Alice Catherine Evans

Alice Catherine Evans est une microbiologiste américaine née le à Neath, Pennsylvanie dans le comté de Bradford et morte le à Alexandria dans l'État de Virginie.

Pour les articles homonymes, voir Evans.

Alice Catherine Evans
Alice Catherine Evans vers 1915.
Fonction
Présidente du conseil d'administration
Société américaine de microbiologie
Biographie
Naissance

Neath (en)
Décès
(à 94 ans)
Alexandria
Nationalité
Domiciles
Madison (jusqu'en ), Washington (depuis )
Formation
Faculté d'agriculture et de sciences de la vie de l'université Cornell (en)
Université du Wisconsin à Madison (maîtrise universitaire ès sciences) (-)
Université Cornell (baccalauréat universitaire ès sciences) (jusqu'en )
Activités
Autres informations
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Distinctions

Pionnière de la microbiologie aux États-Unis, elle était directrice de la division des produits laitiers du département de l'Agriculture des États-Unis. Elle est devenue célèbre par ses travaux démontrant que la bactérie Brucella melitensis est à l'origine de la maladie de la brucellose tant chez les bovins que chez les humains et montrant par conséquent la nécessité de la généralisation de la pasteurisation des produits laitiers. Elle est également connue pour avoir brisé les barrières qui écartaient les femmes des carrières scientifiques et des postes hiérarchiques au sein de la fonction publique fédérale.

Biographie

Jeunesse et formation

Alice Catherine Evans est l’aînée des deux enfants de William Howell et d'Anne B. Evans, tous les deux étant à la fois des enseignants et des fermiers. La famille vit dans le village de Neath au sein d'une ferme fondée par ses grands parents immigrés originaires du pays de Galles. Alice a un frère Morgan qui naît presque deux ans après sa naissance. Dès ses cinq ans ses parents lui donnent ses premières leçons scolaires avant qu'elle et son frère rejoignent l'école primaire de Neath. Comme il n'y a pas d'établissement d'enseignement secondaire à Neath, elle continue ses études au Susquehanna Collegiate Institute, une école de formation d'instituteurs, dans la ville voisine de Towanda, également dans le comté de Bradford, elle y entrera qu'en 1898 après avoir aidé ses parents et avoir amassé suffisamment d'argent pour payer les frais de scolarité. Quand elle est chez elle ses parents entament des débats autour de sujets politiques, économiques, religieux à partir de la lecture d'articles de journaux ou de livres. En 1901, elle obtient son diplôme d'institutrice. Alice Catherine Evans commence sa carrière comme institutrice de campagne. Par chance, sous l’initiative de son doyen Liberty Hide Bailey, l'Université Cornell d'Ithaca offre des cours gratuits d'agronomie aux instituteurs ruraux. Catherine Evans s'y inscrit en 1905, et étudie avec passion la botanique, l'entomologie, la zoologie, etc. notamment sous la direction d'Anna Botsford la première femme professeur de l'Université Cornell. Et en 1909, elle obtient le Bachelor of Science (licence). Alice Catherine Evans se découvre un gout pour la recherche et veut continuer ses études universitaires dans un nouveau champ celui de la bactériologie. Un de ses professeurs W. A. Stockings, la recommande auprès de l'université du Wisconsin à Madison. Sur les conseils du professeur H. G. Hastings, elle complète ses études de bactériologie en suivant des cours de chimie. En 1910, sous la direction du professeur Elmer McCollum, elle est la première femme à obtenir un Master of Science délivré par l'université du Wisconsin. En regard de son travail, ses professeurs lui conseillent de passer un doctorat en chimie. Elle décline l'offre après mures réflexions, car elle est consciente que son doctorat, en tant que femme, ne lui garantira nullement un poste comme un homme pourrait l'espérer[1],[2],[3].

Alice Catherine Evans en 1918.

Carrière

En 1910, le département de l'Agriculture des États-Unis situé à Washington (district de Columbia), s'élargit et afin de recruter de nouveaux chercheurs, implante un réseau de correspondants au sein de diverses universités dont l'université du Wisconsin présidée par le professeur Hastings, sur les recommandations ce dernier, Alice est nommée à la tête de la division des produits laitiers qu'elle va devoir organiser. Pendant trois ans elle son équipe mettent au point des méthodes d’investigation sur la fabrication des fromages, plus particulièrement celle du cheddar. En 1913, les laboratoires de la division des produits laitiers sont achevés, Alice Catherine Evans et une centaine de scientifiques peuvent s'installer dans la capitale fédérale. Alice est définitivement embauchée et devient une fonctionnaire fédérale, elle est la première femme à occuper un tel poste. Son service a deux missions, la première vise l'amélioration de la fabrication des fromages et du beurre, la seconde étant la recherche des causes de contamination des produits laitiers par des bactéries[4],[1].

C'est dans le cadre de ces recherches, qu'Alice Catherine Evans étudie la brucellose et démontre en 1917 que les causes de cette maladie sont d'une part le Bacillus abortus (qui sera renommé Brucella abortus par Alice Evans) présent dans du lait de vache et d'autre part le Micrococcus melitensis qui se développe dans les laits de chèvres et de brebis, qu'on les retrouve sur les mamelles d'animaux apparemment sains et que l'un comme l'autre provoquent les mêmes symptômes. Alice Catherine Evans expose les fruits de ses recherches au congrès annuel de la Society of American Bacteriologists (connue maintenant sous le nom de l'American Society for Microbiology / Société américaine de microbiologie) et indique que la seule protection à la contamination est l'utilisation de lait pasteurisé. Les réactions sont sceptiques, les savants présents ne la croient pas et lui objectent pourquoi personne avant elle n'avait décelé le lien entre ces bactéries et la brucellose[5]. Après des années d'hostilité à ses recommandations, l'industrie américaine des produits laitiers se résout dans les années 1930 à pasteuriser ses produits et conséquemment les cas de brucellose ont diminué drastiquement[6].

En 1918, Alice Catherine Evans quitte le département de l’Agriculture pour le Hygienic Laboratory (devenu le réseau des National Institutes of Health) dépendant du département de la Santé des États-Unis. Dans un premier temps elle travaille sur l'amélioration du traitement de la méningite par antisérum, puis vient la pandémie de la Grippe espagnole, période pendant laquelle, Alice et ses collègues seront mobilisés, une fois l'épidémie passée, elle retourne à l'étude du méningocoque et continue ses recherches sur la brucellose[7].

En 1920, le Bacillus abortus et le Micrococcus melitensis sont englobés sous le même nom de Brucella melitensis[8].

En 1922, Alice Catherine Evans, malgré ses précautions, est frappée par la brucellose, elle en souffrira pendant 23 ans jusqu'à ce que les traitements par antibiotiques fassent leur apparition à partir de 1944. Malgré la maladie, elle continue son travail de chercheuse. De plus en plus, il y a une prise de conscience de la brucellose comme maladie d'origine bovine, des centaines de cas sont répertoriés venant de différents pays en dehors des États-Unis, rien qu'au Danemark les chercheurs signalent plus de cinq cents cas sur une période de vingt mois. Des microbiologistes allemands, autrichiens, néerlandais confirment les travaux d'Alice Evans tout comme les microbiologistes américains Walter Simpson et Charles M. Carpenter. En 1923, Alice Catherine Evans défend ses travaux auprès du congrès mondial des laitiers. À la fin des années 1920, les laitiers reconnaissent que la brucellose se transmet aux humains par du lait provenant de bovins infectés et à partir de 1930 de nombreuses villes des États-Unis adoptent des lois rendant obligatoire la pasteurisation du lait[9],[1],[10].

De 1939 à 1945, année de sa retraite, Alice Catherine Evans va concentrer ses recherches sur le traitement des infections liées au streptocoque comme les angines et la scarlatine[11],[1].

Vie privée

Alice Evans restera célibataire pendant toute sa vie[1].

Mort

Alice Catherine Evans décède le des suites d'un infarctus au Goodwin House, un établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes d'Alexandria[12].

Archives

Les archives d'Alice Catherine Evans sont déposées et consultables auprès de la bibliothèque de l'Université Cornell dans la division des collections rares et manuscrites[13].

Prix et distinctions

Notes et références

  1. (en-US) « Alice Evans | Encyclopedia.com », sur www.encyclopedia.com (consulté le )
  2. (en) Benjamin F. Shearer (dir.), Notable Women in the Life Sciences : A Biographical Dictionary, Westport (Connecticut), Greenwood Press, , 447 p. (ISBN 978-0-313-29302-3, lire en ligne), p. 119-121
  3. (en) Kim K. Zach, Hidden from History : The Lives of Eight American Women Scientists, Greensboro (Caroline du Nord), Avisson Press, , 153 p. (ISBN 978-1-888105-54-4, lire en ligne), p. 88-94
  4. (en) Kim K. Zach, Op. cit., p. 94-95
  5. (en) Kim K. Zach, Op. cit., p. 96-97
  6. (en) Benjamin F. Shearer, Op. cit., p. 118-119
  7. (en) Kim K. Zach, Op. cit., p. 98
  8. (en-US) Ventana al Conocimiento, « Alice Catherine Evans, the Pioneer of Safe Milk », sur OpenMind, (consulté le )
  9. (en) Kim K. Zach, Op. cit., p. 101-102
  10. (en) Lisa Yount, A to Z of Women in Science and Math, Facts on File, 1 mais 1999, rééd. 1 août 2007, 386 p. (ISBN 978-0-8160-6695-7, lire en ligne), p. 85
  11. (en) Pamela Proffitt, Notable Women Scientists, Détroit, Gale Group, , 668 p. (ISBN 978-0-7876-3900-6, lire en ligne), p. 161
  12. (en-US) « Alice Evans, Who Found Cause Of Undulant Fever in Man, Dies », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  13. (en-US) « Guide to the Alice Catherine Evans papers, 1908-1965. », sur rmc.library.cornell.edu (consulté le )
  14. (en) Kim K. Zach, Op. cit., p. 102
  15. (en) Benjamin F. Shearer, Op. cit, p. 120
  16. (en) Benjamin F. Shearer, Op. cit., p. 121
  17. (en-US) « Evans, Alice », sur National Women’s Hall of Fame (consulté le )

Bibliographie

Notices dans des encyclopédies et manuels de références

  • (en) Marianne Fedunkiw Stevens, American National Biography, Volume 7 : Dubuque : Fishbein, Oxford University Press, USA, , 956 p. (ISBN 978-0-19-512786-7, lire en ligne), p. 591-592. ,
  • (en) Benjamin F. Shearer (dir.), Notable Women in the Life Sciences : A Biographical Dictionary, Westport (Connecticut), Greenwood Press, , 447 p. (ISBN 978-0-313-29302-3, lire en ligne), p. 117-122. ,
  • (en) Pamela Proffitt (dir.), Notable Women Scientists, Détroit, Gale, , 668 p. (ISBN 978-0-7876-3900-6, lire en ligne), p. 160-161. ,
  • (en) Elizabeth H. Oakes (dir.), International Encyclopedia of Women Scientists, Facts on File, , 448 p. (ISBN 978-0-8160-4381-1, lire en ligne), p. 106-107,
  • (en) Kim K. Zach, Hidden from History : The Lives of Eight American Women Scientists, Greensboro, Avisson Press Inc, , 153 p. (ISBN 978-1-888105-54-4, lire en ligne), p. 86-103. ,
  • (en) Lisa Yount, A to Z of Women in Science and Math, Facts on File, 1 mai 1999, rééd. 1 août 2007, 386 p. (ISBN 978-0-8160-6695-7, lire en ligne), p. 84-86. ,

Essais

  • (en) Virginia Law Burns, Gentle Hunter : A Biography Of Alice Evans, Bacteriologist, Enterprice, , 214 p. (ISBN 978-0-9604726-5-9),

Articles

  • (en-US) R. R. Colwell, « Alice C. Evans: breaking barriers », Yale Journal of Biology and Medecine, N° 5, , p. 349-356 (7 pages) (lire en ligne),
  • (en-US) John L. Parascandola, « Alice Catherine Evans (1881-1975) », Journal of Public Health Policy, Vol. 22, No. 1, , p. 105-111 (7 pages) (lire en ligne). ,

Liens externes


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