Yalta
Yalta (en russe et en ukrainien : Ялта ; en tatar de Crimée : Yaltı, litt. « alpage ») est une ville, russe de facto depuis l’annexion non reconnue internationalement de 2014, ukrainienne de jure d'après le droit international[1],[2], située dans la péninsule de Crimée[3], au bord de la mer Noire, à 51 km au sud de Simferopol. C'est une station balnéaire entourée de montagnes boisées, qui jouit d'un agréable climat pontique, favorable aux vignobles et aux vergers. Elle comptait 78 115 habitants en 2013 ; son agglomération, le « Grand Yalta », en compte environ 150 000.
Pour les articles homonymes, voir Yalta (homonymie).
Yalta (ru)(uk) Ялта (crh) Yalta | |
Héraldique |
Drapeau |
vue de Yalta | |
Administration | |
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Pays | Russie Ukraine |
Subdivision | Crimée[rev 1] |
Maire | Ivan Imgrunt |
Code postal | 298600 — 298639 |
Démographie | |
Population | 78 115 hab. (2013) |
Densité | 2 761 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 44° 29′ nord, 34° 10′ est |
Altitude | 0-100 m |
Superficie | 2 829 ha = 28,29 km2 |
Fuseau horaire | UTC+03:00 |
Divers | |
Fondation | XIIe siècle |
Localisation | |
Sources | |
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La ville est devenue célèbre pour avoir accueilli la conférence de Yalta, du 4 au , réunissant les principaux responsables de l'Union soviétique (Joseph Staline), du Royaume-Uni (Winston Churchill) et des États-Unis (Franklin D. Roosevelt).
Étymologie
Le terme « Grand Yalta » est utilisé pour désigner une partie de la côte sud de Crimée s'étendant de Foros à l'ouest jusqu'à Gourzouf à l'est et incluant la ville de Yalta et les implantations urbaines adjacentes qui se multiplient.
Les noms anciens de la ville, Etalita, Galita ou Jalita peuvent provenir soit du grec pontique γιαλος : gialos signifiant « rivage », soit du tatar yaltı signifiant « alpage », à l'instar du mont éponyme Yaltı Dağ (transcrit Yalta-dagh) qui la domine.
Histoire
Selon la transcription usuelle du russe en français, Yalta domine largement dans les sources francophones où la forme Ialta ne se rencontre que rarement. Après avoir subi de nombreuses destructions (occupation allemande durant les deux Guerres mondiales, guerre civile russe, famines, massacres, purges, déportations, Shoah…), la ville a retrouvé l'ambiance d'une station balnéaire de la Belle Époque, qu'elle avait initialement. En 1916, pendant la Première Guerre mondiale, des studios cinématographiques se développent à Yalta. Ils deviendront par la suite Yalta films, structure du cinéma soviétique qui existe encore au XXIe siècle.
À la suite de l'attaque allemande contre l'URSS, les troupes allemandes entrent dans Yalta le [4]. Les occupants créent un ghetto juif et y massent toute la population juive de la ville (4 500 personnes environ). Elle y survit difficilement jusqu'au , lorsqu'elle est conduite dans la région de Massandra où tous les membres de cette communauté sont abattus[5],[6].
De 1941 à 1944, les positions allemandes de Yalta subissent à plusieurs reprises des bombardements de la flotte soviétique de la mer Noire et de l'aviation.
La ville est libérée en .
Du 4 au s'y tient la 18-ème conférence interalliée dite Conférence de Yalta, qui réunit les chefs d'État des États-Unis (Franklin D. Roosevelt), de l'URSS (Joseph Staline) et du Royaume-Uni (Winston Churchill).
Contrairement au reste de l'Union soviétique, Yalta fut épargnée par les famines d'après-guerre et les difficultés économiques inhérentes à l'économie soviétique, car, fréquentée par les hauts responsables du parti unique, du gouvernement, de l'armée et de la police politique, elle était toujours bien approvisionnée et entretenue. Le , Nikita Khrouchtchev détache l'oblast de Crimée de la Russie et l'attribue (à l'exception de Sébastopol) à la République socialiste soviétique d'Ukraine[7]. À la dislocation de l'URSS, qui représenta pour la ville une dégradation économique, Yalta se retrouve donc ukrainienne, mais la population accepte cette situation tant que l'Ukraine est gouvernée par des présidents pro-russes comme Leonid Kravtchouk, Leonid Koutchma ou Viktor Ianoukovytch.
En revanche, lorsque l'Ukraine se rapproche de l'Union européenne, les Russes de Crimée, qui y sont majoritaires, se rattachent en mars 2014 à la Russie, après un référendum non-reconnu par l'ONU et par l'Ukraine[8],[9].
La conférence de Yalta
La conférence de Yalta se déroule du 4 au . L'idée qu'elle serait celle du « partage du monde » entre les Alliés est un point de vue largement diffusé par les sources secondaires, mais que beaucoup d'historiens ne partagent pas, car Yalta ne fait qu'entériner les décisions de la quatrième conférence de Moscou dite « conférence Tolstoï » en , qui elle-même précisait par écrit des zones d'influence déjà évoquées verbalement à la conférence de Téhéran, dès 1943[10],[11].
Par ailleurs, Yalta n'entérine pas seulement les zones d'influence mais aussi le principe de la création de l'Organisation des Nations unies, en remplacement de la Société des Nations, adopté à la conférence de Dumbarton Oaks du au .
Enfin, la « Déclaration sur l'Europe libérée » de Yalta affirme, conformément à la charte de l'Atlantique, le « droit de tous les peuples à choisir leur mode de gouvernement ». Cette déclaration ajoute que l'aide internationale serait accessible à tous les États européens, quelle qu'ait été l'attitude de leurs gouvernements face au Troisième Reich, ce qui inclut l'URSS elle-même en dépit du pacte germano-soviétique, la France en dépit de Vichy et les anciens membres de l'Axe.
La division de l'Europe ne découle donc pas directement des accords de Yalta, transgresse le principe d'auto-détermination prévu dans ces accords, et débouche sur la guerre froide lorsque Staline impose aux pays d'Europe orientale occupés par l'Armée rouge des gouvernements totalitaires à parti unique, auto-proclamés « démocraties populaires » mais que les historiens appellent « pays communistes » et les géographes, « bloc de l'Est ». Ce système se disloque en 1989-1991[10].
Le Yalta contemporain
Après être devenue ukrainienne en 1991, la ville de Yalta connaît des moments difficiles sur le plan économique. Un grand nombre de « nouveaux riches » lui préférant d'autres stations touristiques européennes mieux équipées, tandis que la population locale voit son niveau de vie baisser.
Ce n'est que vers la fin des années 1990 que la situation commence à s'améliorer ; mais les incertitudes liées à la crise économique mondiale de 2008 conduisent à de nouvelles difficultés économiques.
En l'absence de tout équivalent de la « loi littoral » française, le développement de Yalta s'accompagne d'une frénésie de constructions, avec son cortège de spéculations immobilières[12].
Population
Recensements (*) ou estimations de la population[13] :
Climat
Le climat de Yalta est pontique, une variante tempérée à nuances subtropicales que les climatologues classent parmi les climats « Cfa + Cfb + Csa »[14], [15].
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Température minimale moyenne (°C) | 2,5 | 2,2 | 4,1 | 8,1 | 13,1 | 18,1 | 21,1 | 21,5 | 16,8 | 11,7 | 7,2 | 4,1 | 10,9 |
Température moyenne (°C) | 4,6 | 4,6 | 6,8 | 11,1 | 16,4 | 21,6 | 24,8 | 25 | 20,1 | 14,6 | 9,7 | 6,3 | 13,8 |
Température maximale moyenne (°C) | 7,4 | 7,7 | 10,4 | 14,8 | 20,5 | 25,7 | 29,1 | 29,4 | 24,2 | 18,3 | 12,8 | 8,9 | 17,4 |
Record de froid (°C) date du record |
−12,2 1950 |
−12,3 1985 |
−7,3 1985 |
−3,8 2004 |
2,8 1952 |
7,8 1958 |
12,4 1985 |
10 1960 |
3,9 1951 |
−1,1 1951 |
−8,9 1953 |
−7,4 2002 |
−12,3 1985 |
Record de chaleur (°C) date du record |
17,8 1958 |
20,2 2017 |
27,8 1952 |
28,5 2004 |
33 1993 |
35 2016 |
39,1 1998 |
39,1 2010 |
33,2 1987 |
31,5 1999 |
25,2 2001 |
22 1976 |
39,1 1998 |
Ensoleillement (h) | 68,6 | 85,1 | 133,3 | 174,9 | 239,2 | 273,2 | 308,1 | 280,6 | 216,2 | 145,1 | 89,3 | 63,2 | 2 076,8 |
Précipitations (mm) | 76 | 56 | 48 | 29 | 36 | 35 | 32 | 43 | 43 | 52 | 57 | 84 | 591 |
dont neige (cm) | 1 | 1 | 1 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 3 |
Record de pluie en 24 h (mm) date du record |
97 1998 |
87 1893 |
59 1940 |
39 1969 |
48 1951 |
134 2021 |
94 1906 |
94 1919 |
74 2018 |
90 1990 |
95 1925 |
100 1999 |
134 2021 |
Nombre de jours avec précipitations | 14 | 12 | 13 | 12 | 11 | 10 | 8 | 7 | 10 | 10 | 12 | 15 | 134 |
Humidité relative (%) | 76 | 73 | 73 | 72 | 69 | 68 | 62 | 61 | 65 | 71 | 75 | 75 | 70 |
Nombre de jours avec neige | 6 | 6 | 4 | 0,2 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 1 | 3 | 20 |
Nombre de jours d'orage | 0,2 | 0,2 | 0,1 | 1 | 3 | 6 | 6 | 6 | 4 | 1 | 1 | 0,3 | 29 |
Nombre de jours avec brouillard | 1 | 1 | 2 | 3 | 2 | 1 | 0 | 0,1 | 0,04 | 0 | 1 | 0 | 11 |
Diagramme climatique | |||||||||||
J | F | M | A | M | J | J | A | S | O | N | D |
7,4 2,5 76 | 7,7 2,2 56 | 10,4 4,1 48 | 14,8 8,1 29 | 20,5 13,1 36 | 25,7 18,1 35 | 29,1 21,1 32 | 29,4 21,5 43 | 24,2 16,8 43 | 18,3 11,7 52 | 12,8 7,2 57 | 8,9 4,1 84 |
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm |
Administration
La ville de Yalta fait partie de la municipalité de Yalta, qui est l'une des 25 subdivisions administratives de la république de Crimée, sujet autonome de la Russie, depuis l’annexion non reconnue internationalement.
Monuments
- Cathédrale Saint-Alexandre-Nevski, bel exemple d'architecture néo-byzantine
- Palace Oreanda, palace au charme de la Belle Époque, construit en 1895
- Maison de Tchekhov, 112 rue Kirov
- Monts de Crimée accessibles par téléphérique
- Palais de Livadia, ancienne résidence d'été des Romanov, palais de style Renaissance entouré d'un magnifique parc à la française
- Palais des Vorontsov
- Plage de l'Oreanda
- Port de Yalta
- Sanatorium Oukraïna
- Château de Massandra
- Jardin botanique Nikitski
- Cathédrale Saint-Ripsime
- Église catholique de l'Immaculée-Conception (néogothique)
- Statue de Tchekhov à Yalta
Galerie
- Tête de Lénine dans le jardin botanique Nikitski près de Yalta
- Palais de Livadia, près de Yalta, où eut lieu la Conférence de Yalta en 1945
- Le château du Nid d'hirondelle
- Monument à Lénine
Personnalités
- Alexandre Bertier-Delagarde, ingénieur et constructeur des égouts et système d'adduction d'eau de la ville, décédé en 1920 à Yalta.
- Anton Tchekhov s'y est fait construire une maison, la Datcha Blanche, qui est aujourd'hui un musée.
- La famille impériale passa de nombreux séjours dans son palais de Livadia jusqu'en 1916.
- Le producteur et scénariste américain Val Lewton, de son vrai nom Vladimir Ivan Leventon, y est né le .
- La ville fut autrefois le refuge de Léon Tolstoï et de Maxime Gorki.
- Constantin Weriguine, parfumeur et aristocrate russe, connu pour son travail chez Chanel et Bourjois, y fit sa scolarité.
- Alla Nazimova, actrice du cinéma muet russo-américaine, y est née en 1879.
- Eveline Blodans, actrice, chanteuse et animatrice de télévision russe.
Jumelages
Bibliographie
- Anton Tchekhov, La Dame au petit chien et autres nouvelles
- Odessa, Yalta et Crimée, guide Autrement
- Vladimir Volkoff, Yalta
Notes et références
- https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/ukraine/evenements/article/ukraine-4eme-anniversaire-de-l-annexion-de-la-crimee-et-de-sebastopol-18-03-18
- .
- « Sur les rives de la mer Noire » - Journal Les Actualités Mondiales -
- Дегтярь М., « Расстрел » [archive du ], lechaim.ru, published (consulté le )
- [vidéo] Репортаж о гетто в Ялте sur YouTube
- Thomas Snégaroff, « 1954: la Crimée, ce "cadeau" empoisonné de Khrouchtchev à l'Ukraine », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
- « La Crimée demande officiellement son rattachement à la Russie », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
- Pascal Boniface, Le Grand Livre de la géopolitique : Les relations internationales depuis 1945 - Défis, conflits, tendances, problématiques , Éditions Eyrolles, 2014, encart : quelques idées reçues sur la Conférence de Yalta
- André Kaspi, Nicole Pietri, Ralph Schor, La Deuxième Guerre mondiale : Chronologie commentée, Synthèses Historiques, Éditeur EDI8, 2011 passage : Conférence de Moscou
- Certains appartements se vendent jusqu'à 6 000 euros le mètre carré.
- « Recensements et estimations de la population depuis 1897 », sur pop-stat.mashke.org — (uk) « Office des statistiques d'Ukraine : population au 1er janvier 2010, 2011 et 2012 », sur database.ukrcensus.gov.ua — « Office des statistiques d'Ukraine : population au 1er janvier 2011, 2012 et 2013 », sur database.ukrcensus.gov.ua
- .
- (ru) « Климатические таблицы. Данные для Ялты. », Погода и Климат (consulté le ).
- (en) « World Meteorological Organization Climate Normals for 1981–2010 », WMO (consulté le ).
Articles connexes
Liens externes
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- (ru) Cartes topographiques
- (ru) Carte routière
- (en) Héraldique ukrainienne
- (ru) Je Yalta
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