Anne Spoerry
Anne Spoerry (prononcé « Shpeuri » en alsacien) alias Mama Daktari – Madame docteur en swahili – née le à Cannes et morte le à Nairobi au Kenya, est une médecin française.
Naissance | |
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Décès |
(à 80 ans) Nairobi |
Nationalités | |
Formation |
Faculté de médecine de Paris Université de Bâle Francis Holland School (en) |
Activités |
Médecin écrivaine, aviatrice |
Fratrie |
Lieu de détention |
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Biographie
Anne Spoerry est la fille de Henry Spoerry, industriel, et de Jeanne Schlumberger. Née en 1918 à Cannes, dans une famille d'industriels originaire de Fischenthal et Männedorf, dans le canton de Zurich en Suisse, mais d'un père alsacien[1], Anne Spoerry a très tôt éprouvé le désir de devenir médecin des populations déshéritées. Elle est la sœur de l'architecte François Spoerry, créateur notamment de Port Grimaud.
Elle entre dans la Résistance[2] avec son frère alors qu'elle est encore étudiante en quatrième année de médecine, mais de passage à l'hôpital, y trouve la Gestapo et est jetée dans une traction avant. Elle rejoindra son frère, également arrêté, à la prison de Fresnes, où elle passera neuf mois. Elle est déportée à Ravensbrück en , alors que son frère est envoyé à Dachau et Neue Bremm. Son attitude au camp et ses liens avec la kapo et espionne Carmen Castro Mory sont sources de nombreuses critiques à son retour. Cependant d'autres témoignages seront en sa faveur, dont celui d'Odette Fabius à qui elle sauva la vie en la cachant de janvier en avant l'arrivée des libérateurs.[3]
La guerre terminée, interdite d'exercer la médecine en France à la suite de plaintes exprimées par certaines de ses camarades rescapées de Ravensbrück, Anne Spoerry part en Afrique[3] sur les traces de Henry de Monfreid qui la fascine par ses récits[4]. Elle gagne la corne de l'Afrique, l'Éthiopie en particulier et la Somalie, mais l'Empereur Haïlé Sélassié Ier et son gouvernement ne voient pas d'un bon œil une femme seule installée comme médecin. Elle se base au Yémen et devient médecin des femmes de l'hôpital d'Aden. Là, elle prend soin des princesses dans les harems. Elle cherche à passer en Éthiopie, et donc accepte d'accompagner des bateaux de pèlerins somalis en route vers La Mecque qui traversent la mer Rouge pour le Hajj. Mais, aventurière, elle se remet en route et rejoint le Kenya (alors sous protectorat britannique) où elle s'installe finalement en 1950 comme médecin de campagne et fermière, car elle a acheté une grande ferme à Ol Kalou (en)[2], entre le lac Naivasha et Thomson's Falls.
Expropriée au moment de l'indépendance en 1964, elle décide de rester au Kenya et rachète une ferme (muringa farm) à Subukia (en)[5].
À 46 ans, elle apprend alors à piloter, achète un avion et rejoint l'organisation des « médecins volants » du Kenya AMREF Flying Doctors[2],[5], une organisation non gouvernementale financée par des aides internationales qui vient alors d'être créée à Nairobi. Elle est la première femme médecin de l'équipe et crée l'AMREF-France[4].
Pendant plus de trente ans, aux commandes de son petit avion nommé Alpha Zoulou Tango[4], elle n'a cessé de parcourir le pays pour soigner et aider, porter secours et assister les populations démunies de la région où elle a choisi de vivre, en atterrissant parfois sur des pistes déplorables[3]. Elle s'est consacrée pendant plus de 60 ans à ses visites aux nomades Masaï au Kenya, afin de les soigner. Cette femme se définissait comme docteure, factrice, électricienne, et dépanneuse.
Responsable de nombreuses campagnes de vaccination[3], elle a dû travailler avec les guérisseurs[2] pour réussir à se faire accepter tout en luttant contre le poids des traditions[5].
Elle est morte le à Nairobi-Muthaiga (peu de temps après son frère François Spoerry décédé lui le ), et est enterrée à Shela dans l'archipel de Lamu.
Philippe Labrune lui a consacré un reportage diffusé par Envoyé spécial en 2001[6],[7].
Formation
Écoles à Londres, Mulhouse et Strasbourg, baccalauréat en 1937.
Études de médecine à la faculté de médecine de Paris (1937-1943) qu'elle acheva après la guerre à Paris en 1947.
Elle a étudié la médecine tropicale à l'université de Bâle (1947-1948), et passé son doctorat en 1950.
Bibliographie
- Anne Spoerry et Claude Chebel, On m'appelle Mama Daktari, Paris, J. C. Lattès, , 240 p. (ISBN 978-2-7096-0947-0)[4]
- Heminway John, A Legendary Flying Doctor's Dark Secret, www.ft.com › Life&Arts › FT Magazine
- Helm Sarah, Si c'est une Femme, Vie et mort à Ravensbrück, Calmann-Lévy ed., (ISBN 978-2-7021-5809-8)
Filmographie
- François Raoul Duval, Mama Daktari, Office national de radiodiffusion télévision française, 1974 [8]
- Alexandre Valenti et Philippe Labrune, Mama Daktari, 1998 diffusé par Envoyé Spécial sur Youtube[9],[10]
Références
- « Jeanne SCHLUMBERGER - Arbre généalogique nguyenodile - Geneanet », sur gw.geneanet.org (consulté le )
- Institut National de l’Audiovisuel – Ina.fr, « Mama Daktari », sur Ina.fr, (consulté le )
- « A legendary flying doctor’s dark secret », sur Financial Times (consulté le )
- « On m'appelle Mama Daktari », LExpress.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Institut National de l’Audiovisuel – Ina.fr, « Anne Spoerry médecin d'Afrique », sur Ina.fr, (consulté le )
- J. L. H., « Philippe Labrune sur les pas de Mama Daktari », CharenteLibre.fr, (lire en ligne, consulté le )
- rédaction La Dépèche, « L'été africain d'Envoyé spécial », ladepeche.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Institut National de l’Audiovisuel – Ina.fr, « Mama Daktari », sur Ina.fr, (consulté le )
- « Mama Daktari | DOCSIDE PRODUCTION », sur www.docsideproduction.fr (consulté le )
- daimos300, « Mama Daktari », (consulté le )
Liens externes
- Chloé Spoerry poursuit l'action de sa grand tante : http://healthmarketinnovations.org/program/sailing-doctors
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