Ambazonia Defence Forces

Les Forces de défense de l'Ambazonie (en anglais : Ambazonia Defence Forces) est une organisation militaire, nationaliste et séparatiste camerounaise qui milite en faveur d'un État indépendant d'Ambazonie. Elle a été officiellement créée par le Conseil de gouvernement de l'Ambazonie (AGovC) le , le même jour que l'organisation a déclaré une guerre d'indépendance[1].

Ambazonia Defence Forces

Idéologie Séparatisme
Nationalisme anglophone
Positionnement politique Indépendantisme
Objectifs Indépendance de l'Ambazonie
Statut actif
Fondation
Date de formation 2017
Pays d'origine Cameroun
Fondé par Conseil de gouvernement de l'Ambazonie (AGovC)
Actions
Mode opératoire Lutte armée, guérilla, raid
Période d'activité 2017-
Organisation
Chefs principaux Lucas Ayaba Cho
Financement Diaspora anglophone
Groupe relié Peuple indigène du Biafra (IPOB)
Répression
Considéré comme terroriste par Cameroun
Crise anglophone au Cameroun

Alors que d'autres milices séparatistes se sont abstenues de porter la lutte en dehors des régions anglophones, l'ADF a adopté une position différente. Depuis , l'ADF est allié au Peuple indigène du Biafra et à sa branche armée, l'Eastern Security Network[2]. En outre, Lucas Ayaba Cho a déclaré que si les Camerounais se soulèvent contre le gouvernement de Paul Biya, l'ADF les soutiendra militairement[3].

Histoire

Les ADF mènent une guérilla contre l'armée camerounaise dans les régions anglophones du pays depuis [4]. En , ils affirmaient avoir 1 500 combattants sous leur commandement, répartis dans 20 bases à travers le Cameroun anglophone[5]. Numériquement et matériellement inférieurs à leur adversaire, ils s'appuient sur des tactiques de guérillas, des embuscades et des raids, profitant de leur familiarité avec le terrain. Les ADF ont pour objectif d'élever le coût de la présence militaire du Cameroun dans les régions séparatistes à un niveau supérieur aux bénéfices que le pays en tire[6]. Les autorités camerounaises ont reconnu qu'elles ont peu de contrôle en dehors des villes du Cameroun anglophone. Selon un journaliste étranger qui a passé du temps avec les ADF, cela est dû en partie à la mauvaise infrastructure des régions, qui rend difficile la traque des guérilleros[5].

L'ADF est fidèle à l'AGovC, qui ne fait pas partie du gouvernement intérimaire d'Ambazonie. Cela a conduit à une relation compliquée avec le gouvernement intérimaire, qui n'a initialement pas approuvé une lutte armée. Le , le gouvernement intérimaire a condamné les attaques des ADF qui ont tué trois gendarmes[7]. La position non-violente du gouvernement intérimaire a changé début 2018, ouvrant la possibilité d'une coopération entre lui et les ADF. Les ADF ont décliné les offres d'intégration dans le Conseil d'autodéfense d'Ambazonie, une organisation parapluie établie par le gouvernement intérimaire pour unir toutes les milices séparatistes sous une seule bannière. À la suite de la mort du général Ivo Mbah en , le président Samuel Ikome Sako a fait l'éloge du général décédé et a exhorté toutes les milices séparatistes à « ignorer nos petites différences » et à s'unir[8].

En mars 2019, un dirigeant des ADF a annoncé qu'ils allaient porter la lutte armée dans les parties francophones du Cameroun. Une semaine plus tard, des séparatistes, peut-être les ADF ont mené un raid à Penda Mboko, dans la région du Littoral, et ont blessé trois gendarmes, au mépris de la politique du gouvernement provisoire, qui a souligné que le conflit devait se dérouler uniquement à l'intérieur des frontières du Cameroun méridional[9].

À la fin du mois d', les ADF ont annoncé qu'un couvre-feu d'un semestre était prévu. C'était en réponse aux peines de prison à vie qui venaient d'être prononcées à l'encontre de Sisiku Julius Ayuk Tabe et de neuf autres leaders séparatistes détenus par le tribunal militaire de Yaoundé[10].

Après au moins cinq cas en où des villageois en colère ont attaqué des camps séparatistes, les ADF ont ouvertement condamné les crimes de guerre commis par des éléments séparatistes. Les combattants de l'ADF ont reçu l'ordre d'arrêter toute personne prise en train de terroriser des civils, y compris des camarades séparatistes[11]. Plus tard dans le mois, l'Ambazonia Restoration Forces, dirigées par le général Chacha, ont enlevé 40 combattants de l'ADF, dont six ont été exécutés[12].

Lorsque la SOCADEF a déclaré un cessez-le-feu de quatorze jours fin en raison de la pandémie de Covid-19, l'AGovC a déclaré que les ADF feraient de même si les troupes camerounaises étaient confinées dans leurs bases pour la durée du cessez-le-feu[13].

En réponse à l'opération Bamenda Clean, les ADF ont appelé la population locale à se soulever contre l'armée camerounaise[14].

En , le « Général Efang » des ADF a présenté ses excuses à la population pour les crimes de guerre commis par certains éléments séparatistes. Il a affirmé que les combattants séparatistes qui abusaient des civils étaient souvent sous l'emprise de la drogue, et a déploré que cela ait conduit à la création de paramilitaires locaux pro-gouvernementaux[15].

Le , l'AGovC a officiellement conclu une alliance avec le Peuple autochtone du Biafra. Selon le chef adjoint de la défense de l'ADF, Daniel Caapo, cela impliquerait des opérations militaires conjointes, des bases d'entraînement conjointes et un effort pour s'emparer de la frontière mutuelle et assurer une libre circulation des armes[16]. L'alliance a été dénoncée par le Gouvernement intérimaire de l'Ambazonie ainsi que par d'autres groupes séparatistes biafrais[17].

Notes et références

  1. (en) « Cameroon: I spent a week embedded with Anglophone armed separatists », sur RFI, (consulté le );
  2. (en-US) « AGovC Joins Forces With IPOB », sur Cameroon News Agency (consulté le ).
  3. (en-US) « Ayaba Calls On Cameroonians To Overthrow Paul Biya », sur Cameroon News Agency (consulté le ).
  4. (en-US) « Emuparadise 2022 », sur Emuparadise 2022 (consulté le ).
  5. (en) « Cameroon: I spent a week embedded with Anglophone armed separatists », sur RFI, (consulté le ).
  6. (en) Peter Zongo, « This is a genocide: villages burn as war rages in blood-soaked Cameroon | Peter Zongo », sur the Guardian, (consulté le ).
  7. (en-US) « ‘Ambazonia’ Interim “President” Condemns Violence Amid Claims By ADF of Masterminding Gendarme Killing », sur Cameroon News Agency (consulté le ).
  8. (en-US) « Opinion: Ambazonia ‘Acting President’ Says General Ivo Died A Hero », sur Cameroon News Agency (consulté le ).
  9. (en-US) Mark Bareta, « Interim Government Warns Cameroun Against Propagating Inter-Citizen War Between Both Cameroons », sur BaretaNews, (consulté le ).
  10. (en-US) « After Life Imprisonment Sentence: Ambazonians Promise Tough Days Ahead », sur Cameroon News Agency (consulté le ).
  11. (en) « Cameroon Anglophone Villagers Attack Separatist Camps Over Abuse », sur VOA (consulté le ).
  12. (en) « Cameroon’s Anglophone Separatists Turn to Infighting », sur VOA (consulté le ).
  13. (en-US) « COVID19: IG, AGovC Will Declare COVID19 Ceasefire Only When All Parties Agree To Internationally Binding Terms », sur Cameroon News Agency (consulté le ).
  14. (en) « Cameroon Military Sweeps Northwest City to Weed Out Separatists », sur VOA (consulté le ).
  15. Lebledparle.com, « Un « général » ambazonien présente ses excuses aux populations du Nord-ouest et du Sud-ouest », sur Le Bled Parle : L'actualité africaine de dernière minute du jour (consulté le );
  16. (en-US) Jess Craig, « Separatist Movements in Nigeria and Cameroon Are Joining Forces », sur Foreign Policy (consulté le ).
  17. (en-US) « Internal crisis threatens IPOB, Cameroon separatist union », sur The Sun Nigeria, (consulté le ).
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