Alignement de sites

Le terme alignement de sites désigne une notion controversée relevant de la pseudo-science : celle de lignes imaginaires reliant certains grands sites préhistoriques. Elle est différente de l’alignement mégalithique, qui est un ensemble de menhirs posés sur une ou plusieurs rangées. Il faut au moins trois menhirs pour parler d'alignement et ceux-ci peuvent compter jusqu'à plusieurs milliers de pierres comme à Carnac. Un alignement de sites se caractérise par un alignement à grande échelle de monuments ou d’œuvres importantes. Les lignes ainsi tracées sont plus connues sous le nom de ley lines.

Historique et controverse autour d'une théorie pseudo-scientifique

En , William Henry Black (en) donnait à la British Archaeological Association, à Hereford, une conférence où il supposait qu'entre « les monuments existe un marquage fait de lignes géométriques qui couvrent l'ensemble de l'Europe occidentale ».

L'inventeur de la notion ou le découvreur du phénomène est Alfred Watkins en 1921. Dans son livre Early British Trackways (1922) il propose comme explication celle d'une route d'échanges, inconnue des historiens, mais réelle et utile. Il a systématisé son idée en 1925, dans The Old Straight Track[1]. Le , Watkins traversait à cheval des collines près de Blackwardine, dans le Herefordshire quand il nota que de nombreux sentiers semblaient relier une colline à l'autre selon une ligne droite. Il examina alors une carte, et eut une soudaine intuition : les ley lines. Watkins croyait que, dans les temps anciens, quand l'Angleterre était bien plus boisée, le pays était traversé par un réseau de routes fait de lignes droites, et qui utilisait des caractéristiques marquantes du paysages comme des points de navigation, cela avant même l'époque romaine.

L’occultiste Dion Fortune, en 1936, dans son roman The Goat-Foot God a émis l’idée que les ley lines sont des lignes de force reliant des sites préhistoriques.

Il ne manque pas d'esprits originaux pour affirmer que ces alignements sont parfois des pistes d'atterrissage pour engins spatiaux de civilisations anciennes et inconnues, ou pour des OVNIs.

David Cowan (en) (2004) et le mouvement New Age y voient des lignes d'énergie terrestre.

Dans Les Lignes d'or[2], paru en 2005, l'auteur Sylvain Tristan estime, mathématiques à l'appui, que la plupart des capitales des anciennes grandes civilisations de l'antiquité (Babylone, Thèbes, Mycènes, Athènes, Teotihuacan, etc.), voire de la préhistoire avec Stonehenge, sont alignées sur des axes, méridiens et parallèles d'une géométrie ancestrale à 366 degrés.

Le documentaire pseudo-scientifique et conspirationniste[3] La Révélation des Pyramides[4] sorti officiellement en 2010, mais diffusé à grande échelle sur Internet à partir de 2012, est basé sur des affirmations de Jacques Grimault. Il prétend que les pyramides de Gizeh sont alignées sur un « équateur penché » de 30 degrés par rapport à l'équateur traditionnel, avec un certain nombre d'autres sites archéologiques comme l'île de Pâques, Machu Pichu, Ollantaytambo, la civilisation de Paracas, le pays dogon et Mohenjo-daro[5], s'inscrivant dans le cadre des théories pseudo-scientifiques sur la destination de la pyramide de Khéops.
Plusieurs chercheurs dont notamment l'architecte et archéologue Jean-Pierre Adam, ont proposé de nombreux éléments venant contredire la théorie de l'alignement des sites[6],[7],[8],[9].

Lignes telluriques et alignements astronomiques

Il ne faut pas confondre « lignes telluriques » (ley lines) et « alignements astronomiques ». Cette dernière notion, elle aussi controversée, soutient que de grands monuments ou lieux de la Préhistoire ou de l'Antiquité reflètent sur le sol des constellations ou astres. Par exemple, selon Selim Hassan et Robert Bauval les trois pyramides de Gizeh, en Égypte, reproduisent à terre les trois étoiles du Baudrier d'Orion. Ce genre de spéculation relève de l'archéoastronomie.

John Michell, dans The New View over Atlantis (1986), soutient que les principaux sites mégalithiques du Sud de l'Angleterre se disposent sur une ligne droite qui va de St Michael's Mount (près de Penzance, en Cornouailles) jusqu'à Lowestoft, à 580 km de distance, en passant par Glastonbury et Avebury, et que cette ligne correspond à celle du lever de Soleil au 1er mai, date de Beltaine, la fête des druides et de la lumière » (Pierre A. Riffard, Nouveau dictionnaire de l'ésotérisme, p. 20).

Alignements de points en géométrie

Des alignements entre points peuvent survenir aléatoirement. En ce sens, les alignements de sites ou astronomiques peuvent être complètement fortuits, ce qui exclut une éventuelle intentionnalité naturelle ou d'origine humaine quant à la distribution des sites. Voir : Alignements de points aléatoires.

Critiques

Les lignes telluriques (ley lines) sont une forme de pseudoscience. Dans The Skeptic's Dictionary, le philosophe et sceptique américain Robert Todd Carroll a noté qu'aucune des affirmations concernant les « forces magnétiques » qui sous-tendent les lignes telluriques putatives n'a été scientifiquement vérifiée.

Williamson et Bellamy ont caractérisé les lignes telluriques comme « l'une des plus grandes fausses pistes de l'histoire de la pensée populaire ». Une critique de la théorie des lignes telluriques de Watkins indique qu'étant donné la forte densité de sites historiques et préhistoriques en Grande-Bretagne et dans d'autres parties de l'Europe, trouver des lignes droites qui relient les sites est banal et attribuable à la coïncidence. Johnson a déclaré que « les lignes telluriques n'existent pas ». Il a cité le travail de Williamson et Bellamy pour le démontrer, notant que leurs recherches ont montré à quel point « la densité des sites archéologiques dans le paysage britannique est si grande qu'une ligne tracée pratiquement n'importe où coupera « un certain nombre de sites ».

Une étude de David George Kendall a utilisé les techniques d'analyse de forme pour examiner les triangles formés par les pierres dressées pour en déduire s'ils étaient souvent disposés en lignes droites. La forme d'un triangle peut être représentée comme un point sur la sphère, et la distribution de toutes les formes peut être considérée comme une distribution sur la sphère. La distribution de l'échantillon des pierres dressées a été comparée à la distribution théorique pour montrer que la présence de lignes droites n'était pas supérieure à la moyenne.

L'archéologue Richard J. C. Atkinson l'a démontré une fois en prenant la position des cabines téléphoniques et en soulignant l'existence d'alignements de cabines téléphoniques. Cela, a-t-il soutenu, a montré que la simple existence de telles lignes dans un ensemble de points ne prouve pas que les lignes sont des artefacts délibérés, d'autant plus que l'on sait que les cabines téléphoniques n'ont pas été disposées de cette manière ou avec une telle intention.

En 2004, John Bruno Hare a écrit : « Watkins n'a jamais attribué de signification surnaturelle aux alignements de sites; il pensait qu'il s'agissait simplement de voies qui avaient été utilisées à des fins commerciales ou rituelles, d'origine très ancienne, remontant peut-être au néolithique, certainement pré-romain. Son obsession des alignements était une conséquence naturelle de son intérêt pour la photographie de paysage et de son amour pour la campagne britannique. Il était une personne intensément rationnelle avec un intellect actif, et je pense qu'il serait un peu déçu par certains des aspects marginaux des lignes telluriques aujourd'hui. »

Dans la culture populaire

  • Ces théories sont présentées à Jungfrau Park.
  • Dans le film Sos Fantômes (2016), la théorie est citée.
  • Dans le livre: La prophétie de Glendower, écrit par Maggie Stiefvater.
  • Dans le roman Démences de Graham Masterton, elles sont un élément-clé de l'histoire.
  • Dans les livres 1,2,3,4 de Mortal Instruments : renaissance de Cassandra Clare (2017,2018,2019).
  • Dans le manga de Shiori Teshirogi, Batman and the Justice League, la théorie est la principale intrigue de l'histoire.
  • Dans la série télévisée Marvel : Les Agents du SHIELD, des créatures nommées Shrike se rassemblent aux intersections de supposés alignements de sites.

Notes et références

  1. Alfred Watkins, The old straight track: its mounds, beacons, moats, sites, and mark stones, Methuen & Co Ltd, 1925.
  2. Sylvain Tristan, Les Lignes d'or, JMG,
  3. Damien Karbovnik, « De l’alterscience au conspirationisme : l’exemple de la diffusion et de la réception du "documentaire" La Révélation des pyramides sur l’internet », Quaderni, no 94, (DOI 10.4000/quaderni.1115)
  4. Voir lien : La révélation des Pyramides - Le film en français
  5. Nexus (revue), no 85, mars-avril 2013, entrevue avec Patrice Pooyard et Jacques Grimault, Nous n'attaquons pas l'égyptologie mais son dogmatisme, propos recueillis par Oriane Faisandier, p. 25
  6. Gollum Illuminati, « Passé Recomposé #1 - Jean-Pierre Adam et La Révélation des Pyramides », (consulté le )
  7. Gollum Illuminati, « Passé Recomposé #2 - Les prouesses de La Révélation des Pyramides 1/2 », (consulté le )
  8. Gollum Illuminati, « Passé Recomposé #3 - Les prouesses de La Révélation des Pyramides 2/2 », (consulté le )
  9. Gollum Illuminati, « Passé Recomposé #4 - L'enquête continue », (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Alfred Watkins, The Old Straight Track, 1925.
  • Jean Richer, Géographie sacrée du monde grec, 1983.
  • David Cowan et Anne Silk, Ley Lines and Earth Energies: An Extraordinary Journey into the Earth's Natural Energy System

Articles connexes

Liens externes

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