco-tatare et délivrée de celle-ci par les cosaques et la Russie.
Élections législatives de 2006
Les élections législatives qui suivirent ont eu lieu le . Le Parti des Régions du pro-russe Viktor Ianoukovytch a obtenu 32,12 % de voix (186 élus), le Bloc de Ioulia Tymochenko (BUT) 22,27 % de voix (129 élus) et le Parti présidentiel Notre Ukraine 13,94 % de voix (81 élus).
Les partis qui n'ont pu obtenir un minimum de 3 % des voix ne sont pas représentés à la Rada[43].
La coalition parlementaire « orange » (Notre Ukraine — Bloc de Ioulia Tymochenko (BIT) — Parti socialiste) difficilement constituée après plus de deux mois de débats, a éclaté le , à la suite de la défection surprise du socialiste Oleksandr Moroz élu président du Parlement avec le soutien de l'opposition pro-russe. Cette défection a entraîné le ralliement des socialistes à la formation Parti des Régions – Communistes et à la création d'une nouvelle alliance majoritaire (240 sièges sur 450), cette fois dirigée par l'ex-Premier ministre Viktor Ianoukovytch.
À la suite des pourparlers entre Iouchtchenko et Ianoukovytch entamés le 20 juillet 2006, les deux anciens rivaux se sont mis d'accord sur la signature du pacte de l'unité nationale (Universal), qui marque les concessions politiques des deux côtés (entre autres, la soumission au référendum de la question de l'entrée du pays dans l'OTAN). Le groupe du Bloc Ioulia Tymochenko, jadis un allié de « Notre Ukraine », qui a quitté le siège de la Rada le 20 juillet en exigeant la tenue des législatives anticipées, n'a pas signé l'Universal. Il devient donc l'opposition officielle.
Le la Rada a nommé le chef du Parti des régions Viktor Ianoukovytch au poste de Premier ministre ukrainien. La candidature de Ianoukovytch a été appuyée par 271 voix, pour 226 requises.
Élections législatives de 2007
Le , le président Viktor Iouchtchenko dissout le parlement et provoque de nouvelles élections législatives. Elles eurent lieu le , les résultats étaient les suivants :
- le Parti des régions du Premier ministre sortant Viktor Ianoukovytch remporte 34,18 % des voix ;
- le Bloc Ioulia Tymochenko totalise 30,81 % des voix ;
- le parti Notre Ukraine — Autodéfense, du président Viktor Iouchtchenko, obtient 14,28 % des voix.
Lors des élections législatives anticipées du , le bloc dirigé par Ioulia Tymochenko arrive en deuxième position avec 30,7 % des voix, gagnant presque huit points par rapport aux précédentes législatives de mars 2006 (22,9 %). Le parti des Régions de Viktor Ianoukovytch remporte les élections avec 34,4 % des voix. Après les premiers dépouillements, le « Bloc Ioulia Tymochenko » arrivait en tête et l'OSCE avait déclaré que les élections s'étaient déroulées de manière libre et équitable[44],[45]
Nommée première ministre par le président Iouchtchenko, elle ne parvient pas, cependant, à obtenir la majorité le 11 décembre, obtenant seulement 225 voix sur les 226 requises.
De nouveau proposée au poste de Premier Ministre, la Rada entérine sa nomination à la tête du gouvernement le 18 décembre lors d'un deuxième vote par 226 voix sur les 450[46].
La Rada est dissoute par le président Iouchtchenko le à la suite de la crise parlementaire de septembre 2008 en Ukraine, une élection anticipée d'abord prévue pour le puis le 14 décembre, a été reportée pour début 2009, à une date indéterminée, en raison de la crise financière. Une nouvelle coalition se forme alors entre le parti de Volodymyr Lytvyn, le bloc Ioulia Tymochenko et Notre Ukraine. Volodymyr Lytvyn est élu président du Parlement, et celui-ci annonce que la Rada poursuivra son travail jusqu'en 2012.
Élection présidentielle de 2010
Le premier tour de l'élection présidentielle s'est déroulé le . Le chef de l'opposition Viktor Ianoukovytch obtient 35 % des voix, et la Première ministre Ioulia Tymochenko 25 %. Le président sortant Viktor Iouchtchenko réunit environ 5,5 % des voix.
Viktor Ianoukovytch emporte le second tour du 7 février avec 48,95 % des voix contre 45,47 % pour Ioulia Tymochenko. L'OSCE a annoncé que le scrutin avait été « transparent et honnête ».
Mykola Azarov, fidèle du président Ianoukovytch, accède au poste de Premier ministre le , à la suite d'une motion de censure votée le 3 mars contre Ioulia Tymochenko.
Événements de 2013-2014
En novembre 2013, l'Ukraine renonce à signer un accord d'association avec l'Union européenne et « relance un dialogue actif avec Moscou »[47]. Ce revirement entraîne d'importantes manifestations pro-européennes à Kiev rassemblant des centaines de milliers de personnes, l'occupation du Maïdan Nézalejnosti et de la mairie, avec comme mot d'ordre la démission du président Viktor Ianoukovytch[48].
Au fil des jours, la capitale ukrainienne (Kiev) se transforme en champ de bataille. Les deux premiers décès ont lieu le mardi . La légitimité de Viktor Ianoukovytch est d'autant plus remise en cause après la mort de 75 manifestants tués par balle le jeudi [49].
Le , Viktor Ianoukovytch quitte Kiev pour Kharkiv et le régime politique est renversé. Alors que des rumeurs évoquent sa démission, le président dément, refuse de démissionner, parle d'un « coup d'État » qu'il compare à l'arrivée des Nazis en Allemagne. Quelques heures plus tard, le Parlement vote sa destitution et fixe au 25 mai suivant la prochaine élection présidentielle par 328 voix sur 450. Dans le même temps la libération de l'ancienne Première Ministre Ioulia Tymochenko est votée et Oleksandr Tourtchynov est choisi pour diriger pour quelques mois l'Ukraine par intérim[50],[51].
Les manifestants et la presse ont pu entrer facilement dans la Mejyhiria, la résidence de l'ancien président située dans la banlieue de Kiev. Ceux-ci ont été choqués par le train de vie que menait Viktor Ianoukovytch dans celle-ci[52].
En fin de compte, les affrontements ont fait au moins 82 morts chez les manifestants et 16 morts chez les forces de l'ordre (Berkout)[53].
Après un bref passage par l'Est de l'Ukraine, le président déchu Viktor Ianoukovytch s'est réfugié en Russie. Un mandat d'arrêt est lancé contre lui pour « meurtres de masse[54] ».
Parallèlement à ces événements, des manifestations anti-Maïdan se propagent dans les régions du sud et de l'est où Viktor Ianoukovitch avec le Parti des régions était majoritaire et où la langue russe est dans certains territoires prédominante comme à l'est du Donbass. Les manifestants protestent notamment contre l'abrogation de la loi sur le bilinguisme[55] et sont favorables au projet de fédéralisation défendu par la Russie pour donner plus d'autonomie à ces régions par rapport aux autorités de Kiev. La guerre éclate dans les oblasts de Donetsk et de Louhansk en mai de cette même année après la proclamation de l'indépendance des deux républiques populaires. Une guerre qui, en dépit des négociations de Minsk et des tentatives de cessez-le-feu, se poursuivra pendant des années et sera alimentée par un soutien militaire russe aux séparatistes. Le projet de ces derniers est plus radical que la fédéralisation car ils souhaitent la partition du pays[56] pour créer un état sécessionniste pro-russe, la Nouvelle-Russie[57], dans le Donbass, voire même dans toute cette moitié sud-est de l'Ukraine jusqu'à la Transnistrie en Moldavie.
Le 11 mars, le Conseil suprême de Crimée proclame l'indépendance de la République autonome de Crimée, indépendance qui sera entérinée à la suite d'un référendum qui s'est tenu le 16 mars, et lors duquel la population a voté à une écrasante majorité pour un rattachement à la Russie. Les conditions de ce rattachement ont été critiquées par la communauté internationale.
Élection présidentielle de 2014
Les élections sont marqués par une forte abstention, 18 019 417 d’électeurs, soit 50,8 % des votants[58], mais ce résultat inclut la Crimée et les régions sous contrôle séparatiste, où la participation a été très faible.
Lors de cette élection, les électeurs donnent la victoire à Petro Porochenko, à la majorité dès le premier tour avec environ 54,7 % des voix, soit 9 857 118 sur 17 774 827 bulletins valides, alors que Ioulia Tymochenko arrive deuxième avec 13 %.
Accord de libre échange avec l'Union européenne
Le , le nouveau président Petro Porochenko signe un accord de libre échange avec l'Union européenne à Bruxelles[59].
Présidence de Volodymyr Zelensky (depuis 2019)
L'élection présidentielle de mars- porte au pouvoir l'humoriste et comédien Volodymyr Zelensky, qui, après avoir éliminé dès le premier tour Ioulia Tymochenko, pourtant donnée favorite durant toute l'année 2018, récolte 73 % des voix au second tour face à un Porochenko affaibli par cinq années de guerre et de corruption[60]. Se présentant comme un candidat antisystème[61], Zelensky a mené une campagne atypique axée avant tout sur les réseaux sociaux, jouant de l'identification avec le personnage de professeur d'histoire élu président qu'il incarne depuis 2015 dans la série télévisée Serviteur du peuple. Ses détracteurs soulignent ses accents populistes, son inexpérience et sa quasi-absence de programme[60]. Lors de son investiture le , Zelensky dissout le Parlement, où son parti ne compte aucun député, et provoque des élections législatives anticipées : cette décision est jugée anticonstitutionnelle par une partie de la classe politique, dont le Premier ministre Volodymyr Hroïsman, qui donne sa démission[62]. Le scrutin, qui a lieu le avec un taux de participation de 49,8 %, donne la victoire au parti de Zelensky avec une majorité absolue de 254 sièges sur 450[63].
Volodymyr Zelensky fait de la lutte contre la corruption l'un des grands axes de sa présidence : à cet effet, il met en place de nombreuses mesures anticorruption, dont une loi engageant la responsabilité pénale des fonctionnaires reconnus coupables de déclarations de revenus mensongères. Celle-ci et plusieurs autres sont néanmoins invalidées en par la Cour constitutionnelle, qui les juge trop sévères : cette décision provoque des manifestations et une crise constitutionnelle[64]. Zelensky réussit néanmoins à faire passer le une loi visant à limiter le pouvoir des oligarques, riches hommes d'affaires qui influencent la vie publique ukrainienne, en les recensant dans un registre[65]. Les intéressés ont six mois pour cesser leurs activités politiques et vendre leurs médias[64], sans quoi ils sont fichés comme oligarques et soumis à de fortes contraintes (obligation de déclarer leurs possessions, interdiction de financer des partis politiques, de rencontrer en privé des hauts fonctionnaires ou de participer à des privatisations)[65]. Zelensky est toutefois critiqué pour avoir pris la tête de la commission chargée d'établir le registre, ce qui engendre un conflit d'intérêts en raison de ses liens avec l'oligarque Ihor Kolomoïsky. Il est par ailleurs lui-même accusé d'évasion fiscale dans l'affaire des Pandora Papers[64].
Sur le plan international, Zelensky entend relancer le dialogue avec la Russie sur la question du Donbass. Le début de son mandat est marqué à cet égard par des succès, dont des échanges de prisonniers sans précédent entre l'Ukraine et le camp prorusse[64] et la restitution par Moscou des trois navires ukrainiens arraisonnés lors de l'incident du détroit de Kertch un an plus tôt[66]. Cette politique de détente mécontente néanmoins une partie de l'opinion publique, qui manifeste dans les grandes villes d'Ukraine pour dénoncer une « capitulation »[67]. Le , Kiev et Moscou n'en signent pas moins le plus long accord de cessez-le-feu depuis le début du conflit[64] : celui-ci est presque aussitôt fragilisé par des tirs en provenance des territoires séparatistes, le , mais Zelensky réaffirme son attachement à l'accord en imputant ces agissements à des « groupes armés illégaux »[68]. En , cependant, un tournant s'opère lorsque la Russie concentre des troupes à la frontière ukrainienne, dans un contexte de violations répétées du cessez-le-feu. Rompant avec sa position conciliante, Zelensky se tourne vers l'OTAN et l'Union européenne, considérant que l'adhésion de l'Ukraine à ces organisations est « la seule façon de mettre fin à la guerre dans le Donbass ». Après quelques semaines de tensions, Sergueï Choïgou annonce le début du retrait des troupes russes le [69], mais celles-ci se réinstallent massivement à la frontière en fin d'année. Malgré la réaffirmation par Zelensky de sa volonté de négocier directement avec Moscou, et l'ouverture de discussions avec les États-Unis et les partenaires européens[70], Vladimir Poutine lance finalement son armée à l'assaut du pays en .
Armée
Le 19 août 2022, un nouveau paquet d'armes et de munitions de 775 millions de dollars pour la défense de l'Ukraine — incluant plusieurs types de missiles, d'artillerie et de systèmes de nettoyage des mines — est dévoilé par le Département de la Défense des États-Unis[71].
Économie
L'Ukraine a une économie diversifiée, mais encore tributaire des industries établies à l'époque soviétique. C'est un libre marché émergent, où la croissance fut à deux chiffres durant ces dernières années, jusqu'à la Révolution orange (2004-2005). Ses ressources naturelles tournent beaucoup autour de l'agriculture (tournesol, noix, betteraves sucrières). Autre point fort de son agriculture, le pays était aussi septième au palmarès des producteurs mondiaux de céréales au milieu des années 2010, dominé par les États-Unis, grâce à une forte progression. Le secteur agricole est cependant en repli dans d'autres domaines : sur les six premières années de la décennie 2010, le pays n'a jamais regagné sa place au palmarès des huit plus grands producteurs mondiaux de sucre[72].
Les ressources minières (fer, charbon, uranium, potasse, etc.) jouent également un rôle important. L'économie est caractérisée par une forte inflation et des rendements économiques encore un peu faibles.
Du point de vue commercial, son principal partenaire économique reste la Russie, même si l'Ukraine s'efforce de se tourner vers les pays de l'Union européenne géographiquement proches d'elle. Le pays joue un rôle important dans la distribution gazière européenne. En 2015, en dépit de la guerre du Donbass, l'Ukraine reste dépendante de la Russie pour 21 % de ses importations et 12 % de ses exportations[33]
La monnaie nationale, la hryvnia, a été introduite en 1996 et a contribué à réduire l'hyperinflation qui régnait alors.
De 1989 à 1999, le PIB s'est effondré de 60 %, passant de 467 milliards de dollars internationaux à 172 milliards, puis est remonté à 312 milliards jusqu'à la crise de 2008, depuis laquelle le PIB a tendance à diminuer irrégulièrement (PIB en 2012 : 292 milliards de dollars internationaux)[73].
En 2001, le gouvernement prit la décision d'accélérer le processus d'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), cependant les résultats ne furent pas aussi bons que prévu. L'objectif était d'entrer dans l'OMC en (le seul pays s'y opposant étant le Kirghizistan), entrée qui fut le .
La crise politique de 2006 aurait pu affecter l'économie ukrainienne en raison de la longueur de la désignation du Premier ministre. Les investisseurs ne furent pas vraiment effrayés et l'économie résista bien. La croissance du PIB en était de 9 % comparé à , la production industrielle a augmenté, le secteur bancaire s'est étendu, grâce à l'arrivée de banques européennes. En 2009, à la suite de la crise financière, le PIB ukrainien a chuté de 15 %, l'une des pires performances économiques enregistrées pendant cette période. Grâce aux exportations, la croissance a repris en 2010, mais les conditions extérieures sont susceptibles d'entraver les efforts pour la reprise économique en 2011[74].
Le conflit armé a eu un impact non négligeable sur l'activité économique du pays, le PIB baissant de 6,6 % en 2014, puis de 9,8 % en 2015 pour se redresser légèrement en 2016 (2,3 %). De 2013 à 2017, le PIB a ainsi connu une baisse de 49 % ne totalisant que 93 milliards de dollars en 2017 pour 183 en 2013[33]. L'instabilité politique du pays constitue également un terrain défavorable pour les investisseurs étrangers[33].
Transport
L'Ukraine possède un réseau de transport assez développé, avec 169 495 kilomètres de routes majoritairement en mauvais état héritées de l'époque soviétique, 21 658 km de voies ferrées, et la longueur des voies fluviales ouvertes à la navigation est de 2 155 km.
Réseau routier
Le réseau routier comprend 169 652 kilomètres de routes dont 47 000 kilomètres de routes nationales et 122 000 kilomètres de routes locales. La proportion de voies rapides est faible (0,28 kilomètre par km² soit 6,6 moins dense qu'en France) et le pays ne dispose que de 280 kilomètres d'autoroutes. Ce réseau routier, qui est en très mauvais état, fait l'objet de gros investissements en 2020 et 2021 pour commencer à le remettre à niveau.
Transports ferroviaires
L'Ukraine dispose d'un des plus grands réseaux ferroviaire d'Europe avec 20 952 kilomètres de voies ferrées dont 9 926 kilomètres sont électrifiés. Comme tous les pays issus de l'éclatement de l'Union soviétique l'écartement est de type voie large. Le ministère des infrastructures ukrainien estimait en 2019 que 97 % du parc roulant devait être modernisé ou remplacé. La compagnie de chemins de fer nationale Ukrzaliznytsia prévoyait d'investir en 2 021 321 millions US$ dans la réparation de 400 kilomètres de voies et la modernisation 800 kilomètres ainsi que dans l'électrification de plusieurs itinéraires[75] .
Le transport ferroviaire international joue un rôle important car il est utilisé par 60 % des exportations en 2008 (le deuxième d'Europe) et s'élevait à 164,025 milliards de tonnes-kilomètres. Le réseau est relié à ceux de la Russie, de la Biélorussie, de la Moldavie, de la Roumanie, de la Hongrie, de la Slovaquie et de la Pologne, avec conversion voie large russe/voie normale européenne pour ces quatre derniers pays.
Les principales villes d'Ukraine disposent d'un réseau de transports en commun lourd hérité en partie de l'époque soviétique. Le métro de la capitale Kiev, est le plus important avec une longueur de 67 kilomètres (1,32 million de passagers quotidiens). Les deux autres réseaux de métro se trouvent à Kharkiv (38,5 km) et Dnipro. Par ailleurs une quinzaine de villes disposent d'un réseau de tramways[76].
Transport maritime et fluvial
18 ports de commerce étaient recensés en 2013 sur sa façade maritime le long de la mer Noire et de la mer d'Azov. En 2008, ils ont transporté 132,18 millions de tonnes de marchandises. Le plus important est celui d'Odessa, sur la mer Noire.
Le réseau fluvial comprend 1 672 kilomètres de voies fluviales répartis sur neuf fleuves. Le Danube, le Dniepr et le Pripiat forment l'essentiel du réseau. Ces voies d'eau gèlent en hiver (de décembre à mars).
Aéroports
Les principaux aéroports d'Ukraine sont Kiev-Boryspil (15 millions passagers en 2019) et Kiev Jouliany (2,6 millions passagers) qui desservent la capitale du pays, Lviv (1,8 million passagers), Donetsk, Odessa (1,3 million passagers) et Simferopol (6,8 millions passagers, situé sur le territoire occupé par la Russie). Il existait en 2012 412 infrastructures aéroportuaires.
Oléoducs et gazoducs
Le pays dispose d'un réseau étendu oléoducs et de gazoducs qui acheminent principalement les produits pétroliers et le gaz naturel russes vers le territoire national et l'Europe occidentale. Depuis le milieu des années 2000 ces infrastructures sont au centre d'un conflit qui oppose l'Ukraine à la Russie.
Tourisme
L’Ukraine occupait en 2012 la neuvième place en Europe par le nombre de visiteurs[77]. Les principales villes visités sont Kiev, Lviv, Odessa, Kamianets-Podilskyï et Yalta sur la mer Noire. Les Sept merveilles d'Ukraine ainsi que les « sept merveilles naturelles d’Ukraine » sont des endroits principalement fréquentés par les touristes étrangers. Depuis 2005, les citoyens de l'Union européenne, de l'AELE, des États-Unis, du Canada, du Japon et de la Corée du Sud n'ont plus besoin de visa pour visiter l'Ukraine. Les Russes avaient ce droit avant 2005.
L'industrie touristique du pays a besoin d'investissement pour se moderniser, mais elle continue de contribuer stratégiquement à l'économie de l'Ukraine. En 2012, la part du tourisme dans le PIB s'est montée à 28,8 milliards de UAH, soit 2,2 % du PIB, tout en procurant directement 351 500 emplois (1,7 % des emplois totaux)[78]. En 2012, plus de 23 millions de visiteurs étrangers ont visité l'Ukraine.
L'Ukraine possède de très nombreux sites touristiques dans tout le pays, un littoral sur la mer Noire avec des plages nombreuses et très populaires, des châteaux historiques, des parcs, des sites viticoles et un nombre important de musées répartis dans l'ensemble du pays, et notamment dans les grandes villes de Kiev, Odessa, Donetsk et Lviv. L'un des symboles les plus connus reste la cathédrale Sainte-Sophie et le monastère Saint-Michel avec ses toits dorés à Kiev, ainsi que le site antique de Chersonèse à Sebastopol (Crimée). Le massif des Carpates, dans l'Ouest, offre des stations de ski ainsi que des sentiers pédestres pour faire de la randonnée.
Environnement
Le pays a été marqué par la catastrophe de Tchernobyl, même si les retombées ont essentiellement concerné la Biélorussie.
En tant que centre nodal énergétique pour l'Europe de l'Est, le risque d'accident lié à une infrastructure énergétique reste élevé[79].
Les problèmes d'environnement en Ukraine provoquent une baisse de l'espérance de vie[80]. L'environnement du pays serait très bien préservé depuis des années grâce à un réseau de très nombreuses réserves naturelles et le programme de Kiev pour préserver l'environnement et la mer Noire[81][source insuffisante]. Le journaliste Dmytro Kouzoubov note en 2019 que le pays est confronté à d’importants défis environnementaux : fragilité de la protection des nappes phréatiques, qui pourraient être victimes d'une pollution massive en provenance des mines, importante pollution (soufre, plomb, cadmium, etc.) liée aux armes utilisées pendant les combats, destruction des forêts et des sols pour l'extraction clandestine de l'ambre, abattage clandestin des forêts, absence de gestion des ordures ou encore menaces sur le niveau et la qualité du Dniepr[82].
L'Ukraine a connu dans le courant de l’été 2010 de nombreux feux de forêts, tout comme sa voisine russe.
Enseignement
L'université d'État Tarass-Chevtchenko, l'Institut polytechnique de Kiev et Université nationale de commerce et d'économie de Kiev sont les principales universités ukrainiennes.
Culture
Littérature ukrainienne
Jusqu’au début du XIXe siècle, la langue écrite diffère significativement de la langue parlée. La littérature ukrainienne moderne nait au XIXe siècle. Des écrivains de la nouvelle génération commencent alors à écrire en langue du peuple, cherchant la codification qui refléterait la prononciation.
Cette vague commence avec Ivan Kotliarevsky qui en 1798 publie le poème Eneyida (ukrainien : Енеїда), qui est considéré comme la première œuvre en ukrainien moderne. Sa pièce de théâtre Natalka Poltavka est devenue un classique de la littérature ukrainienne. Elle est jouée encore aujourd’hui dans de nombreux théâtres de l’Ukraine.
Mais c’est l’œuvre de Taras Chevtchenko, fils de paysans serfs qui a eu la chance d’être libéré et de recevoir de l’éducation, qui marque véritablement la renaissance littéraire ukrainienne. Parmi d'autres écrivains ukrainiens : Ivan Franko et Lessia Oukraïnka.
D'autres écrivains ukrainiens ont par ailleurs influencé la littérature russophone dont le plus célèbre Nicolas Gogol, est sujet de dispute entre Ukrainiens et Russes.
Sujet des interdictions et de la censure tsariste, la littérature de la langue ukrainienne vécut une brève période de renaissance dans les années 1920 que l’on appelle la « renaissance fusillée » car beaucoup de ses représentants furent exécutés lors des purges staliniennes et d’autres emprisonnés dans des camps du Goulag. Ce fut le cas notamment de Vassyl Stous, poète, traducteur et membre du groupe Helsinki. Arrêté en 1972, il fut déporté au goulag où il mourut en 1985, dans une cellule d'isolement.
Après la fin de l’URSS et l’indépendance de l’Ukraine, la littérature ukrainienne connaît une nouvelle renaissance, limitée par la crise économique et par la russification des grandes villes de l’Est de l’Ukraine.
Parmi les écrivains modernes les plus connus, on trouve Iouri Androukhovytch, Serhiy Jadan, Andreï Kourkov, Oksana Zaboujko, Ihor Pavliouk.
Cinéma
Le cinéma ukrainien est à la fois partie prenante du cinéma soviétique et un cinéma original, attaché à la terre et à l'histoire ukrainienne. Certains auteurs accordent ainsi au cinéma ukrainien un développement parallèle et indépendant du cinéma soviétique, d'autres fixent son essor véritable au lendemain de l'indépendance du pays, en 1991.
L'histoire du cinéma ukrainien débute de manière précoce, en 1896. C'est aussi l'une des cinématographies qui a presque disparu durant les années 1990, avec la chute de l'URSS. Depuis 1998, elle connaît un renouveau important.
Musique
La musique ukrainienne est essentiellement vocale et polyphonique depuis l'avènement de ce style dans la musique liturgique orthodoxe au XVIe siècle. Pendant longtemps les musiciens à la Cour du tsar et dans les chœurs orthodoxes étaient Ukrainiens. Les instruments n'apparurent que pour accompagner les chanteurs.
Cuisine
La cuisine ukrainienne est une part importante de la culture nationale. Des plats spéciaux sont préparés à Pâques ou à Noël. Les Ukrainiens utilisent diverses sortes de sauces, de poissons et de fromages. Le pain est un élément essentiel à tout repas. Le borchtch est une soupe traditionnelle servie en entrée. Elle est à base de betteraves et de légumes (chou, carottes, pommes de terre, oignons ou tomates) et de viande (poulet, porc ou bœuf).
Le varenyky (Вареники) est un plat ukrainien traditionnel populaire et très ancré dans la cuisine ukrainienne. Ressemblant à des raviolis, ils sont cependant plus volumineux et très similaires aux pelmeni russes, aux pierogi polonais voire aux buuz mongols. Leur farce est constituée généralement de pommes de terre, mais il y a de nombreuses déclinaisons : fromages, fraises, cerises, champignons, choux, voire plusieurs combinaisons entre elles.
Le gâteau de Kiev (en ukrainien : торт « Київський ») est à base de noisettes et de meringue.
Religions
Les principales confessions du pays sont chrétiennes, essentiellement orthodoxes et dans une moindre mesure catholiques.
Il existe principalement trois églises orthodoxes en Ukraine :
- l'Église orthodoxe d'Ukraine, une juridiction autocéphale canonique de l'Église orthodoxe[83], reconnue comme indépendante par le patriarcat de Constantinople depuis 2018[84], puis par trois autres Églises orthodoxes autocéphales sur les quatorze Églises autocéphales universellement reconnues ;
- l'Église orthodoxe ukrainienne (patriarcat de Moscou), rattachée canoniquement au Patriarcat de Moscou ;
- l'Église orthodoxe ukrainienne (patriarcat de Kiev) dont l'annulation de la dissolution a été décrétée par un « synode local » du [85].
Le catholicisme représente 9 % de la population, soit environ quatre millions de fidèles[86]. Il est surtout pratiqué selon le rite byzantin.
D'autres confessions chrétiennes issues du protestantisme ou encore l'Église apostolique arménienne sont aussi représentées mais en très petit nombre, environ 1 %. L'islam, qui est principalement la religion des Tatars de Crimée, réunit moins d'1 % des croyants et le judaïsme moins de 0,5 %.
L'Ukraine dispose d'un patrimoine religieux considérable, parfois très ancien (jusqu'au XVe siècle) et présentant, dans les Carpates, une architecture en bois. Un projet national de recensement et de préservation existe depuis 2005[87].
Codes
L'Ukraine a pour codes :
- UA, selon la norme ISO 3166-1, alpha-2 (liste des codes pays) ;
- UA, selon la liste des codes internationaux des plaques minéralogiques ;
- .ua, selon la liste des Internet TLD (Top level domain) ;
- UKR, selon la norme ISO 3166-1 (liste des codes pays), code alpha-3 ;
- UKR, selon la liste des codes pays du CIO ;
- Y6, Y7, Y8, Y9 et Y0, selon la liste des Vehicle Identification Numbers.
Notes et références
Notes
- Résolution 68/262 pour l'annexion de la Crimée en 2014, et résolution ES-11/1 pour l'invasion de 2022.
- Avec la Crimée.
- Sans la Crimée.
- Depuis son indépendance en 1991, l'Ukraine n'a plus de forme longue pour son nom, ce que la Constitution de 1996 a confirmé.
- Après la partie européenne de la Russie (4 320 025 km2). Le Kazakhstan, la Turquie, le Danemark (avec le Groenland) et la France (avec la Guyane) sont également plus étendus dans leur ensemble, mais les parties de ces pays situées exclusivement en Europe sont plus petites que l'Ukraine.
- Louys Moreri, Le Grand Dictionnaire historique ou Le Mélange curieux de l'histoire sacrée et profane, tome 2, partie 2, Jean Girin et Barthelemy Riviere, Lyon, 1683, s.v. Ukraine, page 1246 (lire en ligne)
- En 1991, lors du démantèlement de l'URSS, l'Ukraine disposait du troisième plus gros arsenal nucléaire au monde. Depuis l'envoi vers la Russie des dernières armes nucléaires pour être démantelées en 1996, l'Ukraine ne dispose plus de la force nucléaire.
- Le référendum ayant abouti au rattachement de la Crimée n’a pas été reconnu par une majorité de pays à l'ONU (100 pour la résolution, 11 contre, 58 abstentions).
- Pour mémoire, car cela n'a pas d’incidence sur le mode de fonctionnement de l'ONU, au regard de la population de ces pays, l'addition des populations des 100 pays ayant voté « pour l'invalidité du référendum » représente 33,8 % de la population mondiale, l'addition des populations des 58 pays qui se sont abstenus représente 58,2 % de la population mondiale ; cette observation est essentiellement due au fait que la Chine et l'Inde, pays les plus peuplés du monde, avec chacun environ 1,5 milliard d’habitants, se sont abstenus. Les 11 pays qui ont voté « contre l'invalidité du référendum » — autrement dit « pour sa validité » — représentent quant à eux 4,5 % de la population mondiale : principalement, la Russie, la Biélorussie, la Corée du Nord. Ces pourcentages sont issus de l'article en anglais : United Nations General Assembly Resolution 68/262 dans lequel apparaît le détail des noms des pays concernés par chaque vote ; le solde à 100 % correspond aux 24 pays absents de l'assemblée générale ce jour-là, soit 3,6 % de la population mondiale.
- Vers Cherson en Crimée.
- La langue des communautés juives d'Europe centrale et orientale (ashkénazes) à partir du Moyen Âge.
Références
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Voir aussi
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- Olha Ostriitchouk : Les Ukrainiens face à leur passé, P.I.E. Peter Lang, Bruxelles 2013 (ISBN 978-2-87574-035-9)
- Jacques Benoist-Méchin, Ukraine - Le fantôme de l'Europe ; Monaco (Éditions du Rocher, en coédition avec Valmonde), 1991; 153 pages, dont 2 cartes. (ISBN 2-268-01287-5) (réédition d'un texte de 1939, augmenté de documents politiques relatifs à l'histoire des territoires ukrainiens 1917-1939; présentation par Éric Roussel).
- (en) France Mesle, Jacques Vallin, avec la contribution de Vladimir Shkolnikov, Serhii Pyrozhkov, Sergeï Adamets, Mortality and Causes of Death in 20th-century Ukraine, Springer, coll. Demographic Research Monographs, 265 p, 2011.
- Danièle Georget et Tetiana Andrushchuk, Dictionnaire amoureux de l'Ukraine, Plon, 2022.
Articles connexes
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