Alternatives économiques
Alternatives économiques, dit aussi « Alter éco », est un magazine mensuel traitant de questions économiques et sociales. Ses auteurs, outre les journalistes de la rédaction, sont des universitaires proches des théories économiques néo-keynésienne, régulationniste ou post-keynésienne.
Alternatives économiques | |
Pays | France |
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Zone de diffusion | france |
Langue | Français |
Périodicité | Mensuel |
Genre | Presse économique |
Prix au numéro | 4,90 € |
Diffusion | 76 078[1] ex. (2018/2019) |
Date de fondation | 1980 |
Ville d’édition | Quetigny - Paris |
ISSN | 0247-3739 |
Site web | www.alternatives-economiques.fr |
Alternatives économiques défend une ligne éditoriale politiquement classée à gauche.
Histoire et organisation
Alternatives économiques a été fondé par l'économiste Denis Clerc[2]. Selon Jean-Marie Charon dans le numéro anniversaire des 40 ans du journal, le journal démarre avec plusieurs orientations : « l'analyse critique et l'explication des mécanismes économiques, l'affirmation du rôle décisif de la demande et des politiques en faveur de celles-ci, l'accent mis sur les questions sociales, le soutien à la construction européenne, la prise en compte des enjeux écologiques et l'affirmation qu'il y a bien des alternatives, avec une attention aux innovations économiques et sociales, à commencer par l'économie sociale et solidaire »[3]. Basé sur l'expertise et la pédagogie à ses débuts, devant le succès rencontré dans le monde des enseignants, lycéens et étudiants, il évolue vers des outils adaptés à ce public. Devant le développement du numérique, il évolue vers plus de visuel et un storytelling plus attractif toujours basé sur les données analysées[3]. Depuis le premier numéro de novembre 1980 tiré à 2 000 exemplaires, ses ventes ont continuellement augmenté pour atteindre aujourd'hui plus de 1 000 000 exemplaires par an. En 2017, Alternatives économiques avait un chiffre d'affaires d'environ 6 millions d'euros[4]. En 2017, la société était bénéficiaire d'environ 23 000 euros[5].
En 2018, Alternatives économiques a obtenu le prix du magazine de l'année, décerné par le Syndicat des éditeurs de la presse magazine (SEPM) et les magasins Relay[6].
Le magazine, édité par une coopérative (Scop SA), n'est pas adossé à un groupe de presse et vit principalement de ses ventes. Il reçoit néanmoins, comme beaucoup de journaux et magazines d'information politique et générale, des aides directes de l'État français à hauteur de 264 000 € pour l'année 2015 (aide au pluralisme pour les titres IPG à faibles ressources publicitaires et FSDP - Fonds stratégique pour le développement de la presse)[7].
Sur le plan juridique, Alternatives économiques est une Société coopérative et participative (Scop) sous forme de société anonyme (SA). En conséquence, elle appartient majoritairement à ses salariés. Une association de lecteurs et une société des lecteurs se sont aussi constituées autour du magazine[8]. La gouvernance de la Scop (directeur général et président du conseil d'administration) est élue chaque année par son conseil d'administration, lui-même élu par l'ensemble des associés de la Scop.
En 1995 la SCOP lance la Lettre de l'insertion par l'activité économique traitant des questions d'emploi, de chômage et d'insertion des personnes en difficulté sur le marché du travail. Cette lettre a été éditée jusqu'en 2010. Puis, son activité s'est étendue par la reprise en 2002, en coopération avec l'hebdomadaire Télérama du magazine Croissance. Le monde en développement, créé par Georges Hourdin en 1961, et renommé pour l'occasion Alternatives internationales. La coopération avec Télérama s'interrompt en 2007 : Alternatives économiques poursuit la publication en lien avec le journal Libération jusqu'en 2010, puis seul jusqu'à l'arrêt de la publication en 2015.
En 2018, la coopérative édite également le trimestriel Les Dossiers d'Alternatives économiques, consacré à des thématiques d'engagement citoyen, ainsi que le trimestriel L'Économie politique, contenant des articles de recherche en économie et sciences sociales.
En 2020, hormis Christian Chavagneux, toujours président du conseil d'administration, l'équipe d'origine du journal, avec Denis Clerc, Philippe Fremeaux et Guillaume Duval, a laissé la place à une équipe de quadragénaires comme Laurent Jeanneau, Sandrine Foulon et Marc Chevallier. Un quart des rédacteurs a moins de 30 ans. Le modèle du journalisme d'expertise assez peu répandu dans la profession permet d'attirer des journalistes de qualité[3].
Ligne éditoriale
Alternatives économiques est habituellement classé à gauche[9],[10]. Proche du keynésianisme, Alternatives économiques traite également des thèmes altermondialistes et se montre critique vis-à-vis du néolibéralisme et de l'école néoclassique. Le magazine promeut l'économie sociale et solidaire[11] et appelle à une politique ambitieuse en ce qui concerne la transition énergétique et la lutte contre le réchauffement climatique[12]. Il a pour ambition de mettre des outils à disposition du grand public pour comprendre le monde et faire démocratiquement des choix éclairés[13].
Diffusion
Année | Diffusion payée |
---|---|
2000 | 94 269 |
2001 | 97 858 |
2002 | 102 280 |
2003 | 103 821 |
2004 | 105 837 |
2005 | 107 678 |
2008 | 104 240 |
2011 | 105 694 |
2012 | 110 129 |
2013 | 99 481 |
2014 | 92 351 |
2015 | 88 317 |
2016 | 88 923 |
2017 | 88 130 |
2018 | 81 624 |
2019 | 74 394 |
Positionné aussi comme outil pédagogique, Alternatives économiques est, en France, utilisé par des enseignants de sciences économiques et sociales[14],[15] et d'économie et gestion. Il est largement présent dans les manuels scolaires du secondaire[16].
Critiques
Dans Le Négationnisme économique (2016), les économistes Pierre Cahuc (École polytechnique) et André Zylberberg (université Paris 1) accusent Alternatives économiques de tenir un discours politiquement biaisé et de ne pas appuyer leur argumentation sur des sources scientifiques, académiques ou universitaires[17]. Denis Clerc dans un droit de réponse s'insurge contre la violence de cette accusation et donne un exemple de citation tronquée et de manque de rigueur à propos des 35 heures dans cet ouvrage[18].
Certains critiquent l'orientation néo-keynésienne ou altermondialiste d’Alternatives économiques. Ainsi La Tribune affirme que le journal appartient à « la gauche de la gauche »[4] ; pour Le Figaro, ses couvertures sont « antiglobalisation »[19].
D'autres insistent sur la trop grande place accordée selon eux au « social » au détriment de la vie des entreprises, comme l'ALEPS[20] ou l'Ifrap. Ce dernier, un cercle de réflexion libéral-conservateur, juge le journal en bonne partie responsable du « mépris » supposé de l'éducation nationale envers l'entreprise et les entrepreneurs, et de la présentation de la mondialisation comme une « menace », et de l'« étatisme » comme un bienfait auprès des élèves[21]. Cette vision est également celle du petit patronat[22] et d'une partie de la presse économique concurrente (L'Expansion, Capital). Pour ces critiques, le journal serait en partie responsable de la diffusion d'idées antilibérales dans l'enseignement français et constituerait l'une des causes d'une défiance des élèves vis-à-vis de l'économie de marché, du fait de son utilisation en classe et par les éditeurs de manuel.
En effet, certains reprochent aux éditeurs de manuels de Sciences économiques et sociales (SES) d'accorder une place trop importante au journal dans leurs ouvrages. Selon Les Échos, Alternatives économiques représente 30 % des sources de presse des manuels Bordas et Hachette[23]. Ce que confirme l'enquête de l'Association des professeurs en sciences économiques et sociales (APSES) sur l'origine des documents dans les manuels. Cette étude montre par ailleurs que, toutes sources confondues, Alternatives économiques représente 8,6 % des sources chez Hachette et 2,8 % chez Bordas. En effet, les publications scientifiques et universitaires, ainsi que les rapports publiés par l'Insee, l'INED, le Conseil d'analyse économique ou le Sénat français forment l'essentiel des sources dans les 7 manuels de SES analysés par l'étude[24].
À l'inverse de ces critiques, le journal altermondialiste Pour lire pas lu considère la revue comme n'étant « pas assez de gauche » et proche de la Fondation Saint-Simon[25].
Difficultés
Comme d'autres titres de presse, le magazine était en difficulté financière en 2015 et a lancé à ce titre un appel aux dons[26]. Il a révélé une perte de 377 000 € en 2014 et a annoncé l'arrêt, en , de la parution de son trimestriel Alternatives internationales[27]. En 2015, néanmoins, la Scop éditrice du magazine a atteint un résultat positif de 144 000 €[28], et des résultats proches de l'équilibre les deux années suivantes (-13 000 € en 2016, +23 000 € en 2017[5]).
Notes et références
- Alliance pour les chiffres de la presse et des médias, « Alternatives Economiques », sur www.acpm.fr, (consulté le ).
- Retraites : l'autisme n'est pas une bonne politique…
- « Petit journal deviendra grand », sur Alternatives Economiques (consulté le )
- Comptes de l'entreprise 2017, https://www.alternatives-economiques.fr/alter-eco-magazine-de-lannee/00085245
- « Alter Eco, Magazine de l’année ! »,
- « Palmarès du Prix Relay des Magazines de l'année 2018 », sur lapressemagazine.fr (consulté le ).
- « Aides à la presse : classement des titres de presse aidés - data.gouv.fr », sur data.gouv.fr (consulté le ).
- mentions légales du site
- Impôt à 75% : "Ça rapportera des clopinettes et c'est très bien", lejdd.fr, 28 février 2012
- "Le compte n'y est pas" : proche de Macron, l'économiste Philippe Aghion déçu par son bilan, marianne.net, 30 mai 2018
- « Comment l'ESS pourrait polliniser l'économie », Alternatives Economiques, (lire en ligne, consulté le )
- « Climat et transition énergétique : l'heure des choix », Alternatives Economiques, (lire en ligne, consulté le )
- « Alternatives Économiques lance une nouvelle formule », sur Alternatives Economiques (consulté le )
- Marc Baudriller, « Alternatives économiques VS Pour l'Eco: le duel sur l'économie à l'école », Challenges, (consulté le ).
- Aude Sérès, « Les manuels scolaires d'économie en accusation », Le Figaro, (consulté le ).
- Éric Wattez, « Manuels scolaires : comment certains caricaturent l’économie », Capital, (consulté le ).
- Johan Rivalland, « Le négationnisme économique, de Cahuc et Zylberberg », Contrepoints, (lire en ligne, consulté le )
- « Le négationnisme économique », sur Alternatives Economiques (consulté le )
- « Les manuels d'histoire friands d'altermondialisme », Le Figaro, 18 janvier 2008.
- « Les manuels de la désinformation »
- Analyse de l'Ifrap
- Ainsi, le groupe de réflexion de Jeunesse et Entreprise qui regroupent entre autres la CGPME, CroissancePlus, l'ASMEP, l'Institut de l'entreprise, écrit dans son rapport du 15 juin 2008 à propos entre autres d'Alternatives économiques : « elles affichent des préférences politiques évidentes, constituent surtout un danger pour nos jeunes par le caractère gravement et perpétuellement pessimiste, sceptique, décourageant et démobilisateur, alors que nos jeunes ont surtout besoin d'optimisme et d'espoir ».
- « Alternatives économiques, un instrument de travail et d'influence », Les Échos, 5 mai 2008.
- « Quelle est la nature des sources des documents utilisés dans les manuels de SES ? », APSES, 8 février 2008
- « Il n'y a pas d'Alternatives Économiques », Pour lire pas lu, no 22, décembre 2004.
- « Soutenez Alternatives Economiques », sur Attac, (consulté le ).
- « Coup de griffe - Alternatives économiques », Le Figaro Magazine, semaine du , p. 28.
- Camille Dorival, « "2015 : du mieux grâce à vous", dans Alternatives Economiques, juillet-août 2016. », Alternatives Economiques, (lire en ligne, consulté le ).
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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