Alexis Kauffmann
Alexis Kauffmann, né le à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), est un professeur de mathématiques et militant libriste français. En 2001, il est à l'origine de Framasoft, l'une des principales communautés de promotion et de diffusion du logiciel libre et de la culture libre en France, qui se constitue en 2004 en association dont il est le cofondateur et le premier président de 2004 à 2012. En 2021, il rejoint la direction du numérique pour l'éducation en tant que chef de projet logiciels et ressources éducatives libres.
Pour les articles homonymes, voir Kauffmann.
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Enseignant, chef de projet, militant du logiciel libre |
A travaillé pour |
Direction du numérique pour l'éducation (depuis ), lycée Victor-Hugo (- |
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Framasoft (- |
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Biographie
Alexis Kauffmann se définit comme un « Français par hasard ». Il naît le de deux parents d'origine étrangère. Il devient professeur de mathématiques et enseigne successivement en Centrafrique, au lycée Michelet de Vanves puis au collège République de Bobigny[1],[2].
Il découvre le mouvement du logiciel libre en 1998, au hasard d'une navigation sur le web[3]. Il cherche rapidement à appliquer les principes du libre et de la contribution collaborative à son activité pédagogique. Au collège République, il participe avec une collègue de lettres, Caroline d'Atabekian, à un projet interdisciplinaire portant le nom de Framanet pour FRAnçais et MAThématiques en intraNET[4]. Ayant besoin d'outils numériques pour le projet, il constitue une première liste distinguant les logiciels libres des logiciels gratuits. C'est ainsi que commence à se constituer Framasoft qu'il crée officiellement en novembre 2001[5] : « J'ai placé mes notes sur un site, et elles ont tout de suite trouvé un écho. Un modeste projet personnel s'est alors déployé pour devenir Framasoft, en quelque sorte l'œuvre de ma vie[1] ».
Au début des années 2000, il est détaché au lycée français de Rome. Il utilise son temps libre pour développer pleinement Framasoft[1], qui se constitue en association en 2004. Au fil des années, il peine cependant à concilier son activité d'enseignant avec un engagement associatif de plus en plus prenant. Il finit par quitter temporairement l'enseignement et devient de [6] à [7], salarié de l'association Framasoft[1]. Il participe à une conférence TEDx à Genève en 2014 ayant pour thème Freedom@DigitalAge en compagnie de Richard Stallman et Tristan Nitot[8].
En 2015, il retourne enseigner à la section française de l'École européenne de Taipei, où il crée notamment La Nuit du C0de, puis à l'École française de Florence de la Mission laïque française[9].
En septembre 2021, il devient chef de projet logiciels et ressources éducatives libres et mixité dans les filières du numérique au sein de la Direction du numérique pour l'éducation du ministère de l'Éducation nationale[10],[11] à la suite des États généraux du numérique pour l'Éducation[12]. Dans ce cadre, il coorganise, en avril 2022, la 1re Journée du libre éducatif à l'ENS de Lyon où sont notamment mis en avant des projets libres tels que Vikidia, PrimTux et Sésamath[13].
Il intègre le ministère au moment où la Direction du numérique pour l'éducation entreprend un virage assumé vers le logiciel libre et les communs numériques[14]. « Nous voulons développer un numérique souverain, qui ne nous lie pas à tel ou tel éditeur, et qui s’appuie sur les valeurs du partage, de la mutualisation et de la collaboration que l'on retrouve à 200 % dans le libre éducatif »[14], affirme ainsi début 2022 son directeur Audran Le Baron, qui se donne « cinq ans pour bâtir le Wikipédia des ressources pédagogiques des programmes français »[15].
Idées et conceptions
Au sein du mouvement du logiciel libre, Alexis Kauffmann et, plus largement Framasoft, se positionnent comme libristes[17]. En ce sens, ils manifestent « un rapport beaucoup plus critique à la technologie, insistent sur les dimensions éthiques et sociales du logiciel libre, et témoignent parfois d’une certaine irritation envers ce qu’ils estiment être l’inconséquence des geeks[18] ». Kauffmann est notamment critique envers les promoteurs de l'open source, qui défendent une approche beaucoup plus pragmatique et déploient un discours qu'il estime adapté aux entreprises : « ils ont eu l’habileté de « se présenter en costard cravate et plus en sandales t-shirt », pour parler « réduction des coûts et amélioration de la chaîne de développement logiciel »[19] ».
Il dénonce régulièrement sur le blog de Framasoft ce qu'il considère comme une influence trop forte de Microsoft sur l'école[20],[21] « faute d’avoir pris une position volontariste vis-à-vis du logiciel libre »[22]. Il s'est ainsi interrogé sur le rôle et la participation de Microsoft lors du Forum des enseignants innovants organisé par le Café pédagogique[23].
Il s'est montré favorable à des synergies entre Framasoft, La Quadrature du Net, association de défense des droits et libertés des citoyens sur Internet, et avec l'April, association de promotion et de défense du logiciel libre dans l'espace francophone, pour réagir contre les dispositifs législatifs de différents gouvernements, la Loi Hadopi, le Stop Online Piracy Act, l'Accord commercial anti-contrefaçon, contraires selon lui aux valeurs et aux droits qu'il défend[25].
En prolongement de son action en faveur de la culture libre, il s'intéresse à la promotion et défense du domaine public[26]. Il participe à mettre en avant l'arrivée de nouveaux auteurs dans le domaine public comme Guillaume Apollinaire[27], Camille Claudel[28] ou Aristide Maillol[29]. Avec Véronique Boukali, il a créé le projet Romaine Lubrique[30] et est à l'initiative du 1er Festival du domaine public[31].
Distinction
Le , Alexis Kauffmann est nommé au grade de chevalier dans l'ordre national du Mérite[32].
Ouvrages
- Alexis Kauffmann et Christophe Masutti, « Préambule », dans Richard Stallman, Sam Williams et Christophe Masutti, Richard Stallman et la révolution du logiciel libre, Eyrolles et Framasoft, 2010 (ISBN 0-596-00287-4), p. XV-XVII
- Véronique Boukali et Alexis Kauffmann, « Enlaçons le domaine public », dans Nicolas Taffin (dir.), Pages publiques, à la recherche des trésors du domaine public, C&F édition, 2014 (ISBN 978-2-915825-36-7), p. 80-85
Notes et références
- Article du Monde du 17 décembre 2012
- Nathalie Lamoureux, « Cyberprof en banlieue », Le Point, (lire en ligne)
- Entretien sur enfin.fr
- Maxime Guedj et Anne-Sophie Jacques, « Déclic », Les Arènes, 2020 (ISBN 978-2-711201-97-6), p. 142
- Thierry Noisette, « Framasoft, « Amap du numérique », a vingt ans », sur ZDNet France, (consulté le )
- « J’ai séché la rentrée pour bosser chez Framasoft #MyLife – Framablog », sur framablog.org (consulté le )
- « Nouvelles recrues chez Framasoft – Framablog », sur framablog.org (consulté le )
- [vidéo] TEDx Talks, La route est longue mais la voie est libre, Alexis Kauffmann à TEDxGeneva 2014 sur YouTube, (consulté le )
- Mathieu Périsse, « Dans l’Education nationale, le confinement révèle un numérique noyauté par le privé », sur Mediapart, (consulté le )
- Thierry Noisette, « Libre éducatif: Alexis Kauffmann, fondateur de Framasoft, rejoint la Direction du numérique à l’Education nationale », sur ZDNet France, (consulté le )
- Aurélien Defer, « Une nouvelle fronde se lève contre Google à l’université », sur Mediapart, (consulté le )
- Émile Marzolf, « Le numérique éducatif entre dans l’ère post-crise », sur Acteurs publics, (consulté le )
- Thierry Noisette, « Éducation nationale: 12 projets numériques libres », sur ZDNet France, (consulté le )
- Émile Marzolf, « Quand le logiciel libère des géants du numérique », sur Acteurs publics, (consulté le )
- Thierry Noisette, « À l’Education nationale, le projet d'un "Wikipédia des ressources pédagogiques" », sur ZDNet France, (consulté le )
- Le Petit Journal de Rome, « Le lycée Chateaubriand participe à la Nuit du C0de », Le Petit Journal, (lire en ligne, consulté le )
- Interview sur France Culture du 19 novembre 2011
- Broca 2012, p. 102
- Broca 2012, p. 103
- Louise Fessard, « Le chemin de croix du logiciel libre à l'école », Mediapart, (lire en ligne, consulté le )
- Sabine Blanc, « Microsoft programme l'école », OWNI, (lire en ligne, consulté le )
- Louise Fessard, « Les industriels lorgnent le futur grand plan numérique de Luc Chatel », Mediapart, (lire en ligne, consulté le )
- Pascale Labout, « École du futur : la fin des profs ? », Spécial investigation Canal+ (extrait sur YouTube), (lire en ligne, consulté le )
- (es) Montse Baraza, « Tecnologia a les escoles: ni McDonald’s al menjador, ni Google a l’aula », El Periódico de Catalunya, (lire en ligne, consulté le )
- Camille Gévaudan, « Avec le «Pack Liberté», les chatons lavent plus libre », Libération, (lire en ligne)
- Pierre Marissal, « « Pour que les institutions n'ignorent plus qu'un auteur est entré dans le domaine public » », L'Humanité, (lire en ligne, consulté le )
- Véronique Boukali, Alexis Kauffmann et Lionel Maurel, « Guillaume Apollinaire enfin dans le domaine public », Libération, , p. 18 (lire en ligne, consulté le )
- Véronique Boukali et Alexis Kauffmann, « Domaine public : Camille Claudel en 3D sur ta cheminée », Libération, (lire en ligne, consulté le )
- Alexis Kauffmann, « Comment nous avons fait entrer Maillol dans le domaine public », Slate.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Erwan Cario et Camile Gévaudan, « Le domaine public, un accès d’euphorie », Libération, (lire en ligne, consulté le )
- Laurent Carpentier, « Un festival pour fêter la libération de Maillol et de Romain Rolland », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- Décret du 20 juin 2022 portant promotion et nomination dans l'ordre national du Mérite.
Voir aussi
Sources et bibliographie
- Sébastien Broca, L'Utopie du logiciel libre : le logiciel libre entre utopie, mythe et idéologie, Thèse de sociologie soutenue à Paris-I, (lire en ligne)
- Margherita Nasi, « Alexis Kauffmann, l'enseignant qui voulait être libre », Le Monde, (ISSN 0395-2037, lire en ligne, consulté le )
- Xavier de La Porte, « La Place de la Toile de Framasoft », France Culture, (lire en ligne, consulté le )
Liens externes
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