Alright (chanson de Kendrick Lamar)

Dans l'album To Pimp a Butterfly, Kendrick Lamar mêle différents genres musicaux : du free jazz (For Free ? (Interlude)), du g-funk endiablé (King Kunta), des ambiances old school (You Ain’t Gotta Lie), de la soul futuriste (Momma) ou de la politique[2]. Cette multitude de genres et de thèmes abordés dans cet album, se retrouve dans la multiplicité des studios utilisés pour enregistrer les différents titres de l'album ainsi que le nombre impressionnant de producteurs ayant participé à cet album : Pharrell Williams, Bilal, Knxwledge, Robert Glasper ou l’équipe de Brainfeeder (Thundercat, Kamasi Washington et Flying Lotus, également co-réalisateur de l’album. Tout le refrain très rythmique ainsi que le beat (l'instrumentale de la musique) fut produit par Pharrell Williams. À la base, ce titre fut produit pour un autre rappeur : Fabolous[3]. Après cela, le son resta 6 mois en attente, Kendrick Lamar ne trouvait pas l'inspiration pour ce beat qu'il trouvait prometteur comme il l'explique dans une interview au journal GQ[4]. Là encore, c'est Pharrell Williams qui trouva la solution en conseillant au rappeur de Compton de placer dans le refrain, la phrase suivante : « we gon'be alright » qui se traduit en français par « Nous allons aller bien ». Lamar se mit à réfléchir sur le sens « d'aller bien » et écrivit les différents couplets directement à la suite.

Les paroles portent sur la situation des populations afro-américaines aux États-Unis et en particulier les violences policières subies. En effet, les États-Unis connaissent de nombreux meurtres d'afro-américains perpétrés par des policiers blancs (meurtres de Michael Brown ou d'Eric Garner par exemple) durant l'enregistrement de To Pimp a Butterfly[5]. Le single est optimiste et plein d'espoir avec ce refrain entraînant : « Nigga, we gon'be alright » avec l'usage du terme « Nigga », seulement utilisé entre les afro-américains. Le son leur est destiné et les pousse à continuer de lutter. Cependant les couplets sont très sombres, on le remarque dès les premières lignes de la musique. Le titre commence par les mots d'Alice Walker, l'auteur de La Couleur Pourpre : « Alls my life, I had to fight » (Toute ma vie, j'ai dû me battre)[6]. Le thème est tout de suite mis en place, le rappeur va dans la suite de la chanson remettre en cause les réelles avancées des droits pour les populations afro-américaines et l'égalité entre les différentes ethnies vivant aux États-Unis. Tout en remerciant les avancées faites par les différentes générations précédentes d'afro-américains[7]. Ce son est aussi introspectif, avec Kendrick Lamar en proie à ses démons : la drogue, les femmes et l'argent. Le refrain lui est aussi destiné, pour qu'il continue de lutter. Ce son est dans la lignée des autres titres de l'album où Kendrick Lamar mène un voyage introspectif[1].

Pour ce clip, Kendrick Lamar s'est inspiré d'un voyage en Afrique du Sud, où il a vu les très grandes souffrances des populations noires en Afrique du Sud[8]. Le rappeur a fait appel à Colin Tilley pour le produire. Le clip a été tournée à Oakland en Californie. Cette ville est connue pour sa violence, caractéristique des quartiers pauvres à la population afro-américaine, très similaire au quartier d'origine de Lamar : Compton. C'est un clip en noir et blanc pour accentuer l'image des inégalités entre les noirs et les blancs. Ce clip mêle des comiques de situation avec des scènes très sombres où l'on peut observer des violences policières envers des afro-américains[9]. On dénote la présence dans le clip de ses amis du Top Dawg Entertainment: Schoolboy Q, Jay Rock et Ab Soul[10]. Au sein de ce clip, on voit Lamar en apesanteur prenant de la distance sur les divers problèmes qu'il peut connaître dans sa propre vie[9].

Ce clip fut très bien reçu avec plus de 125 millions de vues[11] sur Youtube. La presse parle de nombreuses fois de « clip de l'année ». Le réalisateur a d'ailleurs reçu le prix du Grammy Awards du Meilleur Clip Vidéo en 2016. La vidéo est aussi saluée par d'autres rappeurs tel que le rappeur français Youssoupha qui souligne la qualité du clip : « Ton nouveau clip qui est déjà le clip de l'année ».

Alright a été acclamé à sa sortie par de nombreux critiques américains à l'image de l'album dans lequel on le retrouve. À sa sortie, l'album a connu un véritable buzz et a été salué par la presse[14].