Allan Lambin
Allan Lambin est un homme qui avait 19 ans lorsqu'il est retrouvé mort dans sa cellule au commissariat de Saint-Malo le . Selon son père, il aurait pris un coup pendant une interpellation musclée, et aurait ensuite agonisé dans sa cellule. Une information judiciaire est en cours.
Biographie
Après que la mère d'Allan Lambin, Roseline, meurt en 2016 d’un cancer, Allan vit avec son père Franck et travaille comme livreur dans sa société. Il est passionné de voitures et de belles motos[1].
Circonstances de la mort
Le , Allan et Franck Lambin sont de sortie à Dinard, puis rentrent au camping où ils doivent passer la nuit[1],[2],[3],[4]. Tous deux ont consommé de l'alcool, le père nécessite de l'aide pour se mouvoir[5]. Sous une forte pluie , Allan manque l'entrée du camping et en manœuvrant pour faire demi tour, fait tomber la voiture dans un fossé. Les pompiers, sollicités par un passant, eux-mêmes préviennent la police constatant qu'Allan continue à déboucher des bières devant eux [1],[6]. Les policiers arrivés ensuite affirment qu'Allan et Franck les ont insultés, et qu'Allan a « essayé de frapper » l'un d'eux[1]. Les amis d'Allan présents à ce moment disent que les policiers étaient « hargneux » et « provocateurs », et que la situation a dégénéré. Ils décrivent Allan à terre, son père essayant de le protéger des coups, et les policiers au-dessus d’eux[1]. Allan hurle après qu'un policier accroupi sur lui, lui plante un genou dans le thorax[1]. Allan est embarqué, sonné et menotté, à 21h20[1],[6]. Au commissariat de Saint-Malo, Allan est placé en cellule de dégrisement. Il est brièvement ausculté par un médecin à 22h40; celui-ci le déclare apte au placement en détention[6]. Allan se lève et s'effondre quelques minutes après, comme en témoigne la vidéo de surveillance[1]. L'IGPN note qu' « aucun policier ne s’est inquiété de son sort pendant près de deux heures »[1]; pendant ce temps, l'un d'eux recueille la plainte pour outrage de ses collègues contre Allan[1],[6]. Quand le médecin revient à 0h30, le cœur d'Allen est arrêté. Il est déclaré mort à 1h10[1]. Le rapport d'autopsie conclut à un syndrome asphyxique avec hémorragie[6], constante une fracture au sternum et les hématomes constatés au niveau des pectoraux et note qu'« une intervention plus prompte des secours aurait pu éviter le décès »[1].
Franck Lambin, arrêté vers 23 heures pour ivresse publique par la police municipale [6], passe la nuit à quelques cellules de celle de son fils, et apprend sa mort à 10h du matin[1].
Suites juridiques
Le parquet de Saint-Malo ouvre le une information judiciaire pour « homicide involontaire » et « non-assistance à personne en péril » contre X[3],[7]. Franck Lambin se porte partie civile[1], et porte plainte pour non-assistance à personne en danger à l’encontre du médecin, mort suspecte, coups et blessures sur sa personne, violence policières sur Allan, modification de témoignages et dissimulation de preuve contre l’IGPN[6].
Une première juge d’instruction ne suit l'affaire que quelques jours. La deuxième se contente du rapport de l’IGPN, qui n'a pas interrogé Franck Lambin[6], mais ne conduit aucune audition ni ne demande d'expertise[1],[3]. Selon l'IGPN, Allan Lambin serait tombé dans sa cellule après s'être cogné la tête, puis lentement asphyxié[3]. La famille d'Allen Lambin obtient le dépaysement de l’affaire à Rennes le [1],[8]. En , l’avocate dépose plainte pour « faux » contre le commissariat de Saint-Malo, suspectant que la fiche de surveillance des gardes à vue datée du est antidatée[7],[3]. En , l'avocate obtient de la juge qu’elle ordonne de nouvelles expertises[9]. Une contre-expertise médico-légale est ordonnée le [6]. Une quatrième juge remplace la troisième est [1]. Inquiétée par l'enlisement du dossier, l’avocate de Franck Lambin écrit à Éric Dupond-Moretti le , pour mettre en cause une justice qui « ne se donne pas les moyens de mener cette instruction avec la célérité qu’elle requiert »[1].
Selon le procureur de la République de Rennes, la deuxième phase de l’instruction, visant à identifier « les responsabilités pénales éventuelles », « devrait intervenir en 2021 »[4].
Franck Lambin est par ailleurs visé par plusieurs plaintes pour diffamation de la part des policiers de Saint-Malo[6].
Trois ans après le décès, les contre-expertises sur les causes du décès sont toujours en cours[10],[11].
Références
- « Violences policières : près de deux ans après la mort d’Allan Lambin en garde à vue, ses proches toujours en quête de réponses », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « Décès d’Allan au commissariat de Saint-Malo : ce que l'on sait », sur France 3 Bretagne, (consulté le )
- Christophe Labbé, « Les bœuf-carottes enquêtent à l'étouffée », Le Canard Enchaîné,
- « Il y a un an, Allan Lambin, 19 ans, décédait au commissariat de Saint-Malo », sur L'Obs, (consulté le )
- « Décès d'Allan Lambin au commissariat de Saint-Malo : "toujours pas de mise en examen", la famille ne comprend pas », sur France 3 Bretagne (consulté le )
- « Décès d'Allan Lambin au commissariat de Saint-Malo : "toujours pas de mise en examen", la famille ne comprend pas », sur France 3 Bretagne, (consulté le )
- « Décès d’Allan au commissariat de Saint-Malo : de nouvelles expertises ordonnées », sur Le Parisien, (consulté le )
- « Décès d'Allan Lambin au commissariat de Saint-Malo : un juge de Rennes reprend l'affaire », sur France Bleu, (consulté le )
- La rédaction de Mediapart, « L’enquête sur la mort d’un jeune homme en cellule de dégrisement relancée », sur Mediapart, (consulté le )
- « Mort d'Allan Lambin : trois ans après, son père va déposer des fleurs devant le commissariat de Saint-Malo », sur France Bleu, (consulté le )
- « A Saint-Malo, les proches d'Allan organisent une marche blanche pour dire "nous sommes toujours là" », sur France 3 Bretagne, (consulté le )
Articles connexes
- Portail des années 2010
- Portail de la police
- Portail de Saint-Malo et de sa région