Anthocoridae
Les Anthocoridés (Anthocoridae) constituent une famille d'insectes hétéroptères (punaises) principalement prédateurs, de la super-famille des Cimicoidea (ou Cimicoïdés), et de l'infra-ordre des Cimicimorpha.
Règne | Animalia |
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Embranchement | Arthropoda |
Sous-embr. | Hexapoda |
Classe | Insecta |
Ordre | Hemiptera |
Sous-ordre | Heteroptera |
Infra-ordre | Cimicomorpha |
Super-famille | Cimicoidea |
Taxons de rang inférieur
Description
L'adulte mesure entre 1.5 et 4.5 mm de long. La forme du corps varie selon les espèces, allant d'ovale à triangulaire. Ils ont généralement une tête de couleur foncée et leur corps présente des couleurs contrastantes[1], et le corps, ni les ailes ne sont réticulés ou aréolés. Les antennes ont 4 articles, des ocelles sont présentes en arrière des yeux composés (ce qui permet de les distinguer des Miridae, entre autres). Le scutellum est relativement petit. Les tarses médians et postérieurs comptent 3 articles. L'hémélytre présente un cunéus (pointe de la partie coriacée de l'aile en contact avec la partie membraneuse, souvent nettement délimitée du reste de la corie). La séparation d'avec les Lyctocoridae, qui présentent les mêmes caractéristiques, nécessite la dissection des organes génitaux, différents entre les deux familles. L'aire évaporatoire de la glande odorante placées en avant de la gouttière de la glande, ce qui les distingue des Lasiochilidae ou Lasiochilinae[2].
La plupart des espèces n'ont qu'une forme alaire macroptère, mais les genres Brachysteles, Elatophilus, Temnostethus, and Xylocoris ont deux formes, macroptère et brachyptère. Chez Orius retamae, les mâles peuvent présenter deux formes et les femelles, trois. Quelques rares espèces d'habitats abrités n'ont qu'une forme aptères[3].
Répartition et habitat
Les Anthocoridae sont présents sur tous les continents (excepté l'Antarctique), avec comme centre de diversité les zones tropicales et holarctiques. Ils occupent de nombreux types d'habitats aussi bien naturels que modifiés[4]. On les retrouve sur la partie aérienne des plantes, mais dans d'autres habitats également, comme des gales, dans des nids de fourmis, ou sous l'écorce[5].
Aux États-Unis, les deux genres les plus souvent rencontrés dans les jardins sont Orius et Anthocoris[6].
Écologie
Alimentation
L'adulte et la nymphe sont généralement des prédateurs généralistes. Ils se nourrissent d'aphides (pucerons, etc.), de psylles, de psoques, d'acariens, d'œufs de divers insectes (Lépidoptères, Hyménoptères, etc.) et de larves d'Homoptères[7]. Toutefois, certaines espèces peuvent être également phytophages, comme Orius insidiosus, Orius pallidicornis. On pense même que quelques rares espèces, comme Paratriphleps laeviusculus, sont exclusivement phytophages[5].
Certaines des espèces se rencontrent sur un large spectre de plantes et mangent toute proie convenable, alors que d'autres ne se trouvent que sur certaines espèces de plantes et mangent les insectes exclusivement associés à cette plante : ainsi, Anthocoris sarothamni vit presque exclusivement sur Cytisus scoparius (L.) Link, le Genêt à balais[3], et A. gallarum-ulmi De Geer vit là où se trouvent des pucerons générant les galles des ormes[8].
Auxiliaire de l'agriculture
Vu leur régime alimentaire, ils sont considérés comme des auxiliaires de l'agriculture, aussi bien dans les vergers, les cultures en ligne, les forêts, pour les plantes ornementales, dans les serres et les greniers[4]. Bien qu'ils aient des proies préférées selon les espèces, ils peuvent se nourrirent d'autres proies jusqu'à un certain point[9]. Ils peuvent venir spontanément dans les cultures lorsque qu'aucun pesticide à large spectre n'est répandu[9]. Dans certains pays, ils sont produits commercialement pour être relâchés dans des serres ou des champs[10]. Anthocoris nemoralis, originaire d'Europe, a ainsi été lâché en 1963 dans des vergers de poiriers en Colombie britannique, pour lutter contre la psylle du poirier, Cacopsylla pyri et s'est ensuite répandu plus largement au Canada et aux États-Unis[11]. On recensait déjà en 1999 une trentaine d'espèces introduites, la plupart volontairement, aux États-Unis[5].
Cycle reproductif
Le plus généralement, ce sont les adultes qui hivernent dans les zones tempérées dans des micro-stations abritées (sous l'écorce, dans la zone racinaire de plantes), avec quelques exceptions (diapause embryonnaire chez Tetraphleps abdulghanii, Temnostethus pusillus et T. gracilis, Anthocorini). Chez de nombreuses espèces, l'accouplement a lieu à la fin de l'été ou en automne, et seules les femelles fertilisées passent l'hiver, un trait inhabituel chez les Hétéroptères, et les Insectes en général. Chez Anthocoris nemorum, le mâle survit uniquement dans des conditions climatiques clémentes[3].
Plus on s'approche des pôles, plus le nombre de générations annuelles, qui peut aller jusqu'à quatre (voire huit chez Orius niger au Tadjikistan), diminue, jusqu'à se réduire à une seule. Le développement saisonnier est déterminé principalement par la longueur du jour et la température. Les facteurs déclenchant la sortie de la diapause ne sont pas encore bien connu. Chez certaines espèces, une période de froid est nécessaire pour déclencher la ponte[3].
Les œufs sont le plus souvent pondus sous l'épiderme des feuilles et des tiges des plantes hôtes, ou, chez certaines espèces (Xylocoris, Scoloposcelis) sous de l'écorce ou dans le sol[3]. Selon l'espèce et le climat, la femelle peut pondre près de 100 œufs[12]. Chez Orius tristicolor et Orius insidiosus, les œufs mettent 3 à 5 jours pour éclore; les juvéniles mettent environ 20 jours pour passer les cinq stades larvaires, et les adultes vivent en moyenne 35 jours[13].
Chez Anthocoris nemorum, les femelles ayant passé l'hiver émergent au printemps (mi-mars dans des vergers des environs de Paris, au moment de la floraison des poiriers, avec le commencement de la ponte de leur proie Cacopsylla pyri) commencent par se nourrir, puis cherchent des endroits adaptés à la ponte, qui intervient quelques semaines plus tard , jusqu'à mi-juin en Pologne et dans le Sud de l'Angleterre, et début juillet en Écosse. L'éclosion a lieu après 7,5 à 22 jours selon la température. Dans le Sud de l'Angleterre, les larves naissent en mai, et leur développement prend entre 30 et 40 jours selon l'abondance de nourriture et la température. Les adultes de la première génération estivale apparaissent vers mi-juin, et ceux de la seconde en août. Les stades et générations peuvent se superposer. On ne constate pas de polymorphisme d'une génération à l'autre (coloration, ailes)[3].
Les migrations saisonnières ou les comportements de rassemblement n'ont pas été rapportés pour les Anthocoridae[3].
Galerie
- Anthocorini: Anthocoris gallarumulmi
- Anthocorini: Dufouriellus ater, Allemagne
- Anthocorini: Macrotrachelia nigronitens
- Cardiastethini: Amphiareus obscuriceps, Lettonie
- Cardiastethini: Cardiastethus fasciiventris, Pays-Bas
- Scolopini: Scoloposcelis pulchella, Lettonie
- Scolopini: Maoricoris benefactor, Nouvelle-Zélande
- Oriini: Orius niger
- Xylocorini: Xylocoris cursitans
- Lasiochilinae: Dilasia fuscula
- Larve, stade 1 ou 2 (Xylocoris cursitans)
- Larve, stade 4 ou 5 (Xylocoris cursitans)
- Anthocoridae sp. se partageant une proie, Écosse
Systématique
Cette famille fait partie de la super-famille des Cimicoidea. Toutefois, sa phylogénie reste débattue, à la fois dans la super-famille et quant à ses sous-familles[14],[15]. Deux des sous-familles, les Lasiochilinae et les Lyctocorinae, se sont vus élevées par certains auteurs au rang de famille, un statut généralement accepté pour les Lyctocoridae[16], mais pas pour les Lasiochilidae, qui garderaient donc le rang de sous-famille[17]. Il est ainsi difficile de préciser le nombre d'espèces. Avec les Lasiochilinae, ce nombre est estimé à autour de 500 pour 60-70 genres (selon BioLib (21 avril 2022)[18]).
Étymologie
Leur nom vient de antho-, du grec ancien ἄνθος, ánthos, « fleur », et coris, du grec ancien κόρις, kóris, « punaise », autrement dit les « punaises des fleurs ». « Flower bugs » est d'ailleurs l'un de leur nom en anglais, l'autre étant « Minute pirate bugs », ou « punaises-pirates minuscules », en raison de leur régime prédateur et de leur taille.
Liste des sous-familles, tribus et genres
Selon BioLib (21 avril 2022)[18] :
- sous-famille Anthocorinae Fieber, 1837
- tribu Almeidini Carayon, 1972
- genre Almeida Distant, 1910
- genre Australmeida Woodward, 1977
- genre Lippomanus Distant, 1904
- tribu Anthocorini Fieber, 1837
- genre Acompocoris Reuter, 1875
- genre Anthocoris Fallén, 1814
- genre Coccivora McAtee & Malloch, 1925
- genre Dufouriellus Kirkaldy, 1906
- genre Elatophilus Reuter, 1884
- genre Galchana Distant, 1910
- genre Macrotrachelia Reuter, 1871
- genre Melanocoris Champion, 1900
- genre Temnostethus Fieber, 1860
- genre Tetraphleps Fieber, 1860
- tribu Blaptopstethini Carayon, 1972
- genre Blaptostethoides Carayon, 1972
- genre Blaptostethus Fieber, 1860
- tribu Cardiastethini Carayon, 1972
- genre Alofa Herring, 1976
- genre Amphiareus Distant, 1904
- genre Brachysteles Mulsant & Rey, 1852
- genre Buchananiella Reuter, 1884
- genre Cardiastethus Fieber, 1860
- genre Dasypterus Reuter, 1871
- genre Dolostethus Henry & Herring, 1978
- genre Dysepicritus Reuter, 1884
- genre Indocoris Muraleedharan & Ananthakrishnan, 1978
- genre Orthosoleniopsis Poppius, 1909
- genre Pehuencoris Carpintero & Dellapé, 2006
- genre Physopleurella Reuter, 1884
- genre Rajburicoris Carpintero & Dellapé, 2008
- genre Xylocoridea Reuter, 1876
- genre Xyloecocoris Reuter, 1879
- tribu Oriini Carayon, 1955
- genre Bilia Distant, 1904
- genre Carayonocoris Muraleedharan, 1977
- genre Dokkiocoris Miller, 1951
- genre Kitocoris Herring, 1967
- genre Macrothacheliella Champion, 1900
- genre Macrotracheliella Champion, 1900
- genre Montandoniola Poppius, 1909
- genre Odontobrachys Fieber, 1860
- genre Orius Wolff, 1811
- genre Pachytarsus Fieber, 1860
- genre Paratriphleps Champion, 1900
- genre Turnebiella Poppius, 1915
- genre Wollastoniella Reuter, 1884
- tribu Scolopini Carayon, 1954
- sous-tribu Calliodina Carayon
- genre Calliodis Reuter, 1871
- genre Eulasiocolpus Champion, 1900
- genre Lasiocolpoides Champion, 1900
- genre Lepidonannella Poppius, 1913
- genre Zopherocoris Reuter, 1871
- sous-tribu Scolopina Carayon, 1954
- genre Lasiochiloides Champion, 1900
- genre Scolopa Carayon, 1954
- genre Scolopella Carayon, 1954
- genre Scolopocoris Carayon, 1972
- genre Scoloposcelis Fieber, 1864
- genre Maoricoris China, 1933
- genre Nidicola Harris & Drake, 1941
- genre Solenonotus Reuter, 1871
- sous-tribu Calliodina Carayon
- tribu Xylocorini Carayon, 1972
- genre Xylocoris Dufour, 1831
- genre Crytosternum Fieber, 1860
- tribu Almeidini Carayon, 1972
- sous-famille Lasiochilinae Carayon, 1972
- tribu Lasiochilini Carayon, 1972
- genre Lasiochilus Reuter, 1871
- genre Plochiocoris Champion, 1900
- genre Eusolenophora Poppius, 1909
- genre Lasiellidea Reuter, 1895
- genre Lasiocolpus Reuter, 1884
- genre Oplobates Reuter, 1895
- genre Plochiocorella Poppius, 1909
- tribu Lasiochilini Carayon, 1972
- genre Lilia White, 1879
- genre Opisthypselus Reuter, 1908
Genres fossiles
- sous-famille Anthocorinae Fieber, 1837
- tribu Anthocorini Fieber, 1837
- genre †Xyloesteles Popov & Herczek, 2011
- tribu Cardiastethini Carayon, 1972
- genre †Brachypicritus Popov & Herczek, 2011
- tribu Anthocorini Fieber, 1837
- tribu †Lyctoferini Popov, 2003
- genre †Lyctoferus Popov, 2003
- genre †Eoanthocoris Popov, 1990
- genre †Mesanthocoris Hong & Wang, 1990
- genre †Persephonocoris Popov & Herczek, 2001
Liens externes
- (en) Référence BioLib : Anthocoridae Fieber, 1837 (consulté le )
- (fr+en) Référence ITIS : Anthocoridae Fieber, 1837
- (en) Référence Animal Diversity Web : Anthocoridae
- (en) Référence NCBI : Anthocoridae (taxons inclus)
- (fr+en) Référence EOL : Anthocoridae
Références
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- Henri-Pierre Aberlenc (coordination), Les insectes du monde : biodiversité, classification, clés de détermination des familles, Museo Éditions & Éditions Quae, (ISBN 978-2-37375-101-7 et 2-37375-101-1, OCLC 1250021162, lire en ligne), tome 1, p. 513, tome 2 pp. 210 et 245
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- BioLib, consulté le 21 avril 2022
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