David George Kendall

David George Kendall (né le à Ripon, Yorkshire, mort le à Cambridge ; à ne pas confondre avec Maurice Kendall), est un statisticien britannique et est un des spécialistes mondiaux de l'application du calcul des probabilités à l’analyse des données et aux processus stochastiques. Il est passé à la postérité pour la notation de Kendall qu'il a introduite dans le domaine des files d'attente.

Ne doit pas être confondu avec Maurice Kendall, statisticien britannique

David George Kendall
David Kendall au centre de recherches allemand d'Oberwolfach, en 1971
Naissance
Ripon, Yorkshire ( Angleterre)
Décès
Cambridge ( Angleterre)
Nationalité britannique
Résidence Cambridge
Domaines calcul des probabilités, processus stochastiques
Institutions Université de Cambridge, Royal Society
Renommé pour

Notation de Kendall
Processus de Markov à temps continu à nombre d'états infini


théorie des semi-groupes d'opérateurs
Distinctions Médaille Sylvester (1976), Prix Samuel Wilks et Prix Whitehead Senior (1980), Médaille Guy (1981), Médaille De Morgan (1989)

Biographie

Kendall a étudié au Queen´s College (Royaume-Uni), où il obtint son Master en 1943. À l'origine, il voulait devenir astrophysicien, et publia d'ailleurs un article en 1938 dans le Zeitschrift für Astrophysik[1], qui lui valut une bourse d'études[alpha 1]. Cependant, il se tourna ensuite vers l’analyse abstraite, une branche des mathématiques pures, à laquelle il avait été initié par la lecture de Hardy[alpha 2], et qu'il avait apprise de U. Haslam-Jones et d’Edward Charles Titchmarsh[2].

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut affecté au centre de recherches balistiques d’Aberforth au Pays de Galles, et y travailla à l'exploitation statistique des données sous la direction de William Cook puis de Louis Rosenhead[2]. Il y côtoya notamment les scientifiques Robert Alexander Rankin, Maurice Bartlett et Frank Anscombe[alpha 3].

En 1946, il obtint le titre de Fellow de Magdalen College (Oxford) et fut ainsi maître de conférences à l'Université d'Oxford. En 1952-53, il partit enseigner à l'Université de Princeton aux États-Unis. Cette expérience lui permit de rencontrer le monde académique étasunien, et il fit notamment la connaissance des mathématiciens et statisticiens William Feller, John W. Tukey, Joseph L. Doob et Mark Kac[2].

En 1962, il quitta le Magdalen Colledge pour la chaire de Statistique mathématique à l’Université de Cambridge et fut admis comme Fellow du Churchill College. Il fut en outre directeur du Statistical Laboratory de Cambridge jusqu'en 1973, date à laquelle il céda la place à Peter Whittle[2]. Il fut enfin élevé au rang de professeur émérite en 1985 par Cambridge, puis en 1989 par Magdalen College.

Travaux

Kendall se consacra surtout à la théorie des files d'attente (qu'il aborda au début des années 1950 par le biais de chaînes de Markov discrètes), aux processus stochastiques et à la géométrie stochastique. Il introduisit notamment la notation GI/G/1 en théorie des files d'attentes : cette notation est désormais appelée notation de Kendall[3].

Avec Harry Reuter[alpha 4], il développa au cours des années 1950 la théorie des processus de Markov à temps continu à nombre d'états infini, ainsi que la théorie des semi-groupes d'opérateurs, qui lui permit de mettre en évidence les limites d'application des équations différentielles de Kolmogorov pour ces processus[2], et même d'anticiper de peu la conclusion de Kolmogorov, Doob etc., ainsi que le théorème de Hille-Yosida[réf. souhaitée]. En 1954, Kendall et Reuter prononcèrent une conférence décisive à l'ICM d'Amsterdam concernant cette théorie[4].

En parallèle de ses travaux théoriques, il étudia aussi des questions appliquées : il contribua à l'étude statistique des épidémies, s'intéressa au temps moyen de retour des comètes du système Solaire, appliqua les statistiques à l’archéologie (notamment en travaillant sur la datation des strates archéologiques, inspiré par les travaux de l'égyptologue Flinders Petrie[2]), effectua l'analyse des données des registres d'État-civil, s'intéressa à la théorie des barrages en terre et à la démographie.

Prix et distinctions

Kendall a été élu en 1964 membre (Fellow) de la Royal Society, qui lui a accordé la Médaille Sylvester en 1976, et a fait partie de son conseil d’administration de 1967 à 1969 puis en 1982-83.

La Royal Statistical Society a récompensé ses recherches par la médaille d'or Guy en 1981. En 1980, l'Université de Princeton lui a décerné le Prix Samuel Wilks.

De 1972 à 1974, il a été président de la London Mathematical Society, qui lui décernera plus tard le Prix Whitehead Senior (1980) et la Médaille De Morgan (1989). En 1975, il a été président de la Bernoulli Society for Mathematical Statistical and Probability. En 1982, il a présidé la Section de Mathématiques et de Physique de la British Association for the Advancement of Science.

Il était par ailleurs membre de l'Académie des sciences de Roumanie (1992) et fut docteur honoris causa de nombreuses universités.

Vie privée

Kendall épousa Diana Fletcher en 1952, qui lui donna six enfants, dont le mathématicien Wilfrid Kendall et la journaliste Bridget Kendall[2]. Kendall était lié d'amitié avec le statisticien polonais Jerzy Neyman.

Écrits

  • Frank Roy Hodson, D. G. Kendall, Petre Tăutu et Royal Society, Mathematics in the archaeological and historical sciences: proceedings of the Anglo-Romanian Conference, Mamaia, 1970,, Edinburgh University Press, (ISBN 0-85224-213-1 et 978-0-85224-213-1, OCLC 286974, lire en ligne).
  • (en coll. avec E.F. Harding) Stochastic Analysis, Wiley 1973 (avec une annexe: An introduction to stochastic analysis, p. 3-43)
  • (en coll. avec E. F. Harding) Stochastic Geometry, Wiley 1974
  • (en coll. avec D. Barden, T.K. Carne et H. Le) Shape and Shape Theory, Wiley 1999
  • Some problems and methods in statistical archeology, in World Archeology vol.1, 1969, p. 68-76
  • Some problems in the theory of comets, sowie The distribution of energy perturbations for Halley´s and some other comets, in Jerzy Neyman (éd.), Proceedings of the 4. Berkeley Symposium on Mathematical Statistica and Probability, 1961
  • Stochastic processes occuring in the theory of queues and their analysis by the method of the imbedded Markov chain, Annals Math.Statistics vol. 24, 1953, p. 338-354
  • Some problems in the theory of queues, J.Royal Statistical Society B, vol.13, 1951, p. 151-173

Notes et références

Notes

  1. En tant qu'étudiant, il suivit à Oxford les cours de James Jeans sur la radioélectricité, et ceux de H. H. Plaskett et d’Edward Arthur Milne sur l'astronomie. Il publiera par la suite un article sur les applications du calcul des probabilité à la période moyenne des comètes.
  2. Depuis 1931, Hardy avait quitté Oxford pour Cambridge. Sur la recommandation de ses maîtres, Kendall étudia l'ouvrage Pure Mathematics de Hardy.
  3. Jusque dans les années 1990, Kendall garda secret ce qu'il avait fait là-bas. En 1996-97 il publia avec K. Post deux articles qui lèvent un coin du voile : The British 3 Inch Antiaircraft Rocket, Notes Rec. Royal Soc., vol. 50, 1996, p. 229, et vol. 51 1997, p. 133.
  4. Harry Reuter est le fils d'Ernst Reuter, professeur de mathématiques à l'Université de Durham.

Références

  1. (en) Kendall, D. G., « The effect of radiation damping and Doppler broadening on the atomic absorption coefficient. », Zeitschrift für Astrophysik, vol. Vol. 16, , p. 308
  2. (en) John Kingman, « David George Kendall. 15 January 1918 — 23 October 2007 », Biographical Memoirs of Fellows of the Royal Society, vol. 55, , p. 121–138 (DOI 10.1098/rsbm.2008.0017, lire en ligne, consulté le )
  3. (en) D. J. Daley et D. Vere-Jones, « David George Kendall and Applied Probability », Journal of Applied Probability, vol. 45, no 2, , p. 293–296 (ISSN 0021-9002 et 1475-6072, DOI 10.1239/jap/1214950348, lire en ligne, consulté le )
  4. (en) D. G. Kendall et G. E. H Reuter (1954) « Some pathological Markov processes with a denumerable infinity of states and the associated semigroups of operators on l. » dans Proceedings of the International Congress of Mathematicians vol. 3: pp. 377–415 p..

Bibliographie

  • John Kingman, « David George Kendall. 15 January 1918–23 October 2007 », Biographical Memoirs Fellow Royal Society., vol. 55, no 14 mai, , p. 121 (DOI 10.1098/rsbm.2008.0017, lire en ligne)
  • J. F. C. Kingman & G. E. H. Reuter (éd.): Probability, statistics and analysis. Papers dedicated to David Kendall for his 65. birthday (= London Mathematical Society Lecture Note Series. no 79). Cambridge University Press, 1983, (ISBN 0-521-28590-9)

Liens externes

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