Andreas Baader

Bernd Andreas Baader (né le à Munich, et mort le à Stuttgart) est membre et chef de l'organisation terroriste allemande Fraction armée rouge (RAF, Rote Armee Fraktion, également connue sous le nom de « bande à Baader »). Il est impliqué dans cinq attentats à la bombe durant l'année 1972. Arrêté cette même année, il est emprisonné en même temps que sa compagne et cofondatrice de la RAF, Gudrun Ensslin, et Jan-Carl Raspe en 1977 et tous les trois retrouvés morts dans leur cellule. Les médecins légistes concluent à un suicide collectif, même si de nombreux éléments accréditent la thèse d'un assassinat.

Andreas Baader
Biographie
Naissance
Décès
(à 34 ans)
Justizvollzugsanstalt Stuttgart (en)
Sépulture
Dornhaldenfriedhof (d)
Nom de naissance
Berndt Andreas Baader
Nationalité
Formation
Grundschule an der Herrnstraße (en)
Activité
Autres informations
Membre de
Lieux de détention
Moabit Prison (d), Justizvollzugsanstalt Stuttgart (en)

Biographie

Jeunesse

Andréas Baader est élevé chez sa grand-mère au cours des premières années de sa vie, puis, plus tard, dans un ménage constitué de trois femmes : sa mère, sa grand-mère et sa tante. Enfant, il est renvoyé de plusieurs écoles. Il passe sa jeunesse sans son père, l'historien Berndt Phillipp Baader, disparu en 1945 pendant la guerre. Lorsque, venant de Munich, il arrive à Berlin et se lance sur la scène d'extrême gauche, il a déjà un solide passé de délinquant (nombreux délits de la route et autres outrages). Pratiquement tous ces délits sont en rapport avec sa passion pour les voitures rapides et les excès de vitesse nocturnes : vols de voiture, falsifications, abus de documents. De l'avis de plusieurs de ses biographes, parmi lesquels Karin Wieland, la conduite sans permis semblait être devenue une rébellion emblématique contre les autorités.

Pour le jeune Baader, une personne de confiance fut son oncle, le danseur et acteur Michael Kroecher, avec lequel il garda longtemps le contact, même à l'âge adulte.

De la délinquance au terrorisme

Les activités auxquelles se livre Baader sont multiples et diverses (y compris modèle occasionnel pour magazines homosexuels[1]). Au cours de ses années berlinoises, il travaille comme ouvrier en bâtiment et  sans succès  comme journaliste dans la presse à sensation. Il s'intéresse également à la littérature et à la philosophie. Il est décrit comme violent et provocateur par sa compagne d'un temps, Ellinor Michel (1939-2007), peintre, avec laquelle il vit dans une villa berlinoise, en compagnie de son mari, le peintre Manfred Henkel (1936-1988). Ils ont une fille, née en 1965, élevée par Manfred Henkel.

Le Baader, Gudrun Ensslin, Thorwald Proll et Horst Söhnlein mettent le feu à de grands magasins de Francfort dont le magasin Schneider. Ces incendies causent des dommages de quelque 675 000 marks, mais il n'y a aucun blessé. Les incendiaires sont condamnés dans le procès qui s'ensuit le , Baader et sa compagne Gudrun Ensslin écopant chacun de trois ans de réclusion.

À la suite de sa demande en révision, Baader recouvre la liberté et participe à Francfort, avec Gudrun Ensslin, à la campagne nommée en allemand « Heimkampagne » de l'opposition extra-parlementaire. Après que le jugement est rendu exécutoire en novembre 1969, il n'effectue pas sa peine de réclusion mais disparaît en septembre à Paris, où Jean-Marcel Bouguereau, journaliste aux Cahiers de Mai, l'héberge avec Gudrun Ensslin, sur les recommandations de Daniel Cohn-Bendit, dans l'appartement parisien de Régis Debray, alors incarcéré en Bolivie, et leur fait rencontrer Serge July[2]. Plus tard, Baader part en Italie.

En mars 1970, il retourne à Berlin en compagnie de Gudrun Ensslin. L'agent de liaison Peter Urbach, qui après cela obtiendra des autorités une nouvelle identité, attire sur Baader l'attention de la police qui se remet sur sa piste. Le , il est arrêté à Berlin au cours d'un contrôle de circulation simulé puis transporté au centre d'exécution des peines de Tegel pour y purger sa peine. Ulrike Meinhof organise alors son évasion qui a lieu le .

Il est à nouveau arrêté à l'aube du , au nord de Francfort, avec Holger Meins[3].

Durant la prise d'otages des Jeux olympiques de Munich (1972), les terroristes palestiniens réclament sa libération, ainsi que celle d'Ulrike Meinhof[4].

Le , Sartre lui rend visite alors qu'il est incarcéré à la prison de Stuttgart-Stammheim[5].

Dans la nuit du 8 au , Ulrike Meinhof se suicide en se pendant aux barreaux de sa cellule.

En avril 1977, Andreas Baader, Gudrun Ensslin et Jan-Carl Raspe sont condamnés à l'emprisonnement à perpétuité pour meurtre.

Mort

Pierre tombale d'Andreas Baader, Jan-Carl Raspe et Gudrun Ensslin.

Le , quatre membres du Front populaire de libération de la Palestine détournent le vol 181 Lufthansa parti de Palma de Majorque à destination de Francfort-sur-le-Main. Leur chef exige la libération des onze prisonniers de la RAF détenus à Stammheim. L'avion se rend finalement à Mogadiscio, en Somalie, où il arrive aux premières heures du . Les passagers du Boeing 737 sont libérés le lendemain, après un assaut effectué par les forces spéciales du GSG 9 qui provoque la mort de trois terroristes.

Selon les rapports officiels, Raspe a appris l'échec de la tentative sur une radio transistor obtenue clandestinement et il a discuté pendant quelques heures avec Baader, Ensslin, et Irmgard Möller pour convenir d'un pacte de suicide. Dans la matinée, Baader et Raspe sont retrouvés morts dans leurs cellules, ayant succombé à des blessures par balle. « Alors que Raspe n’a tiré qu’une balle, Baader en a d’abord tiré une dans son matelas, puis une deuxième dans le mur de sa cellule et ensuite seulement il s’est tiré une balle dans la tête », déclare le rapport. Les armes « ne portaient pas d’empreintes digitales parce qu’ils étaient couverts de sang », l'enquête conclut donc au suicide [6].

Tandis que Gudrun Ensslin est retrouvée pendue à un nœud coulant fabriqué avec un fil de haut-parleur. Möller est retrouvée avec quatre coups de couteau à la poitrine, mais survit[7].

Les enquêtes officielles sur l’affaire ont conclu à la mort par suicide collectif de Baader et ses deux complices. Stefan Aust, le biographe du groupe Baader-Meinhof, dans son livre, Der Baader Meinhof Komplex paru en 1985, affirme qu’ils se sont bien tués.

Cinéma et littérature

Notes et références

  1. (de) « Baader eine Ikone, Hitler ein Popstar », sur www.taz.de, (consulté le ).
  2. Hervé Hamon et Patrick Rotman, Génération : 2. Les Années de poudre, Le Seuil, , p. 592-593.
  3. « Arrestation Baader », (consulté le ).
  4. Frédéric Encel, « Les vengeurs de Munich », L'Histoire n°306, février 2006, p. 28-29.
  5. Hervé Hamon et Patrick Rotman, Génération : 2. Les Années de poudre, Le Seuil, , p. 590-595.
  6. « 18 octobre 1977, le suicide d’Andreas Baader et de ses compagnons », publié le par La Croix le 18 octobre 2017
  7. Smith et Moncourt, Daring To Struggle, Failing To Win: The Red Army Faction’s 1977 Campaign Of Desperation, PM Press, p. 27 (ISBN 1-60486-028-6).
  8. Voir sur le site des Éditions Tausend Augen.
  9. Page d'informations sur le livre Des foules, des bouches, des armes.

Voir aussi

Bibliographie

  • Anne Steiner et Loïc Debray, RAF : guérilla urbaine en Europe occidentale, Editions L'échappée, , 253 p. (ISBN 978-2-915830-05-7).
  • Terrorisme, mythes et représentations - la RAF de Fassbinder aux T-shirts Prada-Meinhof, essai de Thomas Elsaesser avec le DVD du film L’Allemagne en automne.

Articles connexes

Liens externes

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