André-Pierre Pinson

André-Pierre Pinson (né à Marans le 6 janvier 1746 et mort à Saint-Germain-lès-Corbeil le 19 juillet 1828) est un chirurgien, anatomiste et artiste céroplasticien français, créateur de nombreux modèles didactiques d'anatomie humaine et animale et de champignons. Il est l'époux d'Isabelle Pinson, artiste peintre.

André-Pierre Pinson

Portrait d'André-Pierre Pinson, miniature sur ivoire de Lié Louis Périn-Salbreux

Biographie
Naissance	6 janvier 1746 Marans
Décès	19 juillet 1828 (à 82 ans) Saint-Germain-lès-Corbeil
Nationalité	Française
Activités	Chirurgien, sculpteur
Conjoint	Isabelle Pinson (de 1792 à 1828)

Autres informations
Membre de	Athénée des Arts (d)

Biographie

André-Pierre Pinson est né à Marans en Charente-Inférieure le 6 janvier 1746[1]. Fils d'un chirurgien de La Rochelle, il s'intéresse à l'anatomie humaine et se lance dans la création de modèles en cire : sa première œuvre, un bras humain écorché, est exposée au Salon du Louvre de 1771[2]. Devenu à son tour chirurgien, il intègre à ce titre, en 1772, la compagnie des Cent-Suisses, garde personnelle du roi Louis XVI aux Tuileries.

Pinson qui brigue un poste à l'Académie royale de peinture et de sculpture poursuit son activité d'artiste céroplasticien en parallèle à sa carrière de chirurgien militaire : il participe à plusieurs salons et expositions[2]^,[3]. Il jouit de la protection du duc d'Orléans, franc-maçon comme lui, pour lequel il réalise un cabinet de plusieurs centaines de cires anatomiques[3]. En 1791, il achète à son protecteur une propriété située à Clichy-en-Launois[4].

La compagnie des Cent-Suisses est dissoute le 12 mai 1792[5]. Deux mois plus tard, le 19 juillet, André-Pierre Pinson épouse Isabelle Proteau, vingt-trois ans plus jeune que lui, qui fera une carrière de peintre portraitiste sous son nom d'épouse Isabelle Pinson. Jean-Antoine Houdon est l'un des témoins du marié[6].

En 1794, à la suite de la Révolution, la plupart des cires anatomiques du cabinet du duc d'Orléans sont transférées du Palais-Royal au Muséum national d'histoire naturelle et, à l'initiative de Antoine-François de Fourcroy, est créée l'École de santé de Paris qui, comme les écoles sœurs de Strasbourg et de Montpellier, doit disposer de collections didactiques, notamment de modèles anatomiques en cire[7]. L'année suivante, Pinson y est nommé « modeleur en cire », le poste ayant été créé spécifiquement pour lui[3]^,[8].

En 1811, Pinson et son épouse font l'acquisition d'une propriété à Saint-Germain-lès-Corbeil où ils s'installent[9]. C'est là que meurt André-Pierre Pinson, le 19 juillet 1828, jour du 36^e anniversaire de son mariage[10].

Œuvres

Modèles d'anatomie

Les premières œuvres de Pinson, produites principalement pour le cabinet d'anatomie du duc d'Orléans, sont remarquables par leur qualité artistique ; après la Révolution, attaché à l'École de santé, il est chargé de produire des outils de connaissance, bases essentielles de l'enseignement et non plus œuvres d'art[3].

Cires anatomiques d'André-Pierre Pinson au Musée de l'Homme
Grand écorché.
Cœur d'adulte.
Muscles de la main.
Femme assise.

Portrait de cire en médaillon du Chevalier d'Éon par A.-P. Pinson (1781).

Portraits de cire en médaillon

André-Pierre Pinson est aussi l'auteur de portraits de cire en médaillon, représentant notamment le duc de Brissac et le chevalier d'Éon (1781)[11]^,[1].

Modèles de champignons

Entre 1794 et 1802, André-Pierre Pinson crée une collection de quelque 540 modèles de champignons, d'après les illustrations de Pierre Bulliard[12]. Ces modèles en cire, qui permettent de pallier la mauvaise conservation des spécimens de référence dans l'esprit de sel, sont réalisés dans un but didactique, en l'occurrence former à la connaissance des champignons pour réduire le nombre d'intoxications dues à la consommation d'espèces vénéneuses par les Parisiens. Pour faciliter l'identification, chaque espèce est représentée à divers stades de son développement et par une vue en coupe de la structure interne[13] ; l'ensemble est fixé sur un socle en noyer[14]. Proposée au Comité d'instruction publique en 1794, cette collection est retenue par le Muséum national d'Histoire naturelle puis, en 1802, saisie par l'École de Santé pour l'examen de l'usage des champignons à Paris. Charles X l'acquiert en 1825 et la donne au Muséum qui en conserve encore 471 pièces au XXI^e siècle au Musée de l'Homme[14].

Notes et références

Boulinier 2004, p. 251.
Changeux 2005, p. 110.
Lemire 1997.
Boulinier 2004, p. 252.
Alexandre Loire et Gabriele Mendella, La maison militaire du roi : prestige et valeur à la cour de Versailles, SOTECA, coll. « Magazine Château de Versailles de l'Ancien régime à nos jours : Hors série » (n^o 2), 2016, 98 p. (OCLC 1014209903, présentation en ligne).
Boulinier 2004.
Pirson 2009, p. 97.
« Jean-Henri Fabre (1823-1915) et le Muséum : Les champignons », sur bibliotheques.mnhn.fr, Muséum national d'histoire naturelle, Direction des bibliothèques et de la documentation, 2012 (consulté le 29 janvier 2022).
Boulinier 2004, p. 253-254.
Boulinier 2004, p. 254.
« Portrait de Eon de Beaumont, dit le chevalier ou la chevalière diplomate (1728-1810) » [photo], sur parismuseescollections.paris.fr/ (consulté le 31 janvier 2022).
Pierre Bulliard, Histoire des champignons de la France, Paris, Leblanc, 1809-1812.
Joëlle Garcia, « Clathre rouge, Clathrus ruber Micheli », Nos collections, sur mnhn.fr, Muséum national d'histoire naturelle (consulté le 29 janvier 2022).
« Cires de champignons de France réalisées par André-Pierre Pinson », sur https://francearchives.fr/ (consulté le 28 janvier 2022).

Voir aussi

Bibliographie

Jean-Pierre Changeux, La lumière au siècle des Lumières & aujourd'hui: art et science, Odile Jacob, 2005, 347 p. (ISBN 9782738116444, lire en ligne), p. 110.
Michel Lemire, Anne-Marie Slezec et Georges Boulinier, « Un anatomiste sculpteur sur cire à l’époque révolutionnaire : André Pierre Pinson (1746-1828) », dans Scientifiques et sociétés pendant la Révolution et l’Empire (114^e Congrès National des Sociétés Savantes, Section Histoire des Sciences et des Techniques, Paris, 1989), Paris, Comité des travaux historiques et Scientifiques, 1990, p. 325-337.
Michel Lemire, « Les Collections de cire, au carrefour du renouveau pédagogique et scientifique de l’anatomie », dans C. Blanckaert et al. (éditeurs), Le Muséum au premier siècle de son histoire, Paris, coll. « Muséum national d’Histoire naturelle, Archives » (n^o 3), 1997 (ISBN 2-85653-516-X, lire en ligne), p. 509-521.
Georges Boulinier, « Notes biographiques sur le peintre Isabelle Pinson (1769-1855) », Dix-huitième Siècle, vol. 36,‎ 2004, p. 249-254 (lire en ligne, consulté le 31 janvier 2022).
Chloé Pirson, « For an interdisciplinary museology : The particular case of anatomical waxes » [« Pour une muséologie interdisciplinaire : Le cas particulier des cires anatomiques »], Medicina nei Secoli, vol. 21, n^o 1,‎ 2009, p. 91-115 (lire en ligne).

Articles connexes

Liens externes

Ressource relative à la santé :
- Bibliothèque interuniversitaire de santé

Ressource relative aux beaux-arts :
- (en) Bénézit

Notices d'autorité :
- Fichier d’autorité international virtuel
- Système universitaire de documentation
André Delpuech, « Les Cires anatomiques de Pinson, l'art au service de la science » [audio], Les curieuses histoires du Muséum, sur franceculture.fr, 5 juin 2021 (consulté le 31 janvier 2022).
Eloïse Quétel, « Buste en cire de Delaître, dit « La Taupe » », Musealia, sur sorbonne-universite.fr, Bibliothèque de Sorbonne Université, 26 mars 2020 (consulté le 31 janvier 2022).

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[Boulinier2004251-1] Boulinier 2004, p. 251.

[Changeux2005110-2] Changeux 2005, p. 110.

[Lemire1997-3] Lemire 1997.

[Boulinier2004252-4] Boulinier 2004, p. 252.

[5] Alexandre Loire et Gabriele Mendella, La maison militaire du roi : prestige et valeur à la cour de Versailles, SOTECA, coll. « Magazine Château de Versailles de l'Ancien régime à nos jours : Hors série » (n^o 2), 2016, 98 p. (OCLC 1014209903, présentation en ligne).

[Boulinier2004-6] Boulinier 2004.

[Pirson200997-7] Pirson 2009, p. 97.

[8] « Jean-Henri Fabre (1823-1915) et le Muséum : Les champignons », sur bibliotheques.mnhn.fr, Muséum national d'histoire naturelle, Direction des bibliothèques et de la documentation, 2012 (consulté le 29 janvier 2022).

[Boulinier2004253-254-9] Boulinier 2004, p. 253-254.

[Boulinier2004254-10] Boulinier 2004, p. 254.

[11] « Portrait de Eon de Beaumont, dit le chevalier ou la chevalière diplomate (1728-1810) » [photo], sur parismuseescollections.paris.fr/ (consulté le 31 janvier 2022).

[12] Pierre Bulliard, Histoire des champignons de la France, Paris, Leblanc, 1809-1812.

[13] Joëlle Garcia, « Clathre rouge, Clathrus ruber Micheli », Nos collections, sur mnhn.fr, Muséum national d'histoire naturelle (consulté le 29 janvier 2022).

[France_Archives-14] « Cires de champignons de France réalisées par André-Pierre Pinson », sur https://francearchives.fr/ (consulté le 28 janvier 2022).